Haut lieu de convention Aeriesguardienne, Anne Frank est avant tout une écrivaine en herbe dont la seule œuvre que l'histoire nous ait laissée est son journal intime.
L'histoire (vraie)
Amsterdam 1942, l'Allemagne nazie vient d'annexer les Pays-Bas et la Belgique et les lois anti-juives entrent en vigueur. En ce 12 juin, Anne -la cadette de la famille Frank, fête ses 13 ans et reçoit en cadeau un journal intime. Quelques jours plus tard, la fille ainée, Margot, reçoit une convocation pour le STO forçant la famille à passer dans la clandestinité.
Pendant deux années durant la famille Frank, rejointe par une autre famille et un dentiste, se cachent dans un étage secret du bureau où travaillait monsieur Frank, que Anne appelle l'annexe, ravitaillés par leurs amis et anciens collègues. Anne entreprend de raconter les longues journées d'enfermement dans son journal, avec la peur quotidienne d'être dénoncée et déportée par la Gestapo.
Le 4 Août 1944 marque l'arrêt du journal et l'arrestation puis déportation des occupants de l'Achterhuis (Annexe) vers Auschwitz suite à une dénonciation. Sur les huit occupants, seul le père d'Anne survivra à l'holocauste. Le journal fut récupéré par une amie de longue date, dans l'attente du retour de son auteur, en vain...
Filmographie
La réalisation du film se montre très pudique, ne se montrant choc qu'à deux moments : le débarquement et le cauchemar d'Anne s'imaginant son amie déportée. Pour le reste il s'agit plus d'un huis-clos conté du point de vue d'Anne, sans meurtre ni mystère, simplement la peur et l'ennui de l'attente.
La narration n'est pas pour autant sirupeuse, décrivant de façon peu reluisante les autres clandestins (les Van Pels sont décris bourgeois et le docteur Pfeffer comme imbu et monopolisant le bureau d'Anne pour sa prétendue thèse). Avec le recul on peut penser à un parti pris du réalisateur de montrer une vue non pas objective mais subjective de ces personnages, à la manière dont Anne les avait décrits à l'époque.
Le film s'attache également à nous présenter différents autres aspects de la vie d'Anne exposé dans son journal comme ses aspirations et sa frustration face à l'ennui et au confinement. Il dépeint aussi beaucoup son adolescence au travers des changements physiques qui s'opèrent et de ses rapports conflictuels avec les adultes.
La fin du film se termine comme la vraie vie, de façon amère et plutôt cruelle. Alors que l'espoir d'être libéré grandit au fur et à mesure des victoires alliées et que les sourires reviennent sur le visage des fugitifs, la Gestapo apparaît tel un coup de poing dans le ventre pour emmener les personnages vers un endroit dont l'épitaphe nous apprends qu'ils ne reviendront pas.
En conclusion, ce film parfaitement montrable aux plus jeunes permet d'introduire à la lecture du journal d'Anne Frank version papier et participe à l'effort de mémoire pour ne pas oublier ces jours sombres de la Seconde Guerre Mondiale.
La famille Frank
C'est très étonnant qu'il y ait un film d'animation sur ce livre, mais ce qui est encore plus étonnant, c'est que ce soit une création japonaise.
De plus, aussi intéressant soit-il, je vois mal qui peut être attiré par ce film d'animation. Cela n'intéresse probablement pas les enfants japonais qui préfèrent Ultraman à des évènements lointains, ni même les enfants européens pour presque les mêmes raisons (Power Rangers à la place d'Ultraman).
Je suppose que ça n'a injustement pas eu de succès, non ?
PS: et qu'entends-tu par "Haut lieu de convention Aeriesguardienne" ? Ça attise ma curiosité.
J'ai l'impression au contraire que les Japonais sont très intéressés par les Nazis et Hitler, et plusieurs mangas y font référence (dont Monster, avec grand brio). La seconde guerre mondiale reste présente dans leur esprit au travers de leurs œuvres.
Oui, ils peuvent faire des animes sur ce thème qui marchent parce qu'ils n'ont pas été directement touché par la folie nazie, du coup la distance permet au sujet d'être moins sensible. L'équivalent des nazis et d'Hitler pour les japonais, c'est bien évidemment Hiroshima et Nagasaki qui pour nous apparaît au contraire lointain.
Sinon Sevilla tu n'avais qu'à venir à l'AGCon
@Sevilla : moi je suis très incrédule sur le fait sur le succès financier de cette œuvre mais, à la manière des films d'auteur, je ne pense pas que ce fut le but premier.C'est sûrement un peu dans cet esprit qu'est né le projet des World Masterpiece Theater, soit adapter plus d'une trentaine de classiques de la littérature occidentale qui pourtant parle beaucoup plus à nous public occidental (certaines séries sont d'ailleurs très connues en France comme Princesse Sarah, Un chien des Flandres, Tom Sawyer, les quatre filles du docteur March, etc...).
Adapter que la culture de son pays c'est à mon avis faire preuve de beaucoup de fermeture d'esprit et passer à côté de pas mal de choses. Et puis les commandes et les coproductions ça existe aussi (Ulysse 31, les mystérieuses cités d'or, etc...).
Concernant l'image du nazisme au Japon, je dois prévenir qu'elle est complètement différente de la notre, principalement de part l'effet d'éloignement comme le disais Ertaï. Hitler est vu comme un bâtisseur d'empire au travers de ses conquêtes militaires à la manière d'un Napoléon, César ou Alexandre et non pas comme le boucher de l'Europe. Ainsi on peut trouver au Japon des marchands de goodies nazis ce qui peut paraître complètement indécent pour un occidental et pourtant ne l'est pas tant que ça si on considère ça comme acheter un SPQR ou un bicorne.
Pour autant cela ne veut pas dire que le Japon est un haut lieu du négationnisme, non non, juste quelqu'un qui regarde le brillant de quelqu'un chose de lointain sans pour autant regarder la part sombre juste derrière. Comme nous qui regardons le Japon reluisant de l'Ère Edo sans pour autant regarder toute les siècles de guerre civile qui sont passées avant d'en arriver là.