Étoiles, Garde à vous ! est le roman qui a inventé de concept d'armure d'énergie, ou d'exosquelette, couramment utilisé dans le SF ensuite. Il contient plusieurs choses : le fonctionnement d'une armée et la vie d'un soldat de troupe, un système de gouvernement militariste méritocratique, une critique du système de gouvernement démocratique capitaliste actuel, une critique sans appel du communisme, et diverses idées sur des tactiques militaires à base de forces d'élites limitées et ciblées au contraire des attaques massives de conscrits (ce roman a été utilisé par les militaires pour les tactiques qu'il décrit).
Il a été porté au cinéma sous le titre de Starship Troopers, mais il ne s'agit pas d'une "adaptation" car l'histoire racontée n'est pas la même du tout. Il n'y a guère que le nom des protagoniste et le décor qui soit identiques.
Les personnages principaux
- Juan "Johnny" Rico : c'est le héros dont l'histoire est racontée à la 1ère personne, comme une sorte de journal qu'il se tiendrait à lui-même dans sa tête.
- Colonel Dubois : c'est le prof d'histoire et philosophie morale de Rico lorsqu'il était étudiant, et colonel réserviste dans l'infanterie mobile (dans le film, c'est Ratchek, mais dans l'histoire Rico ne combattra jamais aux côté de Dubois).
Les autres personnages sont pour ainsi dire inexistants et n'ont qu'un rôle ponctuel si ce n'est anecdotique dans l'histoire.
Commentaire
Certains y voient un roman militariste, et ont critiqué Heinlein pour cela. comme dit précédement, ce roman a inspiré deux concepts inédits : mener des guerres sans actions d'envergures mais uniquement avec des actions de type commando, contrairement à ce qui s'était produit pendant le seconde guerre mondiale (le roman date de 1959), et le concept d'armure d'énergie, permettant à un soldat d'infanterie d'avoir à lui seul un potentiel de destruction supérieur à un char d'assaut, et réduisant à néant l'intérêt de l'aviation, des engins blindés et de la majorité des armes "fer de lance" des armées issues de la seconde guerre mondiale. Sur ce point le film est très différent puisqu'il montre une situation exactement contraire : des tas de gus peu équipés, attaquant en masse un peu comme pendant le débarquement en Normandie.
Moi je ne trouve pas que ce soit "militariste", et par certains côtés, la description méticuleuse des absurdités nécessaires d'un système militaire ont pour moi un effet antimilitariste bien que je ne pense pas que ce soit le but initial. Heinlein ne fait que décrire les vices du système actuel en préjugeant de ce qu'ils vont causer comme problèmes (et la prévision est assez exacte à mon avis pour un truc écrit en 59 !). Heinlein profite ensuite de ses "cours d'histoire et de philosophie morale" pour expliquer certaines de ses idées morales. On peut les discuter, mais elle sont solidement argumentées.
Commentaires sur le film
J'aime le film, et je continue de le trouver bon même après la lecture du roman que je trouve bon aussi. Mais force est de constater qu'ils n'ont pas grand chose de commun. L'histoire racontée n'a pour ainsi dire rien à voir à part quelques détails épars, et le fond du message est quasiment contraire : le film est une critique antimilitariste ouverte, alors que le livre explique au contraire quelles sont les vertus d'un système militaire... Je me demande comment j'aurais trouvé le film la première fois que je l'ai vu si j'avais le lu le livre en premier et que je m'attendais à une adaptation ?
En tout cas encore une fois, le terme "adaptation" est très clairement usurpé. Paul Verhoeven a fait un film "librement inspriré de" à mon avis. S'il avait changé les noms des protagonistes, l'histoire est tellement différente que je pense qu'on n'aurait même pas pu l'attaquer pour plagiat !
Sinon perso je trouve le titre frenchy vraiment minable. En conclusion, un excellent roman, qui n'a pas vieilli d'un pouce, et qui permet de mieux comprendre l'origine des thèmes récurrents de SF qui ont inspirés, par ex des Starcraft...
Tu me donnes envie de l'acheter.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que le bouquin est épais. Je me trompe ?
Le style est-il lourd ?
Non, le bouquin n'est pas vraiment épais : il fait 300p avec la grosse écriture type livre de poche. et le style est plutôt "léger" dans le sens où il m'a paru étonnament moderne par rapport à la date de l'écriture, et où comme c'est raconté à la première personne par un gars qui n'est pas trop cérébral, le texte ne l'est pas trop non plus dans sa forme.
J'avais vraiment préféré le film au livre (j'ai d'abord vu le film).
Et je pense que c'est en grande partie pour le message et l'ironie que j'avais adoré dans le film et qui ne se retrouvait nul part dans le bouquin qui lui est plutôt super sérieux et pro-militariste.
Dans le genre vieux bouquin de SF qui fait passer le message que l'armée c'est super, j'avais quand même préféré "La stratégie Ender" même si l'écriture trop enfantine (malgré des passages ultra-violant) m'avait un peu déplu.
J'ai bien aimé le bouquin, je l'ai trouvé "intelligemment" écrit si j'ose dire, les idées de l'auteur ne sont pas les miennes, mais ça n'est jamais quelque chose qui me dérange. Cela me plaît même au contraire, car effectivement ses arguments sont solides (et pour le coup, comme mes arguments à moi me paraissent capables de survivre à ceux de l'auteur, et bien je ne vois pas où serait le problème). Un détail tout de même que j'ai tendance à trouver agaçant car fréquent, c'est de faire de son héros un personnage suffisamment crétin pour ne strictement rien comprendre à rien dans le seul but de construire l'argumentation de ses précepteurs. Surtout que ce personnage n'est pas supposé être un idiot, bien qu'il le soit.
Pour le coup, rien ne remplace à mes yeux Gene Wolfe, capable d'opposer plusieurs idées contraires et parfois complexes pour amener les siennes avec beaucoup de subtilité. C'est tout de même mieux qu'une idée et un grand vide ignorant en face.
Pour la stratégie Ender, je me demande vraiment comment tu peux y voir un quelconque message pro-militariste, Samcai. Je trouve au contraire que l'on peut difficilement faire plus anti-militariste, avec une organisation militaire profondément corrompue par des enjeux politiques, la démonstration directe de l'absurdité d'une attitude martiale pour résoudre les conflits, l'annihilation de toute éthique au nom de la victoire guerrière... Et un regard enfant posé là-dessus, un enfant à qui on vole littéralement son enfance, qui déteste profondément ce que l'on a fait de lui et ce qu'on l'a forcé à faire.
Après y avoir repensé, je suis d'accord avec toi. Et c'est vrai que même le seul moment où Ender finit par s'amuser et prendre du plaisir à faire ce à quoi on l'a poussé (toute la phase avec ses amis et collègue, où il est censé passer de "stage" en "stage", la désillusion est complète lorsqu'il apprend que c'était en fait la réalité et qu'il vient d'effectuer un génocide.
Bref... je ne l'avais pas vu comme ça avant ton message.
Comme quoi ça sert de discuter.
Et je te suggère également de lire le reste du cycle, trois autres tomes si je me souviens bien, quoiqu'à mes yeux le premier reste le meilleur. Les autres tomes portent sur notre rapport à ce qui nous fondamentalement étranger, et sont assez intéressants je trouve.
Je ne t'en dis pas plus si tu souhaites les lire.
Je viens de terminer le livre et je l'ai trouvé vraiment très bon, le style n'est vraiment pas difficile et se lit vraiment très vite.
Je n'ai pas trouvé les arguments de l'auteur militariste. En fait, il y a un passage où il explique pourquoi ce système dure : parce que ça marche, c'est tout. Il ne démontre pas par A+B que son système est le meilleur de tous, mais simplement qu'il a des avantages, en tout cas plus que nos démocraties modernes (sur ce thème, je le trouve vraiment très en avance sur son temps).
Aussi, je suis d'accord avec lui lorsqu'il parle d'éduquer de la même façon un chien qu'un jeune enfant. Je ne sais pas si ça en choquera certains mais bon, je le pensais déjà avant et ici c'est solidement argumenté. En revanche je ne suis pas d'accord sur le fait de frapper. Le chien à la rigueur, je ne sais pas, je n'ai jamais eu de chien donc je n'ai jamais pu tester l'éducation d'un chien sans le frapper, mais en ce qui concerne un gosse je pense qu'il n'est jamais nécessaire de lui faire mal physiquement. Il y a toujours un autre moyen.
De la même façon, j'ai bien aimé cette façon de penser que je défend moi-même, c'est-à-dire que dans le livre, si un soldat a réussi à faire ce qu'il n'était pas autorisé à faire, c'est davantage la faute de son supérieur que du soldat lui-même (mais ça, les soldats ne le savent pas).
Ce livre a l'ai d'avoir été fait à l'intention des civils qui n'y connaissent rien à l'armée et à la vie du troufion de base.
Le seul problème que j'ai trouvé, c'est tous ces grades que je ne connais pas et que j'ai du mal à assimiler. Il y en a dans tous les sens et pour qui en veut et je m'y suis un peu perdu.
Un enfant, comme un chien, si tu le frappes soit il se rebelle et devient enragé, soit (dans la majorité des cas) il devient ultra-conformiste et craintif envers l'autorité et ses démonstrations. Parfait pour une dictature militaire mais à l'opposé de l'idéal du citoyen démocrate : faisant usage de son libre-arbitre et de son esprit critique, ouvert sur toutes les idées (ou presque).
En fait cette opinion s'adressait surtout à ceux qui avaient lu le livre. Car en fait, il y est décrit à quel moment il s'agit de frapper.
J'ai l'impression que tu n'as pas lu le livre donc je te résume ce qu'il se dit. En fait, il s'agit de frapper le jeune bambin de façon exceptionnelle, pas de le battre régulièrement. Le fait de le frapper rarement incite le jeune gosse à prendre toute la mesure de sa faute, alors que si c'était quelque chose de régulier, il n'y distinguerait pas ce qui est important de ce qui ne l'est pas.
Mais bon, moi je pense justement qu'il n'y a pas besoin de frapper pour se faire comprendre. En fait, je vois tout de même une différence entre le chien et le jeune enfant humain, c'est la communication. L'enfant comprend ce que tu lui dis lorsque tu lui expliques clairement. Le chien ne comprend pas le langage humain, donc la seule communication viable est celle de l'attitude et de l'atmosphère qui s'en dégage.
En fait, la société décrite dans le livre n'est pas à proprement parler une dictature absolue dirigée par les militaires. Il s'agit d'une démocratie, mais seuls ceux qui ont effectué leur service militaire ont le droit de voter. Le service dure normalement deux ans, mais c'est souvent bien plus. Le but, c'est d'avoir mis sa vie en jeu pour pouvoir voter. D'après l'auteur, les militaires n'ont rien de supérieur au civil lambda, au contraire même puisque les civils peuvent se révéler plus intelligents parfois. Sauf que les militaires ont juste un petit plus : ils connaissent le prix du sang et savent donc ce que vaut la démocratie.