Bastion

Vous pensiez avoir fait le tour des jeux indépendants ? Détrompez-vous ! Loin de proposer un simili-jeu flash ou un mash-up improbable entre deux genres, Bastion invente une narration au hack and slash. Rentrez avec moi dans cette histoire !


"Proper story's supposed to start at the beginning. Ain't so simple with this one"

Spoiler (Sélectionnez le texte dans le cadre pointillé pour le faire apparaître)

D'habitude, on commence à raconter une histoire par son début. Pas si simple pour celle-là.

C'est avec ces seuls mots posés par une fois chaude et profonde que vous êtes accueilli dans le jeu quand vous lancez une nouvelle partie. Aussitôt, vous n'êtes déjà plus en train de jouer à un jeu vidéo, mais vous êtes assis sur le sol non loin du feu de la veillée tandis que le conteur se racle la gorge avant d'entamer son récit.

Mais contrairement à un conte ordinaire, vous allez avoir l'occasion d'interagir avec l'histoire en tant que le héros de cette histoire, poussant le conteur à modifier et adapter son récit en fonction de vos actions. Et les adaptations sont légions, toutes n'étant pas primordiales pour l'histoire proprement dite. On se rapproche dans certains cas du commentaire plus que du développement d'histoire, mais c'est toujours fait de manière laconique et vibrante, ce qui donne un relief particulier à vos exploits, ou relativise vos maladresses. 

Je ne peux évidemment pas vous révéler l'ensemble des commentaires que fait le narrateur pour vous laisser le plaisir sans retenue de la découverte, pour ce chapitre, vous devrez donc me croire... sur parole.

"Now here's a kid whose whole world got twisted, leaving him stranded on a rock in the sky"

"He gets up, sets off for the Bastion, where everyone agreed to go in case of trouble"

"Ground forms up under his feet as they point the way. He doesn't stop to wonder why"

Spoiler (Sélectionnez le texte dans le cadre pointillé pour le faire apparaître)

"Voici un gamin dont le monde fut chamboulé sens dessus dessous, le laissant échoué sur un rocher dans le ciel"

"Il se lève, se met en route pour le Bastion, où on avait promis de se rendre en cas de problème"

"Le sol se forme sous ses pieds tandis qu'ils tracent la route. Il ne s'arrête pas pour se demander pourquoi"

Ces trois phrases suivant celle qui ornait le précédent chapitre résument plutôt bien la particularité de Bastion. Au début de chaque niveau, vous atterrissez plutôt durement sur un morceau de terre flottant solitaire. Au fut et à mesure que vous progresserez, le chemin se formera progressivement devant vous, ajoutant ça et là des décors parfois destructibles. Il est tout à fait possible de tomber de ces énigmatiques plates-formes surgies du néant, mais la chute est rarement fatale. Ce n'est pas le cas pour les ennemis dont l'éviction rapide permettra dans certains cas une lutte longue et douloureuse.

La baston

Le système de combat est assez simple. Il y a une dizaine d'armes, ayant chacune 2 techniques spéciales. On ne peut porter que deux armes simultanément et il faut choisir une seule spéciales parmi les 4 liées aux armes portées et une poignée de techniques spéciales génériques. Le nombre de types d'ennemis différents n'est pas mirobolant non plus, avec au plus une trentaine d'antagonistes qui auront chacun leur manière de vous attaquer et éventuellement de se défendre.

Toute l'astuce du jeu consistera à vous opposer diverses combinaisons d'ennemis dans diverses configurations géographiques afin de multiplier les situations différentes à partir d'un nombre limité d'options. Et bien que ce ne soit clairement pas le point fort de ce jeu, on ne s'ennuie jamais à se battre. Pour les plus aventureux, il est même possible de corser la difficulté en activant des idoles. Chaque idole a un effet différent comme de rendre les ennemis plus rapides, plus résistants, plus forts, voire de les faire tomber une grenade quand ils sont vaincus. Les idoles sont cumulables et apportent un gain de points quand elles sont actives.

Une oeuvre vidéo-ludique complète

Bastion réconcilie les gamers qui ne voient que le challenge dans les jeux vidéo avec les amateurs qui considèrent le jeu vidéo comme une forme d'art à part entière. Conte interactif ou jeu de combat narré, la qualification est difficile tant la frontière entre les genres est particulièrement floue et qu'ils sont si bien mariés. C'est pour cette raison que je le conseille à tout le monde, il peut offrir tout ce qu'on peut rechercher dans un jeu vidéo, et pour 15€ sur Steam, le nombre d'heures de jeu qu'il peut offrir autant pour celui qui veut chercher toutes les répliques du narrateur que celui qui veut obtenir tous les succès Steam est impressionnant. Steam m'indique que j'y ai déjà passé 54 heures, ce doit être probablement moins des fois où j'ai laissé le jeu tourner sans être devant, mais on est quand même dans le lourd pour cette catégorie de jeux indépendants.

La cerise musicale sur le gâteau

La bande originale de Bastion fait partie de l'expérience sensorielle de ce jeu, et est disponible en écoute sur Bandcamp. Il est possible de l'acheter en plus du jeu ce que je vous recommande chaudement.

P.S. : Je m'en rends compte après avoir lu le test de Bastion sur A Mon Humble Avis dans lequel j'ai honteusement piqué l'image du narrateur, le jeu ne peut s'apprécier qu'en anglais, même s'il est possible de mettre les sous-titres (en anglais aussi). Et une version démo est disponible pour les plus hésitants à dépenser 15€ !

Web: Page officielle sur le site du studio

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2 Commentaires

  • Voilà une critique bien trop courte mais qui a quand même réussi à me faire craquer sur pas mal de point. Un gameplay simple mais maîtrisé. Les games designer ont trouvé le moyen de se renouveler régulièrement. Du coup, des heures de jeu sans que vient poindre la lassitude. Pour un hack'n slash c'est une sacrée réussite.

    La narration particulière de ce titre est originale mais si elle a le mérite de ne pas couper l'action, elle fonctionne beaucoup moins lorsqu'elle tente de nous raconter le passé des personnages. Difficile de suivre le texte (qui défile vite !) tout en contenant une nouvelle vague d'ennemis.

    L'histoire reste, du coup, un peu en deçà. Le contexte, par contre, est particulièrement attachant. Le mélange d'influences aux terres suspendues rappelant certains RPG productions japonaises, de médiéval fantastique et d'une pincée de western, plus l'ambiance contrastée entre paysages très colorées et narration désespérée donne un résultat d'une forte personnalité. On a envie de découvrir cet univers, d'en savoir plus sur lui. C'est le genre de création qui éveille l'imaginaire et me donne envie d'écrire (voire de faire du jeu de rôle sur table).

    Merci Ertaï pour cette découverte !

    • Trop courte ? Qu'y manque-t-il ? Difficile de faire découvrir un univers sensoriel juste avec des mots, je voulais pas gâcher le plaisir de la découverte non plus.

      Cela dit je te rejoins sur le côté inspirant. Il n'y a pas si longtemps, j'ai craché sur les montagnes volantes d'Avatar, mais là le fait que tout soit en suspension ne m'a pas paru cliché une seule seconde. Bastion a une vraie personnalité, des vrais méchants originaux alors qu'on aurait pu retomber rapidement dans le med-fan mâché et remâché.

      Après, je ne sais pas si Supergiant va pouvoir refaire quelque chose avec cet univers. Comme toutes les bonnes histoires qui ont une fin, j'ai l'impression que celle-ci clôt l'univers une fois le livre refermé. Difficile de réutiliser l'univers sans se parjurer par rapport à l'histoire de Bastion. Cela dit je serai curieux de voir leur prochain jeu, même si ce ne sera pas Bastion 2 [en]. L'article explique en effet qu'avec 500 000 exemplaires de bastion vendus, le studio est autonome financièrement pour développer son prochain jeu, ce qui signifie qu'ils auront les mains libres vis-à-vis d'investisseur peu scrupuleux du résultat artistique ou ludique.

    • Tout n'y est pas abordé notamment tes expressions sur le contexte et l'ambiance (qui n'est pas que la musique comme j'ai pu le lire dans certaines autres critiques) et ça manque également de critique. On comprend que tu as aimé mais en allant plus loin qu'est-ce que tu aurais aimé voir différent ou en plus. Après ce n'est pas forcément ta philosophie et je peux le comprendre, le mieux peut être l'ennemi du bien.

    • D'habitude je rajoute toujours un paragraphe sur ce qui ne m'a pas plu mais là je n'ai pas trouvé grand-chose à redire. Le jeu n'est pas trop court ni trop long, pas trop difficile, pas trop facile non plus, il est beau, fluide, n'a pas de problème de jouabilité (sauf un problème bizarre uniquement sur mon portable qui m'a empêché de faire des roulades quand je courais vers le Sud-est). Il a une fin et aussi une possibilité d'y jouer infiniment pour le score, la BO est agréable, les commentaires du narrateur jamais lassant (ils ne se répètent jamais), l'univers attractif, les ennemis originaux, bref, je ne vois pas par quel angle je pourrais le critiquer.

      Tu as trouvé deux axes sur l'absence de traduction qui peut rendre difficile la compréhension pour les non-anglophones pendant qu'il y a de l'action et la relative faiblesse de l'histoire qui est cantonnée un peu à l'anecdotique, je peux l'admettre ; Je ne suis pas grand fan de grandes fresques historiques non plus, ce qui ne m'a du coup pas choqué.

  • En tout cas, ça sent la découverte par les promos Steam razz

    J'y jetterai un œil à l'occasion... De toute façon j'ai déjà acheté tellement de jeux qu'il y en a plein que je n'ai pas essayé encore DoubleAccentCirconflexe

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