La Compagnie Noire

" Depuis des siècles, les traditions et souvenirs de la Compagnie noire sont consignés dans les présentes annales. Depuis des siècles, la troupe se loue au plus offrant et les batailles qu'elle a livrées ont déjà rempli maints volumes. Jamais pourtant elle n'aura traversé de période aussi trouble. Entrée au service de la Dame et de ses sorciers maléfiques, la Compagnie participe à l'une des plus sanglantes campagnes de son histoire. Les combats incessants, la magie noire qui empuantit l'air, bientôt les hommes tombent comme des mouches, et ceux qui restent debout commencent à se demander s'ils ont choisi le bon camp. Ce sont des mercenaires, ils sont dépravés, violents et ignares, sans foi ni loi, mais même eux peuvent avoir peur, très peur..."


Une Oeuvre en marge de la fantasy classique

La Compagnie Noire est une figure majeure du paysage littéraire mondial. Elle représente à mon sens parfaitement la Fantasy Noire, un genre hélas trop méconnu. Dans l'esprit des lecteurs, la fantasy se résume bien souvent à l'heroic fantasy, au preux héros qui va sauver le monde en combattant le Mal Absolu - et en sauvant une belle pucelle des griffes de la mort si possible.

Ici, pas de gloire, pas de hauts-faits, pas de chevalier, et pas de pucelle (désolé...). Le narrateur est l'analyste de la dernière des Compagnies Franches du Khatovar, la Compagnie Noire. Il s'agit en fait d'une bande de mercenaires peu regardants sur l'employeur, qui n'ont qu'une seule règle et qu'un seul code : une fois intégrés à la Compagnie Noire, ils sont tous frères. Ce sont des salauds ordinaires en somme, pas des héros !

D'ailleurs, comme pour se moquer du manichéisme classique, le livre commence quand ils rentrent au service de la Dame et de ses Dix Asservis : le camp du mal donc. Pourtant en face, dans le camp du bien, les choses n'ont l'air guère différentes. Et c'est cette situation où le bien vaut le mal, où les méthodes sont les mêmes de part et d'autre, qui noircit si bien le tableau ; la Rose Blanche comme la Dame n'aspirent qu'au pouvoir. L'analyste de cette compagnie d'affreux, Toubib, va promener son regard cynique et acide sur un monde qui ressemble beaucoup au nôtre. Comme ses compagnons, il a depuis longtemps cessé de se bercer d'illusions sur lui et les autres. La vie n'est pas un fleuve tranquille ; elle les emporte et tous essaient tant bien que mal de garder la tête hors de l'eau.

Ce Monde n'est d'ailleurs pas très accueillant pour des soudards ordinaires : la vraie puissance s'obtient par la magie : Ainsi nous assistons à la lutte de la Dame et de ses asservis, les plus puissants magiciens de cette partie du monde, pour se tailler un sombre empire dans le continent du Nord, contre les rebelles menés par la Rose Blanche, qui selon la prophétie a le pouvoir d'annuler la magie autour d'elle. En outre, si le mari de la Dame, le Dominateur, venait à se réveiller, il serait à même de remettre tout ce petit monde à sa place de par sa puissance brute.

Entre toutes ces grandes puissances, la Compagnie Noire et ses trois magiciens de bas étage semblent désarmés. Et pourtant...

Un style littéraire particulier

En tant qu'annales fictives, cette oeuvre ne bénéficie pas du style soigné et riche auquel la fantasy nous a habitué, et c'est tant mieux ! Halte aux passés simples et au langage châtié tudieu ! Place au réalisme sous la plume d'un mercenaire ! Toubib va nous raconter les pérégrination de la Compagnie Noire dans un style oral plus qu'écrit, émaillé de termes familiers

Mais c'est tout de même avec plaisir qu'on lit Toubib, si son style est direct, voir brutal, il ne manque pas de finesse paradoxalement, et c'est avec plaisir qu'on se plonge dans cette oeuvre.

Il arrive par ailleurs quelque fois qu'aux chapitres rédigés par l'analyste soient entremêlés des évènements se déroulant ailleurs, dans un style plus classique, pour aider à la compréhension, jusqu'à ce que les deux lignes se rejoignent finalement.

Une chose que j'ai remarquée quant à ce livre, c'est que les réactions le concernant sont bien souvent exacerbées : soit on adore, soit on déteste. Vous aurez compris à ma présentation que moi, j'adore ! Et je ne peux que vous conseiller de donner une chance à ce livre, il le mérite.

J'ai volontairement choisi de rester bref dans cette présentation, un livre doit se découvrir selon moi ! Toutefois, comme c'est la première fois que j'écris un article, j'apprécierai toute critique constructive afin de m'améliorer !

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2 Commentaires

  • Tout d'abord merci Mando de commencer à partager tes coups de coeur littéraires sur Aerie's Guard. A propos de ton article, une petite relecture ne te ferait pas de mal, j'ai corrigé pas mal de fautes que je suppose d’inattention. Sinon le fond est très bien, ton article est structuré et clair.

    A propos de La Compagnie Noire, ton article donne vraiment envie de s'y intéresser de plus près. Le fait qu'on soit cette fois-ci du côté des sbires du Mal a éveillé ma curiosité, ainsi que la description du style narratif oral, qui donne toujours une couleur particulière aux récits qui l'empruntent.

    Si tu as aimé le style de La compagnie Noire, tu aimeras forcément le style de La Horde du Contrevent d'Alain Damasio, basé sur l'élocution propre des différents personnages qui interviennent dans cette histoire qui serait plutôt du côté de la hard fantasy.

    La fantasy noire est effectivement un genre à part, mais qui a pu prendre son essor justement grâce à l'omniprésence de l'heroic fantasy jusqu'à la nausée. Ça et la fantasy parodique aussi, comme le fait très bien Terry Pratchett avec son disque monde qui revisite complètement les codes de l'heroic fantasy.

    Petite question pratique, j'ai cru voir qu'il y avait plusieurs tomes des Annales de la Compagnie Noire. Est-ce qu'il y a une édition qui regroupe tous les tomes ou bien faut-il chercher tous les tomes dans l'ordre ?

  • Bonne année déjà !

    Désolé s'il y a quelques fautes, d'habitude mon orthographe est plutôt bonne, on va mettre ça sur le compte de l'inattention en effet !

    J'ai la Horde du Contrevent dans ma pile de livres à lire, j'y arriverai bien un jour ! (j'ai moins de temps qu'avant avec le boulot, je fais de mon mieux pour élaguer mes To Read !)

    Pour en revenir à la Compagnie Noire, il y a 13 tomes dans la première édition. Comme ça faisait beaucoup en effet, une seconde édition a été faite, qui regroupe les tomes par cycles. On se retrouve donc avec Les Livres du nord, les Livres du Sud, les Livres de la Pierre Scintillante (en deux tomes cette fois), et la Pointe d'argent (un hors série celui ci, petit retour dans le Nord !)

    pour résumer :

    Les Livres du Nord
    1. La Compagnie Noire 
    2. Le Château Noir
    3. La Rose Blanche
    (Hors Série)
    1. La pointe d'argent
    Les Livres du Sud
    1. Jeux d'ombre
    2. Rêves d'acier
    Les Livres de la pierre scintillante I
    1. Saisons funestes
    2. Elle est les ténèbres (1 et 2)
    Les Livres de la pierre scintillante II
    1. L'eau dort (1 et 2)
    2. Soldats de Pierre (1 et 2)

    Il faut savoir que ces livres sont édités par l'Atalante, et sans vouloir faire de publicité, ils sont très beaux ! (un peu cher par contre) Il me semble que J'ai lu SF les a édité aussi, mais possédant l'ensemble du cycle dans sa version Atalante, je ne me suis pas penché sur le sujet !

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