OLNI unique en son genre, La Horde du Contrevent happe le lecteur tout le long de ses 600 pages d'aventures fantastiques teintées de poésie et de métaphysique.
Il y a tant de choses à dire sur ce livre, toutes aussi importantes, toutes aussi captivantes les unes que les autres, qu'une présentation linéaire ne saurait en faire ressortir toute leur quintessence. Je m'excuse d'avance auprès du livre de ne pas pouvoir superposer les paragraphes qui vont suivre.
Un livre force 5
C'est encore réducteur, mais je vais commencer par vous parler de l'histoire. Dans un monde balayé par un vent unidirectionnel au mieux fort, l'humanité s'est adaptée, tant au niveau architectural avec des formes aérodynamique en goutte, qu'au niveau de la technique, qui tire en permanence parti de ce vent permanent. Mais depuis toujours, une grande question taraude le coeur des hommes : Qu'y a-t-il en Extrême-Amont, autrement dit à la source de ce vent permanent ?
Tout le monde a sa théorie, plus ou moins matérialiste, plus ou moins spirituelle, alors pour en avoir le coeur net, de formidables expéditions sont lancées depuis l'Extrême-Aval pour tenter, à pied, d'atteindre ce Saint-Graal. Ce sont les Hordes du Contrevent. Le livre suit l'histoire de la trente-quatrième, l'aboutissement d'un long processus de sélection et d'éducation dès le plus jeune âge, pour en faire de véritables professionnels du contre.
Composée de vingt-trois hommes et femmes, chacun ayant sa spécialité, depuis l'éclaireur jusqu'au fauconnier en passant par l'artisan du bois et l'aéromaître, cette Horde sera confrontée à toutes sortes de défis qu'elle devra surmonter pour arriver enfin à son but.
Ce livre, c'est pas du vent
Alain Damasio a déployé pour ce livre des trésors de littérature, en même temps qu'il bouscule les codes du genre. Première fantaisie, les pages sont numérotées à rebours, jusqu'à la chute du livre, renforçant l'ineluctabilité de cette quête. Autre particularité, il n'y a pas un, mais vingt-trois narrateurs. Tous les membres de la Horde sont en effet tour à tour narrateurs de l'histoire, parfois de paragraphes en paragraphes, et s'il peut être confus au début du livre de déterminer qui est le narrateur, la différence très marquée des styles d'écriture de chaque personnages permet bientôt de se passer du marque-page faisant la correspondance entre le symbole indiqué en début de paragraphe et le nom associé.
Mais tout cela finalement s'efface devant la richesse du contenu de ce roman, qu'on aurait pu s'attendre à une longue et morne quête fantastique ressemblant toujours trop au Seigneur des Anneaux qui, quel que soit son statut de précurseur, est quand même bigrement ennuyeux. L'on s'attend à une basse quête matérialistique que surgissent insidieusement des considérations de l'ordre de la magie. S'encroûte-ton à peine dans une description purement scientifique du vent que paraissent des considérations métaphysiques originales. S'attend-on à une joute en arme que l'on est désarçonné par un duel tout ce qu'il y a de plus verbal. le tout sur fond d'une poésie finement distillée, principalement en prose d'ailleurs, fondée notamment sur un vocabulaire de néologismes basé uniquement sur le vent.
Vocabulaire remarquablement amené s'il en est, car nulle part vous ne trouverez de lexique. Les clés de compréhension sont à saisir au vol. Et l'on se surprendra souvent à sourire intérieurement en découvrant un nouveau mot dont le sens tombe pile dans ce contexte venteux.
This book will blow your mind
La dernière particularité de ce livre c'est qu'il se suffit à lui-même. La première page vous souffle dans un nouvel univers qui part simplement en fumée après avoir la dernière. Je me suis demandé s'il était possible d'en faire une adaptation au cinéma, s'il était possible d'en écrire une suite. Et la réponse à ces deux questions est négative. Non parce que cet univers serait trop pauvre ou qu'il ne serait pas photogénique, mais plutôt parce que ce livre renferme la quintessence de son univers. Il est tellement plein, tellement complet, qu'il ne peut laisser de place ni à une interprétation cinématographique qui trahirait son esprit, ni à une suite qui s'essoufflerait rapidement.
Ce livre est donc un récit original, poétique, scientifique, verbal, métaphysique et se suffit à lui-même. On appelle ça un chef-d'oeuvre, non ? Si vous êtes féru d'héroïc-fantasy, lisez-le. Si vous ne lisez d'ordinaire que des Dan Brown, lisez-le aussi !
Bref, lisez-le, ou je vous soufflerai personnellement dans les bronches.
A noter qu'il existe également la bande originale de la Horde du contrevent, ainsi qu'une édition en DVD avec plein de choses dedans.
Un des meilleurs livre que j'ai jamais eu entre les mains ...
Il y a tellement à dire dessus, et j'ai pas envie de spoil...
Son seul defaut ? On suit Erg vraiment trop peu.
Il a quand même ses heures de gloire, je ne trouve pas que ce soit un personnage défavorisé. Tu vois, si on n'avait suivi que lui, le livre aurait forcément dû faire des concessions dans d'autres domaines, et il aurait été fatalament moins "parfait". L'équilibre de ce livre est juste, et je ne vois pas du tout comment on peut rajouter ou enlever quoi que ce soit sans mettre en péril l'équilibre du livre entier.
haaa, passer à côté de ce bouquin c'est passer à côté d'un grand moment. Je l'ai eu dans les mains par l'intermédiaire du compagnon de ma belle-soeur qui m'a dit "c'est mon frère (je crois- ça c'est moi qui le dit- je ne sais plus si c'est son frère) qui me l'a filé c'est prenant d'un bout à l'autre" avec un sourire et des petites étoiles dans les yeux.
J'ai eu quelques gênes : en ce qui concerne certaines descriptions c'est trop "flouteux" pour moi, que ce soit des lieux, des batailles ou des idées de l'imaginaire tout simplement. Une sensation d'embrouille (qu'a eu aussi mon vieux) scientifique. Sans que celà ne nuise à la force et à l'émotion que peut procurer Monsieur Damasio.
Aha non je ne pensait pas à rajouter ou enlever quoique ce soit.
La maniere de pensée de Erg est tellement marrante, a l'instar de caracole , surement beaucoup plus drole quand il raconte les histoires, c'est une des grande force de ce livre, surement grace à sa poesie et à ses rimes constantes.
Je vais tenter une autre approche que ma précédente parce que, ertaï, je ne partage pas ton bonheur de lecture. Alors, oui, je pense que ce bouquin est extra-ordinaire, poignant, inventif, mais....je me suis forcée, quelque part, à le lire - j'ai d'ailleurs commencé, arrêté au début et repris après pas mal de temps. Forcée est le mot excessif, disons que je n'y ai pas pris mon pied, je l'ai lu de l'extérieur, il n'était pas fait pour moi. C'est un livre univers : soit on plonge soit on reste à côté.
Premier barrage : l'univers d'écriture lié à la horde, la quête, sont essentiellement masculins.
Deuxième barrage : la "géométrie" qui y règne. Autant j'ai suivi la horde jusqu'au bout, autant pour une aveugle de la "géométrie" c'est pas le pied j'ai manqué énormément de sensation, c'était flou.
Troisième barrage : J'ai cruellement manqué de ressenti. Pas d'émotion, mais de ressenti. Dans ce dialogue omniprésent et plein de la horde, je n'ai pas eu le silence qu'il me fallait.
Fatalement je ne suis pas d'accord avec toi lorsque tu dis que : " L'équilibre de ce livre est juste, et je ne vois pas du tout comment on peut rajouter ou enlever quoi que ce soit sans mettre en péril l'équilibre du livre entier. " d'autant plus que ce livre est pour moi une fermeture.
Mais comme toi je dis : lisez-le ! C'est une espèce de génie comme on en trouve rarement, c'est écrit avec les tripes, et merci Monsieur Damasio tout le monde n'ose pas.
Ça me donne envie de le lire ! Si je peux me le dénicher, je sens que je vais me faire plaisir.
J'ai oublié de vous annoncer que j'étais reparti en quête de l'Extrême-Amont avec la 35ème Horde. Ai-je besoin de préciser que les livres que j'ai envie de relire ainsi se comptent sur les doigts d'une main ? S'il vous fallait encore un argument pour vous le procurer, sachez donc que vous aurez probablement envie, comme moi, de le relire
Encore un ? Pendant la lecture de la première scène du livre, j'ai physiquement haleté comme si je manquais d'air tellement la description du vent est évocatrice.
Est-ce que ça te l'a fait dès la première lecture ? Honnêtement, j'ai du mal à lire ce livre, dont je trouve le style difficile. J'admire l'originalité et la qualité de l’œuvre, qui m'a l'air très intelligente, mais je ne suis pas sûr de pouvoir réussir à tout lire.
Je ne me souviens pas bien de ma première lecture en détail, mais ce dont je suis sûr c'est que je n'ai pas eu de "mal" à lire ce livre. Certes, j'ai été quelque peu ballotté par le style original, mais ça a toujours été pour mon plus grand plaisir. Et puis je trouve que le style n'est difficile que par morceaux, la plupart du texte reste quand même classique, non ?
Ertaï a écrit :
Objet Littéraire Non Identifié
Ertaï, je ne sais pas, moi le style me semble un peu pénible, du fait que la moitié des mots sont des néologismes que je ne comprends pas toujours. C'est fastidieux de lire un texte où tu ne comprends pas un ou deux mots à chaque phrase.