Plaidoyer pour la suppression du concept de nation et l'abolition des frontières

Rarement un concept humain n'aura fait couler autant de sang et provoqué autant d'absurdités que le concept de nation. Même la religion ne lui arrive pas à la cheville en terme de nombre de cadavres. Hey, c'est même ce concept qui est directement responsable du nazisme allemand, c'est dire à quel point il est discutable !


Avant-propos : Cet article a été rédigé à la hâte, sur un coup d'inspiration soudaine motivé par la déception après qu'un de mes contacts Facebook que je considère comme intelligent et rationnel s'en soit pris à l'attitude de l'Allemagne dans les négociations avec la Grèce en allant jusqu'à comparer l'Allemagne de Merkel avec l'Allemagne nazie d'Hitler. Je n'ai pas avalé la comparaison grossière, et cela s'est fini avec lui qui m'a simplement demandé de ne plus intervenir sur ses posts Facebook traitant de la crise grecque.

Le terme nation lui-même est discutable, et son sens, loin d'être unique et admis aujourd'hui, a même évolué avec le temps. C'est déjà une bonne raison pour s'en débarrasser avec tous ses corollaires, mais dans la suite de cet essai, je l'assimile à l'idée de pays, un grand groupe de gens avec une histoire plus ou moins commune, une culture plus ou moins commune et un ensemble de symboles qui les représente.

Une pulsion naturelle à la séparation en groupes

Je voudrais d'abord borner ce plaidoyer. Supprimer le concept de nation n'équivaut pas à supprimer la diversité des cultures humaines. Il ne s'agit pas de plaider pour la dispersion d'une culture unique qui remplacerait toutes celles qui existent actuellement. Au-delà de l'impossibilité technique, ce serait tout bonnement inefficace. L'expérience de la Caverne aux voleurs menée par Muzafer Sharif et son équipe a montré que des groupes différents peuvent se former même au sein d'un groupe homogène que ce soit au niveau de l'ethnie, de la situation sociale ou intellectuelle.

Cela dit, l'analogie de la nature humaine avec cette expérience s'arrête rapidement. Les prémisses de l'expérience nécessitaient que les deux groupes d'adolescents n'aient aucun contact entre eux avant la formation de l'identité de groupe qui était encouragée par la création d'un nom de groupe et d'un drapeau que chaque membre portait sur leurs vêtements. On voit d'ores et déjà que les symboles, dont le concept de nation est friand, avec les drapeaux et les hymnes, participent au clivage d'un groupe initial homogène. De là à dire que la suppression des symboles réduirait les clivages....

Des frontières virtuelles, absurdes et meurtrières

Les nations se sont historiquement disputées sur des histoires de frontières. Que ce soit pour le prestige ou les ressources naturelles, elles ont toujours constitué un sujet de discorde. Cependant, avant l'avènement des Nations Unies, les frontières pouvaient évoluer en fonction du rapports de force entre les deux nations mitoyennes. Leur absurdité naturelle était donc compensée par une flexibilité qui permettait de représenter plus ou moins fidèlement la puissance politique et/ou militaire des nations en jeu.

Mais cette période de flottement s'est brutalement arrêtée avec l'avènement des Nations Unies qui ont de fait arrêté les frontières du monde dans leur état post-deuxième guerre mondiale, allant jusqu'à en créer de nouvelles pour l'Etat Israélien avec le succès que l'on sait. Car à partir de ce moment, l'absurdité crue des frontières est apparue au grand jour. Entre les frontières africaines tracées à la règle source de conflits ethniques, les zones frontalières (comme la Lorraine) qui n'appartiennent culturellement pas tout à fait à la nation officielle sans pouvoir totalement prétendre être rattachée à la nation mitoyenne non plus, et les droits de douane protectionniste dans une économie de toute façon mondialisée, les frontières sont aussi obsolètes que les murs qui jadis les matérialisaient dans l'Empire romain.

Des symboles surranés vides de sens, une fierté nationale dangereuse, des rivalités inutiles

En matière d'obsolescence, que dire des drapeaux, devises nationales et hymnes dont la signification, quand elle n'est pas obscure, discutable ou même contestée, est simplement en décalage plus ou moins complet avec la réalité de la nation qui les arbore. Que dire ainsi du drapeau tricolore française, dont le blanc d'une royauté dépassée est encadré des couleurs de la ville de Paris, qui représente difficilement la France entière. Ou encore de la devise nationale "Liberté, Egalité, Fraternité", dont on peut compter les camouflets subis par une politique nationale qui semble n'en avoir que faire. Ou enfin de l'hymne national, précédemment chant de guerre ? La vérité est que nous n'avons pas besoin de ces symboles autrement que pour maintenir une idée virtuelle de nation qui doit en retour s'efforcer de diffuser ces symboles auprès de chacun de ses citoyens revendiqués.

Le concept de nation est également une plate-forme idéale pour tous ceux qui ne peuvent apparemment pas vivre sans mesurer la valeur des cultures voire des humains entre eux. Ce "nous" flou créé, maintenu et encouragé par le principe de nation crée en creux un "eux" tout aussi flou à l'exception d'une constante : "eux" sont forcément moins bien que "nous". Les raisons, si on peut même employer ce terme tant la raison semble lointaine, sont trouvées à posteriori.

Au début du XXème siècle, l'apogée du concept de nation déchire l'Europe par deux fois, et une fois l'Europe en ruines le nationalisme est dès lors laissé aux mains des Etats-Unis et de la Russie qui se lancent dans un concours de bite terrifiant basé sur la puissance de leur arsenal nucléaire; Il se termine d'ailleurs par forfait avec la faillite de la politique stalinienne absurde, confortant les américains dans la croyance de leur supériorité nationale sur le reste du monde pas beaucoup moins absurde.

Le nouveau drapeau du monde

C'est bien beau, mais en pratique ?

En pratique, peu de choses changeraient vraiment. Je propose que l'on remplace tous les drapeaux par le drapeau des Nations Unies. Quitte à avoir un symbole, autant qu'il soit mondial. La suppression des hymnes, devises et mascottes est simple à mettre en pratique, et la suppression des inutiles services de douanes et patrouilles frontalières feraient faire de substantielles économies aux différents états.

Et ceux qui ne veulent pas obtempérer ? On les bombarde, c'est déjà ce que l'on fait actuellement après tout.

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