Le nouveau compte Facebook que j'ai créé après que le premier a été gelé parce que je n'utilisais pas mon nom officiel s'est lui aussi fait fermer. Cela ajouté aux pratiques douteuses de Facebook me font passer à Diaspora*. Ce réseau central décentralisé permet d'éviter la mainmise d'un acteur unique sur le réseau social comme on peut le voir sur Facebook ou Twitter.
Si vous avez pris la série de billets en cours, allez lire la première partie à propos de Facebook et Twitter.
Au contraire d'un réseau social commercial dans lequel une société unique contrôle et exploite l'ensemble des données que les utilisateurs lui soumettent, l'objectif principal d'un réseau social décentralisé est de permettre à ceux qui peuvent héberger une instance du réseau social de garder un meilleur contrôle de leurs données, et à ceux qui ne le peuvent pas de choisir l'entité à laquelle ils vont confier leurs données. Ce n'est pas une décision triviale car elle s'accompagne de coûts technologique et d'ergonomie supplémentaires que je vais expliquer.
Dans un modèle avec un propriétaire unique des données, la société peut faire le choix d'avoir plusieurs serveurs et que ces serveurs ne contiennent pas forcément toutes les données du réseau social. Cette répartition des données appelée "fragmentée" n'empêche aucun utilisateur d'accéder aux données qui ne seraient pas sur son fragment assigné car c'est la même société qui contrôle tous les fragments.
Dans le modèle de Diaspora*, la différence est que chaque instance indépendant de Diaspora*, aussi appelée "pod", est gérée par une personne morale différente. Impossible de coordonner facilement les échanges de données entre pods qui peuvent ne pas faire tourner la même exacte version de Diaspora*. La solution qui a été décidée est d'héberger sur chaque pod une copie du contenu avec lequel ses utilisateurs peuvent interagir, et d'utiliser la méthode "push" pour propager les contenus, ce qui fait que les pods envoient les nouveaux contenus aux pods qu'ils connaissent.
La quasi-absence de la méthode "pull", qui consiste à interroger un pod pour obtenir ses données, a été décidée pour réduire la pression sur les pods qui accueillent le plus d'utilisateurs et de contenus. Il est en effet plus facile de mettre en attente une opération de push qu'une opération de pull ce qui permet de mieux répartir les ressources du serveur hébergeant les pods. Et cela est crucial dans un environnement où les capacités techniques des serveurs hébergeant les différents pods Diaspora* ne sont pas maîtrisées par une autorité centrale.
La conséquence, c'est qu'un pod ne peut pas demander à un autre une quelconque liste d'anciens posts, que ce soit d'un utilisateur précis ou répondant à un tag donné. De même, il n'est pas prévu d'obtenir la liste des contacts d'un utilisateur, et la recherche sur le nom ne fonctionne que sur les comptes utilisateurs qui sont connus de votre pod. Ce combo amnésie + cécité peut être rebutant pour les nouveaux venus, qu'ils soient simple utilisateurs ou hébergeur d'un pod, car beaucoup de pages (liste des posts publics d'un utilisateur, liste de posts taggés) apparaîtront vides avant qu'elles reçoivent naturellement plus de contenus des autres pods.
L'autre souci concerne le contrôle des données elles-même et la confiance accordées aux administrateurs de pods, appelés "podmins". Par défaut, un utilisateur doit faire confiance à son/sa podmin puisque ce·tte dernier·e a un accès direct à la base de données qui contient les posts et messages privés. Mais, et c'est là où cela devient plus compliqué, si vous entamez une conversation privée avec un utilisateur sur un autre pod, vos messages seront automatiquement copiés sur cet autre pod pour que votre interlocuteur puisse les lire, et il vous faudra faire confiance à cet autre podmin de ne pas lire vos messages privés. En pratique c'est transparent, mais pour moi cela contrevient un peu à la promesse de vie privée et de propriété des données que Diaspora* fait sur sa page d'accueil.
La deuxième partie est disponible ! Dites-moi ce que vous en pensez, j'ai l'impression d'écrire n'importe quoi n'importe comment, j'espère que ça a un minimum de sens au final.
Hello
Je me pose une question, si au final le système d'un réseau social ne te conviens pas, pourquoi alors en intégrer ?
De plus AG est une sorte de réseau social dont tu est le propriétaire, en d'autre terme tu vas chercher ailleurs ce que tu as sous le nez non ?
Même quand je suis arrivé sur Aerie's Guard en 2005, ce n'était pas le seul site sur lequel je traînais. Bien que j'aime cette communauté, elle ne suffit pas à remplir mon besoin d'interactions sociales. Depuis que nous nous sommes éloignés de la structure forum en 2009, c'est devenu mon endroit favori pour poster de longs articles en français. Mais ce n'est pas vraiment un réseau social en tant que tel. Bien que je vous aime bien tous, je ne songerais pas à partager la même chose ici que je le faisais sur Facebook.
Facebook remplissait parfaitement mon besoin de réseau social jusqu'à ce qu'il veuille m'imposer un nom d'affichage spécifique. J'étais déjà au courant de les dangereuses concentration et exploitation des données, du recoupement des informations pour afficher de la pub ciblée, des décisions d'interdire ou pas tel ou tel contenu, mais le service rendu était tellement pratique que je pouvais facilement passer outre. Après mon premier départ de Facebook, je me suis rabattu sur Google+, mais la braderie de comptes utilisateurs par Google l'a transformé en ville fantôme. Je connaissais Diaspora* depuis un certain temps, mais la certaine difficulté technique à déployer son propre pod m'avait toujours un peu rebuté. Et si c'était pour s'inscrire sur un autre pod, cela n'en valait pas vraiment l'intérêt pour moi tant que j'avais accès à Facebook. Après mon second départ de Facebook, j'ai enfin décidé de lui donner une chance. J'y ai trouvé une relativement petite mais active communauté. Le fait que je sois moi-même podmin m'a amené à rentrer en relation avec d'autres podmins et surtout les développeurs du réseau social lui-même. Diaspora* est bien évidemment Open Source et utilise des outils participatifs pour les prises de décision philosophiques ou même techniques.
Mais bien évidemment Diaspora* n'est pas parfait, et cet article a pour but de peser le pour et le contre de Diaspora* pour fournir une information juste à ceux qui ne savent pas ce que c'est. Notamment sur la vie privée, la communication officielle est un petit peu trompeuse car les données saisies, même dans un cadre semi-privé ou privé sont automatiquement transmises aux pods des utilisateurs concernés s'ils ne se sont pas inscrit sur le même que soi. A partir de ce moment, il y a une certaine perte de contrôle de ces données, compréhensible techniquement, mais qui mérite d'être connue et expliquée. Non, Diaspora* n'est pas le summum de la vie privée, et comme sur n'importe quel autre réseau social il ne faut pas y poster des choses qui ne devraient pas être rendues publiques.
Mais à part ça, Diaspora* est peuplé de gens qui veulent être là, il y a très peu de comptes fantômes (nettoyés régulièrement) qui de toute façon n'apparaissent null part car il n'y a pas de fonctionnalité pour afficher les contacts d'un de vos contacts. Ainsi, au contraire de Google+, il sera impossible d'apprendre que Machin est suivi par 3000 personnes alors que ce ne sont que des comptes fantômes. Toutes les informations reçues sont donc le fait de vrais humains qui participent vraiment. Il ne manque plus que des gens que je connais saute le pas de Facebook à Diaspora*, même si j'ai peu d'espoir.
D'après ce que je comprend, les possibilités sur diaspora de découvrir de nouvelles personnes sont limités, n'est-ce pas plutôt un espace pour que ceux qui se connaissent déjà restent en contact ? si oui, alors ça me semble dans le fond très différent du service proposé par facebook, non ?
Très différent ou pas très différent?
Pour moi facebook est plutôt un espace d'exhibition au départ, et une convention sociale ensuite, c'est dire que aujourd'hui, puisque tout le monde y a un compte, c'est à ceux qui n'en font pas de se justifier.
C'est pourtant complètement l'inverse. Avec son système historique de relations bilatérales (les demandes d'amis doivent être acceptées), Facebook est dès le départ un réseau favorisant les groupes d'amis qui se connaissent déjà sur les campus universitaires en commençant par Harvard d'où Mark Zuckerberg est issu. La publicité des posts est par défaut limitée à tes amis et non publiques. Plusieurs années après son explosion de popularité, Facebook ajoutera, comme sur Twitter, la possibilité de suivre les posts publics de la page d'une personnalité, mais cela ne correspond pas vraiment à la philosophie initiale. Oui, c'est devenu une convention sociale et toutes les compagnies ont une page publique dessus, mais le système de relations bilatérales est toujours majoritaire. Je compare à Twitter où tout est public par défaut, et puis ils ont rajouté des options pour rendre l'ensemble de tes tweets inaccessibles à ceux qui ne te suivent pas.
Pour le peu que j'ai pu voir, moi j'ai eu l'impression que sur facebook, énormément de contenu était poussé vers toi, moi à peine inscrit on me proposait déjà des tas d'amis et des tas de trucs qui devraient m'intéresser. Et en lisant ton article sur diaspora j'avais l'impression que c'était différent, mais c'est peut-être moi qui ai une vision trop parcellaire de facebook.
Oui, il y a plein de suggestions, mais elles sont généralement liées a des informations que tu fournis (école, lieu d'habitation, amis d'amis) donc c'est plus une manière d'affiner ton profil sur Facebook que vraiment un encouragement à l'exhibition publique. Plutôt que le contenu de Facebook diffusé à l'extérieur, c'est plutôt l'inverse qui se passe, beaucoup de contenus externes sont aspirés à l'intérieur de Facebook.