Même s'ils n'oseraient jamais l'avouer, la plupart de ceux qui ont un minimum de connaissance en histoire des jeux vidéo ont une relation ambivalente d'amour et de haine avec Electronic Arts, moi y compris. Et autant je hais EA pour ce qu'ils ont fait de la franchise Dungeon Keeper sur mobile, autant SimCity : BuildIt est un joyau inesperé.
Un peu d'histoire
Achetée par Electronic Arts avec Maxis en 1997, la célèbre licence SimCity est quand même restée dans le giron du studio originel pendant presque 10 ans le temps de sortir SimCity 3000 et SimCity 4, le dernier des "vrais" SimCity. Après, cela se gâte un peu. Après un décevant SimCity Societies et quelques portages console et mobile, le coup de grâce à la franchise sera donné en 2013 lorsqu'un reboot de SimCity sort après quelques années d'effets d'annonces.
Même les désastres sont nuls !Le résultat est catastrophique. La superficie constructible est une fraction de ce que proposait SimCity 4, une connexion à Internet est requise pour le jeu en solo, les serveurs d'Electronic Arts ne tiendront pas le coup à la sortie du jeu ce qui mit sur la touche de nombreux joueurs qui avaient pré-commandé le jeu lors des quelques premiers jours suivant sa sortie. Les jours suivants ne dépareillèrent pas, un bug permettant à un joueur quelconque de s'immiscer dans une partie multijoueur privée aléatoire étant découvert, ce qui poussa moult trolls à ruiner d'innocentes parties que leurs joueurs croyaient à l'abri des tumultes d'Internet.
L'aventure mobile
A partir de 2007, Electronic Arts va tenter de faire conquérir le marché des consoles portables, des smartphones et des réseaux sociaux à la franchise. Timidement d'abord, car il faudra attendre 2012 pour que sorte un jeu SimCity qui ne soit pas basé de près ou de loin sur l'un des anciens jeux SimCity, comme SimCity DS 1 et 2, SimCity Deluxe sur Blackberry et SimCity Classic sur navigateur (disparu depuis).
SimCity SocialSimCity Social est la nouveauté, mais reste un jeu Facebook tout ce qu'il y a de plus classique. Des microtransactions sont offertes pour surmonter les délais d'attente ou les pré-requis en matériaux pour construire votre ville, tandis qu'avoir un max d'amis Facebook jouant également au jeu permet de débloquer des bâtiments et de s'envoyer des "cadeaux". Potentiel d'amusement pour un joueur solo qui ne veut pas payer pour simplement gagner du temps ni ennuyer ses contacts Facebook ? Limité. Le jeu a d'ailleurs été retiré de Facebook en 2013, un an après son lancement.
Vint SimCity BuildIt
Découvert grâce à un écran de cross-selling (comprenez auto-promotion) dans un autre jeu, SimCity BuildIt attire immédiatement mon attention simplement du fait de son nom. EA ou pas, je me dois de l'essayer, ne serait-ce que par égard pour les innombrables heures pendant lesquelles j'ai laissé tourner SimCity 2000 pour garnir mes coffre afin d'avoir de quoi faire lors de ma prochaine session de jeu de 20 minutes.
La première impression est plutôt bonne, bien que les principes de base de SimCity n'aient pas été repris. Exit le zonage, la mécanique principale consiste à améliorer progressivement des bâtiments résidentiels individuels en dépensant des matières premières issues des usines ou éventuellement des biens de consommations produits en dépensant des matières premières dans les bâtiments de commerce uniques.
Ces bâtiments résidentiels devront être progressivement alimentés en électricité et en eau, leurs eaux usées drainées et leurs déchets collectés au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Par la suite, vos citoyens exigeront d'être protégés par la police, les pompiers, et enfin d'avoir accès à des soins médicaux, le tout à vos frais. La progression est bien pensée et maintient le joueur dans un état de poursuite d'objectif permanent, ce qui encourage à revenir régulièrement au jeu.
Un faux air de SimCity
Visuellement, SimCity BuildIt est impressionnant. Entièrement en 3D, il se fait fort de proposer des jeux de lumière et d'ombre que je n'avais vu jusque là que sur PC, et ce sans aucune saccade sur mon iPhone 5s, bien qu'il chauffe sévèrement et pompe rapidement la batterie lors d'une utilisation prolongée. Ces derniers points ne sont pas des handicaps forts, car les sessions de jeu ne durent pas plus de dix minutes.
Vue des égoûtsMais surtout, tous les visuels sont empruntés au reboot de SimCity de 2013. Les vues des services avec les étincelles d'électricité qui se propagent à partir des centrales, les bulles d'eau qui partent des châteaux d'eau, tout cela jusqu'aux résidences dont partent les eaux usées et les déchets pour atteindre les stations d'épuration et les incinérateurs respectivement. La position de votre ville en bordure d'autoroute, et même la tour du Dr. Vu.
Un jeu mobile presque exemplaire
Bien qu'il soit basé sur les mécaniques classiques du compte-à-rebours, du crafting et des microtransactions, SimCity: BuildIt a fait des efforts pour en retirer les principaux inconvénients. Chaque usine fournit de 3 à 5 emplacements de compte à rebours pour la production de matières premières qui vont de 1 minute à 7h d'attente, ce qui permet en gérant bien de ne jamais être complètement bloqué dans sa production. Les résidences demandent des quantités aléatoires de ressources qui peuvent être remplacées par de nouvelles si vous n'êtes pas en mesure de produire les ressources requises dans un temps raisonnable. Il y a trois monnaies différentes, dont deux sont achetables directement, la troisième étant collectée en remplissant des missions de ressources spécifiques (qui peuvent être accélérées via la monnaie payante).
Oh, vous allez détester cet écranEnfin, il y a un marché aux ressource global sur lequel n'importe quel joueur peut vendre ou acheter des ressources dont les prix sont délimités dans une fourchette arbitraire. Il est ainsi possible de se faire un petit pécule en vendant à d'autres joueurs sa surproduction, tant que vos ressources peuvent intéresser un autre joueur. Et c'est là que le bât blesse. L'interface du marché est ultra-simplifiée, présentant une nouvelle sélection aléatoire de ressources vendues par les autres joueurs toutes les 30 secondes. Si la ressource que vous cherchez n'y est pas, il faut repasser plus tard. Si elle y est, il y a des chances non négligeables pour que l'affaire vous soit déjà passée sous le nez pour les ressources les plus rares. Un peu frustrant, mais le fait qu'on puisse tenter sa chance toutes les 30 secondes nourrit un peu l'espoir de dégoter la bonne affaire, ce qui finit parfois par arriver.
Conclusion
SimCity: BuildIt laisse à penser qu'il aurait mieux valu sortir le reboot de SimCity directement sur mobile, car cela aurait permis de lui pardonner ses cruelles limitations. Sur cette plate-forme, le jeu sous sa forme actuelle brille tant par ses qualités graphiques indéniables que par l'agrément de ses mécaniques de jeu pourtant classiques qui permettent quand même une grande liberté de personnalisation de l'organisation spatiale de sa ville. Et puis, c'est gratuit !
Télécharger SimCity Buildit sur l'Apple App Store
Télécharger SimCity BuildIt sur le Google Play Store
SimCity BuildIt propose une alternative rafraîchissante sur mobile. Malgré une réalisation soignée, la frustration du marché global et la répétitivité inhérente au genre l'empêchent d'atteindre la plus haute marche du podium.
Si j'ai bien tout compris, les mécaniques ressemble plus a un Anno amélioré qu'à un Sim City traditionnel ?
Par contre la gestion des ressources et des déchets semble alléchante.
Tu n'a pas parlé des réseaux routiers, c'est toujours la lutte contre l'embouteillage ?
Ouh là, on est très loin d'un Anno. Toutes les productions et les transformations nécessitent une action de ta part, on est plus dans le domaine du clicodrome que dans celui de l'automatisation d'une économie de biens. Mais SimCity BuildIt se laisse jouer parce que cela reste TA ville, avec tes choix de placement des bâtiments et de spécialisation.
Concernant les routes, le système est ultra-simplifié. Une route à deux voies ne coûte rien à construire, mais si tu améliores suffisamment les résidences qui la bordent, alors les citoyens se plaindront d'embouteillages invisibles à l'écran. Tu peux ainsi avoir à améliorer la route moyennant finance en 4 puis 6 voies ou les habitants désertent les immeubles concernés. C'est intéressant parce que tant que tu n'améliores pas une route, tu peux la détruire et la reconstruire à loisir. A mesure que tu développes ta ville, tu vas donc t'arranger pour faire avec les routes que tu as déjà améliorées et qui ne te rapporteraient que la moitié de l'argent investi pour les détruire. Cela fait un genre de centre historique avec des banlieues remodelables
A part ça, je n'en ai pas parlé dans l'article, mais la circulation est très bien rendue graphiquement. Les voitures vont d'un bâtiment à un autre en respectant les feux, les véhicules prioritaires illuminent les immeubles de leur gyrophare pendant la nuit, c'est vraiment chouette à regarder !
Mouais, après lecture du test je ne suis pas du tout tenté par cet ersatz de simcity. Beaucoup plus par le Cities : Skyline des suédois de Paradox. Un "vrai" jeu de gestion municipal, digne héritier de simcity 4.
Pour la petite info après l'échec commercial retentissant du dernier Simcity (dont tu parles d'ailleurs) EA a fermé le vénérable studio Maxis qui a créé la licence et la faisait vivre depuis les origines. Apparemment, EA n'a plus l'intention de faire des jeux simcity pour le PC. Comme beaucoup, il préfère orienter la licence vers le marché des mobiles et des tablettes.
Cities: Skyline ne boxe clairement pas dans la même catégorie. Si tu n'es pas même modérément intéressé par un jeu sur téléphone mobile, SimCity: BuildIt n'est pas pour toi.
J'ai entendu du bien de Cities: Skyline, mais je sais aussi que j'ai acheté SimCity 4 il y a quelques mois et que je n'en ai rien fait, donc...