Il y a quelques jours, les derniers blocs d'adresses IP v4 ont été attribués. Avant de paniquer sur la fin d'internet, essayons d'y voir plus clair.
Introduction
Qu'est-ce qu'une adresse IP ?
Afin de communiquer sur un réseau, les ordinateurs et logiciels utilisent des protocoles et des normes, ceux-ci vont de la forme que doit avoir le connecteur de la carte réseau à la fréquence des ondes Wi-Fi en passant par la taille d'une requête et la façon d'envoyer des données.
Parmi ces protocoles de communication, l'un des plus utilisé est le protocole IP (pour « Internet Protocol »), celui-ci fait utilisation d'adresses dites IP afin que les équipements l'utilisant puissent se contacter, comme les adresses physiques permettant à une lettre d'arriver à destination.
Une adresse IP désigne donc un équipement sur un réseau informatique, celle-ci peux être assignée manuellement ou automatiquement par un service DHCP.
Quelle forme prennent-elles ?
Il existe actuellement deux protocoles IP, l'IP version 4 (ci-après « IP v4 ») et l'IP version 6 (ci-après « IP v6 »). Le premier à été créé au début des années 1980; le second date des années 2000.
Actuellement, IP v4 est encore très massivement utilisé, que ce soit sur internet ou sur votre réseau local si vous en avez un. Une adresse IP v4 est codée sur 32 bits et prend la forme suivante :
AAA.BBB.CCC.DDD
Où AAA, BBB, CCC et DDD peuvent varier de 0 à 255 (notation décimale de mots de 8 bits), on obtient donc 232 adresses possible en théorie, soit 4 294 967 296.
IP v6 est son successeur, en plus d'apporter de multiples améliorations, il modifie totalement le système d'adressage ; à présent les adresses sont codées sur 128 bits et prennent cette forme :
aaaa:bbbb:cccc:dddd:eeee:ffff:gggg:hhhh
Où les blocs, séparés par le signe deux points « : », varient de 0 à ffff (notation hexadécimal de mots de 16 bits), on obtient 2128 adresses possibles théoriquement, c'est à dire… heu… beaucoup.
340 282 366 920 938 463 463 374 607 431 768 211 456 pour être plus précis.
Pour simplifier la notation d'une adresse IP v6, on a établi la méthode suivante, prenons l'IP v6 2001:0db8:0000:85a3:0000:0000:ac1f:8001 :
- Il est permis d'omettre de 1 à 3 chiffres zéros non significatifs dans chaque groupe de 4 chiffres hexadécimaux, on obtient donc 2001:db8:0:85a3:0:0:ac1f:8001 ;
- Une unique suite de un ou plusieurs groupes consécutifs de 16 bits tous nuls peut être omise, en conservant toutefois les signes deux points de chaque côté de la suite de chiffres omise, c'est-à-dire une paire de deux-points , on obtient donc 2001:db8:0:85a3::ac1f:8001.
CIDR doux ou brute ?
Dans la suite de cet article, j'utiliserai très souvent la notation dite CIDR. Celle-ci est une méthode de notation du masque de sous-réseau.
Un masque de sous réseau késako ? Il s'agit d'un masque binaire appliqué sur une adresse IP v4 ou IP v6 pour savoir si elle fait partie du même réseau qu'une autre. Ils font la séparation entre les bits de l'adresse IP qui désignent le réseau et ceux qui désignent les machines de ce réseau.
Prenons un exemple : Nous avons deux ordinateurs connectés physiquement au même réseau IP v4, ils utilisent les adresses IP v4 192.168.5.4 et 192.168.5.78 et utilisent tous deux le masque de sous-réseau 255.255.255.128.
Traduisons ces IP v4 en binaire :
IP v4 décimale PC1 : 192.168.5.4 Masque décimal PC1 : 255.255.255.128 IP v4 décimale PC2 : 192.168.5.78 Masque décimal PC2 : 255.255.255.128 IP v4 binaire PC1 : 11000000.10101000.00001001.00000100 Masque binaire PC1 : 11111111.11111111.11111111.10000000 IP v4 binaire PC2 : 11000000.10101000.00001001.01001110 Masque binaire PC2 : 11111111.11111111.11111111.10000000
Tout les bits d'adresse IP ayant le même poids qu'un bit de masque de sous-réseau à 1 est dit masqué et désigne le réseau, dans notre cas, nous avons donc les 25 premiers bits en partant du poids fort qui sont assignés au réseau, les 7 autres sont utilisés pour désigner les machines de ce réseau.
__________________________ / \ IP v4 binaire PC1 : 11000000.10101000.00001001.00000100 Masque binaire PC1 : 11111111.11111111.11111111.10000000 IP v4 binaire PC2 : 11000000.10101000.00001001.01001110 Masque binaire PC2 : 11111111.11111111.11111111.10000000 \__________________________/ Bits réseau
Les bits désignant le réseau doivent être identiques pour que les deux ordinateurs se voient comme faisant partie du même réseau. Dans notre exemple, c'est le cas.
La notation CIDR est une forme raccourcie qui indique le nombre de bits du masque de sous-réseau d'une adresse IP qui sont assignés à la désignation du réseau. Dans notre exemple, la notation CIDR des adresses des ordinateurs PC1 et PC2 est :
- PC1 : 192.168.5.4/25
- PC2 : 192.168.5.78/25
Si en IP v4 la notation de masque de sous réseau décimal est très utilisée, elle a été abandonné en IP v6, non seulement parce qu'il n'y a plus de notation décimale en IP v6, mais aussi pour raccourcir la notation.
Pourquoi changer ?
Amélioration de performances
IP v6 apporte diverses améliorations comme la simplification des trames réseau qu'il utilise, l'intégration d'IPSEC qui était une fonctionnalités externe de IP v4 ou la possibilité de joindre une machine plutôt qu'une autre en fonction de ses meilleurs performances réseau (voir Anycast) et la disparition pur et simple de la diffusion (ou broadcast).
Petit aparté sur les broadcast, anycast, multicast et tout :
- Unicast : Un équipement d'un réseau discute avec un et un seul autre.
Exemple IRL : Une discution avec un ami. - Multicast : Un équipement réseau parle à plusieurs autres, mais pas à tous. Il émet sur une adresse dite de multicast, tout ceux qui écoutent sur l'adresse multicast sur laquelle il émet recevront les données.
Exemple IRL : un professeur dans une classe, écouté par une partie des élèves pendant que les autres dorment, discutent ou dessinent dans les marges de leur cahier. - Anycast : Un équipement parle avec celui apte à répondre à sa requête le plus efficacement. N'existe pas en IP v4.
Exemple IRL : Quand vous demandez le sel (ou l'eau) à table, vous le demander à la personne qui va pouvoir vous le (la) passer le plus rapidement. - Broadcast : Un équipement réseau parle à tout les autres. N'existe plus en IP v6.
Exemple IRL : À TAAAABLE !!!!
Vous avez besoin de plus de Gaz Vespene d'adresses IP !
Cependant, dans cet article, nous verrons d'avantage le second problème que IP v6 règle : Le manque d'adresses IP v4.
Évolution d'Internet
IP v4 à sec
Quand IP v4 à été créé dans les années 80, on pensait qu'il y aurait assez d'adresses pour tout le monde ; personne n'avait vraiment vu venir le succès du réseau Internet qui n'était réservé qu'aux universités et structures gouvernementales à l'époque. De plus, on ne pensait pas qu'arriverait un jour des hordes de téléphones portables pouvant s'y connecter.
Vous allez me dire que 4 milliard d'adresses devraient suffire, mais pour être franc, les 232 adresses ne sont que théoriques, certaines plages d'adresses ne sont pas utilisables sur Internet, voici lesquelles :
- De 0.0.0.0 à 0.255.255.255 (0.0.0.0/8) : Réservé
- De 10.0.0.0 à 10.255.255.255 (10.0.0.0/8) : Réseau privé de classe A
- De 127.0.0.0 à 127.255.255.255 (127.0.0.0/8) : Adresses locales
- De 169.254.0.0 à 169.254.255.255 (169.254.0.0/16) : Adresse locales autoconfigurées
- De 172.16.0.0 à 172.16.255.255 (172.16.0.0/16) : Réseau privé de classe B
- De 192.0.0.0 à 192.0.0.255 (192.0.0.0/24) : Réservé par l'IETF
- De 192.0.2.0 à 192.0.2.255 (192.0.2.0/24) : Réseau de test TEST-NET-1
- De 192.18.0.0 à 192.18.128.255 (198.18.0.0/15) : Tests de performance
- De 192.51.100.0 à 192.51.100.255 (198.51.100.0/24) : Réseau de test TEST-NET-2
- De 192.88.99.0 à 192.88.99.255 (192.88.99.0/24) : 6to4 anycast
- De 192.168.0.0 à 192.168.255.255 (192.168.0.0/16) : Réseau privé de classe C
- De 203.0.113.0 à 203.0.113.255 (203.0.113.0/24) : Réseau de test TEST-NET-3
- De 224.0.0.0 à 239.255.255.255 (224.0.0.0/4) : Adresses multicast
- De 240.0.0.0 à 255.255.255.255 (240.0.0.0/4) : Réservé à un usage ultérieur
- 255.255.255.255 : Broadcast
Bref, seules 3 707 435 775 adresses sont réellement utilisables.
Comment sont attribués les adresses IP sur internet ?
Il fût un temps, il suffisait de faire une demande pour se voir attribuer une grosse plage d'adresse d'adresses, regarder la cartographie des adresse IP v4 (carte de 2006) vous montrera que nombre de gros emplacements ont été attribués directement à des entreprises ou à des administrations des États-Unis. Cela date des années 1980, quand on ne pensait pas en voir le bout.
Cependant, avec le temps, on s'est rendu compte qu'on ne pourrait pas continuer à gaspiller ainsi et on s'est mis à rationaliser, ceci à mené à la création de l'IANA au niveau mondial et de divers bureaux d'attribution au niveau continental et national nommés Registre Internet Régionaux (ci-après « RIR »).
- AfriNIC : Afrique
- APNIC : Asie et Pacifique
- ARIN : Amérique du Nord
- LACNIC : Amérique Latine et Caraïbes
- RIPE-NCC : Europe, Russie et Moyen-Orient.
Actuellement, les plages d'adresses IP, qu'elles soient en v4 ou en v6, sont détenues par l'IANA, elles sont ensuite fournies aux RIR continentaux en fonction de leurs besoins. Une fois entre les mains des RIR continentaux, elles sont fournies aux RIR nationaux, puis enfin, aux entreprises, ou administrations.
Internet va-t-il tomber en panne demain ?
Non, tout simplement car les adresses IP ne sont pas du pétrole, même s'il n'y en a plus en réserve, elles ne s'usent pas, de la même façon, il est possible de remettre dans le pot commun les plages d'adresses non utilisées. Enfin, si l'IANA n'a plus une adresse IP v4 en réserve, les RIR en disposent encore un peu par effet de transmission.
Au pire, Internet aura du mal à croître
Mais heureusement, si vous avez suivi, IP v6 va pouvoir prendre la relève et supprimer ce petit problème.
Malheureusement, le changement ne se fera pas d'un claquement de doigt, nombre d'entreprises et de Fournisseurs d'Accès à Internet (ci-après « FAI ») ont traîné les pieds pour y passer, et puisque c'est au pied du mur que l'on voit mieux le mur, peut-être le tarissement des adresses IP v4 au niveau de l'IANA va les pousser à se rendre compatibles IP v6 en vitesse.
2128 IP v6 et moi et moi et moi…
Oui mais…
Avant tout, répondons à quelques bêtises que l'on trouve régulièrement.
Si je passe à IP v6, je ne pourrai plus accéder aux serveurs qui sont uniquement IP v4.
C'est faux, il est possible d'avoir ce que l'on appel une double pile IP, c'est-à-dire que votre carte réseau aura à la fois une adresse IP v4 et une adresse IP v6, par exemple, voici ce que ça donne chez le FAI auquel je suis abonné.
Sous GNU/Linux
ppp0 Link encap: Protocole Point-à-Point inet adr:80.67.176.144 P-t-P:62.4.16.41 Masque:255.255.255.255 adr inet6: fe80::5043:b090:0:0/10 Scope:Lien adr inet6: 2001:910:1090::1/64 Scope:Global […]
Sous Microsoft Windows
Carte Ethernet Marvell Yukon 88E8001 Gigabit Ethernet : Suffixe DNS propre à la connexion : zergy.lan Adresse IP : 192.168.2.2 Masque de sous-réseau : 255.255.255.0 Adresse IP : 2001:910:1090:2:c03:256d:9235:62e3 […]
On voit bien ici que les connexions disposent d'une adresse IP v4 (192.168.2.*) et d'une adresse IP v6 (2001:910:1090:*)
Les connectivités IP v4 et IP v6 sont utilisées selon les besoins.
Les adresses IP v6 en fe80:* sont des adresses de liens locaux, j'y reviendrai par la suite.
IP v6 permet moins d'anonymat que IP v4
On entend souvent cette bêtise à propos de deux choses :
- La disparition des systèmes de Translation d'Adresses et Port Réseaux en IP v6.
- Le fait que l'adresse MAC de la carte réseau soit inclue dans l'adresse IP v6.
Les systèmes de Translation d'Adresses et Port Réseaux, aussi nommée PAT/NAT, sont un placébo trouvé vers la fin des années 1990 pour permettre à plusieurs ordinateurs d'un réseau local (adresses IP v4 de classes A, B ou C) d'être connecté à Internet avec une seule IP v4 publique.
Certains prêtent à ce système une sécurité puisque les machines à l'intérieur du réseau local ne sont pas directement joignables depuis Internet puisqu'on ne dispose que d'une IP publique.
Cependant, en IP v6, s'il est vrai que tous vos équipement auront une adresse IP v6 publique, les murs de feu de ces machines seront là pour bloquer les attaques, et n'oublions pas qu'un système de PAT/NAT n'empêche pas de se prendre des tuiles, la première faille dans un système informatique étant bien souvent l'utilisateur.
Mais réjouissons-nous, avec la disparition du PAT/NAT fini la redirection de port nécessaire pour jouer correctement.
Pour le problème de l'adresse MAC dans l'adresse IP v6 publique, c'est vrai si l'adresse est réglée automatiquement, et faux si vous la réglez à la main. Et vu qu'en IP v6 votre FAI vous donne gracieusement une plage d'adresses IP, à vous de choisir celle qui vous convient.
Comme les FAI fournissent des plages d'adresses IP v6, on aura encore le même problème
La plage des IP v6 utilisables sur internet vont de 2000:0000:0000:0000:0000:0000:0000:0000 à 9fff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff, c'est-à-dire :
- 1,40737488355327 × 1014 (140 737 488 355 327) plages en /48
- 3,6028797018963967 × 1016 (36 028 797 018 963 967) plages en /56
- 9,223372036854775807 × 1018 (9 223 372 036 854 775 807) plages en /64
Que vérifier pour passer à IP v6 chez soit ?
On prend ici le fait que vous souhaitez juste vérifier que vous pouvez vous connecter au réseau Internet en IP v6, il vous faut :
- Un FAI offrant une connectivité IP v6.
- Du matériel réseau offrant une connectivité IP v6.
- Un système d'exploitation avec pile réseau IP v6.
Le FAI
Actuellement, en France, les quatre FAI suivants sont compatibles IP v6 :
- FDN offre des plages IP v6 en /48 sur demande depuis le 22 septembre 2009, d'office depuis juillet 2011.
- Free (et donc Alice par la force des choses) offre des plages IP v6 en /61 depuis 2007.
- Nerim offre des plages IP v6 en /48.
- Numéricâble semble disposer d'IP v6 depuis 2012.
- OVH offre des plages IP v6 en /56 depuis mi 2012.
- SFR offre des plages IP v6 en /64 depuis fin août 2011.
Pour les autres :
- Orange à rendu les dernières Livebox compatible. Le passage est prévu pour 2014 ou 2015. A noter qu'ils ont fait des essais en 2006, mais depuis, silence radio.
- Bouygues Telecom avait prévu le passage à fin 2012, mai l'a finalement repoussé.
Le matériel réseau
Les matériels réseaux devant être vérifié pour le passage à IP v6 sont votre routeur -généralement la *box de votre FAI- et votre point d'accès Wifi si celui-ci est un élément à part du routeur.
Si vous utilisez votre *box en mode « Bridge » (mode simple modem ADSL) ou que vous n'avez qu'un simple modem (ADSL ou RTC) pour vous connecter, vous n'êtes pas concerné par cette section, en effet un modem utilise les protocoles PPP et ATM, et n'est donc pas concerné par des problèmes d'IP v4 ou IP v6.
C'est à l'équipement se trouvant derrière de faire la connectivité IP.
Aujourd'hui encore, bon nombre de modems-routeur ou routeurs grand public n'offrent pas de connectivité IP v6, faites attention lors de vos achats.
Pour ce qui est des box des FAI :
- Freebox et Alicebox : Allez dans l'interface de gestion pour activer la compatibilité IP v6 puis redémarrez-la
- FDN : Consultez le Wiki de FDN
- Neufbox : Il vous faut le firmware 3.1.7 au minimum. De là, allez dans l'interface de gestion de votre Neufbox → onglet « Réseau » → « WAN », puis, activez l'option IP v6 et redémarrez votre Neufbox.
Pour tous les équipements et FAI, consultez la documentation fournie et mettez le micro-logiciel (firmware) à jour si besoin.
Le système d'exploitation
Les systèmes d'exploitation récents sont compatibles avec IPv6, par récent on entend :
- GNU/Linux avec noyau 2.2 ou plus récent, nous sommes au 2.6 depuis 2003.
- Microsoft Windows XP SP2 ou plus récent
- Les *BSD et MacOSX sont bien entendu compatibles, mais je ne trouve pas depuis quand.
Quelque soit votre système d'exploitation, le support d'IP v6 doit être activé par défaut, sauf sur Windows XP, voici comment faire pour celui-ci :
- Panneau de configuration → Connexions réseaux → Clic droit sur l'une des connexion → Sélectionnez « Propriétés » ;
- Cliquez sur le bouton « Propriété » → Sélectionnez « Réseau » ;
- Sélectionnez « Microsoft TCP/IP version 6 » ;
- Cliquez sur « OK » → « OK » → « OK » ;
- Windows vous demandera de redémarrez pour appliquer les modifications, faites-le.
Tester
Connectez-vous à un site de test, il en existe d'autres.
Les adresses IP v6 que vous utiliserez
Si en IP v4 votre FAI ne vous fournissait qu'une seule et unique adresse IP, en IP v6 vous avez droit à une plage complète, généralement, on vous attribue un /64, certains FAI comme FDN fournissent un /48.
Le problème étant de trouver moyen d'utiliser ces 264 (ou 272, ou 280) adresses.
Mais outre la plage d'adresse IP v6 publique que vous fournit votre FAI, vous en trouverez d'autres, décrivons-les rapidement :
- De :: à :ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff :/8) : Réservé.
- De 2002:: à 2002::ffff:ffff:ffff:ffff (2002::/64) : Réservé au mécanisme 6to4, il s'agit bien d'adresses publiques, donc, trouvable sur internet, mais non attribuables par votre FAI.
- De fc00:: à fdff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff (fc00::/7) : Adresses locales uniques pour les réseaux locaux, non routables sur Internet. Permet par exemple de ne pas rendre disponible hors de son réseau domestique un service de partage de fichiers.
- De fe80:: à febf:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff (fe80/10) : Adresses de liens locaux, propres à chaque interface et utilisées pour certaines fonctions du protocole IP v6.
- De ff00:: à ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff:ffff (ff00::/8) Adresses multicast.
Savoir si un serveur utilise IP v6
A présent que votre connectivité IP v6 à Internet est en place, vous pouvez tester si un serveur quelconque est lui aussi compatible, pour cela, il suffit d'avoir quelques petits outils.
Via votre navigateur
Si vous utilisez le navigateur internet Mozilla Firefox, il existe l'extension « SixOrNot » qui vous indiquera si le serveur du site que vous visitez peut être joint en IP v6.
Via la ligne de commande
Ceux-ci n'étant pas installés de base sous Microsoft Windows voici la procédure pour les mettre en place :
Installation des outils
- Déjà, téléchargez-les.
- Décompressez le fichier .zip dans « C:\dig » (ou tout autre dossier de votre choix)
- Copiez le fichier « resolv.conf » de ce dossier dans « C:\WINDOWS\system32\drivers\etc\ »
Il faut ensuite ajouter le dossier d'installation à la variable PATH du système, pour plus facilement les utiliser.
Sous Windows XP et 2003 :
- Clic droit sur « Poste de travail » → « Propriétés » → Onglet « Avancé » → Bouton « Variables d'environnement »
- Dans la zone « Variables systèmes » choisir la ligne « Path » → Bouton « Modifier »
- Dans la zone « Valeur de la variable » ajoutez « C:\dig; »
- Cliquez sur « OK » → « OK » → « OK »
Sous Windows Vista et 7 :
- Clic droit sur « Ordinateur » → « Propriétés » → « Option avancées » → Onglet « Avancé » → Bouton « Variables d'environnement »
- Dans la zone « Variables systèmes » choisir la ligne « Path » → Bouton « Modifier »
- Dans la zone « Valeur de la variable » ajoutez « C:\dig; »
- Cliquez sur « OK » → « OK » → « OK »
Utilisation
Nous allons ici uniquement utiliser la commande « host » pour interroger un serveur DNS (ceux qui traduisent les adresses IP en nom intelligible et vice-versa) afin de savoir si un serveur dispose d'une IP v6. D'autres commandes comme « dig » sont fournies par ces outils mais ne sont pas décrites ici.
L'utilisation est très simple, il suffit d'ouvrir une invite de commande et de taper la commande :
host nomDuServeur
Exemple avec une machine compatible IP v6 :
host www.zergy.net www.zergy.net is an alias for enalys.zergy.net. enalys.zergy.net has address 80.67.176.144 enalys.zergy.net has IPv6 address 2001:910:1090:2::1
La commande nous répond que www.zergy.net est un surnom du serveur enalys.zergy.net et que l'adresse IP v4 ce celui-ci est 80.67.176.144.
Cependant, la réponse nous indique également que enalys.zergy.net dispose d'une adresse IP v6 qui est 2001:910:1090:2::1.
Exemple avec une machine non compatible IP v6 :
host www.aeriesguard.com www.aeriesguard.com is an alias for aeriesguard.com. aeriesguard.com has address 78.41.233.87 aeriesguard.com mail is handled by 30 mx2.celeonet.com. aeriesguard.com mail is handled by 25 mx3-cl.celeonet.fr.
La commande nous répond que www.aeriesguard.com est un surnom du serveur aeriesguard.com et que l'adresse IP v4 ce celui-ci est 78.41.233.87.
Les autres lignes indiquent quels sont les serveurs de messagerie utilisés par le domaine aeriesguard.com, rien ne concerne une quelconque compatibilité IP v6.
Ertaï, il va falloir arranger ça !
Bonus
Merci à Ertaï pour les corrections.
Eh Zergy tu fait pas dans la dentelle ... Article intéressant
J'ai lu complètement ton article et je dois dire que je n'en comprends pas la moitié. Mais c'est du beau boulot, on se rend mieux compte de comment ça fonctionne ! Et ça me donne une raison de plus pour aller gueuler auprès d'Orange et de ses ingérences.
=> On devrait faire un film là-dessus
Merci pour ce dossier exhaustif Zergy qui est peut-être un peu technique mais qui a l'avantage d'être complet.
Sinon, moi je veux bien mettre AG en IP v6, mais je ne sais pas du tout comment faire. Un petit tuto encore ?
Sevilla a écrit :
Pour Orange, oui il a pas mal à dire à leur politique actuelle.
Pour ce qui est de l'article, il vrai qu'il est assez technique, n'hésite pas le dire si tu ne comprend pas certaines choses, nous essayerons d'éclaircir.
Est-ce qu'il y a des risques d'incompatibilité matériel autre que les routeurs ? Je penses notamment aux cartes réseaux/WiFi.
Normalement non, les seuls choses à vérifier en plus des routeurs sont les points d'accès Wifi.
Comme d'habitude on va utiliser la méthode La Rache
En plus mon abonnement Orange va passer de 29,89€ à 32€, alors qu'il n'y a pas si longtemps encore le gouvernement parlait d'internet à tarif préférentiel pour les
fainéantspersonnes à faibles revenus.En même temps je trouve qu'on n'est pas trop à plaindre en France niveau tarifs ADSL, par rapport par exemple à la Belgique.
Sinon j'ai l'impression que le frein au passage à l'IPv6 peut en partie trouver sa source dans le fait que les adresses IPv6 ne sont pas mémorisables ; au contraire des adresses IPv4 que l'on pouvait retenir de tête et transmettre simplement par oral, les adresses IPv6 sont beaucoup plus complexes ; Elles nécessitent soit une épellation orake prenant du temps et provoquant fatalement des erreurs de compréhension, soit des moyens de transmissions physiques pour être transmises. A mon avis ça peut être un frein, même uniquement mental, à la volonté d'adoption de cette nouvelle norme.
SpiceGuid a écrit :
Comme dit la publicité : « Il y a internet, et
internetle minitel par Orange. »Pour ce qui est des autres offres, Alice (Qui appartient à Illiad, c'est à dire Free) a lancé une offre sans télévision à 9,99 € par mois. Si tu es dans une grande agglomération, tu peux tenter l'offre de OVH qui sera en place d'ici peux, en attendant, tu peux tester la compatibilité de ta ligne avec. Et si tu souhaites rester chez Orange, tu peux aller jeter un œil du coté de leur offre découverte à 21 € par mois.
C'est vrai que c'est beaucoup moins mémorisable qu'une IPv4.
Un autre frein à mon avis est qu'avec ce changement complet d'adressage, les admins réseau vont devoir reconfigurer tout leurs réseau avec ces nouvelles IP. Zergy est-ce qu'il existe des formes de configuration réseau qui existaient en IPv4 et qui ne sont plus compatibles en IPv6, et plus généralement si on te filait un réseau à migrer comment tu procèderais ?
Physiquement, tu n'as pas de gros changement à faire, voir pas du tout, sauf totalement matériel incompatible. Même si le système de PAT/NAT à disparut on a toujours une passerelle, un point de passage physique vers le réseau internet, chez un particulier, la *box généralement, celui-ci ne faisant, pour IP v6, pas du NAT/PAT mais du routage.
Si la passerelle n'est pas une *box, il faudra manuellement y installer et y configurer un Service d'Annonce de Routeur (Router ADVertisement Daemon) si on souhaite avoir des adresses IP v6 publiques configurées automatiquement sur le réseau local, celle de la passerelle étant à mettre à la main. Je pense que ce sera fait automatiquement sur les systèmes grand public.
Après, c'est surtout au niveau des programmes que le problème peut se poser, ceci dit, la possibilité de double pile IP leur permettra tout de même de fonctionner. La seule que j'ai vu actuellement chez moi est l'impossibilité de faire une proxy transparent en IP v6 avec Squid.
Pour réseau, tu entends quoi, un réseau de particulier ou de professionnel ?
Pour un particulier, la box mis à jour par le FAI se chargera de tout, donc, rien à toucher, pour les professionnels, en plus d'avoir du matériel compatible, il faut voir ce qui a de ce qui n'a pas besoin d'adresse IP v6 publique afin de ne pas exposer des éléments inutilement et également de retravailler les règles de pare-feu pour IP v6.
Même si des équipements n'ont pas d'adresses IP v6 publiques, on peut les joindre en IP v6 puisqu'il est possible de mettre plusieurs adresses IP v6 de types identique ou différents (publique/privée) sur une même interface.
(Qu'as-tu modifié à l'article ?)
J'ai répondu plus précisement au problème : « Comme les FAI fournissent des plages d'adresses IP v6, on aura encore le même problème »
Merci d'avoir édité récemment cet article sinon je ne serais jamais tombé dessus alors que je l'ai trouvé particulièrement intéressant et instructif !
Malheureusement après avoir lu et relu certains passages il me reste encore quelques doutes. Je vais donc faire quelque chose que je ne fais pas très souvent, à savoir exposer mes doutes. En fait ces derniers sont principalement au niveau de l'explication sur le CIDR et plus précieusement au niveau des masques de sous réseau local.
Donc: Qu'est-ce que le poids fort d'une adresse ? Ensuite il y a une phrase que j'ai du mal à comprendre "Tout les bits d'adresse IP ayant le même poids qu'un bit de masque de sous-réseau à 1 est dit masqué et désigne le réseau" Encore la notion de poids ? Est-ce que ça signifie en fait que lorsque deux IP locales ont disons (pour reprendre ton exemple) les 25 premiers bits identiques, alors chacun de ces bits servant à désigner le réseau seront traduits par des 1 dans un masque qui leur sera appliqué ... mais dans quel but ? Parce que d'accord "Ils font la séparation entre les bits de l'adresse IP qui désignent le réseau et ceux qui désignent les machines de ce réseau." Mais puisque le masque est directement en lien avec l'IP locale, cette dernière remplit tout aussi bien cette fonction, non ?
Enfin, quand tu indiques dans les plages d'adresses IP v4 non disponibles le nombre de bits utilisés pour l'identification réseau, il s'agit là que des IP locales ? Puisque deux IP v4 publiques ont rarement de ressemblances en décimales (peut être qu'elles en ont plus en binaire).
Désolé si ces questions peuvent te paraitre bêtes. J'espère que tu comprendras ce que je veux dire, moi même j'ai eu beaucoup de mal à exprimer les questions.
Je ne comprend pas très bien tes questions, mais tâchons d'y répondre.
Le bit de poids fort d'une adresse IP (v4 ou v6) est celui situé le plus à gauche, celui le poids faible étant situé le plus à droite. Par exemple, si he prend l'adresse IP v4 127.0.0.1 et que je la traduit en binaire j'ai :
Pour ce qui est du masque de sous-réseau, il permet de dimensionner ledit réseau, par exemple, prenons les adresses IP v4 192.168.1.53 et 192.168.250.2 :
Aaah oui j'ai compris ! Merci beaucoup !
La notion de poids en informatique est relative à quelle valeur représente un bit au sein d'un ou d'une suite d'octet.
Par exemple sur un octet :
On peut ainsi voir que les bits situés les plus à gauche dans un octet sont à même de fournir les plus grandes valeurs, et inversement ceux à droite fournissent les plus petites. D'où la notion de bits de poids forts (grande valeurs) et de poids faibles (petite valeurs).
On notera que cet état de fait est dépendant de l'ordre dans lequel on lit les bits (ici de gauche à droite) néanmoins rien n'interdirait de lire les bits de de droite à gauche et ainsi déclarer que les poids faibles sont à gauche et les poids forts à droite. L'ordre de lecture des bits est nommé l'endianness (ou boutisme en français). Traditionnellement c'est avec un boutisme little endian (gauche à droite) qu'on représente les octets.
Au niveau d'une machine, ce qui détermine l'endianness c'est avant l'architecture du processeur qui est soit prévu pour lire de gauche à droite, soit de droite à gauche.