Dominique de Villepin a récemment publié une proposition de Revenu Citoyen se basant sur le principe de l'Allocation Universelle. Que pensez-vous de cette idée ?
Izual a écrit :
Comme l'a dit Spiceguid, ne nous trompons pas sur le très charismatique De Villepin... C'est un requin libéral, qui a tenu tête à trois millions de manifestants durant le CPE. Si il a indéniablement un air sympathique et une stature de président, un coup d'oeuvre à son ébauche de programme montre bien qu'il reste un homme de Droite. Par contre, son idée d'allocation universelle est intéressante.
Non, non et non, l'allocation universelle n'est pas une idée qui doit être appliquée. Si j'ai bien compris, c'est un revenu minimum que percevrait les personnes de plus de 18 ans ayant un revenu inférieur au salaire médian, qu'elles travaillent ou. C'est bien là que le bât blesse. Si on reçoit un revenu en travaillant ou pas, pourquoi travailler ? En fait, au lieu d'instaurer un contrat moral entre l'Etat et le bénéficiaire de l'allocation universelle, on créerait sans doute le contraire, une génération d'assistés qui préfèreraient 850 euros par mois sans bosser plutôt que 1500 euros par mois en travaillant 35 heures par semaines.
D'autre part, cette allocation universelle n'aurait pas le même poids économique dans toute la France. 850 euros à Paris ne vaut pas la même chose que 850 euros à Toulouse. La pondération de cette aide freinerait l'exode urbain et maintiendrait dans la région parisienne une population d'assistés qui trouverait des combines non pas pour se passer de cette allocation, mais au contraire pour en profiter un maximum le plus longtemps possible.
Peut-être que dans d'autres pays ça marcherait, mais en France la conscience professionnelle n'est vraiment pas assez développée pour qu'une telle mesure ne soit pas qu'un trou à fric. C'est surtout sur cette mesure que Dominique de Villepin m'a apparu le moins crédible.
Un peu de lecture pour les plus courageux (j'ai personnellement lu en diagonale) : L'immoralité de l'allocation universelle.
Ertaï, ma première réaction face à ce que tu dis sur l'allocation universelle c'est la révulsion. Tu te vois vivre, toi, avec 850 euros par mois pour te loger, te nourrir, payer les factures et accéder aux minimums de loisirs nécessaires au bien-être ? C'est du délire ! Les vraies allocations qui empêchent l'accès au travail sont justement celles qui disparaissent à partir du moment ou tu travailles et qui, par conséquent, font que tu ne travailles plus que pour un différentiel d'une centaine d'euros.
En plus, c'est croire que l'on ne travaille que pour avoir du pognon. Une opinion qui tient seulement dans l'esprit de gens qui n'ont pas connu plus d'un mois de chômage. Là où tu commences à tourner dans ton appart' comme un oiseau dans sa cage. Le travail c'est aussi l'une des choses qui donnent du sens à ta vie sociale et à ta vie tout court.
Je sais que si, au sortir de mon diplôme, je ne trouve pas de travail dans ma branche je retournerais bosser dans un accueil/centre de loisir ou, au pire, comme magasinier. Pour l'argent bien sur mais aussi et surtout pour avoir une raison de me lever le matin.
J'ai un exemple d'aide qui empêche le travail. Je suis en ce moment en formation et, à ce titre, j'ai le droit à 400 euros par mois. Seul problème : Je dois être demandeur d'emploi. Alors que 400 euros est une somme dérisoire qui, sans l'aide merveilleuse de mes parents et de mes beaux-parents, ne me permettrait pas de vivre, je ne peux même pas faire quelques heures de travail pour l'arrondir.
Conséquence : Les formations longues en France sont un vrai sacrifice qui nécessite soit une aide extérieure, soit un capital de départ. A moins qu'on ne finisse par travailler au noir. Bref, si l'aide au départ est une bonne idée son mode de fonctionnement est tellement mal pensé qu'elle empêche d'accéder au travail (que j'aurais sans doute pris autrement). Une bonne manière d'entretenir l'idée que les français sont des fainéants et des assistés.
Comprenons-nous bien : je ne pense pas personnellement que les Français soient au fond des fainéants ni des assistés. Il y a seulement des aides sociales et des gens qui en profitent. Et ils auraient tort de ne pas le faire. Le vrai problème c'est finalement les modalités d'octroi des aides. Or justement l'Allocation Universelle a pour principe de ne pas avoir de modalité d'octroi, ce qui n'est selon moi pas mieux que d'en avoir trop ou des mal pensées.
Cathaseris a écrit :
Oui, je me vois très bien faire ça, mais je serais dans une chambre de bonne, à me fournir chez Lidl, et à pirater des films et des jeux pour mes loisirs. Mais ma situation pourrait être améliorée si je me mettais en colocation ou en couple avec d'autres gens bénéficiant de l'allocation universelle. Les frais communs diminuant avec le nombre, je pourrais alors avoir une chambre dans un appartement un peu plus grand, manger un peu mieux, voir plus de gens, bref. Ça ne me paraît pas du tout inconcevable de vivre avec 850 euros par mois sans avoir à fournir de contrepartie.
Une autre situation intéressante pourrait être celle d'un jeune restant chez ses parents jusqu'à plus de 26 ans sans payer de loyer ni de connexion internet ni d'électricité ni de nourriture et qui recevrait quand même l'obole publique qui serait alors tout bénef.
Cathaseris a écrit :
L'Allocation Universelle n'est pas différente, si tu travailles, tu continues à la percevoir dégressivement tant que tu n’atteins pas le salaire médian (1500 euros actuellement). Donc entre un situation d'oisiveté pour 850 euros et un travail qui te rapporte 1500 euros, finalement tes 35 heures te sont virtuellement payées 650 euros, ce qui n'est pas cher payé. Sans compter les impôts, auquel tu ne devrais pas être assujetti pour profiter de tes 1500 euros net.
Cathaseris a écrit :
Tu le dis bien, c'est "une" façon, mais ce n'est pas "la" façon. Et je pense que ce genre d'allocation pourrait encore plus faire perdre de la popularité à cette façon. Certains économistes ayant promu ce concept ont avancé que les employeurs devraient du coup proposer des salaires beaucoup plus intéressants pour les emplois peu qualifiés et/ou peu gratifiant pour encourager la population à prendre ces emplois à la place de ne rien faire, mais ça semble trop beau pour être vrai, et surtout ça n'a pas de sens dans une économie mondialisée où la concurrence sur les prix règne.
Cette Allocation Universelle n'a de sens que si l'on pousse les gens qui la perçoivent (parce qu'ils refusent un salaire de misère pour un travail de misère) à se remettre aux études. C'est pour l'instant souvent très compliqué de pouvoir cumuler étude (sous réserve de réussite évidemment) et allocations. Pourtant, passé un certain age, il devient impossible de faire le premier sans le deuxième à moins d'avoir la chance d'être fortuné. A bientôt 25 ans, je ne voudrais vraiment pas imposer le coût d'études supérieurs à mes parents.
Et comme le disais Cath, cette AU permettrait la prestation de petits boulots déclarés sans que ça ne pose problèmes. Je donne mon exemple (belge). J'ai le droit de reprendre des études en percevant des allocations de chômages si et seulement si j'ai perçu, dans les 2 dernières années, au moins un an d'allocation. Je compte reprendre des études en septembre, et étant inscris comme demandeur d'emploi indemnisé depuis juin de l'année passée, c'est impossible pour moi de travailler. Personne ne m'engagerai pour moi de 3 mois, et dans ce cas, je perdrai toute chance de suivre ces études.
Le lien ne parait pas très clair au départ, mais à partir de l'instant ou tout le monde perçoit l'AU, il devient beaucoup plus simple politiquement d'autoriser que chacun en fasse ce qu'il veut. Travailler pour son salaire +850€ rendra immédiatement acceptable pour son voisin de se la couler douce/de faire des études/de se concentrer sur l'art/de partir en voyage/... pour 850€. Et comme le dit Cath, qui voudrait passer sa vie avec ça ? Ce ne serait dans la tête de la grande majorité qu'un état temporaire, mais peut-être plus libre.
p.s: l'AU de de Villepin n'a rien à voir avec la théorie vu que dans celle-ci l'AU est versé à tous sans aucune limite et est donc cumulable avec son salaire (http://fr.wikipedia.org/wiki/Allocation_universelle). D'ailleurs sur ce sujet, De Villepin m'a surtout l'air le cul entre deux chaises démagogique.
Samcai a écrit :
La précision est importante car c'est cela qui fait toute la différence. Effectivement, si l'allocation est dégressive une fois qu'on perçoit d'autres revenus, on retombe dans les travers actuelles des aides dont parlait Cathaseris. En revanche avec un revenu identique pour tous ça règlerait ce problème. Ça ne règlerait pas le problème de son financement par contre.
Ce n'est pas gênant de donner des sommes en valeurs absolues, alors que sorti de la grand ville, les contextes sont si différents ? La problématique de ce revenu tel quel à paris est qu'il ne couvre même pas les frais de logement, alors que par exemple chez moi, ca recouvrirait le loyer, la bouffe et les frais d'essence...
Sinon, n'ayant pas suivi vraiment ce truc, je m'interroge sur qq chose. La problématique que vous décrivez ne devait elle pas être résolue par le RSA ?