Ça fait longtemps que vous l'attendiez, eh bien le voilà, un article sur comment s'est déroulé mon séjour au Campus Univers Cascade, l'attente de toute une adolescence.
Il y a eu du bon, du mauvais, et au final une sacrée expérience.
Le Campus Univers Cascade est le seul centre de formation à la cascade physique en France (en Europe ?) encadré par des cascadeurs professionnels.
Le campus en lui-même se trouve dans la petite ville de Bias près de Toulouse.
Dans cet article je présenterai donc le campus dans son ensemble et mes ressentis personnels.
Introduction
Le CUC propose une formation, ou des stages destinés aux adultes désirant devenir cascadeurs/cascadeuses, ou souhaitant tout simplement découvrir le métier.
Le campus est encadré par une dizaine de coachs tels que des cascadeurs professionnels, mais aussi des maîtres d'armes, des techniciens des forces spéciales, des spécialistes du parkour etc...
Ce qui tombe bien étant donné que l'une des plus grandes qualités d'un cascadeur est la polyvalence, voici donc toutes les activités que propose le CUC:
- Acrobatie
- Catch
- Chorégraphies de combat
- Chutes de hauteur
- Parkour
- Escrime scénique
- Chutes d'escaliers
- Chutes (en général)
- Techniques des forces spéciales (maniement d'armes à feu etc...)
- Câblage
- Torche humaine
Et pour mener toutes ces activités à bien, le campus a à sa disposition une salle d'armes, 2 dojos, une salle de gym, un gymnase, beaucoup beaucoup beaucoup de matériel, mais aussi un jacuzzi, une piscine, et un sauna pour se relaxer le soir après les entraînements.
Malheureusement je ne vous présenterai que les coachs et les disciplines qui ont été miens pendant ces 12 jours de stage, car à partir de maintenant je vous parlerai du CUC à la manière du journal de bord que j'ai préparé.
Jour 0 : Rencontre avec les cascadeurs
Ça faisait maintenant plus d'un mois que j'avais (que mes parents ont) payé les 1520€ qui m'ont permis de faire ces 12 jours de stage. Lorsque je me suis rendu à la gare d'Agen, je m'attendais évidement à rencontrer des types avec une morphologie plutôt impressionnante, mais à ma grande surprise tous les cascadeurs stagiaires avaient l'air de gens "normaux".
Tout de suite la bonne ambiance se faisait ressentir, j'avais enfin trouvé des gens qui partageaient les mêmes centres d'intérêts que moi, et qui ne me trouvaient pas fou.
Après les présentations, nous avions été accueilli par des petits gâteaux, et une télévision... Quelle ironie connaissant les souffrances qui nous été attribuées par la suite. J'ai d'ailleurs tout de suite remarqué que de nombreux stagiaires et coachs fumaient et mangeaient mal ressemblant ainsi plus à des cow-boys que à des sportifs de haut-niveau.
Le soir nous nous réunîmes dans une même salle pour écouter le message de bienvenu de nos coachs principaux:
_Lucas Dollfus : Fondateur du CUC
_Sébastien Labie : (qui n'était pas avec nous le premier jour) : Responsable pédagogique, coach référent, et cascadeur professionnel depuis bientôt 20 ans.
Filmographie : Banlieue 13; L'ennemi publique n°1; Largo Winch; La Horde; et beaucoup d'autres...
Il double Jean Reno dans la plupart de ses films et est le cobaye de nombreux tests de sécurité pour des combinaisons de pilotes. C'est sans doute la personne la plus passionnée par son métier que je connaisse.
_Jérôme Gaspard : Responsable pédagogique, coach référent, et cascadeur professionnel depuis bientôt 20 ans.
Filmographie : Le Pacte des loups; Banlieue 13; Largo Winch; Arsène Lupin; et beaucoup d'autres...
_Frédéric Dessain : Cascadeur professionnel depuis bientôt 20 ans, et spécialiste en acrobatie, combat scénique et comédie.
Filmographie : Taken 1 et 2; From Paris with love; Banlieue 13; Le boulet; et beaucoup d'autres...
Lors de la réunion, Jérôme Gaspard nous annonça tout de suite la couleur du séjour, que ça allait être dur, et que cascadeur est un métier difficile. Sur les 40 stagiaires venus de France et d'Allemagne pour cette session d'Octobre-Novembre 2012, seulement 3-4 allaient un jour devenir cascadeurs professionnels.
Et c'est sur un speech du directeur sur l'esprit du campus basé sur la sécurité, la polyvalence, la ponctualité et le respect que s'acheva cette première journée.
Petite note amusante, le Campus se trouve juste à côté d'un cimetière. Après avoir parlé de DBZ avec mes nouveaux copains et mangé le repas du soir qui était dégueulasse (je reparlerai de la nourriture plus tard) je gagnai ma chambre et mon lit tout aussi peu confortables.
Cette nuit j'avais fait un cauchemar, celui d'être arrivé en retard à 7h45 au départ vers les salles d'entrainement.
Jour 1 : Premier jour d'entrainement
Après s'être levé à 6h30 (ouïe) à cause d'un partenaire de chambre qui prenait ses douches le matin, nous sommes allé prendre notre premier petit-dèj au campus. On avait le choix entre du lait, du café, du thé, des chocapics à l'huile de palme, des fruits, et du jus de fruit rien de bien terrible.
Et puis nous avons embarqué dans les différentes navettes pour aller au gymnase.
Après un échauffement extrêmement éprouvant dirigé par une vétérane du campus (je ne plaisante pas, cet échauffement constituait à lui seul mon programme personnel de cardio pour 1 semaine), on nous a fait subir des tests pour tester notre condition physique, nos talents en acrobatie, et notre connaissance en l'art du combat.
Malgré le fait que j'étais le plus jeune du campus durant cette session, j'eus de très bons scores partout notamment en condition physique et en acrobatie, cependant j'étais quand même frustré de voir des gens réaliser avec une facilité déconcertante des prouesses que j'avais mis plusieurs longues années à réaliser.
Le niveau est effectivement très élevé là-bas, mais à ma grande surprise je m'en sortais plutôt bien grâce à ma puissante volonté de devenir un cascadeur talentueux.
Après ces 4 heures de test, nous sommes retournés au campus pour manger le repas de midi. J'en avais déjà parlé plus haut mais la nourriture était ma seule grosse déception du campus, elle était dégueulasse et me rappelait la cantine du lycée, à savoir que lorsque j'étais au lycée je préférais manger des sandwiches dehors à -18C° que de manger cette horreur. Ce détail est pour moi important dans la mesure où tout bon cascadeur se doit de pousser toutes ses capacités physiques et mentales à leur extrême limite. Comment donner le meilleur de soi-même si l'un des 3 besoins physiologiques de notre corps (à savoir respirer, dormir, se nourrir) n'est pas respecté ? J'ai d'ailleurs très vite remarqué que notre coach adoré Sébastien Labie ne mangeait jamais avec nous pour cette raison-là.
Après avoir mangé nous sommes retourné dans les navettes pour un nouvel entraînement. Étant nouveau au campus je fus casé dans le premier groupe avec les débutants (j'avais espéré un peu plus quand même !), et c'est cet après-midi que j'eus mon premier vrai cours avec Frédéric Dessain à savoir un cours d'acrobatie.
Ainsi donc pendant encore 4 heures nous avions travaillé les bases à savoir la roulade, la roue, les flips, les saltos avant, chinois ainsi que quelques notions de parkour et de chutes.
Inutile de dire qu'à la fin de cette journée de 8 heures de sport tout mon corps était victime de crampes, et de courbatures en tout genre. Moi d'habitude légèrement insomniaque j'avais bien dormi cette nuit-ci.
Jours 2-5 : Toujours et encore s'entraîner
Les journées de 8 heures d'entrainement s'enchaînèrent ne laissant pas le temps à notre esprit de penser à autre chose que la cascade. Les réveils étaient difficiles, les entraînements éprouvants, mais nous nous y attendions tous, nous étions tous suffisamment passionnés pour tenir le coup. De plus les coachs étaient vraiment très sympas et marrants à mon goût, ils partageaient avec nous des dizaines d'années d'expérience dans le métier de cascadeur et répondaient à toutes nos questions.
Nous apprîmes comment sauter avec des flingues à la Max Payne, chuter de plusieurs mètres de haut, se déplacer de la manière la plus ergonomique et efficace en parkour, désarmer son adversaire, etc...
Tous les jours j'apprenais quelque chose de nouveau. On a même un jour appris comment simuler un coup de pied dans les couilles réaliste sans faire mal à qui que ce soit, malheureusement cette expérience a mal tourné pour un stagiaire qui nous a simulé une crise de douleur avec un réalisme sans pareil. Pendant les cours de combats scéniques les rares femmes inscrites au Campus se révélaient d'ailleurs beaucoup plus agressives que les hommes.
Bref, la formation était vraiment complète de ce côté-là.
Le soir après les entraînements, les plus fatigués dormaient, mais on pouvait aussi regarder la télé, aller dans le jacuzzi ou dans la piscine (en hiver), et les plus obstinés continuaient de s'entraîner. Je me suis d'ailleurs retrouvé avec Jérôme Gaspard et pleins d'autres stagiaires à visionner "Malcom in the middle" à la télé. (trololol)
Le 5ème jour (jour avant le week-end) tous les groupes étaient de nouveau réunis pour s'entraîner en commun, et encore une fois, nous avions fait à l'échauffement tout mon programme de cardio de 1 semaine en 1 heure, mais je tenais le coup, j'étais de toute façon tellement motivé que je donnais toujours le meilleur de moi-même voir plus.
Cette lorsque cette dernière journée d'entrainement s'acheva certains retournèrent au Campus, d'autres allèrent manger au McDo ce qui choqua le José Bové qui est en moi.
Tard le soir nous étions à nouveau tous convoqué par les coachs pour un petit speech. Certains étaient apparemment déçus par une légère baisse de niveau.
Jours 6-7 : Un repos bien mérité
Ça y est, pendant 2 jours on pouvait enfin se réveiller le matin sans la crainte de devoir dépasser ses limites. Notre corps et notre esprit pouvaient enfin récupérer de ces terribles épreuves. On s'est donc amusé, on a regardé la télé, on s'est reposé, certains d'entre nous dont moi avions continué à nous entraîner de manière "soft" dans les dojos.
Pendant une journée des ostéopathes se sont occupés de nous (il s'avérait d'ailleurs que beaucoup d'entre nous avaient quelques petits problèmes). Un soir nous avons aussi assisté au spectacle d'un coach faisant une torche humaine complète, ce qui était vraiment impressionnant. Bref on s'amusait bien entre stagiaires.
Jours 8-11 : Les derniers jours au CUC
Pendant cette période nous avions repris les journées de 8 heures d'entraînement, mais cette fois le maître d'arme Morgan Guénard était venu nous donner des cours d'escrime, et Frédéric Dessain convertit son cours d'acrobatie en cours de comédie. Les journées étaient un peu moins difficiles.
Le 11ème jour, après un nouvel échauffement carabiné dirigé par la même cascadeuse, nous étions chacun libre de réaliser une chorégraphie finale avec des personnes de notre choix. Tout s'est bien passé, nous n'avions eu qu'un seul blessé au final (lèvre éclatée).
N'ayant pas eu envi de manger à la cantine du Campus le soir, je décidai de partir un peu plus tôt. C'est donc après avoir salué tous mes anciens compagnons, mes coachs, et répondu un questionnaire sur ce qui m'a plu et déplu que s'acheva mon séjour au CUC, Lucas le directeur me fit d'ailleurs le plus beau compliment que quelqu'un aurait pu me faire jusqu'à ce jour, celui de me dire "Tu as l'esprit d'un cascadeur".
Conclusion
Malgré la malbouffe, et les pratiques sportives un peu traumatisantes, le Campus était pour moi parfait, pour la première fois de ma vie je me sentais vraiment sur ma planète, entouré de gens avec qui je partageait les mêmes passions et folies.
L'expérience que j'ai partagée avec les cascadeurs professionnels a pour moi une valeur inestimable, mes coachs me manquent encore aujourd'hui.
"Est-ce que tu comptes revenir au Campus ?"
Bien évidemment, une fois que j'aurai ma licence de math-informatique et que la qualité de la nourriture se sera améliorée, je compte bien m'inscrire au Campus pour une session longue de 2 ans.
Et pour finir une petite photo de votre modérateur d'Aeriesguard.
Si vous trouvez cet article incomplet, faites le moi savoir, il n'est pas impossible que j'ai oublié de raconter beaucoup de choses. Je compléterai donc cet article au fur et à mesure.
Merci à tous d'avoir lu mon article.
Difficile pour moi de savoir ce qui manque... Sauf que je me dis "Si 12 jours valent 1520 €, combien valent deux ans ?"
Pendant ces 12 jours, as-tu appris au moins à faire quelques Fatalities ?
Affirmatif, en même temps c'est pas compliqué. Droite, Droite, Gauche, Bas, Croix.
EDIT: Je sais pas encore combien valent les 2 ans.
Dans les oublis : il manque la remise de l'uniforme CUC.
On veut savoir si ça se passe comme Bruce Wayne avec Lucius Fox dans Batman Begins
On nous a donné les uniformes au premier entrainement, il n'y a pas grand chose à dire là-dessus. (N'ayant pas vu Batman Begins je n'ai pas saisi tout l'humour de ta phrase).
Plus sérieusement, il a des équipements qu'on utilise en quasi-permanence ou il faut vraiment attendre de se foutre le feu au fesse pour que ça intervienne ?
Non... Côté torche humaine la sécurité est extrêmement prise au sérieux. "La torche" porte généralement une combinaison et est entourée de plusieurs cascadeurs chargés de l'éteindre dès qu'elle se jettera au sol, Sébastien Labie s'occupait généralement de donner les ordres à "la torche" si elle devait s'allonger par-terre, se mettre à genou en fonction de la situation pour sa plus grande sécurité.
Oui oui ça je me doutais, mais pour tout le reste des cascades, y'a des protections utilisées la plupart du temps ? Ou bien c'est plutôt du "tout nu" ?
Et "la torche" entend ce qu'on lui dit ? []
Oui "la torche" entend si on crie très fort.
Pour le reste des cascades c'est du "tout nu" sauf pour les chutes d'escaliers, et les chutes de voitures où on utilise des protèges tibia, des genouillères, des coudières, des protèges poignet etc...
J'aime à penser que réussir une cascade, même dans un environnement optimum, n'est jamais un acquis à 100%. Du coup ça doit être encore plus dur quand tu dois porter du maquillage ou une perruque ce qui peut irriter et déconcentrer ou encore carrément porter des prothèses pour ressembler physiquement à l'acteur doublé ce qui peut entraver considérablement les mouvements. Est-ce qu'on vous a parlé de cet aspect-là du métier ?
Jérôme Gaspard m'a parlé de sa philosophie quant à la différence entre réussir un mouvement, et maîtriser un mouvement.
On réussit un mouvement quand on arrive à le passer sur un tatami au centième essai lorsqu'on est en forme.
Malheureusement sur scène on a pas le droit à l'erreur.
C'est pour ça que même si le mouvement est réussi une fois, il doit être répété encore et encore tout en ayant un ami où un coach pour te guider sur la technique à adopter pour tendre faire la perfection.
Lorsqu'on maîtrise à 100% le mouvement, peu importe le sol (herbe, sable, tatami, béton), le costume, ou les appareils photos qui te photographient avec leur flashes, rien ne te distraira suffisamment pour t'empêcher de réussir 10 fois le mouvement sur 10 tentatives.
Ça rejoint l'idée du mouvement parfait qui caractérise certaines philosophies martiales asiatiques. Quand le mouvement n'est plus conscient mais est un réflexe conditionné. Et pour ça, pas de miracle, il faut effectivement s'entraîner encore, répéter des dizaines, des centaines, des milliers de fois. Cela demande un moral d'acier, car la lassitude guette. Typiquement, je suis facilement lassé, ce genre de prouesse n'est pas pour moi.
Pourquoi tu as pas fait un crochet par Toulouse pour qu'on se fasse une petite AG-con avec un parfum apéro ?
Article très intéressant. Ça fait rêver. Avec tant de motivation, tu iras loin, ne laisse pas la vie te bouffer tes passions !
Même si j'avais su que tu habitais à Toulouse je n'aurai pas eu le temps (par contre je compte aller à Bordeaux très prochainement).
Merci en tout cas pour ton commentaire qui me fait vraiment plaisir. Et rassure toi, je ne laisse rien ni personne prendre le dessus sur mes passions
Chouette expérience qui n'est pas donnée, mais quand on aime on ne compte pas
Edit : Petite question en passant : qu'est-ce que la discipline du câblage dont tu parles dans la liste des disciplines enseignées ?
Le câblage c'est c'est... un câble que l'on accroche au cascadeur pour simuler le vol ou une projection due à une explosion, un coup super puissant etc...
On utilise aussi le câblage de manière moins camouflée lorsque dans le film interviennent des forces spéciales ou des ninjas qui cherchent à s'infiltrer dans un bâtiment via une corde accrochée à leur taille.
Ah oui, je vois, merci pour la précision