Le Seigneur Des Anneaux : Des pistes pour une adaptation réussie

Auteur : Le Bashar
Commentaire : A la question "Qu'aurions-nous fait si l'adaptation du Seigneur des Anneaux nous avait été confiée -ce qui ne sera pas le cas, bien évidement-, Le Bashar tente d'apporter des pistes. Cet essai est très interressant car le processus peut être reproduit pour d'autres adaptations, comme celle que nous avons fait de Dune.


A la question "Qu'aurions-nous fait si l'adaptation du Seigneur des Anneaux nous avait été confiée -ce qui ne sera pas le cas, bien évidement-, Le Bashar tente d'apporter des pistes. Cet essai est très interressant car le processus peut être reproduit pour d'autres adaptations, comme celle que nous avons fait de Dune.

Pour l'adaptation du seigneur des anneaux, il faut déjà commencer par délier le fil de l'histoire jusqu'à sa plus brève expression, pour ensuite le reconstituer petit à petit, en ajoutant au fur et à mesure les détails qui rendent l'histoire plus intéressante, et ce jusqu'à ce qu'on ait atteint soit la complexité voulue, soit la taille maximale possible pour le support. Procéder ainsi permet d'être sûr de ne pas être à côté de l'histoire originale, et d'être également sûr de ne pas avoir de scènes inutiles qui racontent des trucs dont tout le monde se fiche. Je ne sais pas comment procèdent les réalisateurs qui tentent d'adapter, mais, visiblement, ce n'est pas ainsi.
Donc, pour le sda voyons ce que cela donne (notez que ma retranscription ne traduit que ma compréhension personnelle de l'histoire c'est pour cela que je pense qu'il est indispensable de faire ce travail à plusieurs).

Le fil général de l'histoire :

Le mal deviendra absolu s'il récupère son anneau de puissance perdu. Cet anneau a été trouvé par une créature absolument insignifiante que le Mal a négligé dans ses calculs en considérant qu'elle est trop ridicule pour avoir un rôle quelconque. Cette créature insignifiante se révèle la plus courageuse et affronte la toute-puissance du Mal et finit par le vaincre parce que justement elle est insignifiante, et c'est cela qui lui a permis d'être très résistante à l'attrait du Pouvoir fourni par l'anneau. La Mal a supposé que personne pourrait NE PAS vouloir devenir aussi puissant que lui et c'est cette erreur qui a causé sa perte.
Voilà ce qui pour moi est le fil conducteur de cette histoire. Ce paragraphe est le résumé le plus succint que je crois pouvoir faire de l'histoire du sda. En conséquence, pour que je réussisse mon adaptation, je considère comme obligatoire que ce résumé soit suivi à la lettre. Maintenant si je ne mets que cela, l'histoire sera un peu courte et je pense, assez inintéressante... Je peux donc partir de cette base et ajouter un degré de complexité suivant :

Cercle n°2 :

L'histoire se passe dans un passé mythologique sur la Terre du Milieu, une terre qui, à l'époque de notre histoire a déjà vu passer de nombreuses aventures et de nombreux temps. Cette terre est peuplée de différentes races, qui, elles aussi, ont des histoires différentes. Les plus anciens sont peu nombreux, les elfes sont immortels sauf mort accidentelle (curieux n'est-ce pas ?), ils sont du côté du bien, du beau et du naturel. Ils ont déjà affronté de nombreuses fois le Mal sous toute ses formes, ils sont ses ennemis emblématiques. Les plus nombreux sont les Hommes, ils ne sont ni bon ni mauvais, car ils ne cherchent que le pouvoir et, tels des mercenaires, se trouvent toujours au beau milieu des affrontements, penchants tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Il existe de nombreux royaumes humains qui se trouvent tous à des degrés différents sur une échelle qui irait de "plutôt bon" à "plutôt mauvais". On entend par "mauvais" des créatures qui préfèrent la pensée unique et la destruction. Il existe enfin les orcs, créatures dégénérées au service du Mal, ce ne sont que des caricatures des autres êtres vivants, et ce sont les exacts contraires des elfes. Il ne faut pas oublier les hobbits bien sûr : semi-hommes, les hobbits sont peu nombreux, très discrets, et complètement indifférents à ce qui s'approche de près ou de loin à la richesse ou au pouvoir, et de ce fait, relativement peu au fait des luttes incessantes du monde. Voilà pour le décor.
Et pour l'histoire : lors du dernier affrontement avec le Mal, les elfes l'ont vaincu en coopérant avec certains hommes. Ils ont défait les orcs et le prince des hommes a pris l'anneau de Sauron (le Mal), magicien maléfique qui l'avait forgé. Mais l'anneau a séduit l'Homme, qui ne l'a pas détruit comme le lui conseillaient les elfes. Il a gardé l'anneau et l'a perdu lors d'une escarmouche avec des orcs survivants. L'anneau est tombé dans le grand fleuve et plus personne n'en a entendu parler pendant des lustres, tout le monde, ou presque, l'a oublié. Un hobbit anormal, partit en voyage (!), l'a trouvé par hasard et l'a ramené chez lui, inconscient de l'importance de sa découverte, et relativement imperméable aux charmes de l'anneau. Mais le Mal, qui n'était pas détruit définitivement tant que son anneau existait, a senti que le moment était venu et a commencé à rassembler ses pouvoirs. Il cherche plus que tout à retrouver son anneau. Comme pendant tout ce temps les elfes, hommes et humains se sont séparés les uns des autres, Sauron envoie des orcs les attaquer séparément et l'anarchie gagne peu à peu sur la terre du milieu. Les elfes sentent que le Mal s'est réveillé, et comme eux seuls se souviennent des temps anciens, envoient des émissaires pour s'informer, ils apprennent que c'est un hobbit qui a trouvé l'anneau, mais Sauron l'apprend également. Une troupe des héros du Bien va accompagner le hobbit dans une quête vers l'antre du Mal pour y faire ce qui doit être fait : détruire à jamais l'anneau maléfique. Mais aucun des Hommes ou elfes n'est capable de résister à la corruption de l'anneau, c'est pourquoi ils refusent de se charger seuls de la mission, et que l'insignifiant hobbit, ayant compris l'enjeu de la quête, décide courageusement de mener cette mission à bien, contre tout attente. Tout le monde sait, le hobbit y compris, que cette mission est un véritable suicide qui a moins de chance de réussir que de gagner au loto, et encore moins de chance d'en revenir vivant pour voir le résultat positif de l'opération. Et pourtant le hobbit décide de le faire parce qu'il a une toute petite espérance et qu'il ose s'y rattacher.
Encore une fois, je considère que mon adaptation devrait suivre ce qui est dit ici, en modifiant dans le premier paragraphe par ce qui est détaillé dans le second si détails il y a. Evidemment, cette histoire ne respecte toujours pas le livre : il n'y a pas mention de nains, ni de magicien, ni de batailles, ni de gondor etc. Mais je considère personnellement que c'est le fil de l'histoire quand même. A mon avis, le rôle des magiciens, celui des nains, et celui du gondor est moins important dans l'histoire que le fait que ce soit un hobbit qui décide de son plein gré de tenter de sauver le monde.
Ainsi, si dans une adaptation du sda, le rôle de Aragorn et du Gondor était plus mis en valeur que celui du hobbit, je considèrerais que c'est une erreur. De même, si on remplaçait mon "émissaire des elfes" par gandalf le magicien mais qu'on oubliait de préciser que le hobbit décide de se lancer dans la quête alors qu'il est évident qu'il n'a aucune chance, je considérerais que c'est une erreur également. OK, parler de gandalf serait techniquement plus proche du livre, mais minimiser les fondements de la quête c'est à mon avis pire que de bien les expliquer en zappant gandalf. Il est évident que mon histoire est encore à la fois trop succinte pour un film, et trop éloignée du livre, mais c'est de cette manière que je procéderais pour, petit à petit, ajouter les détails et les complexités de l'histoire. Et cela fonctionne comme les trois lois de la robotique : un détail de niveau inférieur doit être réalisé mais SEULEMENT, si tous les détails de niveau supérieur on put être mis. En outre, les modifications par rapport à l'histoire originale ne peuvent être utilisées QUE pour une simplification qui n'entraine pas de désordre dans les niveaux supérieurs. Ex : remplacer les magiciens par un émissaire des elfes. Si on faisait ça dans le film on criirait évidemment au scandale, mais placez-vous du point de vue d'une histoire simplifiée à outrance. Et comparez avec les changements du sda de Peter J : est-ce que magnifier le rôle d Arwen simplifie l'histoire ? et pour Aragorn ? Je pense personnellement qu'une modification est réussie quand elle ne contredit pas un niveau supérieur des fondements de l'histoire, ainsi, Arwen qui remplace Glorfindel pour sauver frodon des nazgûl, OK (Arwen est très peu importante mais tout de même plus que Glorfindel -> il y a moins de chances qu'on ait le temps de parler du détail "Glorfindel" que du détail "Arwen" donc, le détail Arwen prévaut). Mais Arwen/songe qui réssucite Aragorn tombé de la falaise, non. Surtout si ce passage prend le temps qui aurait pu servir à developper la réflexion de la chambre des ents -> la chambre des ents c'est un détail véritable, et la passage Aragorn falaise ne simplifie pas l'histoire, donc le détail "chambre de Ents" devrait passer devant le détail "Aragorn falaise" qui, tant qu'il ne sert pas l'histoire, passe de toute façon après tous les détails certifiés d'origine, même les plus insignifiants tels que Glorfindel par exemple. Oui, je suis en train de dire que ça ne me gènerais pas d'avoir la scène Aragorn/falaise si par ailleurs tout le reste du bouquin était respecté à la lettre. Hé, je sais bien que si tel était le cas, il faudrait vraiment être con pour rajouter un passage inexistant, non ? (une telle invention ne pourrait être tolérée que si elle sert à raconter l'histoire avec un peu de complexité en moins)

Cercle n°3
Le niveau de complexité suivant ajoute que le hobbit qui a trouvé l'anneau le premier a cédé à son attrait et est devenu Gollum. Que c'est Bilbo qui a ensuite pris l'anneau à Gollum lors d'un voyage, qu'il l'a finalement légué à frodon, sentant que la fin de sa vie approchait. Gollum a été capturé par le Mordor qui a apprit l'existence des hobbits, et la position de l'anneau.
Il existe des magiciens, équivalents en Bien de Sauron. Les limitations de l'allégeance au bien les rendent inférieurs en puissance au mal et il ne saurait être question qu'ils l'affrontent directement, mais les magiciens aident les peuples libres à se défendre contre le mal depuis toujours. C'est là la raison de leur existence. UN de ces mages, Gandalf, est un pèlerin qui voyage sans cesse et qui connaît depuis longtemps l'existence des hobbits, il est ami avec bilbo et c'est lui qui finit par comprendre ce qu'est réellement l'anneau que son ami a trouvé. Mais Sauron a entre-temps interrogé Gollum et il le sait lui aussi.
C'est ainsi que Gandalf lance frodon sur les routes avec l'anneau dans le but premier d'empêcher les assassins de Sauron de le récupérer. Gandalf ne peut que guider Frodon car il est incapable, malgré sa grande puissance, de résister à la corruption de l'anneau, et donc de le transporter lui-même.
Frodon parvient de justesse à échapper aux assassins et amène l'anneau dans la dernière forteresse des elfes ou sont réunis les dirigeants des peuples libres.
Voilà un autre morceau de l'histoire. Ensuite il faudrait ajouter, via le conseil d'elrond, l'existence des nains, celle du royaume des hommes bons, le Gondor, et le fait que ces représentants de chaque race sont à Imladris parce qu'ils ont tous besoin d'aide : le mordor les attaque tous, mais comme leurs forces sont divisées, le Mal progresse petit à petit et accroît sûrement sa puissance. Il faut également ajouter le fait que l'anneau ne peut être détruit que dans le royaume de l'ennemi, et que c'est la seule et unique solution de le vaincre. Que chaque minute qui passe rend cette quête plus impossible alors qu'elle frise déjà la folie furieuse. Et que malgré leurs grandeurs respectives, aucun des représentants des races puissantes ne peut résister à l'attrait de l'anneau, ce qui amène le petit hobbit à décider de le faire.
Le fait que l'anneau ne peut pas rester à Imladris est un détail mineur, cela peut être précisé, mais seulement si on a pu dire avant que Sauron ne saurait être vaincu tant que l'anneau existera.
Il ne manque plus au fondement de l'histoire que l'origine de l'anneau, son forgeage après ceux des elfes et des nains et la fabrication des neufs et les nazgûls. Il faut parler à ce moment de la première guerre de l'anneau et de l'alliance elfes/humains, du fait que les anneaux elfes ne peuvent plus faire le bien tant que l'unique est aux mains de sauron et du fait que les nains ne prennent pas part aux conflits parce que l'unique n'arrive pas à les contrôler du fait qu'ils sont déjà complètement obnubilés par les biens matériels.
Ensuite il faut parler des temps encore plus anciens où le maître de Sauron, le dieu du mal, était sur le monde et de la bravoure des hommes qui alors ont luttés au côtés des Elfes, du fait qu'ils sont été récompensés par une vie plus longue mais qu'après avoir été très puissants leur race a décliné et que certains d'entre eux ont été séduits par Sauron qui leur a offert les neuf anneaux. Que ces hommes sont devenus nazgûls, et que les derniers des numénoréns non-corrompus on formé la dernière alliance avec les elfes, vaincu les forces de Sauron, assiégé sa tour, et que finalement le fils du roi des hommes a coupé le doigt et que Sauron fut vaincu pour cette fois. Que Isildur a été corrompu, trahi, et que les hommes de l'ouest ont continué à décliner, perdant toute la partie nord de leur royaume, et se réduisant à l'ombre de ce qu'ils étaient jadis. Et puis du coup, introduire Aragorn, légitime héritier, mais attendant son heure dans l'anonymat.
D'un point de vue purement cinématographique, je pense que tous ces éléments ne devraient pas être livrés en bloc au début mais plutôt détaillés au fur et à mesure que la quête avance. A chaque étape correspondrait quelques explications en fonction du lieu : peu d'info au départ de la comté, quelque unes ensuite pendant le voyage, plein d'infos au conseil, d'autres à la moria, d'autres à la lorien etc. De sorte à étaler la connaissance du passé dans l'histoire, ce qui amènerait un effet intéressant : plus le temps passe et moins on a de choses à raconter sur ce passé, donc chaque film gagne d'autant en action ou description de ce qui se passe pendant cette époque. Cela permettrait de caser naturellement plus de détails dans le deuxième et troisième film, et de donner au premier le punch qui lui manque par les récits des grands faits d'armes passés. De même, puisqu'il existe une carte de la terre du milieu, il m'apparaît comme relativement évident qu'il faut l'utiliser pour montrer les déplacements des personnages. Je pense par exemple à une méthode à la "indiana jones" : pendant les images grand angle de paysage avec les persos qui voyagent, on ajoute en fondu la carte avec le trajet qui se dessine dessus. Bon c'est sûr, en adoptant cette méthode, Peter Jackson aurait été un peu emmerdé pour son "retour du roi" car il aurait été obligé de respecter les distances de la même manière que dans "la communeauté de l'anneau". Il y a la même distance de la comté à fondcombe que de Edoras à Minas Tirith, quand même !
Et puis il faut ajouter la touche finale : même résistant, frodon est incapable, une fois arrivé à orodruin, de se séparer de l'anneau, et c'est gollum qui comme chacun sait, lui bouffe le doigt et...
Voilà, a ce moment je pense qu'on a mis tout ce qui fait l'histoire générale, mais sans les péripéties, un peu comme si le sda était une nouvelle et non un roman. Cela m'amène donc à déterminer que tout le trajet comté->fondcombe et ensuite tout fondcombe->barad dûr ne sont que des péripéties. Je trouve ça assez surprenant, mais à bien y réfléchir ça ne me paraît pas faux. Pour réussir mon adaptation du sda, il ne me reste plus qu'à classer dans leur ordre d'importance toutes les péripéties, et à les intégrer dans la trame générale au fur et à mesure. Mais quoi qu'il arrive, ces péripéties ne peuvent EN AUCUN CAS perturber le déroulement de la trame définie plus haut. C'est ainsi que la scène de Frodon à osgiliath devant le nazgûl qui voit l'anneau n'aurait pas pu exister en suivant cette méthode.
Le Bashar

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