Le roi des ronces

La belle au bois dormant version moderne ?


Acheté en même temps que "une nuit avec Hinako", ce film d'animation s'annonçait bien mieux que ce dernier tant pour les yeux que pour les cellules grises. Et bien ce fut encore mieux que ça !

Je pourrais découper le film en trois couches, chaque couche correspondant à chaque acte du film et apportant son degré de complexité, toujours plus élevé, à cette œuvre. Je recommande cependant de voir le film avant (ou du moins de vous arrêter à ma première partie) si vous ne voulez pas vous retrouver spoilés.

Il était une fois dans un château en Ecosse

Put that cookie down !

Une pandémie d'un genre un peu spécial frappe le monde, un virus surnommé "Médusa". La raison de ce surnom est que les personnes infectés finissent par se fossiliser après une période d'incubation. Les ravages sont tels que la population commence à se réduire comme peau de chagrin.

Dans ce contexte de début de fin du monde, une société pharmaceutique inaugure un nouveau projet : cryogéniser 160 patients atteints du virus afin de les maintenir en vie jusqu'à ce qu'un vaccin soit mis au point. Kasumi, une lycéenne japonaise, fait partie de ces élus. Elle se rend donc au labo situé dans un château en écosse en compagnie de sa sœur jumelle Shizuku qui malheureusement n'a elle pas été sélectionnée.

Le Sarlacc fait un caméo

Kasumi et les autres patients s'endorment donc paisiblement mais subissent un réveil plutôt mouvementé. Le labo souterrain est envahit par des ronces, les techniciens ne sont plus là et tout laisse à penser que l'humanité à finalement sombré. Pire encore une horde de monstres affamés font leur apparition et décime rapidement les patients ne laissant que sept survivants : le petit Tim, l'infirmière Katherine, le grand Black Ron, le binoclard Peter, le vieux sénateur italien véreux et bien sûr Kasumi et le mystérieux (et ténébreux et viril et beau comme un Dieu) Marco Owen.

Charge maintenant à ce groupe hétéroclite de remonter à la surface tout en évitant de se faire bouffer par la nouvelle faune locale et découvrir ce qu'il c'est réellement passé.

A partir de cette description, certains d'entre vous lèverons un sourcil en disant "Mais attends, seulement une poignée de gens sont cryogénisés en vue d'un remède alors le virus est tellement virulent qu'il aura décimé toute la planète dans peu de temps, c'est plutôt ce que ferait une bande de milliardaire pour sauver leur peau, pas un laboratoire pharmaceutique.". Mais à cette motivation incongrue qui pourrait s'apparenter à un trou scénaristique, le film répond brillamment "Bien sûr que non, ce n'était pas l'objectif...".

L'évolution : une nouvelle Alternative

Cela ne doit pas être facile de tenir la pose

La couche scénaristique suivante est celle que je pourrais appeler "espionnage". En effet il s'avère que la CIA a de fort soupçons sur la fameuse compagnie pharmaceutique qui pourrait être le créateur du virus Médusa. Afin d'en savoir plus, un agent (Marco) est mêlé aux autres patients afin de prendre contact avec leur agent infiltré (Peter) et découvrir les secrets de l'impénétrable "Level 4".

Suspicion et doute s'empare du groupe, lorsque le duo décide de continuer leur mission envers et contre l'objectif principal qui est de sortir du château. Par un concours de circonstances les survivants (réduits) fait alors la rencontre de Vega, le leader de la secte Venus Gate qui se trouve derrière le labo pharmaceutique et qui a bel et bien une relation avec le virus Médusa mais pas comme on l'escomptait.

Huit ans auparavant, une météorite c'est écrasée en Russie près d'un petit village. Le hameau fut par la suite décimé par le virus Médusa à l'exception d'une petite fille et de son étrange animal. Vega, alors inspecteur rattaché à la Santé Publique, fut chargé de l'investigation et dut abattre l'animal qui fut jugé "improbable" car ne ressemblant à rien d'autre vivant actuellement sur la planète.

La seule explication avancée fut que c'était la petite fille qui avait donné naissance à la créature. Hypothèse qui s'avéra exacte. En fait le virus Médusa, donne la possibilité aux infectés de matérialiser leurs pensées (et plus spécifiquement leurs rêves) en sacrifiant un morceau de chair dans le processus, ces nouveaux êtres étant appelés "Alternative".

Attribuant la venue de Médusa à la météorite, Vega a vu en cela une demande de l'univers faite aux humains d'évoluer, et la capacité de créer des Alternatives comme seule solution pour évoluer. Une machine a alors été conçue pour stabiliser les "accouchements" (le fameux "level 4" ) néanmoins Alice, la "patiente zéro", ne survécut pas à un tel traitement.

Seule Alice avait jusqu'alors manifesté la possibilité de l'Alternative et sans elle, Vega se trouvait dans l'impossibilité de continuer ses recherches pour le futur de l'humanité. C'est alors qu'entre en scène le projet de cryogénisation afin de trouver un successeur à Alice, ce qui fut effectivement le cas...

Kasumi, tu dois vivre !

Une des conditions principales pour être capable de l'Alternative c'est d'avoir une importante capacité de concentration, capacité trouvée chez les personnes dont l'état mental est faible. En fait il serait même sous-entendu que Médusa n'affecte que les personnes psychiquement diminuées. Et effectivement, notre groupe de survivant n'est pas dans le meilleur état mental qu'il soit, en particulier Kasumi et Katherine.

La dernière couche scénaristique se concentre sur la relation entre Kasumi et sa sœur jumelle Shizuku.

Kasumi souffre d'un complexe de culpabilité envers sa jumelle car elle fut responsable d'un accident qui arriva à Shizuku. Dès lors elle s'est renfermée sur elle-même, ne trouvant réconfort que dans la joie de vivre de sa sœur. Mais dès l'instant où elle fut sélectionnée et pas Shizuku, tout bascula pour Kasumi avec la vision d'elle survivant alors que l'autre mourrait à coup sûr. Une situation tellement insupportable qu'elle en vint à se taillader le poignet dans l'espoir que ce soit l'autre qui vive. Cette tentative de suicide échoua.

Et c'est là que la tragédie opère.

Il s'avère que Vega parvint à mettre la main sur une autre personne capable de l'Alternative et Kasumi apprit par la suite qu'il s'agissait de Shizuku, et qu'à cause d'un incident pendant les expérimentations elle tomba dans un profond cauchemar lui faisant enfanter ronces et monstres. Déterminé à confronter sa sœur Kasumi brava le danger et atteignit le super labo "level 4" où résidait le roi des ronces (ou plutôt la reine) et tenter de la réveiller.

C'est là que tout le génie du film opère.

Sur le "trône" ne se trouve pas Shizuku mais le corps de Kasumi, plus exactement sa dépouille. Dès lors qui est vraiment "Kasumi" ? Il s'avère que peu de temps avant la cryogénisation, Kasumi, complètement désespérée, tenta de se suicider avec Shizuku (afin de "rester ensemble" ) en sautant du bord d'une falaise. Malheureusement comme Shizuku se débattait il s'avéra que seule Kasumi fit une chute mortelle ce qui brisa complètement la jumelle restante et comme elle était atteinte du Médusa également, sa capacité d'Alternative s'éveilla de même pour re-créer Kasumi qu'elle venait de perdre.

Le film demande alors un second visionnage nous permettant de nous rendre compte que le réalisateur avait subtilement laisser des indices de ce twist tout au long du film. On pourra alors se demander comment cela se fait que Shizuku n'ait pas réussit à recréer la cicatrice du poignet de Kasumi mais par contre cette dernière avait toujours besoin de ses lunettes pour y voir claire (alors que Shizuku n'en avait pas besoin) mais c'est vraiment du chipotage.

La fin se termine de façon amère. Shizuku s'étant épuisé à créer tout ces monstres, elle sombre dans l'océan emportant la dépouille de sa sœur mais ordonne à Alternative Kasumi de vivre. Du groupe initial il ne reste alors que Tim et Kasumi, les autres ayant soit périt du Médusa soit des monstres. Quand à Marco il s'éteignit après avoir trop brûlé sa vie tel un héros tragique.

Pokémon #666 Ronçozaure - type plante/air/dragon/psy

Et le manga ?

Le film est une adaptation du manga en six volumes de Yuji Iwahara. Il est intéressant de voir combien les deux œuvres sont similaires et différentes à la fois. Pour ceux qui auraient lu le manga en premier, la différence avec le film est que Alice est déjà morte et Zeus n'apparait pas du tout ce qui change complètement la donne.

Dans le manga "Zeus" est le véritable antagoniste. Mégalomaniaque, il se voit le nouveau Dieu de ce monde en train de périr et utilise les capsules cryogéniques et la machine de Véga pour créer de nouveaux sur-êtres dévoués à partir des patients qui n'ont pas péris dans le premier tome.

Le manga se dote alors de deux protagonistes, Kasumi et sa relation identique avec Shizuku et Marco qui est l'ennemi juré de Zeus qui l'a envoyé en prison. D'ailleurs le backstory de Marco change du tout au tout à cause de cela, dans le manga il est un hacker qui fait dur sur-entraînement en prison en vue de se venger alors que dans le film il est un SAS et possède une sœur qui fut l'une des première victime de Médusa (la première scène du film en fait) d'où sa motivation à prouver la culpabilité de Venus Gate et obtenir vengeance.

Le film n'est pas une trahison du manga à cause de ces élagages nécessaire au changement de support. Il l'aurait été si le résultat aurait été de piètre qualité mais ce n'est pas le cas, les deux œuvres s'apprécient indépendamment, chacune racontant une histoire alternative avec des éléments communs.

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2 Commentaires

  • Tu trouves tes animes japonais dans des magasins parisiens ou bien tu te rends sur place ? Parce que moi, dans ma province, déjà pour trouver La légende de Zu j'ai dû commander sur un magasin eBay.

    Je sais bien qu'il n'est sans doute pas facile d'être un japonais mais ça ne m'empêche pas de ressentir comme une impression de trop-plein de clichés asiatiques dans le genre: je dois me sacrifier pour ma famille et ma communauté, non je ne dois surtout pas pleurer, mais que pourra-t-on encore sauver d'humanité après l'apocalypse qui va s'abattre sur nous ?

    On a beau être ouvert, à la fin la différence culturelle est irréductible et le spectateur occidental fini par s'enfoncer dans l'ennui pour ne pas dire l'indifférence. Il y a une recette magique ou bien il faut être tombé dedans quand on était petit ?

  • SpiceGuid a écrit :

    Tu trouves tes animes japonais dans des magasins parisiens ou bien tu te rends sur place ? Parce que moi, dans ma province, déjà pour trouver La légende de Zu j'ai dû commander sur un magasin eBay.

    Ayant effectivement la chance d'habiter la banlieue et de travailler dans Paris, je peux effectivement profiter des grands magasins culturels, en particulier la Fnac qui sont généralement bien fournis en nouveautés. Couplé à mon abonnement à l'Animeland pour être au courant des sorties animes et mangas en France.

    Pour tout ce qui devient trop vieux ou trop rare, Amazon.fr est généralement une bonne alternative (et souvent moins cher que la Fnac d'ailleurs).

    En ce qui concerne l'import (en y allant ou en commandant par correspondance, sur Amazon.co.jp par exemple) ça reste une solution excessivement chère d'une part pour les frais énormes engagés (voyage ou transport+douane) et même sans compter ça, les éditions japonaises valent généralement beaucoup plus chère que les françaises pour la simple et bonne raison que les japonais ont la sale manie de ne vendre que de l'unité, fatalement plus cher que les coffrets français. Rappelons également que les éditions japonaises viennent sans sous-titre d'aucune sorte.

    Malheureusement l'import reste la seule solution, légale, pour se procurer le must de l'animation japonaise. Tout simplement parce que ces licences sont très bankable au sein de la communauté otaku et de fait les producteurs les vendent à prix d'or ce qui refroidit généralement les ardeurs des éditeurs français. Reste alors que le fansub pour se contenter... A ce sujet je tiendrais quand même à mettre en avant les efforts des éditeurs fait par les éditeurs pour endiguer ce phénomène dans ce qu'on appelle le simulcast, les sites comme Wakanim.tv ou KZPlay.fr ou encore l'anglophone Crunchyroll qui propose la diffusion d'animes en (presque) simultané avec la diffusion japonaise avec un sous-titrage.

    En ce qui concerne les films HK que tu cites SpiceGuid, je ne suis pas très au courant pour ce genre-là mais j'ai l'impression que la distribution en France est encore moindre que celle des animes et mangas donc forcemment...

    SpiceGuid a écrit :

    Je sais bien qu'il n'est sans doute pas facile d'être un japonais mais ça ne m'empêche pas de ressentir comme une impression de trop-plein de clichés asiatiques dans le genre: je dois me sacrifier pour ma famille et ma communauté, non je ne dois surtout pas pleurer, mais que pourra-t-on encore sauver d'humanité après l'apocalypse qui va s'abattre sur nous ?

    On a beau être ouvert, à la fin la différence culturelle est irréductible et le spectateur occidental fini par s'enfoncer dans l'ennui pour ne pas dire l'indifférence. Il y a une recette magique ou bien il faut être tombé dedans quand on était petit ?

    Le choc des cultures inévitable j'imagine ? wink

    Ces valeurs étant inculqués aux enfants à l'école, cela me semble imparable que cela transpire au sein des productions culturelles de tout genre. Cependant ce n'est pas pour autant que même moi, j'avale toujours avec sourire ces concepts.

    Tel que le message écologique, plus c'est prêché et plus mon esprit fait barrière contre l'aliénation alors que si c'est amené subtilement ou par raisonnement alors je suis beaucoup plus ouvert.

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