Le sommet de Copenhague ou le "Je te tiens, tu me tiens par mes émissions CO²"

A l'heure où ces lignes seront publiées s'achèvera un sommet important dans l'orientation des relations internationales sur la question du réchauffement climatique.


Bien entendu, d'entrée de jeu chacun plaida "sa bonne volonté" et très vite un schéma se mit en place : Washington face à Beijing, l'Europe en juge de touche et les pays du Sud en ramasseurs de balles... rôle qui semble-t-il ne leur convient pas du tout, à voir leur claquage de porte au cours d'une des séances.

Comme d'habitude nos foutus dirigeants ne peuvent se mettre d'accord, à cause du prétendu "intérêt" de la nation. Je vous le demande, où est l'intérêt à ce que nous, nous crevions de chaud ou par rayonnement, tout ça pour que les caisses de nos Etats soient remplies, et que nos dirigeants aient le kiki tout dur ? Où est l'intérêt à ce que des millions de gens meurent à cause de la pollution dans les états du Sud, tout ça parce que les pays développés sont suspicieux quand aux progrès des gouvernements du Sud sur les émissions de CO², en sachant pertinemment que ces gouvernements ont été mis en place par ces mêmes puissances du Nord ? Le serpent se mord encore une fois la queue.

L'Europe, cette sainte Nitouche, qui cherche à atteindre le seuil de réduction qu'elle s'est fixée, regarde se disputer, impuissante, la Chine et les Etats-Unis, dans ce "jeu". La première veut que les seconds fassent d'avantage d'effort contre la pollution, pointant les nombreuses usines "made in America" implantées sur son territoire, et les seconds accepteraient si la première s'engageait aussi à réduire ses émissions et à le prouver en étant "transparente", au lieu de montrer patte blanche et pas le loup à qui elle appartient...

Même cette histoire de réduction prévue est une blague. Décider que l'on réduit de X% nos émissions de saloperies n'est pas un effort pour l'environnement. Un véritable effort seraient de chercher à réduire ces émissions au maximum, non pas à se fixer un seuil pratique et qui arrange. Mais cela semble passer loin au-dessus de nos politiciens.

Ce sommet est une farce qui va aboutir sur un non-lieu, des promesses en l'air faites par des pantins qui ne vivent depuis longtemps plus d'air propre, mais de l'odeur synthétique et enivrante d'un portefeuille bien rempli...

Je dirais bien "qu'ils aillent tous brûler en enfer", mais vu d'ici, on est déjà en enfer...

Évidemment cet article n'est pas fini, car ce qui se passe, où s'est passé vendredi n'y est pas raconté. Mais l'essentiel est là. Vive les hommes, vive les gouvernements, vive notre connerie !

Si les flèches étaient des bombes, à coup sur elles seraient dans le mille...

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12 Commentaires

  • Je ne sais pas exactement qui avait quels espoirs concernant ce sommet, moi en tout cas je n'en avais aucun. C'est déjà compliqué que deux pays s'entendent sur une législation commune, 25 c'est une gageure, alors 192...

    Encore, il s'agirait d'un problème bien réel et immédiat, je pense qu'un accord peut être trouvé. Mais là il s'agit d'une menace diffuse, contestée, avec des répercussions au mieux floues, en tout cas qui ne se révèlera pas dangereuse dans la limite des mandats des différents chefs d'Etat présents.

    Du coup, il est normal que chacun veuille défendre son bout de gras, ou au moins ne pas en donner plus que son voisin, parce que les mesures décidées sont bien réelles, et ont un vrai impact sur les économies. Et comme on préfère, moi le premier, continuer à faire comme d'habitude en espérant que ce soit moins grave que prévu ou que ce ne soit plus leur responsabilité.

    C'est là qu'on voit les limites temporelles des mandats limités dans le temps face à des problèmes étalés sur plusieurs dizaines d'année. Aucun dirigeant actuel ne voudra sacrifier la croissance de son pays pour freiner un processus annoncé comme inéluctable et dont les premiers symptômes se produiront quand ils seront à la retraite.

  • Les pays sont actuellement dans la compétition pour l'accès au retour de la croissance.

    La récession c'est tout le monde qui la paye, par contre la reprise ça n'est pas forcément tout le monde qui en profite.

    On l'a vu avec les sub-primes qui créaient de la croissance dans les pays anglo-saxons mais pas en France. Par contre la crise des sub-primes s'est exportée partout et la France n'a pas été épargnée. En gros on a eu les coûts sans profiter des gains.

    C'est une leçon qui servira pour l'avenir, désormais le but de la compétition c'est de créer chez soi de la croissance à tout prix, et le meilleur moyen d'y parvenir c'est d'exporter de la crise chez les autres.

    Tout ce qui est catalyseur de croissance est bon à prendre même si c'est polluant.

    Même chose pour la finance, toute règlementation doit devenir fictionnelle car ceux qui auront une vraie règlementation exporteront de la croissance tout en important les crises que les autres produisent.

    L'avenir appartient à ceux qui pratiqueront le mieux la pollution verte et la règlementation fictionnelle.

    Tant qu'on ne changera pas complètement de modèle économique, le discours écologico-climatique restera :

    • un discours bien pensant qui légitimera l'ultra-libéralisme en le rendant éco-compatible. d'une façon similaire aux sociaux-démocrates qui l'avaient légitimé en le rendant socio-compatible.
    • une préoccupation des bobos qui en ont marre d'avoir le monopole de l'impôt et qui veulent que les pauvres soient plus taxés
    • une controverse scientifique qui va durer encore de nombreuses années et qui ne fera rien d'autre qu'alimenter l'instabilité politique
    • un catalogue de taxes qui rendront la pollution plus verte

    L'écologie comme elle est médiatisée est l'outil idéal pour la politique des bonimenteurs.

    C'est du pain béni pour les discours d'Obama (i have a dream) et de Sarkozy (la croissance avec les dents), une occasion en or pour regonfler les baudruches que sont les politiques publiques.

    Les politiques qui ne peuvent plus rien pour leur population ne pourront rien pour sauver la planète, et d'ailleurs ça n'est pas leur métier. Leur métier c'est de rassurer et de préserver leur image d'homme de pouvoir.

  • Après le désabusé, le pragmatique et le cynique, je propose une lecture futuriste. Pour la question du climat, de toute façon c'était il y a 20 ans qu'il fallait faire quelque chose, la question n'est plus maintenant de savoir si on va éviter ou pas la drame, mais plutôt, combien d'entre nous y survivrons.

    A la radio l'autre fois un journaliste demandait à jancovici "qu'est-ce qui va changer dans nos vies concrètement ?" mais encore une fois c'est une lecture absurde, car la question à se poser c'est "qu'est-ce qui pourra perdurer ?" puisque tout le reste va changer. Même sans contraintes climatiques, la vie dans 30 ans n'aura plus grand chose à voir avec celle d'aujourd'hui, tout comme en 2010 on ne vit pas comme en 1980. (et à mon avis la seule chose qui va perdurer c'est que la larbins pauvres resteront des larbins pauvres)

    Il faudrait donc commencer à construire aujourd'hui ce qui sera nécessaire aux survivants dans 30 ans, et non pas tenter de trouver des accords sur ce qu'il aurait fallu faire il y a des lustres pour préserver un mode de développement condamné de toute façon par sa nature même (un développement qui n'envisage jamais sa propre fin).

  • On en revient donc à un même problème, qu'un très bel article de Pierre Rosanvallon soulève ("Sortir de la myopie des démocraties" qui a servit de pétition à 56 journaux du monde), l'impossibilité à voir sur le long terme, problème auquel se confrontent nos gouvernements actuels. Et il est question de "démocratie immédiate".

    Maintenant, que faudrait-il selon vous mettre en place pour assurer une éventuelle "pérennité" ?

    Le problème que je vois poindre, et qui est déjà très présent, est un accélération vicieuse de notre vie. Je veux dire, plus on consomme, plus on est obligé de produire, pour répondre à cette demande, plus on pollue. Plus on produit, plus les prix sont élevés (répercussion des coûts de prod) et plus on a d'employés, ou plus cher on les paie (théoriquement). Et ces employés peuvent à leur tour consommer, etc.. etc.., oui, je sais c'est bien, j'ai compris comment ça fonctionne... Mais c'est pas irrationnel ? Si on ralentissait la consommation et la production, est-ce qu'on s'y retrouverait pas ? Enfin, je maîtrise pas encore assez le sujet, mais c'est une question que je me pose...

  • Tu n'y es pas du tout. Tu raisonnes comme s'il fallait réformer la démocratie. Mais c'est trop tard car il n'y a plus de démocratie. L'essentiel du pouvoir a quitté l'échelle nationale et est passé à l'échelon des continents (USA,Europe,Asie,Russie). Or le continent n'est pas le lieu des peuples (qui reste la nation) mais le lieu des lobbies industriels et financiers. Aujourd'hui l'Europe n'a plus besoin des peuples pour légiférer, réformer, imposer ses règles et ses normes. Puisque les peuples ne sont pas consentants à l'avenir il n'y aura plus de consultation populaire sur les questions européennes. L'Europe n'a de comptes à rendre qu'aux lobbies dont elles sert les intérêts. Au niveau national les consultations n'existent plus que pour plébisciter le meilleur communicant.

    C'est la même chose aux USA, les américains élisent celui qui fait le meilleur show.

    Et je ne parle même pas de l'Asie ou de la Russie où la valeur sûre c'est encore l'homme fort.

    L'idée qu'on pouvait parvenir à un accord contraignant dans une époque où la mode est à la dérèglementation, à la rupture de contrat, à la flexibilité, est une utopie d'écolo-bobo. Ce qui est contraignant aujourd'hui c'est la sphère économique et financière, c'est elle qui fixe les règles. Et elle les change quand elle le veut, au jour le jour.

    Csaul a écrit :

    j'ai compris comment ça fonctionne...

    Sauf que les pays riches ne produisent plus rien du tout.

    Ils ont tout désindustrialisé pour ne conserver que deux catégories de travailleurs :

    • une armée de précaires pour les services à faible valeur ajoutée, ce sont les "non-créatifs", ces personnes doivent à tout prix rester flexibles et précaires puisqu'ils sont les larbins de la seconde catégorie et donc le fondement de la compétitivité créative
    • une quantité toujours plus importante de "créatifs", les ingénieurs, techniciens, designers, publicitaires, financiers, avocats, pour les services à haute valeur ajoutée, ce sont ces personnes qui fabriquent la valeur ajoutée, puisque par définition les autres font les tâches ingrates
    • les deux catégories sont non-productives, mais la seconde elle celle des privilégiés qui sont plus haut dans la chaîne de la valeur ajoutée, malheureusement la mondialisation et la précarisation de la première catégorie créent une telle pression sur les prix que la part haute de la valeur ajoutée tend à rétrécir elle aussi, et donc de plus en plus de "créatifs" se partagent un gâteau de moins en moins gros (il suffit de comparer le pouvoir d'achat d'un ingénieur en 1978 et en 2008)
    • d'une façon générale la valeur ajoutée se déplace vers les extrêmes, la vente et la finance, les autres catégories de "créatifs" intermédiaires deviennent petit à petit des prolétaires en cols blancs

    Csaul a écrit :

    Si on ralentissait la consommation et la production, est-ce qu'on s'y retrouverait pas ?

    C'est exactement ce que l'on fait, on consomme moins, on produit moins, ça s'appelle la crise.

    On a déjà essayé à une plus grande ampleur, normalement ça mène à la guerre mondiale.

  • Csaül a écrit :

    Si on ralentissait la consommation et la production, est-ce qu'on s'y retrouverait pas ? Enfin, je maîtrise pas encore assez le sujet, mais c'est une question que je me pose...

    Non effectivement, tu ne sembles pas maîtriser assez le sujet. Dans la théorie, oui, il faudrait adapter notre mode de vie aux ressources dont nous disposons pour garantir la survie de notre espèce dans les conditions optimales (je n'ai pas dit les meilleures).

    Dans la pratique, cela imposerait le partage équitable des ressources entre les peuples et le contrôle des naissances. Le sujet a déjà été couvert par des dizaines d'auteurs de SF, on a même tenté des essais de collectivité à l'échelle nationale, dans tous les cas ça finit mal. Tout simplement parce qu'il y aura forcément un péquenot pour préférer son petit confort personnel par rapport au bien général et qui fera capoter l'expérience/le régime.

    Cette jolie théorie repose en effet sur le bon vouloir de tout le monde. Qu'une personne décide de faire autrement, et plus rien ne tient, puisque d'autres vont lui embrayer le pas, etc...

    Ce n'est pas pour rien que notre système est appelé système libéral. Parce que tout le monde a le droit de faire ce qu'il veut, ou peu s'en faut. Chacun fait ce qu'il veut = chacun pour sa pomme, avec les oeillères qui vont bien.

    Ce système ne s'essouflera pas de lui-même, car il porte en lui les solutions à ses propres problèmes. L'inconvénient, c'est qu'il est incroyablement gourmand en ressources. Ce système s'arrêtera donc sous sa forme actuelle quand les ressources, dont la quantité est finie, seront épuisées. Il continuera pourtant de perdurer avec les ressources qui resteront, quelles que soient ces ressources, d'ailleurs. Tant qu'il y aura un lopin de terre à se disputer, il y aura toujours un mec qui voudra l'avoir pour lui tout seul, quitte à laisser 10 autres mecs crever de faim.

    Et comme les lois et les codes ne survivent que quand il y a assez à manger, les comptes se règleront beaucoup plus rapidement que maintenant.

  • Ertaï a écrit :

    Et comme les lois et les codes ne survivent que quand il y a assez à manger, les comptes se règleront beaucoup plus rapidement que maintenant.

    Comme quoi, tout passe par la bouffe... Mon fils, tu seras cuistot et tu auras ton propre potager, je te jure y a de l'avenir...

    SpiceGuid a écrit :

    Sauf que les pays riches ne produisent plus rien du tout.[...]

    Ce que vous me dites c'est que les pays développés importants (i.e. : Les Etats-Unis) ont déplacé leur facteur productif à l'étranger. Dans ce cas comment ce fait-il qu'on en soit à demander des comptes à ceux-ci (encore plus celui de mon exemple) sur les émissions de CO2 ? La population de ces états émet-elle tellement de pollution ?

  • Spiceguid a écrit :

    C'est exactement ce que l'on fait, on consomme moins, on produit moins, ça s'appelle la crise.
    On a déjà essayé à une plus grande ampleur, normalement ça mène à la guerre mondiale

    lol

    Précis et concis smile

    Csaul a écrit :

    Ce que vous me dites c'est que les pays développés importants (i.e. : Les Etats-Unis) ont déplacé leur facteur productif à l'étranger. Dans ce cas comment ce fait-il qu'on en soit à demander des comptes à ceux-ci (encore plus celui de mon exemple) sur les émissions de CO2 ? La population de ces états émet-elle tellement de pollution ?

    Dans l'absolu, la chine pollue désormais plus que n'importe quel autre pays. Dasn l'absolu, la chine, l'inde et le brésil polluent beaucoup plus que tous les autres pays du monde réunis.
    Mais en relatif, par rapport au nombre d'habitant, ce sont les anciens pays riches du nord qui polluent le plus.

    Ceux du nord montrent du doigt ceux du sud en disant que c'est eux qui polluent, et c'est vrai, cependant ceux du sud polluent pour fabriquer les trucs qu'utilisent et consomment ceux du nord...

    Le nord : vous représentez 2/3 de toutes les pollutions
    Le sud : mais nous sommes 4 fois plus nombreux ! nous polluons donc beaucoup moins que vous
    Tuvalu : nous pendant ce temps on boit la tasse
    Les reste du monde : (mais personne n'en a rien à faire de toi, t'es qu'un poux)

    ertaï a écrit :

    Ce système s'arrêtera donc sous sa forme actuelle quand les ressources, dont la quantité est finie, seront épuisées. Il continuera pourtant de perdurer avec les ressources qui resteront, quelles que soient ces ressources, d'ailleurs. Tant qu'il y aura un lopin de terre à se disputer, il y aura toujours un mec qui voudra l'avoir pour lui tout seul, quitte à laisser 10 autres mecs crever de faim.

    Ertaï il y a un biais dans ta réflexion. Si l'environnement devient tellement hostile qu'il n'est plus possible d'y survivre seul, les gens s'organisent pour vivre ensemble, non sans mal, mais ils le font. Ex : le japon traditionnel, qui a érigé au rang de mode de vie l'art de survivre. Oublier ce détail est très courant chez nous, français, qui avons érigé en art l'exact opposé.

    Mais l'hostilité environnementale du japon n'est rien à côté de ce qui nous attend, ce qui peut nous laisser présager quel genre d'organisation sociale sera nécessaire...

  • Ertaï a écrit :

    Ce système ne s'essouflera pas de lui-même, car il porte en lui les solutions à ses propres problèmes.

    Le système est quand même au bord du gouffre, depuis des mois le taux directeur de la réserve fédérale est quasi nul (ce qui veut dire que pour les banques l'argent est gratuit alors que dans le même temps il se raréfie pour les populations). Si la reprise ne vient pas que fera la réserve fédérale ? Elle payera les banques pour qu'elles lui empruntent de l'argent pendant que les citoyens mendiront pour un crédit ?

    Le système est KO parce que la majeure partie de la croissance n'était pas le fruit du travail mais de la captation de la fausse valeur crée sur les marchés boursiers. Cette fausse valeur était elle-même le produit de l'engouement délirant pour le crédit, un revenu artificiel crée par un taux directeur trop bas (la banque fait payer cher l'argent qu'elle a obtenu gratuitement).

  • @Le Bashar : Evidemment il y a un biais à ma réflexion, ce n'était qu'une image le mec défendant son lopin de terre. Même actuellement nous dépendons fortement des uns des autres, ce qui n'empêche pas les puissants qui dépendent des pauvres de leur marcher sur la gueule sans ménagement. L'environnement social actuel est assez hostile, c'est pour ça qu'il y a des organisations caritatives qui marchent fort.

    Maintenant, quand la bouffe manquera, les organisations sociales ce sera quoi ? Des bandes de pauvres pillards contre les fermes fortifiées des riches ? Ça ressemble furieusement à Mad Max, le pétrole et le héros en moins.

    Je ne sais pas quelle était la situation japonaise dont tu parles, mais ce qui est sûr, c'est que même avec les mêmes conditions, on ne pourrait pas reproduire le schéma nippon, même en écartant la différence de culture, tout simplement parce que ça fait très longtemps qu'on vit dans une société libérale, et que le changement d'état d'esprit ne se fera pas de sitôt. Le Japon traditionnel était de mémoire aussi féodal que chez nous, donc la liberté individuelle n'avait que peu de place, effacée derrière les obligations de servage ou de vassalité.

    Et je ne crois pas du tout qu'émergeront de jolis systèmes sociaux coopératifs de cette crise, pour la même raison citée ci-dessus : si une personne (ou un groupe de personne) ne joue pas le jeu, ça remet en cause tout le système coopératif. Et certains seront prêts à tout pour conserver l'illusion qu'ils pourront garder les mêmes privilèges matériels qu'avant la Crise.

    @SpiceGuid : Bien sûr, pour le moment le moral est à 0, mais on annonce déjà que les banques recommencent à faire des profits, que la crise est passée, que tout va aller mieux, j'imagine que cette histoire de crédit va rapidement se régler.

  • Je ne parlais pas de systèmes coopératifs (en tout cas pas dans le sens que tu lui donne je pense).

    Le japon traditionnel me semble un bon exemple, je vais détailler un peu. Nous avons tout d'abord une île, ce qui signifie fatalement des limites claires sur un territoire et des ressources. Cette île est d'origine volcanique, située sur une dorsale. Il y a des tremblements de terres fréquents et puissants, et la moitié de la côte exposée au pacifique est régulièrement ravagée par des tsunami (eux-même provoqués par les séismes). Les zones plates et cultivables sont assez rares, et elles sont en concurrence avec les besoins de la construction. En conséquence, tout le monde y vit très serrés, et il n'y a pas moyens de faire autrement. Malheureusement, cette densité de population accroît terriblement les risques lors des catastrophes naturelles. Enfin, la majeure partie des terres se trouve sur un climat tempéré chaud, et la base alimentaire y est la culture du riz. Cette culture peut fournir plusieurs récoltes par an, et est donc très "efficace" mais elle réclame une main d'oeuvre considérable.

    Toutes ces contraintes ont abouties sur la culture japonaise (traditionnelle) : une sorte d'art de l'excellence où tout ce qui est fait doit être fait parfaitement. Pas de place pour les médiocres ni pour les oisifs. Le système nous paraît à nous particulièrement "asservissant", et de fait, les libertés individuelles sont inexistantes ou presque. Mais ce système seul peut garantir la survie dans un tel environnement ou chaque échec entraine de nombreux morts.

    En france c'est tout l'inverse. Notre environnement est tellement tranquille qu'à part pendant l'hiver, même un incurable incapable et glandeur pourra survivre. Il n'y a que dans notre zone montagnarde où on retrouve des morceaux des cultures de survies des zones difficiles.

    Donc ce que je voulais dire c'était justement qu'il n'y a aucune chance qu'on aboutisse à un système "coopératif" sympa avec des libertés individuelles. Allant de pair avec l'hostilité croissante de l'environnement, c'est le durcissement des relations sociales vers un système très rigoureux et très liberticide qu'on aura. Et un système qui ne tolérera pas les médiocres...

    En fin de compte il y aura bien coopération, mais elle ne sera pas choisie.

    ertaï a écrit :

    @SpiceGuid : Bien sûr, pour le moment le moral est à 0, mais on annonce déjà que les banques recommencent à faire des profits, que la crise est passée, que tout va aller mieux, j'imagine que cette histoire de crédit va rapidement se régler.

    Se régler ? le seul moyen de se régler c'est de repartir dans une bulle spéculative, en attendant le prochain crash. L'histoire récente nous montre que la bulle et le crash sont de plus en plus rapprochés.

  • Ok, je comprends mieux cette mentalité japonaise. Intéressant en tout cas de savoir d'où elle vient. Et quand je parlait de "se régler", c'était assez ironique, et ça sous-entendait effectivement que le système rentrerait dans un nouveau cycle croissance-crise.

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