Enfant illégitime de Fable et Dungeon Keeper, Overlord peut-il revendiquer une vraie originalité ?
Une enfance difficile
Avec des influences criantes aussi fortes que celles de Fable et de Dungeon Keeper, Overlord a de base un vrai problème de légitimité. Fable pour les graphismes, Dungeon Keeper pour le principe, il ne restait vraiment pas beaucoup de marge de manoeuvre pour s'affirmer. Mais penchons-nous plus près du berceau pour vérifier de quelles qualités et défauts les bonnes et mauvaises fées l'ont affublé.
De vraies qualités
Tout d'abord, au contraire de Dungeon Keeper, c'est un jeu d'action. Avatar du mal récemment réveillé après un long sommeil, votre tâche sera de reconquérir votre domaine qui vous a été contesté par le paladin du coin qui vous avait presque expédié ad patres. La tâche est donc grande et vous devrez parcourir à pied les grandes régions du monde. Mais au contraire de Fable, ce n'est pas un jeu de rôle. Pas d'expérience à glâner, pas de compétences à acheter, tout au plus quelques objets à récupérer qui augmenteront votre vie et votre mana et qui vous attribueront un sort supplémentaire. D'autre part, vous n'aurez pas (trop) à vous salir la hache car vous aurez à votre disposition une petite troupe de larbins, et c'est là que le jeu trouve tout son intérêt.
Composée de jusqu'à 4 races différentes de larbins, chacun ayant sa spécialité (combat rapproché, combat à distance, furtivité, ressuscitation des larbins morts), votre petite troupe vous suivra bien en ordre derrière vous partout, ou presque, seuls les larbins bleus sachant nager, les autres se noyant lamentablement dans 30 centimètres d'eau. Une commande vous permettra d'envoyer vos larbins vers un objectif précis ou non, qui peuvent aller de la destruction pure et simple (champignons, tournesols, tonneaux, caisses, coffres, statues, vases, sépultures, barrières, coquillages, etc...), au déplacements de lourds objets ( obstacles bloquant le passage, objets spéciaux, trésors), en passant par le pillage des maisons et enfin majoritairement le tabassage en règle des différents ennemis (ou amis !) que vous croiserez dans vos pérégrinations.
Et c'est véritablement un bonheur d'éparpiller votre troupe dans tous les sens et de constater tranquillement le désordre produit, avec des bonus visuels du plus bel effet : les larbins rouges lançant des boules de feu, il n'est pas rare qu'un tir manqué touche un arbre, qui commence donc à flamber. Le feu peut également se propager, particulièrement dans les champs de blé bien mûrs, provoquant une vague de destruction enflammée à laquelle rien de réchappe, pas même vous.
Pareil pour les combats, certains étant vraiment cocasses, surtout quand un ou deux larbins sautent sur l'infortuné, que ce dernier se débat, ou emporte ses passagers indésirés dans les airs. Ou alors l'équipement que les larbins peuvent ramasser sur certains cadavres ou dans les caisses détruites, donnant une allure cocasse à votre petite troupe, qui avec un rat enfilé sur la tête pour s'en faire un casque, qui avec un bras de zombie pour s'en faire une arme... Non, vraiment, du fun en barre.
Le jeu peut se targuer également d'être relativement non-linéaire. Le monde est divisé en 5 grandes zones, et on peut rapidement ouvrir des passages vers les zones suivantes sans avoir complété toutes l
Et tout cela est visuellement très attrayant, dans la droite ligne de Fable, avec le même chatoiement, le même genre d'exagérations visuelles, surtout pour les morphologies, les animations sont drôlement bien faites, et l'on se surprend parfois à balader la caméra autour de notr anti-héros pour le voir poser avec un cadre enchanteur en arrière-plan.
Mais...
De vrais défauts, aussi
Alors non, la réponse est non, Overlord n'atteint malheureusement pas le niveau de ses géniteurs désignés. Pour des peccadilles en plus ! Voici les quelques récriminations que l'on peut lui faire.
Tout d'abord, le level-design est assez répétitif, heureusement la beauté des décors atténue un peu le problème. Mais surtout, les niveaux sont tortueux. Ça n'aurait pas forcément été un problème s'il y avait eu un moyen de s'orienter. Il n'y a en effet pas de carte dans le jeu ni d'indicateur de direction. La seule indication visuelle est un drapeau planté devant les donjons que l'on a terminés. Il est ainsi parfois fastidieux de parcourir de long en large un niveau à la recherche d'un foutu donjon dont dépend une quête cruciale pour la suite de l'aventure.
Autre incohérence : A l'image de Fable, Overlord tente de proposer un dilemme moral. Mais dans le contexte d'un seigneur du Mal reconquérant ses terres, ne reste que la dualité méchant mais loyal/méchant et corrompu, et c'est assez mal amené. Outre les changements graphiques classiques sur le personnage en lui-même, ce dilemme ne change rien ou presque au jeu. Cela ne change en effet que les sorts disponibles en fin de jeu. Sorts dont les effets sont parfois flous, et dont les premières versions obtenues en début de jeu sont généralement plus efficaces.
Mais surtout, cela introduit des vraies bizarreries scénaristiques dans le jeu. Sorti de votre Tour du Mal dans votre armure complète avec deux lumières menaçantes à la place des yeux au fond de votre casque et une horde de démons malveillants à votre suite, après avoir massacré une brochette de halfelins, vous pouvez épargner un village humain pour des raisons... euh, quelles raisons déjà ?
Idem pour le principe de la maîtresse. Un de vos premiers buts dans le jeu est de vous trouver une maîtresse. Or la première femme que vous ramènerez effectivement dans votre Tour est une gentille femme qui est tout à fait prête à vous aider dans votre reconquête de votre domaine par la force, et qui trouve même vos larbins adorables. Tout ça parce que c'est la maîtresse côté Loyal. Il sera possible de l'échanger contre sa soeur, qui est plus dans le trip maléfique, du côté Corrompu, mais le choix ne se fera même pas sur des critères "moraux", mais sur la capacité qu'ont chacune d'améliorer 2 des 4 races de larbins. Cette capacité sera d'ailleurs l'unique intérêt de votre maîtresse, dont le principe est finalement fort discutable. Les Seigneurs du Mal n'ont pas hâte de finir d'étriper une bande de nains pour revenir mettre les pieds sous la table dans leur Tour du Mal pour déguster le repas que Bobonne a préparé. Humpf.
Dernière coquetterie superflue, il est possible d'acheter des améliorations visuelles pour votre Tour grâce à l'argent collecté lors de vos pérégrinations. Mais là encore, ça a été mal fait. Si les améliorations intérieures sont effectivement du plus bel effet, les améliorations extérieures ne servent à rien, étant donné que la Tour n'est visible extérieurement que pendant les cutscenes représentant le déplacement d'une partie à l'autre de la Tour. D'autre part, les améliorations visibles sont toutes disponibles en deux fois, on aura tôt fait de tout acheter d'un coup, ce qui diminue l'intérêt d'agrémenter la tour petit à petit.
C'est grave docteur ?
Overlord apporte donc une vraie nouvelle expérience de jeu avec le saccage et le pillage organisé. Parodie réussie des univers médiévaux-fantastiques classiques très joliement rendue, il souffre toutefois de trop de défauts de finition pour accéder au panthéon vidéoludique. Je le conseille chaudement quand même, vu son prix actuel (5 € sur Amazon), qui permet d'en profiter sans déception.
A noter qu'il existe une extension pour ce jeu, nommée "Overlord : Raising Hell", ainsi qu'un deuxième opus sorti en juin 2009, dont je ferai le test ici également.
En terme d'originalité il ne faut pas oublier que sur Game Cube quelque année avant la naissance d'Overlord il y a eu Pikmin. Un emballage complètement différent et aucun domaine à personnaliser, mais à part sa assez ressemblant au niveau gameplay.
Absolument, mais l'ambiance moins dramatique d'Overlord m'a poussé à aller plus loin que la première mission que je n'ai jamais voulu dépasser dans Pikmin. Entre les Pikmins qui se font bouffer et l'astronaute qui risque de rester pour toujours sur une planète étrangère, je sais pas, j'ai pas pu, trop de responsabilités.
Dans ce cas là il y a pikmin 2. Où notre cher capitaine Olimar retourne sur la planète dans le but d'utiliser les pikmins pour ramasser des trésors. Il a l'air mignon le Olimar, mais en réalité c'est un enfoiré d'esclavagiste tout aussi maléfique que L'Overlord.