Cette drôle de langue qu'est le japonais

La science des noms

Les noms et prénoms japonais sont une véritable science à part entière de la langue nippone. A tel point qu'il n'est pas rare d'être incapable d'écrire ou prononcer un nom si le porteur ne vous l'a pas indiqué au préalable. D'où l'utilisation de cartes de visite ou de formulaire administratifs réclamant que vous précisiez la prononciation.

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Contrairement à la pratique des autres pays asiatiques, les noms de famille sont très nombreux. Cela vient du fait que l'obligation de porter un nom de famille est apparu très tard (1898) pour suivre le mouvement d'occidentalisation de l’Ère Meiji obligeant ainsi 30 000 000 de personnes à se choisir un nom de famille.

Cette complexité vient des kanjis utilisant une prononciation peu courantes ou un assemblage inhabituel. Voire des kanjis qui ne font même plus partis de la liste des kanjis officiels. Ajouter à cela le fait que les prénoms peuvent mixer des kanas et cela fait un beau méli-mélo de possibilités.

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Et je ne parle même pas des noms à la lecture figurative comme 小鳥遊 "kotori asobi" signifiant "les petits oiseaux jouent" mais qui se lit en réalité Takanashi "sans aigle" car quand "l'aigle n'est pas là les petits oiseaux jouent". Fort heureusement ces cas restent rares.

Les noms et surtout les prénoms étant souvent porteur de sens (y compris l'absence de sens si écrit tout en hiragana), les noms fictionnels sont souvent évocateurs et permettent généralement de décrire le personnage. Cela peut parfois pousser les auteurs aux confins de l'obscurantisme comme par exemple le personnage principal de Death Note, Yagami Light qui bien que son prénom s'écrivant avec le kanji 月(tsuki, lune) se prononce pourtant raito soit la romanisation de Light (lumière en anglais).

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D'après le wiki japonais, le choix d'une prononciation inhabituelle était voulue pour éviter de rattacher le personnage à une personne réelle.

Dans un même registre, dans Umineko no naku koro ni, les membres de la famille Ushiromiya portent des noms occidentaux mais écris avec des Kanjis :
朱志香 => jeshika => Jessica
譲治 => jouji => George
戦人 => batora => Battler
縁寿 => enje => Ange
真里亞 => Maria

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12 Commentaires

  • Mince, c'est super intéressant tout ça, vivement la suite smile

  • lol Je plains les associations féministes nippones si même leur langue leur met des bâtons dans les roues.

  • Ils poussent le vice jusqu'à écrire en kangi sur les pièces de Shogi neutral
    Semble-t-il dans l'unique but de rendre le jeu inaccessible aux occidentaux.

  • Kanji SpiceGuid, kanji. wink

  • C'est clair que c'est super intéressant, j'adore ce système de langue et d'écrit non-occidental.
    Un peu dans le même genre, c'est la langue écrite hébreu qui m'avait interpellé il y a quelques années, lorsque j'ai appris que chaque symbole pouvait regrouper plusieurs significations, et que dans la tradition juive les jeunes enfants doivent chacun fournir sa propre interprétation de la Torah.

  • Dans ce cas je te conseilles mon dernier morceau ("page 8") où j'explique (rapidement) toute la complexité des noms et prénoms japonais. smile

  • Ha oui, je n'avais pas vu. Quand la complexité d'une langue rencontre les exigences de l'administration sourire

  • En même temps je ne l'ai rajouté que aujourd'hui donc... sourire

  • Ha d'accord, moi je suis resté en fait sur la date de création du sujet sourire (il n'est plus précisé la date de création de la page).

  • Je trouve ça énorme les noms qui peuvent dire ou signifier à peu près n'importe quoi. C'est difficile de mesurer l'impact que juste ça peut avoir sur leur culture.

  • Comme dit précédemment, les auteurs de fiction portent un intérêt tout particulier au sens des noms des personnages et il n'est pas rare de voir les parents faire de même pour leurs enfants, que ce soit pour refléter leurs aspirations ou respecter des traditions.

    Un exemple typique c'est l'utilisation de kanjis numéraire dans les noms de garçons pour spécifier l'ordre de naissance. Classiquement les Pierre, Paul, Jacques nippons se nomment Ichirou, Jirou et Saburou soit littéralement "premier fils", "second fils" et "troisième fils".

    A l'inverse certains parents choisiront d'écrire les prénoms qu'avec des hiraganas pour indiquer l'absence de sens et certains japonais ayant longtemps vécu à l'étranger choisissent d'écrire leurs noms avec des katakanas (syllabaire pour les mots étrangers) pour mettre en exergue leur déracinement.

    Certains noms très communs sont en fait figuratif comme le "Dupont" 田中(Tanaka, dans la rizière) ou le "Dupond" 山田(yamada, la rizière dans la montagne). John Smith s'appelle Yamada Tarou et Jane Smith, Yamada Hanako, etc.

    Écrire l'origine de son prénom est un sujet classique de rédaction à l'école primaire et les cartes de visites permettent généralement aux personnes de pouvoir écrire et prononcer les noms de leurs interlocuteurs.

  • Nouvelle entrée (p.9), quand mnémotechnique rime avec jeu de mot.

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