Doctor Who (nouvelle série)

A chaque fois que je vois un forum de chroniques qui ne mentionne pas Doctor Who, je me pose la même question : est-ce que la série est tellement connue par ses membres qu'il n'est pas nécessaire d'en parler, ou est-ce un réel oubli ? Dans le doute, j'ai écrit ça.


Je ne sais pas si vous vous êtes déjà dit que vous deviez écrire quelque chose.

Qu’on se comprenne bien, tout le monde a déjà été contraint de rendre un travail écrit, de donner son avis sur les aquarelles d’un ami de la famille, de finir un texte avant une date précise parce qu’on projette de l’offrir à cette fameuse fille avec qui on a de toute façon aucune chance (ah, pardon, on me fait signe que ça c’était juste moi)… Je parle d’une véritable nécessité, qui n’est pas justifiée par les circonstances ni par la contrainte, d’écrire et de faire parler de quelque chose. J’ai ressenti ça à plusieurs reprises. Pour The Wire une première fois, ceux qui étaient là s’en souviendront. Pour Neil Gaiman aussi, pour « Drame de Troll » de Terry Pratchett… Aujourd’hui et depuis un moment déjà, je dois vous parler de Doctor Who.

Je n’ai, par contre, pas la moindre idée de ce que je devrais vous en dire.

Doctor Who, concrètement, c’est l’histoire d’un Seigneur du Temps nommé « The Doctor », qui se dit que l’univers, c’est quand même quelque chose de puissamment trippant, et que ce serait sympa de voler une machine à voyager dans le temps et dans l’espace pour aller l’explorer de fond en comble pendant 900 ans. Historiquement on a eu tendance à classer la série dans la SF, mais je ne suis pas vraiment d’accord. Le contexte est certes celui de la science-fiction, dans la mesure où on a un univers qui inclut la terre, les humains, leur expansion future dans l’espace, et dans l’ensemble très peu de magie. Mais le traitement est celui de la fantasy. Le docteur ne nous présente pas ces mondes connus et inconnus dans le but de nous les expliquer, mais pour les découvrir. Parce qu’il a conservé cette aptitude primaire à l’émerveillement qui fait que, confronté à une planète sur laquelle les poissons peuvent se mouvoir dans l’air, il ne va pas commencer par se dire que c’est la condensation particulière de la couche de nuages éternels de la planète qui permet aux poissons de survivre comme s’ils étaient sous l’eau, non : il va commencer par se dire qu’il adore les nouvelles planètes. La nuance se trouve à l’essence même du merveilleux, et donc de la fantasy. Je pense que c’est ce qui rend cette série si unique.

Une série culte

En Angleterre, Doctor Who est une série culte. C’est déjà la série la plus résistante du monde, parce qu’elle a commencé autour de 1960, plusieurs générations d’Anglais ont grandi avec, il y a même des expressions qui sont passées dans le langage courant. La série s’est interrompue de mémoire vers le début des années 90, et a repris en 2005. C’est la première grande distinction que l’on fait entre la série classique, ce qui a précédé, et la nouvelle série, ce qui se fait depuis 2005. On peut très bien aborder la série à partir de 2005, la nouvelle série a d’ailleurs son propre épisode pilote et reprend à partir de « saison 1 ». Et ça tombe bien : j’ai essayé de regarder des épisodes de la vieille série, je dois dire que j’ai eu BEAUCOUP de mal. Peut-être que quelques références classiques m’échappent, mais je m’en porte très bien. Je conseille certainement de commencer par des épisodes récents.

Une série multicéphale

Il faut faire un peu d’ordre quand on parle de Doctor Who, parce qu’on va se retrouver à parler littéralement de tout et de n’importe quoi à la fois. Il y a deux façons de classer la nouvelle série, une que je trouve assez peu pertinente, par docteurs, et l’autre, bien plus logique, par showrunner.

Par Docteurs parce que plusieurs acteurs incarnent le personnage, trois en réalité :

Christopher Eccleston : Le 9ème docteur, héros de la saison 1 de la nouvelle série, qui a plus un rôle introductif qu’un véritable rôle de docteur, mais qui permet une introduction « douce » et qui amènera à plus facilement accepter les docteurs suivants.

David Tennant : Le 10ème docteur, l’homme qui est devenu acteur parce que son rêve d’enfant c’était d’incarner The Doctor. Il a fait les saisons 2 à 4, et il a réussi son pari : je ne pense pas qu’on puisse imaginer la série sans lui à partir de maintenant. Il est rentré dans la légende, et plus que tout autre visage, c’est le sien auquel on pense aujourd’hui quand on pense au Docteur.

Matt Smith : Le 11ème docteur, celui qui est toujours en jeu aujourd’hui, dans la saison 7. Il a été critiqué parce que son visage a cette qualité particulière de ne pas être celui de David Tennant, et que son jeu d’acteur est, étonnamment, lui aussi très différent. C’est aussi le docteur qui m’a le plus marqué, celui que, si j’étais anglais, j’appellerais avec cette formule consacrée : « my Doctor ».

Par Showrunners parce que Steven Moffat.

A la base, c’est Russell T. Davies qui a ressuscité la série (je résume, je résume). Il en a fait quatre saisons, de qualité globalement bonne, il avait sa vision personnelle du docteur, et c’est certainement grâce à lui que je suis là aujourd’hui. A partir de la saison 5, Steven Moffat a repris la direction de la série, et il en fait quelque chose de vraiment différent. Je n’ai plus la confiance absolue en Moffat que j’avais il y a un an ou deux, mais c’est quand même à lui qu’on doit Jekyll, Sherlock, la plupart des meilleurs épisodes de Doctor Who, autant dire que j’étais assez excité de savoir ce qu’il allait faire avec les rênes. Je suis déçu sans être déçu : les saisons 5 et 6 contiennent trois de mes dix épisodes de série préférés. Mais ils laissent aussi des questions sans réponses, ils ouvrent des pistes sans les exploiter, ils souffrent de facilités parfois.

Une série hétérogène

Doctor Who a la capacité de produire à la fois les meilleurs et parmi les pires épisodes de série que je connaisse. The Idiot’s Lantern est le premier qui me vient toujours en tête, parce qu’il est proprement affligeant. Il y en a eu d’autres. Je préfère me souvenir de Blink (Moffat), de The Eleventh Hour (Moffat), de The Doctor’s Wife (Neil Motherfuckin’ Gaiman) de A Good Man Goes to War (Moffat)…

Ce qui fait la force et la faiblesse de la série, c’est qu’elle est bâtie presque entièrement autour d’une esthétique du random. Autant le scénario que les dialogues sont souvent complètement aléatoires, cela va des « catch phrase » du Docteur, qui se dit subitement que tiens, « I should say "Allons-y" more often. Come on, Rose Tyler, Allons-y ! », mais cela s’étend très souvent à grande échelle (spitfires in space ! / Dinosaurs on a spaceship ! / Fish fingers and custard !...) Mais n’est-ce pas intrinsèque au concept d’une série qui peut t’amener anywhere you want, any time you want, one condition : it has to be amazing…. ? Un fan va donc expérimenter toutes les reactions. On rit souvent, on peut pleurer (Van Gogh, omg…), on jubile parfois, on craint de temps à autre. Et aussi, ça arrive qu’on oublie. Mais moins souvent.

La non-conclusion

Est-ce que c’est une bonne série ? Je n’en sais rien. Pas toujours. Est-ce que Steven Moffat a réellement une route toute tracée, une direction géniale qui sous-tend toute son œuvre et qui viendra au final expliquer tout ce qui a été laissé dans l’ombre depuis qu’il a repris la série ? Je ne peux l’affirmer, et par ailleurs je commence à en douter fortement. Puis-je quand même vous conseiller de regarder cette série ?

Non, au fond de moi, je ne peux pas, je ne peux rien vous garantir. Mais ce serait bien que vous essayiez.

Extraits

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11 Commentaires

  • Quelques menues corrections :

    1 a écrit :

    un Maître du Temps nommé « The Doctor »

    Un Seigneur du Temps, et il a un nom véritable, imprononçable et interminable, il se fait donc nommer Le Docteur. Quand on lui dit, qui êtes vous ? Il répond : Le Docteur.

    2 a écrit :

    ce serait sympa de voler une machine à voyager dans le temps et dans l’espace pour aller l’explorer de fond en comble pendant 900 ans

    En tant que dernier (quoique cela dépend à quel moment de la série on est) Seigneur du Temps, il se doit d'accomplir sa mission de Seigneur du Temps, c'est à dire de faire en sote que ce qui doit arriver arrive et que ce qui ne doit pas arriver n'arrive pas, c'est à vérifier. razz

    Mais c'est vrai qu'il a tout son temps, il se balade beaucoup. lol

    3 a écrit :

    je ne pense pas qu’on puisse imaginer la série sans lui à partir de maintenant. Il est rentré dans la légende, et plus que tout autre visage, c’est le sien auquel on pense aujourd’hui quand on pense au Docteur.

    J'en conclus que tu as découvert la série en commençant par David Tennant. deg

    Y'a une citation comme ça :

    Dernier petit commentaire, bon article, pas mal de choses vraies à propos de Docteur Who, par rapport à l’hétérogénéité de la série où on passe de merdes intersidérales à des épisodes tout bonnement géniaux, par rapport à l'émerveillement toujours renouvellé du Docteur, par rapport au tout-possible de cette série. razz

    Un peu plus de détails m'airaient plus sur l'historique de la série et de toute la communauté de Doctor-Who-istes formée autour de ce culte du Doctor-Who-isme, tellement qu'elle est géniale. sourire

    • Merci du feedback smile

      J'ai volontairement pas trop parlé du côté "dernier Docteur", un peu pour la même raison que j'ai pas parlé des compagnons, parce que j'ai voulu faire un truc très générique avec le moins de spoilers possibles (d'autant plus maintenant qu'on sait qu'une fois que les choses sont lues, le temps ne peut plus être reécrit wink )

      Je confesse que je connais pas autant la communauté des Doctor-who-iste que je le devrais. Par contre je note que DW devient mainstream o/ et ça ça me fait plaisir. Et je le note preuve à l'appui en plus, genre http://www.youtube.com/watch?v=_8-goCeOZfY ou http://www.youtube.com/watch?v=_AffH69Ktik sourire

    • Je suis tombé par hasard du DW sur france 4, c'était les épisodes avec david tennant, et je dois dire que je suis entièrement d'accord avec ce que tu dis sbire, on n'oublie pas le premier docteur !  Je dévore en ce moment les saisons en streaming, y'a un je ne sais quoi qui rend cette série si fantastique ...

  • J'ai regardé quelques épisodes de ci de là... Ça se laisse regarder même si je reconnais que la qualité est parfois au-dessus de toutes ces séries répétitives dont chaque épisode se ressemble. Mais bon, ce qui ma plaît à moi, c'est le scénario de fond, je ne suis plus un adepte de ces contrées inexplorées à chaque épisode (j'ai donné avec Stargate SG1) sans qu'en fond n'avance le scénario. Donc je regarde de temps en temps s'il n'y a rien d'intéressant à la télé, sinon je zappe smile

  • Mon avis objectif

    1) Cette série est géniale.

    2) Le Docteur est un dieu.

    3) Steven Moffat est un demi-dieu.

    4) Matt Smith est le plus cool de tout les docteurs. (Il a bien fait de rater l'audition pour Sherlock!)

    5) Karen Gillan est...jolie.

    6) Rose Tyler est le personnage le plus chiant de toute les séries que j'ai pu voir. (Devant Joffrey Baratheon)

    7) Fezzes are cool.

  • J'avouerais franchement ne jamais avoir regardé la série.

    Je suis coupable au rang pi.

    Cependant, je connais ce qui s'y passe suffisamment pour avoir l'air d'en être fan tant qu'on ne gratte pas le vernis. Pour les curieux, ça se résume à savoir placer "Ex-ter-minate! Ex-ter-minate!" et à citer un des dix incarnations du Dr pour avoir l'air instruit.

    Un peu comme la culture en général, en fait.

  • Vu quelques épisodes de la nouvelle série avec Rose Tyler, ma femme n'a pas accroché, moi non plus à un niveau moindre, on est passé à autre chose.

    • C'est normal, Rose Tyler est mégaaaaa-chiaaaannteee. Tu ne peux pas regarder ces épisodes si tu n'es pas totalement fan. Commence dès la saison 5! (Et après recommence au début à la limite.)

  • Se pointer à la remise de son bachelor avec LE t-shirt "The angels have the phone box" : ça c'est fait... sourire

  • Doctor Who ou comment commencer une série de 7 saisons (ce qui est quand même pas mal en soi...) et se retrouver à la fin de la nouvelle série à se retaper TOUT les anciens épisodes (et même ceux dont la BBC a perdue toutes traces comme l'arc de Marco Polo où l'on a juste quelques photos de tournage et le son de l'épisode..)

    Pour moi Doctor Who est vraiment une référence de la série. Et quand je dis série, j'entend le media que représente la série. Car contrairement à toutes les autres séries ou l'on nous bassine avec les réalisateur, ici c'est le scénariste qui est mis en avant : A la fin du générique, on a le titre et le nom du scénariste (comme le prouve cette image)

    Don't Blink !

     

    Ensuite on ne peut pas dire : "Ouais, j'ai regardé deux ou trois épisodes de la saison 4 comme ça et j'ai pas vraiment accroché". Evidemment que vous n'avez pas accroché parce que comme dans toutes les séries d'auteurs (oui on parle bien d'auteurs ici) il faut commencer la série par son début et apprendre à connaitre le Doctor. Oui, apprendre à le connaitre parce qu’au fil des épisodes, il devient en quelques sorte notre ami car le spectateur et le seul compagnon qui n'a jamais laissé le Doctor.

    Une seconde chose, viens sans doute du fait que vous avez du les voir à la TV, genre France 4 en VF. Et la grossière erreur ! Toujours regarder un fiction dans sa langue originale.

    Et la troisième, et là c'est surement pas de votre faute, le 9th Doctor est bien, Bad ass tout ça. Mais il n'est rien à côté de 10th (David Tennant).  

    P.S. : @kasabian : Rose Tyler n'est pas chiante. Elle est parfaite ! (j'ai même des arguments razz )

  • Bon choix. Blink est ahma le meilleur épisode toute saison confondue (de la nouvelle série).

  • C'est l'épisode que je montre aux néophytes, c'est pour ça wink 

    "Don't blink ! Don't even blink ! Blink and you're dead !"

  • Marrant, je l'ai justement vu il y a quelques jours à la télé. Je l'ai trouvé super bien fait, pour un épisode qui ne contient que peu d'effets spéciaux en fait.

  • Voilà, pourquoi tu dois regarder cette série à partir du 1er épisode (de 2005)

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