Le débat pour les nuls

Kézako débat? Laréponssici!


(Les gens pressés trouveront une définition complète dans le spoiler à la fin de l'article.)

I)Introduction

Il était une fois le monde. Sur terre il y avait des hommes, des femmes, des dauphins, et tous avaient des opinions différentes sur tout. Comme les dauphins ne savaient pas parler, ils ont vite été mis à l'écart, mais entre hommes, femmes, et étudiants de droit, une guerre sans merci s'est mise en place: la guerre des mots.

Bien plus ancienne que la guerre du feu et beaucoup plus tenace étant donné qu'elle dure encore, la guerre des mots est ce conflit qui s'enflamme dès lors que deux primates aux positions légèrement décalées sur le prisme idéologique se rencontrent et prennent connaissance de ces différences titanesques. "Mais puisque je te dis que c'est mieux en bleu!", "Non! la voiture est plus belle en rouge!" et d'autres sont les petites jacasseries qu'ils échangent gaiement dans la plus totale indifférence des pigeons voyageurs. 

Le monde vivait heureux donc, dans la violence et le bruit, jusqu'à ce qu'une être vicié et pervers se soit permis le péché originel: celui de conjuguer "débat" à toutes les sauces, à toutes les élévations de voix, à toutes les disputes. Or non seulement l'unité lexicale "débat" est un nom commun qui ne peut pas se conjuguer ni même se décliner en français, mais en plus il désigne un type de discussion bien précise obéissant à des règles et des conditions spécifiques! Horreur, donc, que cette confusion introduite par ce diable infâme que d'aucun soupçonnent d'être un dauphin surdoué, jaloux d'avoir été mis à l'écart du débat si longtemps. 

C'est par conséquent dans un souci de justice, d'humanité et de grammar nazisme que je souhaite éduquer ce monde magnifique, où l'on tue quotidiennement des milliers de gens pour des raisons obscènes, sur le véritable sens du débat, afin d'y apporter la paix et la tranquillité, mais avant tout la précision sémantique qui me tient tant à coeur, et qui manque beaucoup dans ce milieu fascinant qu'est l'internet.

Afin d'enseigner tout cela à mon lectorat potentiel, je me permet de présenter un plan banal mais efficace pour expliquer la signification d'un mot. Ne m'en veuillez pas si ce n'est pas du niveau d'un article de dictionnaire, mon honnêteté intellectuelle ne me permet pas de descendre aussi bas.

Je commencerais donc par expliquer quel type de discussion ne constitue pas un débat, que ce soit par leur objet, par leur forme, ou par les motivations de leurs participants. Après ça, comme cet article est destiné à enseigner le vrai sens de ce qu'est un débat à des êtres relativement stupides, comme des cellules eucaryotes, ou pire, des lycéens lambda, je vous donnerais en mille les règles et conditions d'un débat digne de ce nom que tout être pourvu de raison devrait être capable de déduire de la partie précédente. Mais trêve de joyeuseté, commençons immédiatement.

II)"Débattez les blancs en neige..."

1)Tentative de définition doctorale

On recopie bêtement et on fait semblant d'apprendre.

Non, non et non, le débat n'est pas un terme de cuisine, ce n'est pas non plus l'antonyme de "battre" et cela ne désigne pas non plus une foule de types de discussions que je vais vous décrire. Mais avant tout, intéressons-nous à la définition que me propose le dictionnaire encyclopédique Hachette 1994:

Débat nom masculin I)1)Examen et discussion d'une question par des personnes d'avis différents. Un débat animé. Entrer dans le coeur du débat. 

Le reste de la définition portant sur des sens spécifiques créés par extension de sens (ou, comme le disent les linguistes, restriction de référent) comme les débats politiques ou les conflits moraux intérieurs, concentrons-nous sur cette première définition pour nous faire une petite idée.

Il s'agit tout d'abord d'un examen, ce qui ne signifie pas un contrôle, mais une étude d'un objet précis; cet objet, c'est une question, c'est à dire un problème dont la réponse n'est pas forcément évidente. Le débat se pratique cependant à plusieurs, il y a donc discussion entre les différents participants, que ce soit à l'écrit, à l'oral, par gestes ou signaux de fumée. Enfin, soyons francs, si tout le monde était d'accord il s'agirait d'un colloque subventionné, dont l'autre différence avec le débat est l'absence de kir royal dans ce dernier.

Un débat constitue une recherche commune d'une vérité supérieure par la confrontation de thèses différentes basée ou prouvant la dialectique hégelienne que l'on connaît mieux sous le nom de "plan-type de disserte": thèse contre antithèse produit synthèse. Si l'on ne touche pas toujours à la vérité, au moins on s'éloigne des erreurs en montrant les faiblesses de chaque raisonnement, et ce n'est donc pas là-dessus qu'on peut critiquer le brillant philosophe (La surexploitation de ce filon comme unique mode de pensée même pour la réflexion en solitaire, elle, en fait partie).

Alors, oui; en théorie, tout être parfait serait capable, à partir de cette définition et de celle du dictionnaire, d'avoir une notion supportable de ce qu'est le débat; mais les hommes ont été mal moulés lors de la création, alors il faut tout leur enseigner. Taillons donc ce bloc de pierre pour lui donner une forme aussi belle et hydrodynamique que celle du dauphin.

2)"Débattre, c'est mourir un peu..."

"Partir en sucette, c'est débattre beaucoup."

La tendance actuelle est de considérer tout échange d'opinion comme étant un débat. Le problème principal ici est l'oubli fondamental d'une ou plusieurs caractéristiques du débat citées précédemment, mais comme parfois cet oubli ne se voit que de façon indirecte en oubliant les conditions de ces caractéristiques et en en respectant des formes mais non l'essence, il est assez facile de se crabouiller lamentablement. 

Commençons par le plus simple: un débat n'est pas une leçon. Autrement dit, il ne faut pas s'attendre à entrer dans un débat, observer les idées pathétiques des opposants et leur enseigner "la vérité", aussi tentant cela soit-il. Ce n'est pas non plus un monologue; et ce n'est pas un concours. Le but du débat est de répondre, dans le meilleur des cas, à une question, et dans les autres, de proposer des vues alternatives sur un sujet précis. Un débat suppose donc au départ que ses participants ignorent la réponse optimale (s'il en existe une) à la question du débat, sinon celui-ci se transforme en leçon. Il suppose également une certaine ouverture d'esprit parmi ses participants, sinon cela se transforme en monologue. Enfin, cela suppose un volonté de recherche et non de gratification personnelle, sinon cela tourne au concours.

Voici les trois défauts principaux qui peuvent exister chez les participants d'un débat. Notez par ailleurs qu'il suffit, pour les éviter, d'une seule consigne en théorie: celle du respect des interlocuteurs. En effet, si l'on respecte l'autre, on ne va pas supposer qu'il s'agit d'un imbécile auquel il faut tout enseigner (contrairement à mon exercice actuel); de même, on le laisse s'exprimer et on considère son opinion; enfin, on ne cherche pas à le dépasser par ses talents rhétoriques, car ce qui importe alors est d'avoir une meilleure compréhension du problème.

On devrait éviter alors du même coup la leçon, le monologue et le concours, ce qui nous ferait économiser beaucoup d'énergie afin de nous égayer dans des activités sincèrement violentes comme la chasse aux arbres ou la pêche dans la gueule; mais pourtant, il arrive quand même que l'on vire dans l'un de ces écueils, alors même que tout le monde se respecte et se cajole dans des grandes dépenses d'affection! A qui la faute? Qui faut-il brûler?

3)Tu ne débattras point du goût et des couleurs...

...excepté lors de débats philosophiques axés sur l'esthétique.

Comme on vient de le dire, lorsque qu'un débat vire au débâcle, il s'agit généralement d'un problème chez les participants. Il arrive cependant que parfois, ils soient parfaitement gentils, innocents, joueurs et amicaux entre eux, toujours en partageant des opinions différentes certes, mais que ce qu'ils racontent n'ait aucun intérêt pour une raison ou pour une autre. Pourquoi donc? La réponse est à chercher du côté de la question.

Rappelez-vous une chose: dans un débat, il faut examiner une question et qu'il y ait des avis différents. La définition du dictionnaire est bien gentille, mais n'explique pas pourquoi les questions "De quelle couleur est le ciel?" ou "Quelle est votre couleur préférée?" ne constituent pas des sujets de débat. Quel est le défaut de ces questions? La première offre une réponse évidente ( "De la couleur observée par vos yeux après que la lumière du soleil ait été filtrée par différentes couches atmosphériques selon un angle spécifique qui vous est perceptible dans le spectre de la lumière visible de 400 à 800 nm de longueur d'onde" ) et la deuxième ne nécessite aucune étude rationnelle et constitue un simple sondage d'opinion. 

On peut donc se retrouver dans trois cas: dans tous, la raison pour laquelle la discussion est inintéressante c'est que la question même est inintéressante: si sa réponse est évidente, pourquoi devrait-on débattre? Notez l'exemple parfait que constitue ma question rhétorique, c'est-à-dire à la réponse triviale, qui ne pourrait pas constituer de débat. 

Dans le premier cas, "De quelle couleur est le ciel", la question est inintéressante parce que la réponse est sue de tous. On note alors au moins une chose: les membres du débat et leurs connaissance sont toujours au coeur de ce qui fait le débat. Ainsi, une espèce intelligente aveugle serait bien plus portée à spéculer sur la couleur du ciel, surtout si elle est portée sur la métaphysique ou la pataphysique; il faudrait bien sûr qu'elle invente, au préalable, un concept comme la couleur, mais c'est tout à fait imaginable, par analogie avec les goûts ou la hauteur des sons.

Dans le deuxième, "Quelle est votre couleur préférée", la question est inintéressante parce qu'aucune étude n'est possible, à moins d'une grosse lacune personnelle. Echanger des avis, quoique tout à fait enrichissant, ne constitue pas une forme de débat si ces avis ne permettent pas l'atteinte d'une vérité supérieure. Or, si jamais une vérité supérieure pouvait être atteinte grâce à une question de ce type, ce serait moins par sa réponse que par les questions qui suivraient l'étude statistique d'après: "Pourquoi y'a-t-il plus de personnes qui préfèrent le rouge? Pourquoi les hommes n'aiment pas le rose en général?" et autres dérivés.

Le dernier cas, que je n'ai pas encore décrit, suppose toujours qu'une réponse est connue par tous et qu'elle est pour tous la même, mais il ne s'agit plus alors d'une vérité facile à trouver; cette fois-ci, l'opinion générale, la méthode de raisonnement, l'école de pensée de tous les interlocuteurs est la même sur le sujet, et il n'y a aucune opposition. Une question de débat est sensée diviser, confronter des points de vue afin d'en déterminer les parts de vérité et les faiblesses. Or, si je pose la question "Faut-il prier dieu?" dans une assemblée d'athées, je risque d'abord de me faire éventrer, et ensuite bien plus grave: me retrouver face à un groupe de gens tous d'accord pour me répondre la même chose à une question supposée génératrice de débat. On retombe ainsi sur une conclusion précédente, le débat est une fonction de ses participants. La même question posée à un groupe constitué d'un prêtre, d'un ancien croyant, d'un agnostique, d'un athée, d'un ancien athée converti, d'un croyant d'une religion non-théiste, d'un croyant d'une religion vénérant des dieux indifférents, etc... provoquera bien plus de discussions qui seront probablement intéressantes et enrichissantes pour tous ses membres et ses auditeurs. 

D'après cette analyse, les caractéristiques d'une question de débat sont les suivantes: la question doit être non-triviale, elle ne doit pas constituer une question de sondage, et elle ne doit pas non plus être un test de loyauté à un certain parti idéologique. Il serait possible de la décrire en un mot comme "complexe" d'une façon qui ne serait pas tout à fait erronée, étant donnée qu'une question complexe demande une réponse qui n'est pas une opinion, donc une réflexion, et la complexité tend à montrer les différences de raisonnement ou d'école qui parfois sont très fines. Le petit grain de sable repose sur le fait que la complexité est subjective et qu'une question simplissime pour moi comme :"pomme de terre, est-ce un mot ou trois?" pourrait paraître compliquée pour un polytechnicien; de plus, "Quelles sont les solutions à l'équation x²+25x-30=e^x" est sans doute complexe, mais ne peut pas faire débat. Il faut donc préciser que "complexe" signifie ici entre autres "sujette à controverse" ("Quelle est la valeur de 0^0" est une question qui fait débat en mathématique encore de nos jours), et alors on peut considérer qu'un question de ce type peut servir à débat. 

Fantastique! Nous avons les caractéristiques portant sur la question et les membres du débat, qui nous permettent un examen et une discussion de la question avec des opinions différentes selon les personnes. Il nous manque quoi? Rien. 

Ah, si, une chose.

3) Trolling is bad, mmmmkay?

It's like, not good, so don't do it, mmmmkay?

Sous le terme "troll" se cache en fait une richesse sémantique que je me permets d'associer pour le souci de l'explication: quand je dis "ne faites pas le troll", je pense autant à ces créatures grotesques et difformes allergiques au soleil qui côtoient l'internet que les personnages fantastiques inspirés de la mythologie nordique et scandinave. 

Non, un débat n'est pas l'endroit pour amorcer une discussion stupide. S'il vous plaît, il y a tellement de communautés d'incapables et d'abrutis sur le net, laissez la nôtre tranquille; et si vous tentez, il y a de toutes façons de grandes chances que l'un des membres expérimentés ou tout simplement intelligent du refuge vous démasque. Point barre.

Non, ne vous faites pas plus bêtes que d'habitude. Vous venez de lire un demi-pavé vous expliquant ce que n'est pas un débat, n'allez pas tout gâcher en répliquant comme un Lebowski "Ouais, enfin, c'est JUSTE ton opinion". Votre interlocuteur a tenté (j'espère) d'articuler son opinion de façon raisonnée afin de montrer en quoi elle est justifiée et justifiable, selon la profondeur de son raisonnement il peut y avoir plus de sens dans une seule de ses phrases que dans toute votre année de terminale en cours de philo, alors n'allez surtout pas tendre vos flancs aux mitraillettes sous prétexte que ça vous démange.

Non, non, et trois fois non: n'allez pas vous censurer sous prétexte que les autres interlocuteurs semblent mille fois plus cultivés et articulés que vous. De une, on a toujours besoin de plus petit que soi, et vous pourrez leur montrer des faces de la question qui leur étaient cachées de leur hauteur (ce qui apparaît souvent quand la question a des conséquences concrètes et que la discussion reste purement abstraite), de deux, la connaissance d'un sujet n'est pas la preuve d'une bonne capacité de raisonnement sur ce sujet, de trois, même si on vous démontre par A+B que vos idées sont mauvaises, au pire, vous apprendrez quels sont les contre-arguments et vous pourrez élever vos réflexions, que ce soit en changeant vos opinions ou en les approfondissant; ce qui revient souvent au même. Et si cette dernière part a l'air de n'avoir aucun rapport avec le troll, rappelez-vous d'une part que le troll craint de soleil et que d'autre part il peut se confondre parfois avec le nain. Petit et craignant la lumière de la vérité? Ca vous donne pas d'idée?

III)Conclusion

On résume tout!

->Un débat, c'est une discussion entre plusieurs personnes sur une question sujette à controverse qui nécessite une réflexion, dans le but d'en connaître la réponse si possible, et sinon d'en observer différentes faces afin d'élever sa propre réflexion. Pour cela, il faut également que les participants du débat soient d'opinions différentes, mais qu'ils respectent les opinions des autres afin de voir et saisir les différentes faces du problème, pour éviter les écueils qu'il pose et comprendre pourquoi certaines approches sont préférables à d'autres.<-

Voilà ce qui constitue la définition du débat. Y'a-t-il marqué "Discussion jouasse de bonhommes ennuyés cherchant à se distraire en beuglant des semi-réflexions dans le but de se faire mousser"? J'espère que non. J'espère également qu'à partir de maintenant, vous êtes capable d'expliquer en quoi cette discussion s'éloigne du débat et ce qu'il faudrait faire pour la transformer en cette chose, mais je vous avouerais, je suis assez pessimiste. Comme on dit de façon ironique, "l'espoir fait vivre".

Pour clore cette réflexion sur le débat, je tiens à rappeler une chose: le débat n'est pas la forme la plus haute de la discussion. En réalité, le débat n'est qu'une forme parmi d'autres, et il peut être tout à fait préférable, pour des raisons ludiques, d'entrer dans une discussion jouasse de bonhommes ennuyés cherchant à se distraire en beuglant des semi-réflexions dans le but de se faire mousser. Ce genre de discussion permet également de s'entraîner à exposer ses arguments de façon claire, ou au moins humoristique, ce qui est toujours un point de plus lorsqu'il s'agit de convaincre un auditoire ou un lectorat de la véracité de ses propos, en lui inspirant la confiance par des effets de style. C'est par conséquent souverain si jamais votre but dans la vie est d'avoir l'air intelligent en soirée sans l'être. Après tout le débat ne cherche qu'à vous apprendre à vivre tous ensemble dans la joie, la tolérance, l'instruction, le progrès et les petits chatons. N'allez surtout pas vanter le débat en-dehors de ses mérites. Ce serait stupide. Vous n'êtes pas stupides quand même? A partir de maintenant vous n'avez plus le droit d'être stupides. Et si vous débattez, même si vous avez l'air stupides, vous ne le serez jamais plus.

Spoiler! Pour les gens pressés, la définition du débat:

Simple copié-collé de la conclusion

Spoiler (Sélectionnez le texte dans le cadre pointillé pour le faire apparaître)

Un débat, c'est une discussion entre plusieurs personnes sur une question sujette à controverse qui nécessite une réflexion, dans le but d'en connaître la réponse si possible, et sinon d'en observer différentes faces afin d'élever sa propre réflexion. Pour cela, il faut également que les participants du débat soient d'opinions différentes, mais qu'ils respectent les opinions des autres afin de voir et saisir les différentes faces du problème, pour éviter les écueils qu'il pose et comprendre pourquoi certaines approches sont préférables à d'autres.

Commentaire de fin: je viens de me rendre compte qu'un amibe aurait le plus grand mal à comprendre mon explication. J'ai comme un doute sur les chances des lycéens du coup. Bah, au moins j'aurais tenté de dire ce que je voulais et exactement ce que je voulais, ce qui est déjà pas mal.
Prochains de la série: comment présenter sa réflexion, ses arguments, bref, réfléchir: mode d'emploi.

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5 Commentaires

  • Ah bah putain!! Toi tu bosses!!

  • Rien à redire, c'est une sacrée leçon que je viens de prendre, et j'en suis ravi. Encore, encore ! clap

    Sinon, sur la forme pure, tu aurais pu mettre le spoiler du TL;DR en tête d'article au lieu de le mettre juste à côté du paragraphe qu'il copie. perplexe

    • Pas faux, mais c'est un choix que j'ai fait sciemment parce que mon égo refuse qu'on se dise "oh, nan, c'est long". L'idée c'est que le tl;dr est là pour ceux qui ont déjà lu et qui ont besoin d'un rappel, pas pour les personnes aux yeux fatigués.

      Et merciiiii <3

  • TL;DR, je garde tout ça pour plus tard, mais... PAVÉ CÉSAR!

  • Très bel article, leçon intéressante et instructive! Chapeau. DoubleAccentCirconflexe

    Yep, comme vous le voyez je suis de retour, je repasse sur le site(forum?) et repasserais plus souvent à l'avenir (du moins j’essaierais).

  • Si l'Homme agissait toujours par amour alors peut-être qu'il débattrait avant tout pour une connaissance plus grande de la vie, de l'univers et du reste. Néanmoins, il possède aussi un égo et l'envie d'amener son voisin à penser comme lui. S'approcher de la vérité, c'est bon pour les chercheurs en philosophie ou en mathématiques mais le commun des mortels, lui, vit en plein milieu d'une guerre idéologique et, qu'il le veuille ou non, il y prend part. Si, sans même réfléchir, il se vêt de son casque argumentatif et de son treillis dialectique pour tailler le bout de gras au troquet du coin c'est avant tout pour défendre sa manière de concevoir la vie, l'univers et tout le reste. 

    Face aux conflits idéologiques et aux intérêts personnels la beauté autotélique du débat pour le débat résiste-t-elle ? La question peut être débattue mais, en ce qui me concerne, la réponse est non. Nous débattons avant tout pour convaincre. Cela explique l'emploi de tous ces stratagèmes "pas jojo" décrit par Schopenhauer. Mettre en colère, dénigrer, changer subitement de sujet, des techniques de troll comme on dirait de nos jours.

    On pourrait expliquer que toutes les personnes qui utilisent ce genre de tactiques ne comprennent rien au débat et ainsi revenir sur la définition autrement plus morale proposée par Luminox. Cela reviendrait, à mon sens, à nier l'Homme tel qu'il est. Dans un débat souvent, nous défendons nos convictions mais je n'y vois pas forcément un mal. Cela entraîne des dérives, certes, mais il est également normal de défendre le monde tel que nous voudrions qu'il soit. Débattre avec ses idées, c'est aussi les mettre en avant dans l'espoir qu'elles soient reprises peut-être pas par nos "adversaires" mais par des spectateurs qui, convaincu, débattrons à leur tour faisant fructifier notre conviction originelle.

    Personnellement, j'ai une éthique et je répugne à utiliser les stratagèmes de schopenhauer. Pour autant j'ai appris à les connaître pour savoir les déjouer et je vous invite à faire de même. Par contre, je continuerais à chercher à convaincre et, même si, par mégarde j'apprends deux ou trois choses sur la vie, l'univers et le reste au travers d'un débat et bien, je m'en porterais pas plus mal.

    • J'aime cette conception très intellectuelle du débat mais c'est vrai qu'elle est assez éloignée de notre nature, je le constate tous les jours et encore plus dans les débats actuels à l'Assemblée Nationale et sur Twitter que je suis actuellement, moins pour le texte que pour les discussions en elles-mêmes.

      Cependant, j'ai du mal à me retrouver dans ta description de quelqu'un qui veut convaincre. De la même manière, je ne suis pas blindé contre les arguments contraires aux miens. Je me suis fait une raison à un moment, je ne suis pas en mesure de tout savoir et de tout comprendre. Je n'ai donc pas la prétention de supposer que mon interlocuteur devrait penser comme moi pour aller bien. Malheureusement ce n'est pas ce que laisse penser les qualificatifs parfois employés pour désigner un adversaire idéologique ( "malade", "taré", "schizophrène", etc... )

      De même, ce n'est pas parce que je ne suis globalement pas d'accord que je disqualifie d'emblée tout le discours de mon interlocuteur. Comme j'essaye de me détacher autant que je peux de l'empreinte émotionnelle que laisse le discours de mon interlocuteur, je suis plus à même d'en reconnaître les fondements, voire de m'en approprier une part. Et également de reconnaître ce que les anglo-saxons désignent par "fallacies" et de refuser la discussion dans ces cas-là.

      Pour autant, je ne crois pas qu'il y ait des "spectateurs" passifs qui pourraient être convaincus par des discussions stériles entre deux camps retranchés derrière leurs certitudes. Comme tu le dis, nous sommes tous impliqués dans une guerre idéologique, que ce soit comme fantassin comme les militants encartés, comme victime civile pour les électeurs déçus, ou comme casque bleu comme je me considère personnellement. Je ne tire sur personne, personne ne me tire dessus, mais j'essaye autant que faire se peut que s'applique la convention de Genève puisque cette guerre est inévitable.

    • Bon, je ne crois pas que la recherche de connaissance soit la raison première d'un débat (même si ça peut arriver). Néanmoins, cela ne veut pas dire que je ne rejette en bloc tout l'article de Lumi. Si on veut qu'un véritable débat s'instaure il ne faut pas se croire supérieur aux autres parties. Il faut également accepter l'idée de se laisser convaincre, au moins partiellement.

      Au lycée, j'ai débattus trois ans avec mon copain de droite. J'étais son copain de gauche. Nous cherchions à nous convaincre l'un l'autre que nos conceptions dépassaient de loin les siennes. Au fur et à mesure, nous avons appris à mieux comprendre les arguments adverses. De même que les notre. Nous avons, tout deux, été forcé à mettre de l'eau dans notre vin. A nuancer nos pensées, pour mieux les défendre. Au final, il est resté de droite et je suis resté de gauche mais nous nous sommes beaucoup enrichit mutuellement. 

      (Je crois que les exemples de débat que tu proposes Ertaï n'en sont pas vraiment. Les débats télévisés qui ont lieu dans l'hémicycle n'en sont pas vraiment. Ce sont des joutes, des concours de bons mots et de phrases assassines. On essaye plus d'épater la galerie que de convaincre quiconque. Pas le plus beau visage de la politique. Pour le reste, j'ai de sérieux doute que sur Twitter (ou facebook) on puisse trouver des débats de qualité. Je n'ai pas de reproche particulier à faire aux réseaux sociaux à ce niveau-là. Simplement, ils ne sont pas conçus pour ça.)

    • Je suis tout à fait d'accord, mais je crois que ça va bien justement dans le même sens que l'article : notamment la parenthèse de fin, une joute, ce n'est pas un débat.

      Mais beaucoup de gens définissent le débat comme un simple échange de propos, et donc tout devient un "débat". C'est plus un problème de définition du mot, non ?

    • Oui, c'est un problème de définition à laquelle cet article offre une magistrale réponse deg

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