En France aujourd’hui, l’école n’est pas obligatoire pour tous (contrairement à l’instruction des enfants), mais la très grande majorité des Français y vont. Tout enfant se doit de suivre un apprentissage, depuis ses plus jeunes années jusqu’à ses 16 ans.
Pourtant, l’école essuie de très nombreuses critiques, tant au niveau de la qualité de l’apprentissage que dans l’organisation. Un petit tour d’horizon bien utile s’impose.
En France aujourd’hui, l’école n’est pas obligatoire pour tous (contrairement à l’instruction des enfants), mais la très grande majorité des Français y vont. L’école publique est culturellement ancrée comme un service public de première importance, entre 80 % et 85 % des jeunes Français y vont. Tout enfant se doit de suivre un apprentissage, depuis ses plus jeunes années jusqu’à ses 16 ans.
Pourtant, l’école publique essuie de très nombreuses critiques, tant au niveau de la qualité de l’apprentissage que dans l’organisation. Un petit tour d’horizon bien utile s’impose.
À quoi sert l’école ?
La question n’est pas si naïve. Elle sert à comprendre l’objectif de l’école, qui n’est pas si clairement défini que cela dans l’esprit des gens, d’autant que les individus n’ont pas tous la même conception de l’école.
Pour beaucoup, l’école est le moyen qui permet d’instruire les futurs citoyens, qui par cette formation seront libérés de l’obscurantisme. Les décisions de leur vie d’adulte seront les leurs, celles de la réflexion profonde et du choix, contrairement à la manipulation dont souffrirait la population dénuée de savoir.
D’autres personnes affirment que l’école est l’instrument qui sert justement à manipuler facilement le plus grand nombre. Elle inculque l’idéologie que souhaite promouvoir l’État et maintient l’esclavage de la population en la dressant à obéir au système.
Individuellement, les parents voient en l’école le moyen pour leurs enfants de gravir les échelons sociaux et ainsi de réussir dans la vie. Le but à long terme serait donc la réduction des inégalités sociales.
Enfin, la conséquence secondaire de l’apprentissage scolaire est la libération du temps pour le travail : puisque leurs enfants sont surveillés et occupent leur temps à l’école, les parents peuvent tranquillement aller travailler toute la journée sans avoir besoin d’être à la maison pour les surveiller. Elle libère donc du temps de travail.
L’inspiration du modèle de notre école vient des lois Jules Ferry, dont l’objectif était double : inculquer dans l’esprit des générations un fervent républicanisme, et combattre de l’autre côté les idées anarchistes, communistes et socialistes qui se propageaient parmi les plus basses classes. Paradoxalement, les piliers du système éducatif, c’est-à-dire les instituteurs, les « hussards noirs de la République » qui croyaient au rôle de l’école comme ascenseur social pour des millions d’agriculteurs et d’ouvriers, soutenaient les Radicaux-Socialistes de la fin du XIXe siècle.
Quelle est la situation en France ?
La France, cinquième puissance mondiale, investit près de 7% (donnée du Ministère de l’éducation nationale) de son PIB dans l’éducation de sa jeunesse. Pourtant, le constat est accablant. Non seulement les inégalités de se réduisent pas, mais nous les creusons davantage :
- les enfants de cadre et de professions libérales sont 16% du total des élèves en 6e, passent à 33% des admis au bac, et sont 55% des inscrits aux classes préparatoires ; tandis que les enfants d’ouvriers, d’inactifs et d’employés forment 56% des élèves en 6e, passent à 33% des admis au bac, et sont 16% des inscrits aux classes préparatoires ;
- 20% des écoliers arrivent au collège avec des lacunes majeures ;
- le nombre d'élèves ayant un niveau faible en lecture et en mathématiques est passé de 15% en 2000 à 20% en 2009.
Or, notre pays est l'un de ceux où le milieu social détermine le plus la réussite scolaire, bien avant l'entrée en 6e. On le constate de façon flagrante dans les écoles de quartiers défavorisés, où les élèves accumulent les retards et arrivent en CM2 à bout de souffle. 40 % des élèves y ont des difficultés en Français, 50 % en mathématiques. Pourtant, à 7 ans, les élèves effectuent 860h de cours par an, soit 100h de plus que la moyenne européenne.
Les raisons de cet échec national sont nombreuses et diverses, et elles ont même tendance à interagir entre elles afin de créer un cercle vicieux.
Causes et conséquences
Les enfants
Les enfants peuvent-ils être désignés coupables pour manque de motivation, irresponsabilité, déni de l’autorité, bref pour « déchéance de la jeunesse » ? On entend souvent « De mon temps, ça ne se serait pas passé comme cela », pourtant les enfants n’ont moralement et juridiquement (jusqu’à un certain âge pour la loi, mais pour des raisons politiques ?) aucune responsabilité dans ce qu’ils font ou ce qu’ils sont, puisque par définition ils ne sont pas citoyens à part entière, mais des citoyens en devenir.
En revanche, ils subissent les pressions que l’on exerce sur eux. Et celles-ci créent du stress très important qui ne favorise en rien l’apprentissage. Je vais y revenir plus tard.
Les parents
Souvent montrés du doigt, les parents d’enfants en situation d’échec ne sont qu’une partie du problème. D’une part parce que ceux-ci subissent l’influence de leur environnement, à savoir la société ; d’autre part parce que beaucoup d’éléments sont indépendants de leur volonté ; de plus, un élève en difficulté ne signifie pas que ses parents sont démissionnaires ; enfin, même si l’école ne peut régler tous les maux de la société, c’est à elle de bien prendre en charge l’éducation des enfants, mais dans ce cas pourquoi rejeter la faute sur les parents ?
La plupart des parents mettent déjà la pression à leurs enfants, en les poussant à faire de longues études, à obtenir des diplômes difficile, et donc à être très bon à l’école. Parce qu'ils les aiment, les parents commencent déjà ainsi à stresser leurs enfants. Mais ils instaurent un climat de compétitivité.
Or, ces parents subissent en fait la compétitivité demandée dans la société, la volonté d'être très bon, si ce n’est le meilleur, et c’est ce qu’ils transmettent à leurs enfants (en leur demandant d'amener de bonnes notes). C’est d’autant plus flagrant qu’en France, le lien entre le nombre de diplômes et l’accès à l’emploi est très fort, et plus le chômage augmente, plus les parents seront préoccupés et mettront la pression de plus en plus précocement.
Ce paradoxe est encore plus renforcé par le fait que ces parents souhaitent parallèlement que leurs enfants puissent s’épanouir et s’exprimer, en grandissant plutôt heureux. Et d’un autre côté, les parents sont friands des jeux qui, dès le plus jeune âge, font apprendre des choses aux enfants.
L’école et le programme
À l’école, stress et mauvaise pédagogie scolaire sont en réalité le cœur du problème de l’éducation nationale.
En France, le ministère de l’éducation considère que les jeunes enfants sont de petits êtres très semblables à l’adulte dans leur façon de penser, mais vierges de savoir et nécessitant de la discipline, ce qu’il faut simplement combler. D’où l’écrasante majorité de cours magistraux, où la trentaine d’élèves est supposée restée assise sans rien dire, à écouter le professeur donner son cours et en le copiant.
Mais la réalité est plus complexe que cela. L’enfant qui grandit passe par différents stades de développement car son cerveau n’est pas complètement formé, et il a avant tout besoin de temps et de passer par certaines étapes afin de progresser. Ils ont par exemple besoin de bouger, d’avoir du temps pour appréhender, mais l’école est sourde à ces besoins. Il y a une seule façon de procéder, la même pour tous.
La consigne donnée aux enseignants est que leurs élèves doivent apprendre beaucoup de choses mentales, abstraites, alors que justement les enfants ont besoin de manipuler, de bien s’imprégner de l’enseignement, plutôt que de les absorber d’un coup sans se poser de questions. La majorité de ces élèves n’y parviennent pas car ils ont besoin de davantage de temps, tout simplement.
Du coup, on leur demande de travailler sur des fiches. Ateliers numération, lecture, écriture, les enfants passent désormais une grande partie de leurs journées à devoir les remplir, à copier des modèles. Une même activité pour tous qui laisse de moins en moins de temps à la créativité, aux activités manuelles, et à l'expression du corps. Faussement ludiques, ces fiches sont complexes, ce sont des mots croisés, des sudokus, avec toujours plus de papier, et plus aucun pion ou objets à manipuler.
Le risque est de déstabiliser les enfants et leur faire perdre la confiance qu'ils ont en eux. La confiance en soi, c'est faire quelque chose, essayer, rater, et aller au-delà, c’est-à-dire s'intéresser aux raisons qui font que l'on a raté. Rien de tout cela actuellement.
Mais y a-t-il une autre façon de procéder ? Peut-on faire mieux que ce que l’on fait actuellement ? Que sait-on des méthodes d’enseignements d’autres pays ? Hé bien justement : beaucoup de choses. Notamment la Finlande, dont je vais vous expliquer le plus concrètement possible ce qu’elle a apporté à l’éducation de ses enfants.
La Finlande
L’étude PISA
Pourquoi la Finlande comme élément de comparaison ? Parce qu’elle a été à la pointe de l’éducation (comprenez que leurs élèves ont davantage de connaissances que ceux des autres pays) pendant plus de dix ans (tous les 3 ans, les connaissances de 40 000 enfants de 15 ans sont testés dans 70 pays industrialisés, c’est l’étude PISA de l’OCDE). Elle est aujourd’hui la troisième meilleure, après la Chine et la Corée, tandis que la France peine à atteindre la moyenne en maths et lecture, et est même en-dessous pour les sciences. Et parce que la Finlande est culturellement beaucoup plus proche de nous que la Corée ou la Chine, c’est avec elle qu’il vaut mieux comparer.
La Finlande, donc, consacre à peu près la même part du PIB que la France à son éducation (7% environ).
Il faut savoir que dans les années 70, la Finlande complètement repensé son système éducatif : la primaire et le collège ont été supprimés, les directeurs d'école ont eu la possibilité de recruter eux-mêmes leurs enseignants et bénéficient aujourd’hui d'une grande autonomie. L’objectif avoué est d’avoir un minimum de stress pour un maximum de résultats.
Pour conclure, sachez qu’il n’y a pas de lien entre population et niveau des élèves (cf rapport PISA 2007, pages 66, 322 et 342). Et même si la méthode d’évaluation PISA n’est pas parfaite, elle reste néanmoins une référence qui reste la plus intéressante pour tout le monde.
Environnement
Pour commencer, l’élève doit se sentir à l’école comme chez lui, littéralement. Pour cela, on s’en donne les moyens : on cherche des classes plutôt grandes (les nouvelles écoles en constructions peuvent aller jusqu’à 65 m2 par classe), et il y a des endroits confortables où les élèves peuvent se reposer s’ils le souhaitent. On cherche à ce qu’ils soient le plus détendu possible.
Les établissements sont de taille modeste (300 à 400 élèves pour un collège, 400 à 500 pour les lycées), ce qui crée une atmosphère de proximité entre les élèves et permet au directeur de mieux connaître chacun d’entre eux.
Le but est que l’élève se sente bien en toute circonstance à l’intérieur de l’école. Du coup la discipline semble plus relâchée qu’en France car les professeurs font preuve de grande tolérance : pendant les cours, à peine une remarque si un portable sonne, ou si un élève semble dissipé juste devant le prof en dessinant. Peut-être se sent-il plus concentré de cette façon ? Parce qu’on leur fait confiance, les enfants ont tendance à s’auto-discipliner. Il n’y a pas vraiment de vols ou de dégradations au sein de l’établissement.
L'apprentissage
Avant l’école, le jardin d’enfants (1 à 6 ans) et l’éducation préscolaire (6 à 7 ans) servent à éveiller la curiosité des enfants, leurs aptitudes, leur habileté. Chaque matin est consacré à une discipline (musique, sport, langue, maths), et l’après-midi est dédié au jeu. De fait, la méthode d’enseignement le matin passe essentiellement par le jeu également, car les élèves sont davantage attentifs et motivés pour apprendre de cette façon.
L’école commence dès les 7 ans et se finit à 16 ans. On y croise donc tous les âges.
Les petits Finlandais apprennent à lire un an après les Français, à 7 ans, et commencent l’anglais à 9 ans. Les cours durent 45 min, avec des pauses de 15 min entre chaque cours, pendant lesquelles les élèves peuvent circuler librement, discuter, se reposer, ou utiliser les ordinateurs à leur disposition. Les cours ne se déroulent pas comme en France : les cours magistraux, où le professeur donne un exercice pour 30 élèves, n’existe pas. Le professeur donne plutôt huit exercices à huit groupes différents, afin que chaque groupe puisse évoluer à son rythme.
On tente d’intégrer le mieux possibles les handicapés physiques ou mentaux, détectés si possible pendant le jardin d’enfant grâce à des tests, c’est pourquoi ils apprennent dans des classes de 5, avec des professeurs formés spécialement, et quand ça leur est possible ils rejoignent d’autres classes pendant certains cours, comme la musique, le sport, les travaux manuels…).
Pour ceux qui éprouvent des difficultés dans telle ou telle matière à un moment ou un autre du cursus, des professeurs spécialisés les intègrent dans leur classe où il ne peut y avoir plus de 5 élèves par classe. Dès que possible ces élèves sont réintégrés ensuite dans leur classe normale pour continuer avec les autres. Chacun donc progresse à son rythme tout en étant bien soutenu, puisque le redoublement n’existe pas. C’est une grande différence avec la France d’ailleurs : alors qu’en Finlande on individualise dès le début, en France on ne le fait qu’à partir du moment où l’élève acquiert trop de retard (et encore, en fin d’année). C’est un problème dans la mesure où il s’agit d’une humiliation pour l’élève ou pour les parents.
La pédagogie individualisée réserve une place particulière aux étrangers. Albanais, Somaliens, Estoniens, Russes d'origine, ils bénéficient de cours dans leur langue maternelle et d'un soutien en finnois à raison de six heures par semaine. Mais ils restent finnois deuxième langue, et passeront donc leurs examens, y compris le bac, en finnois seconde langue.
En général, les classes ne doivent pas dépasser 25 élèves par classe, mais la norme est plutôt de 20 élèves par classe. Il n’y a pas vraiment de cours magistral : les élèves travaillent seuls ou en groupe dans la classe, et le professeur se déplace en sollicitant leur attention et en écoutant leurs demandes. En somme, c’est le plaisir d’apprendre qui est au cœur du programme finlandais, et l’élève est davantage acteur de son apprentissage que simple copiste devant retenir sa leçon par cœur.
Entre 7 et 13 ans, le cursus est le même pour tous, pendant lequel on apprend à cuisiner, à coudre, ou à utiliser des machines pour du travail manuel (comme le travail du bois par exemple). Pourquoi la couture ? Pour faciliter la motricité et facilité l’apprentissage de l’écriture et des travaux manuels.
Après 13 ans, les élèves ont la possibilité de s’inscrire sur des matières optionnelles, dans un large panel de choix, mais il faut qu’il y ait 16 élèves minimum, et au total, tout cours confondus, l’élève ne peut dépasser 30 cours par semaine. Le moment où l'élève est prêt pour les apprentissages, ce n'est pas le programme qui le décide mais l'enfant lui-même, et c'est à la maîtresse de s'adapter.
Les élèves sont notés une fois à 9 ans, puis ne sont notés ensuite de façon régulière qu’à partir de 13 ans. Fait très intéressant, c’est que la note va de 4 à 10. Si l’élève ne sait pas, il obtient 4 et recommence. Le but est de ne pas humilier l’élève avec l’infâme 0, et s’il connaît sa leçon, le perfectionnement de sa connaissance fait varier sa note entre 5 et 10.
Les professeurs
Les professeurs sont extrêmement bien formés, et de ce fait très valorisés. Le concours qu’ils passent est drastique : sur 1200 dossiers annuels déposé, seuls 300 sont retenus, et parmi eux 80 d’entre eux deviendront professeurs, sélectionnés au terme d’une batterie de tests finaux. L’accent est particulièrement mis sur la sélection de professeurs qui comprennent l’élève et qui aiment les enfants, tandis qu’en France la nuance porte davantage sur le plaisir de la matière enseignée.
Leur temps de travail est modéré pour environ le même salaire que dans les autres pays de l’OCDE. Ils ont 20 cours de 45 minutes à faire en moyenne (modulable si le professeur le demande, à 18 cours ou 23 cours), avec des obligations à côté comme la surveillance de couloirs ou de cours, les conseils de classe, la participation à des groupes de travail disciplinaires ou transdisciplinaires, etc.
Ces professeurs bénéficient également d’un matériel optimal, leur permettant de varier les façons de faire les cours et augmentant davantage l’intérêt des enfants. C’est d’ailleurs un autre avantage : chacun a la liberté d’entreprendre le cours comme il le souhaite, rien n’est dicté par la hiérarchie (l’école finlandaise est très décentralisée, contrairement à la nôtre, il y a une grande autonomie des école par rapport au ministère, et une grande autonomie des professeurs). Comble ultime, puisque l’on fait entièrement confiance aux professeurs pour la façon de faire le cours… Les inspecteurs n’existent pas !
Pour finir, les professeurs, en plus d’avoir de bonnes bases, suivent tout au long de leur carrière régulièrement des formations.
L’évolution en France
Revenons en France. Les politiques savent que nous avons un problème. Que proposent-ils comme solution ?
Pour eux, le remède sensé retrouver le chemin de la performance dans l’éducation française, c’est de démarrer le programme du CP dès la maternelle. À 5 ans, on ne joue plus, on travaille. Les enfants doivent rester assis 8 heures par jour sans faire de sieste, savoir compter jusqu'à 31 et connaître 3 alphabets : capital, script, cursif. Bref : il faut apprendre plus précocement.
S’il est vrai qu'en apprenant plus tôt, cela permet de former un certain nombre de réflexes, de s'habituer à un certain nombre de pratiques, il n’en reste pas moins que la forme scolaire traditionnelle ne permet pas d'apprendre plus tôt, d’apprendre à réfléchir, à penser et s'exprimer de manière exacte et rigoureuse, et à entrer dans un rapport avec les choses qui est un rapport de curiosité, d'explicitation, de compréhension. De plus, comme cité plus haut le problème est moins un problème de méthodologie qu’un souci de temps qui n’est pas assez laissé aux enfants.
Ce problème de temps qu’on ne leur accorde pas pour apprendre l’écrit crée une masse de problème. À commencer par la lisibilité : si un enfant n’a pas une écriture lisible sur les fiches qu’il rend à son maître, celui-ci ne peut pas le noter correctement. Les parents, paniqués par les mauvaises notes de leurs enfants, font de suite appel (sous l’impulsion des professeurs) à des orthophonistes, psychomotriciens et graphothérapeutes, débordés par la demande. Et cela donne l’impression à l’enfant qu’il est un mauvais élève. Certains développent même un blocage vis-à-vis de l’écriture.
Certaines inspections recommandent de placer les enfants en situation d’examen dès 5 ans. Cette évaluation se ferait par une dizaine de fiches à compléter pendant une semaine, avec les résultats inscrits sur le livre scolaire. Le problème, c’est que ces évaluations constantes durcissent davantage la compétition et stressent encore plus les enfants, au risque de leur faire perdre leurs moyens.
Ces élèves, de plus en plus traumatisés par l’environnement de l’école, développant de plus en plus de retard, sont un marché très juteux pour le soutien scolaire. Les parents, qui n’aiment pas savoir leurs enfants en difficulté, les y inscrivent en masse, ce qui fait qu’en France, nous sommes le premier marché européen du soutien scolaire privé, avec deux milliards d’euros de chiffre d’affaire.
En conclusion, l’éducation française est source de tellement de problèmes que les politiques s’efforcent de les gommer par petites touches, péniblement et souvent en prenant les mauvaises décisions, sans avoir de vraie vision d’ensemble.
Les objectifs de l’école sont tous loin d’être remplis : mis à part la républicanisme qui a gagné l’ensemble de la France, qui était l’objectif fixé au départ, tout le reste échoue. Bien qu’il soit trop difficile de savoir si les Français sont de bons citoyens, les jeunes Français ont un score médiocre dans l’évaluation de leurs connaissances, ces connaissances qui doivent normalement leur servir dans leur vie citoyenne. Et les inégalités sociales se creusent aussi bien au sein des études qu’au sein de la société.
Ces problèmes ne viennent pas, comme certains pourraient facilement l’affirmer, d’éléments particuliers comme les professeurs ou les parents, mais bel et bien de l’ensemble du système éducatif, ce qui crée un cercle vicieux et conduit vers l’inefficacité la plus absolue et à des paradoxes brutaux. Comme par exemple :
- les enseignants persuadés de servir à préparer leurs élèves au monde des adultes, alors que rien dans le système scolaire n'est commun avec la suite, et que bien des enseignants n'ont jamais mis les pieds dans le monde économique privé ;
- ou le fait que l’on sache que les individus sont assez différents pour mériter des moyens pédagogiques différents si l’on veut être efficace, pourtant l'objectif d'égalité nous fait continuer dans la voie du « tous dans le même moule » ;
- les enseignants sont sélectionnés comme les autres fonctionnaires, ce qui ne présuppose en rien de leurs qualités pédagogiques réelles, et s'ils en ont le moins que l’on puisse dire c'est que ce ne sera pas grâce à leur formation ;
- le système fonctionne quasi-exclusivement avec la sélection à la chinoise (grands concours ouverts pour tous, les meilleures notes sont considérées comme les plus aptes), alors que dans le système économique réel, seules les entreprises de taille gigantesque l'utilisent.
Face à cela, nous devrions métamorphoser l’école en ayant une vision globale et des objectifs précis. Peut-être en s’inspirant du modèle finlandais. Tout n’est pas absolument à prendre sans rien jeter, mais ce devrait être une source d’inspiration, d’autant que leur modèle existe depuis quatre décennies et qu’ils ont derrière eux une expérience dont nous devrions bénéficier. Les grands axes à retenir seraient la grande polyvalence de l’éducation, et la recherche de l’absence de stress chez les élèves, afin qu’ils puissent voir l’apprentissage non comme une corvée, mais comme un plaisir.
Voilà ce que l’école française devrait apprendre.
Je m'interroge sur la conclusion de ta conclusion : étudier le cas finlandais au prétexte qu'il est plus proche de nous que les chinois ou les corréens, pourquoi pas, mais en conclure que c'est la solution à adopter ? Je ne connais pas grand chose à la finlande, mais je suis certain que leur modèle culturel est quand même très différent du notre, même s'ils sont européens. Et d'ailleurs sous certain aspect, par exemple la manière dont nous faisons fonctionner notre administration, il est possible que nous soyons beaucoup plus proche des chinois. Je pense notamment à deux sortes de méthodes d'évaluation-sélection, qu'on pourrait simplifier en :
- chinoise : un grand concours largement ouvert, la meilleure note est considérée comme la personne la plus apte (même si les épreuves du concours n'ont rien de commun avec le travail qu'on lui confira réellement). Beaucoup de sélections se font comme ça en france, mais on dit méthode chinoise parce que c'est eux qui l'ont employé les premiers, dès leur moyen-âge, notamment pour sélectionner leurs fonctionnaires.
- anglosaxone : est sélectionné celui qui a la meilleure ascendance. Depuis la période industrielle, c'est remplacé par "la meilleure école" ou le piston (ce qui revient grosso modo au même).
Sans tenter de juger la pertinence de l'une ou l'autre, c'est juste pour montrer que l'éloignement géographique n'est pas forcément un indicateur suffisant.
Sinon pour moi il y a une faille dans ta démarche c'est que, alors que tu a bien commencé en constatant que les objectifs de l'écoles n'étaient pas les mêmes pour tout le monde, tu semble l'oublier dans ta conclusion. Le bazar de notre système est peut-être grandement dû au fait que tous ses acteurs tirent dans des directions différentes, non ?
Prenons par ex :
Dragoris a écrit :
ça c'est un objectif "de gauche". Défendre cette idée présuppose que tu pense que le cadre est prédominant sur le plan. Sinon, cet objectif n'a pas de sens : l'école ne peut pas réduire l'inégalité si elle est innée.
La base des contradictions du système scolaire en france c'est qu'il a été fondé sur des valeurs de gauche, et que la plupart des enseignants sont toujours portés par de telles valeurs, alors qu'il est au service d'un système économique de droite. D'où de très nombreux grands écarts, comme par ex, et non exhaustif :
- Enseignants persuadé de servir à préparer leurs élèves au monde des adultes, alors que rien dans le système scolaire n'est commun avec la suite, et que bien des enseignants n'ont jamais mis les pieds dans le monde économique privé.
- On sait que les individus sont assez différents pour mériter des moyens pédagogiques différents si on veut être efficace, pourtant l'objectif d'égalité nous fait continuer dans la voie du "tous au même moule".
- Les enseignants sont sélectionnés comme les autres fonctionnaires (système chinois) ce qui ne présuppose en rien de leurs qualités pédagogiques réelles, et s'ils en ont le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne sera pas grâce à leur formation...
- Le système fonctionne quasi exclusivement avec la sélection à la chinoise, alors que dans le système économique réel, seules les entreprises de taille gigantesque l'utilisent. Toutes les autres préfèrent la méthode anglosaxone pour d'évidentes raisons logistiques.
Le débat est bien entamé, dites donc!
Ca faisait longtemps, mais je vais encore me ranger du côté du Bashar.
Sur ça, en tout cas :
Le Bashar a écrit :
Ca, c'est aussi ce que je retire de mon observation personnelle de l'éducation nationale.
...D'où mes interrogations sur le fondement de toute ta réflexion, Dragoris. J'ai lu beaucoup de choses intéressantes, mais je n'arrive pas très bien à cerner l'objectif de ton raisonnement (si ç'en est un). Le système que nous connaissons ne fait-il que creuser des inégalités sociales indéniables? Faut-il trouver un autre modèle (finlandais?) pour remuer l'enseignement et la scolarisation "made in France"?
Bref. Le sujet est quand même bien compliqué, et prend en compte des paramètres un peu trop bordéliques à mon sens.
Sauf si l'on accepte trois secondes le fonctionnement du système connu, le temps d'observer de beaux cafouillages sur le plan pratique. Et je vais reprendre l'exemple des enseignants. Qui sont, à mon sens, la plus belle aberration de l'éducation nationale aujourd'hui.
Pourquoi?
Parce que, comme l'a souligné Bashar, un bon enseignant se doit de maîtriser quelques notions de pédagogie. Le souci, c'est que le système français s'en contre-tamponne avec une patte de castor. Et, personnellement, rien n'est plus agaçant que ces universitaires en particulier. Quant à leur "parcours initiatique" (sic), je vois quatre stades.
1. Aujourd'hui, on voit sortir de la fac des "dindasses" ou de "gros blaireaux" (oui, je leur ai donné des noms) qui, pensant maîtriser à fond leur matière (qui ne leur servira jamais dans le secondaire, mais bref), s'enorgueillissent, se gargarisent et roucoulent... le plus souvent pour se rassurer.
2. Souvent, les plus faibles de la meute l'avouent. Oui, ils se sont inscrits au Capes (et en Master enseignement maintenant) parce qu'ils ne savaient pas quoi faire d'autre. Aïe. Dans ma fac, cette situation concernait les trois-quarts des différentes promos.
Test (à essayer du côté de chez vous) : le "pourquoi voulez-vous devenir professeur? ", qui peut vous offrir des silences inquiétants ou des réponses terrifiantes.
3. Rares sont ceux qui réussissent à passer les tests écrits avec succès. Restent les stages (courts) et les premiers contrats en tant que vacataire (généralement, pas trop de responsabilités). Problème : la pédagogie, les jeunes, les ados, le contact, l'enseignement à proprement parler, une ouverture d'esprit que nos jeunes instruits n'ont pas forcément connu en fac... : inconnus au bataillon. Le jeune prof s'en prend plein les dents en classe, geint, ne gère pas du tout, et vous rabat les oreilles avec son "ouin-ouin, vous ne vous rendez pas compte, c'est TROP dur". Pendant ce temps-là, le niveau ne bouge pas d'un iota en salle de cours.
4. 70 % des jeunes profs aujourd'hui tombent en dépression plus ou moins grave de un à cinq après obtention de leur Capes (je vous dirigerai pas vers certains faits divers récents de profs français qui pètent un plomb feat. autodafé ou katana).
***
Bon, j'arrête mes explications "kikoolol". Le fait est que la pédagogie est survolée en théorie, et quasi oubliée en pratique (ou alors en BINOME ou sous la supervision permanente d'un titulaire. BRAVO!).
L'évolution récente IUFM vers le Master enseignement ne change quasiment rien à tout ça. Les futurs profs Français passent trop de temps en cours et pas assez à en faire.
Quant à ce que disait Bashar sur le système anglo-saxon, tout dépend de quoi on parle. J'ai enseigné deux ans là-bas, et franchement, il y a de très bons côté comme de très mauvais. Ceci dit, vu que j'ai fréquenté de futurs profs Anglais, je le dis haut et fort : d'accord il faut lâcher quelque chose comme £1.000 l'année(*), mais en un an (ou deux, selon les universités) de vrai boulot intensif, on arrive à un bon enseignant. Après, les ratés, y'en a partout.
(*) Ca me fait penser aux école de journalisme où il faut lâcher 4.000 € minimum l'année. Mais je vais éviter de repartir dans mes diatribes quasi-quotidiennes.
Merci d'avoir lu mon essai
Je pense que tu as raison pour ma conclusion, je l'ai écrite plutôt rapidement alors que j'aurais dû justement répondre aux interrogations de l'intro, c'est dommage de ne pas faire correspondre les deux. Je me repencherai dessus.
Je n'aurais jamais pensé à comparer notre système avec celui de la Chine, j'ai été très surpris de voir pendant mes recherches que leurs écoles soient dans le top 3 des meilleures écoles du monde d'après l'étude PISA, même si ça ne date que de 2010 et qu'il lui manque la légitimité temporelle, celle de se maintenir dans ce classement sur le long terme. J'ignore tout de leur système d'éducation, qui a quand même l'air à la limite du militaire. Mais si je l'ai ignoré, ce n'est pas tant à cause de leur éloignement géographique que de leur éloignement culturel. Même avec la vague de libéralisation de cette décennie, la Chine reste tout de même une autre culture, avec une religion différente, un passé différent (surtout le communisme), un rapport aux choses qui est différent.
Les anglo-saxons en revanche sont trop éloignés de nous je trouve sur l'idée qu'ils se font de l'école. Comme tu dis, ils se basent davantage sur l'école privée que publique et sur la richesse que sur le vrai mérite. Et ils ne se posent pas la question de la masse d'élèves à gérer au niveau national, contrairement à nous.
La Finlande est, je trouve, proche de nous sur beaucoup d'aspects, et pas uniquement parce que nous sommes tous européens. Culturellement d'abord, nous avons eu des religions très similaires (chrétienne), nous sommes dans l'euro, ils sont très États-Providence comme nous, et leur façon de voir l'école est très similaire à la nôtre, c'est-à-dire qu'ils la conçoivent comme un service publique qui doit être de qualité et accessible à tous. De plus, avant la réforme des années 70, ils avaient des problèmes similaires à ceux que nous avons actuellement, et si ça n'est pas un signe…
Le Bashar a écrit :
Je n'avais pas pensé à cet aspect des choses, même si ce n'était pas si éloigné : je voyais ça plutôt comme la conséquence du fait qu'il y a une absence complète d'une vision globale de ce que l'on veut faire pour l'école. La seule vraie réforme est celle de la création de l'école, mais depuis on a essayé de rafistoler par petites touches alors qu'il faudrait refonder complètement le système. Beaucoup pensent qu'il faut aller davantage dans le modèle de la IIIe République, celui où les professeurs étaient le pilier principal de la France. Or cette époque est révolue, le système économique et sociétal a changé drastiquement depuis.
Sans compter que la France est un pays extrêmement centralisé, et qu'on a du mal à décentraliser, même s'il y a eu dernièrement des améliorations. L'évolution est trop lente.
Article trèèèèèèèèès intéressant quoique limité mais je comprends tout à fait pourquoi : Tu n'es ni un étudiant en train de rédiger un mémoire, ni un professionnel de l'éducation. J'aurais aimé, par exemple, avoir un apport théorique sur les méthodes pédagogiques et pas uniquement un compte-rendu concret.
J'avais déjà entendu parler du modèle finlandais et ce dont tu parles est passionnant notamment en ce qui concerne la prise en compte individualisée et les moyens donnés à l'autonomie de l'enfant.
Par contre, il me reste des questions notamment sur le rapport école-parents. A moins que je l'ai manqué, tu n'as pas abordé le mode d'interaction parents-professeurs. J'aimerais aussi beaucoup savoir s'il y a une carte scolaire comme en France ou si les parents sont libres d'inscrire leurs enfants dans n'importe quelle école publique.
Si je ne me trompe pas, tu n'as pas non plus parlé du système de notation. Les élèves finlandais sont-ils notés ? Si oui, à partir de quel âge ? etc...
Il manque aussi, à mon sens, une petite ouverture sur le supérieur. Quel est le rapport entre l'école et l'enseignement supérieur ? Comment les élèves sont-ils préparés à "l'après"? Un petit mot sur les universités finlandaises n'auraient pas été un mal.
Enfin, je ne comprends pas bien le lien que tu fais entre supression du stress et hiérarchisation directeur-prof.
Dragoris a écrit :
Là, je te trouve bien naïf. D'abord parce que ce serait inconscient de laisser un métier socialement si important sans un minimum de surveillance. Ensuite, parce qu'il paraît évident que le rôle d'inspecteur devient inutile à partir du moment ou il existe un rapport d'ascendance entre le directeur et les profs. (Chose pour laquelle je suis plutôt favorable).
Pour ma part, la question du sens de l'école requiert une réponse claire avant toutes choses, et les réponses que tu donne ne me satisfassent pas.
Tu propose plusieurs réponses populaires à l'objectif de l'école, par exemple celle de la "construction de la capacité critique de l'élève pour la survie de la démocratie" ou même celle de la "réussite sociale par l'obtention de gros diplômes", mais tout cela est contestable. En effet, est-ce que l'école est en elle-même un outil pour la démocratie, pour la suppression des inégalités sociales, pour la répression de l'opinion de l'individu ou même pour la vie active des parents ? C'est une vision un peu limitée, je trouve, pour cet élément indispensable de notre société.
On peut déjà constater que l'école n'a fondamentalement qu'un seul véritable objectif, celui de prodiguer une éducation aux enfants, de leur apprendre des choses, de prendre la place du parent dans l'enseignement du monde à l'enfant. En effet, de façon ancestrale, ce sont les parents qui se chargent de l'éducation de l'enfant, de lui donner les clés de sa survie dans le milieu hostile, des choses dont il aura besoin pour construire sa vie, survivre et transmettre les gênes parentaux (on parle bien de la survie de l'individu et de la conservation de l'espèce). Or, on peut déjà remarquer que la survie de l'individu et la reproduction sont des notions un peu dépassées : On est aujourd'hui bien loin de la survie individuelle ou de la reproduction, la vie de l'individu étant assurée par la société et la reproduction n'étant plus très utile en terme démographique, nous avons trop de monde sur cette planète.
On peut alors se demander le sens de notre éducation contemporaine, pourquoi existe-elle encore si la survie de l'homme est assurée par la société, si l'individu a finalement bien peu d'utilité ? Pour que la société fonctionne, pour qu'elle puisse exister et pourvoir aux besoins de la totalité. Dans notre système économique, cette motivation de l'individu pour se mettre au service du groupe est incarné par l'argent, ouvrant les portes des magasins de nourriture et du confort de l'individu en échange des services rendus à la société, au groupe. Or, ces services (notre travail qu'on accomplit) requièrent des compétences, compétences qu'on doit acquérir par le biais de l'éducation, de l'apprentissage. Le sens de l'éducation est donc celui du maintient de la société et de son progrès, considérant qu'on garde en objectif sous-jacent une volonté de l'améliorer.
Nous avons déterminé le sens de l'éducation, mais le sens de l'école reste quand à lui encore indéfini. En effet, si chaque parent transmet son métier, son savoir particulier à son enfant, celui-ci pourra exercer une profession, celle d'un de ses parents, et rendre service à la société. C'est sur ce point qu'on souligne plusieurs problèmes posés par une éducation de l'enfant par les parents :
Ainsi, l'objectif de l'école est multiple, entre combler les inégalités sociales, assurer un fonctionnement démocratique efficace, permettre la polyvalence et l'évolution de l'individu, garantir un enseignement réussit et accomplit pour les élèves, libérer le parent de ses obligations afin de lui permettre de remplir son rôle au sein de la société. C'est un élément clé du monde moderne qui n'est pas étranger à la réussite de notre avenir : Ce n'est pas avec une majorité de gens cons qu'on va régler les problèmes du monde et assurer l'avenir de nos sociétés, de la survie de groupe, de la survie de l'individu. L'éducation est même un des points majeurs, même le plus important, puisque c'est par l'éducation qu'on forme et conçoit ce que sera la prochaine génération (les dictateurs l'ont bien compris), ce qu'adviendra du futur de l'humanité, l'école est même le seul instrument qui permet d'orienter notre avenir. (Bilan : On est pas dans la merde)
L'apprentissage est donc la clé pour la réussite, on peut facilement considérer que l'état actuel de notre système d'éducation, de la nouvelle génération qui prendra en charge le monde, constitue l'état présent de nos sociétés dans une vingtaine d'années. (Bilan : On est pas dans la merde, moi pour mon avenir, vous pour vos retraites. )
De-là, que faut-il pour une éducation réussie ? Il faut déjà adapter le programme scolaire de façon à qu'il soit le plus polyvalent possible, qu'il pousse à l'apprentissage et au progrès, qu'il assure à l'élève un fort potentiel afin que celui-ci puisse rendre le futur un peu meilleur. (car nous l'avons vu, l'école est un pari sur l'avenir.) De même, il doit aussi doter l'élève d'une capacité certaine de participation constructive au système démocratique, c'est à dire un esprit critique, une capacité à cerner et à déterminer ce qu'il croit bon pour la société (et pour lui), et aussi une certaine capacité à vivre dans la société.
Pour ma part, je suis bien incapable de déterminer ce qui est bon pour les points ci-dessus, je n'ai pas la prétention d'en avoir les compétences, de même, c'est plutôt ardu de déterminer ce qu'il faut en pédagogie (je vais y réfléchir ) pour pouvoir assurer le succès de la transmission du savoir du maître à l'élève, de ce goût d'apprendre, de cet esprit critique et de l'investissement (constructif) citoyen.
Reste-il que tout ma réflexion reste invalide, je considère par défaut que l'objectif de la société est la survie en groupe qui vise à la fois à la pérennité du groupe et à l'amélioration de la condition de chaque élément du groupe (de façon secondaire), alors que actuellement il semble plus orienté vers la satisfaction à court terme de l'individualisme de chaque citoyen ( individualisme implanté dans le cœur de l'homme par deux cents ans de "rêve américain" et de quête de la réussite personnelle par l'argent)... Bon, je me tais, je vais finir par dire du politiquement incorrect.
Je file, mes parents sont en train de me stresser pour le travail.
Alors, j'ai vu et lu beaucoup de mots, des idées intéressantes, et je suis motivé pour écrire un pavé.
Or j'ai réfléchi un peu, et je me suis penché sur la maxime "une image vaut mille mots".
Dans le cas où je vous envoie une vidéo de 2 heures sur l'éducation en France et l'espoir selon lequel il serait possible de réduire les inégalités grâce à la culture, je crois que je touche à 24 images par secondes, 7200 secondes, soit 172800000 mots. Si l'on considère qu'une ligne fait environs 15 mots et qu'une page vaut à peu près 30 lignes (à l'ordinateur), ça me fait 384000 pages, soit le plus gros pavé qu'Aerie's Guard ait jamais porté.
Messieurs (parce que bon, "mesdames"...), je vous présente Franck Lepage, dans sa conférence gesticulée nommée "Incultures".
http://tvbruits.org/spip.php?article981
C'est la première vidéo en bas.
La suite du "spectacle" (il était sensé être unique au départ mais 5heures c'est long) peut se trouver sur youtube si vous avez le temps et la motivation (ce dont je doute)
En tout cas, moi j'ai battu le record du pavé virtuel! Qui dit mieux?
... Et en plus, ça a été réalisé en association avec "Le Pavé". Je crois que j'ai gagné une médaille là. "Recordpavéman"
Mais... On te paye pour dire des choses pareils ? Et encore, je reste poli quand je dis "choses"
Je regarderai ta vidéo ce soir je pense
Dragoris a écrit :
Si seulement!
Merci à vous d'avoir lu jusqu'au bout
Effectivement Cath, ce n'est pas un mémoire, je comprends que ça aurait été plus intéressant car plus complet, néanmoins je l'ai plutôt conçu comme une introduction générale et une réflexion globale sur notre éducation
Je n'ai pas pu récupérer de données sur la relation parents-professeurs, ceci dit je pense qu'elles ne sont pas si différentes d'ici, à part peut-être que le professeurs est très bien considéré, tandis qu'ici on assiste plus à une sorte de rejet. Pour l'inscription, il me semble que les parents sont libres d'inscrire leurs enfants où ils le souhaitent, mais c'est à confirmer. Mais ça me semble plutôt logique étant donné que la décentralisation est poussée à bout et que l'autonomie des écoles est tellement grande qu'elles sont toutes différentes.
Pour le système de notation, il y a un très court paragraphe juste avant la partie sur les professeurs finlandais
Je vais voir pour l'après-école, effectivement ça serait pas mal de l'intégrer ne serais-ce qu'un ou deux paragraphes, je vais regarder ça.
Cathaseris a écrit :
Hiérarchisation directeur-prof ? Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire. J'ai donné quelques éléments de réflexion, tout dans mon essai n'est pas axé sur la suppression du stress, mais également sur l'efficacité optimum recherché. Comme la décentralisation par exemple.
Cath', tu as mal compris mon raisonnement sur la confiance accordée aux professeurs : je parle de la confiance accordée par l'État. Évidemment que tout salarié dans une entreprise, tout comme le professeur dans l'école, est toujours un minimum jaugé par l'entourage, mais en France l'État insiste par tous les moyens à ce que les professeurs suivent un programme très strict et très encadré, et les inspecteurs sont envoyés pour vérifier. En Finlande, il n'y a pas d'inspection. On fait confiance au professeur pour faire son cours comme il l'entend.
Sbirematqui a écrit :
Faux, faux et encore faux
Premièrement, nous n'avons pas trop de monde sur cette planète, c'est complètement faux. On a assez d'espace pour intégrer encore plusieurs milliards d'individus, pas de souci niveau espace, besoins élémentaires en nourriture et eau, mais certainement pas avec le mode de consommation occidental, ça c'est sûr.
Deuxièmement, ancestralement parlant ce ne sont pas les parents qui font l'éducation de leurs enfants, mais bel et bien la société (mais pas la même que la nôtre, composée de millions d'individus, je parle de la société tribale). Ce n'est que dans une période relativement récente que les parents s'occupent intégralement de l'éducation de leur marmaille (et encore, cela s'est fait très progressivement, depuis les premières villes dans le croissant fertile jusqu'à aujourd'hui, l'heure de l'individualisation extrême).
Le reste de ton raisonnement m'a bien amusé, non qu'il soit ridicule, mais j'ai justement sauté cette étape pour en arriver à la même chose que toi à la fin : l'école sert donc à supprimer les inégalités sociales, à former des citoyens capables de réflexion, libérer les parents qui pourront travailler. Bref, exactement la même chose.
Ensuite, arrive le moment où tu en viens à te demander ce qu'il faut pour avoir une bonne école, et je te répondrai… ben comparons avec ceux qui savent y faire ! Exactement la réflexion que j'ai apporté dans mon essai
Sbirematqui a écrit :
J'ai une mauvaise nouvelle pour toi : tu es un homme de gauche
Sbirematqui a écrit :
Tu m'étonnes, y'a du boulot. Juge par toi-même :
Sbirematqui a écrit :
Niark !
Dragoris a écrit :
Oui, on peut réduire drastiquement le niveau de vie et ajouter trois ou quatre bons milliards de personnes, mais la question est, le faut-il ? Quel sens peut-on donner à une démographie explosive ? Avant d'essayer de rajouter des milliards d'humains, il faudrait peut-être essayer de s'occuper convenablement des milliards déjà présent... il en reste que la préoccupation reproductive de l'homme est en second plan, la survie de l'espèce ne tourne plus autour de la bite de l'individu mais s'échelonne d'une façon moins physique, au niveau de la stabilité de nos sociétés au niveau mondial et de leur capacité à résoudre les problèmes environnementaux et sociétaux qui s'imposent à elle.
Dragoris a écrit :
Qui a dit faux, faux et encore faux ?
Est-ce que la société a toujours été ? N'y a t'il pas eu une évolution de la société en même temps que celle de l'homme ? La nation européenne qu'on imagine aujourd'hui n'a pas été celle des pays ennemis d'hier, ceux-ci n'ont pas été constitués eux-même à partir des royaumes d'antan, qui eux-même ne sont que l'unification par la force de plusieurs domaines de seigneurs, domaines issus de l'unification de plusieurs tribus, elle-même nées par l'unification de différentes structures familiales ?
Les racines de la société sont à chercher avant le début des livres d'histoires, ce sont les premières familles qui ont débuté la grande histoire de l'homme social : La protection de l'enfant et son instruction à la survie. L'éducation s'est faite par la famille et toujours par la famille, c'est et ce fut toujours les proches de l'enfant qui lui enseignèrent la survie. Même chez le singe, c'est les membres de la tribu et plus particulièrement la mère du nouveau-né qui lui transmettent la culture de leur bande de singe. (par culture, j'entends rites sociaux, outils, savoir alimentaire... etc)
Quand tu me renvoies au fait que l'éducation de l'enfant faite par ses parents est un fait moderne, je dis non. Les parents sont les premiers à prendre en charge l'enfant et à lui transmettre du savoir, la prise en charge intégrale ne se fait peut-être pas par les parents en eux-même (j'ai du mal m'exprimer sur ce point), mais l'enfant reste borné aux capacités d'enseignement et aux savoirs (ainsi qu'au temps libre) disponible dans son environnement direct, soit (au mieux) sa famille et les amis de la famille... (On parle bien là de quelque chose antérieur à la professionnalisation de l'éducation) Quoiqu'il en soit, les problèmes restent les même, que ce soit par une conception réduite aux parents dont on néglige les digressions ou par une conception étendue qui inclue les personnes de l'environnement direct de l'enfant.
Dragoris a écrit :
Je n'ai pas dit que je n'étais pas d'accord avec toi, j'ai dit que les réponses que tu pose comme arbitraires me satisfont pas. Poser des réponses tirées de l'essentiel sans en proposer une justification sonne faux, cela revient à essayer de bâtir un château sur des sables mouvants.
Content d'avoir pu apporter un complément.
Dragoris a écrit :
Je nie et je ne revendique aucune orientation politique. Le système actuel est défaillant, mais il faut croire qu'on a pas trouvé mieux. Reste aujourd'hui à chercher des solutions qui résoudraient les problèmes de nos sociétés et en parallèle résoudre la crise globale de l'environnement.
Je ne me sens pas ni de gauche, ni de droite, ni centriste ou quoi, je veux pas m'identifier à un discours politique pré-construit que je n'approuve pas. Je pose juste un constat : Notre système actuel est voué à s’autodétruire (qui a parlé d'une croissance permanente dans un monde de ressources limitées ?), toutes solutions "rustine" pour éviter d'en changer serait retarder le problème (la prochaine génération règlera tous les problèmes), malgré cela on ne peut faire fracture dans le monde moderne (qui dit transition rapide dit déséquilibres, guerres intra et interétatiques, mis en danger des démocraties et libertés), on doit trouver un chemin de transition efficace et sans douleurs.
Je n'ai pas les réponses, dans le fond je n'ai pas de solutions.
Dragoris a écrit :
C'est pas forcément une bonne idée de transposer une chose très liée à l'environnement du sujet telle que l'éducation hors de son contexte, on risque de mauvaises interprétations, compréhension et mise en pratique. Pour moi, le raisonnement à faire doit être inverse, essayer de concevoir une éducation du point de vue théorique pour ensuite la confronter aux modèles "qui savent y faire" et en améliorer les défauts pour ensuite en confirmer la validité.
Mais bon, j'ai rien à faire là avec mes pavés sans sens, donc je sors.
Je pense également que tu mélange tribu et famille. Une des différences c'est qu'alors que dans une famille l'obéissance est liée aux ainés ayant un lien de sang, dans une tribu elle est liée seulement à l'âge. On doit obéissance à tout ainé quelle que soit sa famille. Dans nos sociétés on a ajouté la prérogative d'éducation à d'autres personnes, indépendamment de leur âge, grâce à une fonction : prof, éducateur, flic... dont le droit de faire obéir est normalement reconnu par tous. L’inconvénient c'est que du coup, l'obéissance par l'âge en dehors du cadre familial n'est plus reconnue. Ce qui en fin de compte réduit le nombre d'éducateurs potentiels au lieu de l'augmenter.
Mais le fait de ne pas reconnaître le droit éducatif en dehors du cadre familial (ce qui donne chez nous par ex le gosse qui envoie chier un adulte qu'il ne connait pas s'il lui fait une remarque sur un défaut de son comportement) est historiquement très récent.
De nombreux systèmes sociaux primitifs ne mettent pas de primauté à la famille et aux liens de sang. Certains ne les reconnaissent même pas. En tout cas il semble que ce soit plutôt l'extension de la taille de la tribu qui a permis l’émergence de la famille, et non l'inverse.
Sbirematqui a écrit :
La situation n'est pas aussi simple… On constate que la population mondiale augmente, mais elle tendra certainement à se stabiliser lorsque nous aurons atteint les 10 milliards d'être humains, à la fin du XXIe siècle.
Cette démographie qui augmente, se stabilise voire régresse (comme dans certains pays, citons l'Allemagne), est un enjeu majeur de la société, combiné avec le vieillissement de la population. Comprends bien qu'une population importe donne un poids politique extrêmement important dans une région donnée du monde. La France était la première population d'Europe à la fin du XVIIIe siècle (ce qui nous a donné une suprématie culturelle, politique, linguistique et économique importantes… Sans compter le rayonnement militaire). Si les Chinois font peur aujourd'hui, c'est avant tout pour leur population énorme (à tort ou à raison, c'est un autre débat). Sans celle-ci, ils nous feraient beaucoup moins peur. Idem pour les Indiens. Nous sommes moins effrayé par les Sud-Africains, qui ont vaincu l'apartheid mais qui aujourd'hui font du racisme envers les Blancs.
Tu ne peux pas écarter la problématique de la population d'un revers de main sous prétexte que l'environnement et les problématiques de la société sont plus importants, parce que tout est lié . D'ailleurs, le vieillissement de la population n'est-il pas un défi sociétal ?
Sinon je ne comprends pas, je trouve que tu te contredis :
C'est exactement ce que je dis. La tribu n'est pas la famille telle qu'on la connaît aujourd'hui. La tribu est l'équivalent du village, tu ne peux donc pas dire que ce sont les parents qui élèvent leurs enfants tout seul dans leur coin, tu viens de dire le contraire
Je pense que tu confonds famille et environnement proche. Aujourd'hui, la famille telle qu'on la conçoit dans la société française est composée du père et de la mère. Cela fait quelques temps qu'il n'y a plus les grands-parents à côté, les oncles et tantes, présents quotidiennement pour assurer leur part d'éducation. C'était le cas dans la tribu d'antan, mais la tribu n'est pas la famille ! La tribu, c'est justement la société. Et la société éduquait l'enfant. Aujourd'hui, c'est aux parents de s'en occuper, mais en même temps les élèves passent énormément de temps à l'école, c'est aussi leur éducation : obéissance au professeur, acquisition de connaissances, et compréhension du monde qui l'entoure, etc. Mais l'école, c'est quelque chose de trop récent pour être ancré dans nos gènes.
Sbirematqui a écrit :
D'ailleurs, je me demande si je ne vais pas l'intégrer à mon essai
Si ça ne te fais rien bien sûr.
Sbire, je te le redis, tu es un homme de gauche. Ça ne veut pas dire que tu adoptes la ligne d'un parti politique, tu n'es pas pro-PS, pro-Front de gauche ou pro-Les Verts, tu es juste, profondément et de ce que je vois, un homme qui a des valeurs de gauche. Ensuite, la politique est toujours faillible, décevante voire désespérante, mais ça ne signifie pas que, plus tard, tu ne te sentiras pas plus proche d'un parti que d'un autre. Voter pour un parti, ce n'est pas adopter tout dans son programme et dans ce qu'il fait, ça signifie vouloir l'influencer dans un sens plutôt qu'un autre. Si tu penses qu'il faut enrichir la France quitte à appauvrir la population, comme on le fait en Allemagne, alors tu peux très bien voter à droite même si tu n'es pas d'accord avec leurs idées sur l'immigration ou le droit des homosexuels. Si tu penses que favoriser la population favorisera forcément le pays, tu voteras pour un parti de gauche. Si tu penses que l'énergie et l'écologie sont au cœur de tout et que c'est le plus important, tu voteras les Verts, même si tu n'aimes pas tel ou tel point de vue dans leur parti.
De plus, personne ne te demande des solutions, mais on te demande ton avis lorsque tu votes
De toutes les façons, la maturité politique n'intervient pas à 18 ans. Moi, elle est venu à 22-23 ans.
Sbirematqui a écrit :
C'est ton point de vue, mais le mien c'est que puisque nous sommes très similaires, alors autant partir du principe qui est le leur, à savoir supprimer le stress et personnaliser l'éducation. Eux ont mis 40 ans à le perfectionner, quel dommage que de ne pas profiter de leur expérience ! Copions leur modèle, en enlevant deux ou trois choses, en rajoutant deux ou trois autres, mais en conservant l'objectif. Si certaines choses ne fonctionnent pas très bien, on peaufinera ensuite, mais ce sera toujours mieux que le système pourri actuel.
Et je te rassure, tu es tout à fait à ta place à lancer des pavés qui ont du sens
Sur la question d'importer le modèle d'un autre pays, je pense que tu devrais quand même être plus nuancé. Les finlandais sont dis-tu de culture chrétien, ok, ça c'est comme nous. En revanche je suis certain qu'il n'ont aucuns liens avec la culture méditerranéenne, alors qu'elle représente un poids très important chez nous. Est-ce que ça suffit pour créer des différences significatives ? je n'en sais rien, mais je pense que c'est très probable.
Je rebondis aussi sur la question du but de la scolarité. Qu'en attend-t-on ? Si notre objectif c'est de rendre les individus plus libre et plus aptes à se servir de leur libre arbitre, notre système présente de sérieuses lacunes. Si le but c'est juste d'occuper les enfants pendant que leurs parents travaillent, ne changeons rien (quoique, on peut sans doute obtenir la même chose pour un coût moindre). Si l'objectif c'est d'apprendre des fondamentaux utiles d'un point de vue global on est totalement à coté de la plaque. (j’entends pour de tels fondamentaux par ex : savoir cultiver des cultures vivrières, cuisiner, construire/entretenir des habitations, connaître les bases des premiers secours et de la médecine préventive, connaître des moyens simples d'éviter la pollution de l'eau et ceux qui permettent de la purifier avant de la consommer, ou encore connaître les réactions à avoir en cas de cataclysmes... bref ce genre de choses qui ne prendraient pas 15 ans à apprendre, mais pourraient résoudre facilement certains problèmes qu'on considère comme de grands fléaux mais qui sont, si je ne m'abuse, totalement absent de notre système actuel).
J'avoue que j'aurai tendance à penser que le rôle de la scolarité devrait plutôt tendre vers ce dernier choix, et laisser le soin de développement de l'intelligence aux individus eux-mêmes qui n'ont pas besoin d'être poussés pour grandir puisque ça se fait tout seul (en revanche, ne pas nuire au développement normal serait souhaitable).
De toute façon je pense qu'il est difficile de savoir exactement quels sont les éléments et leur proportion qui permettent de savoir à quel point nous sommes différents. Le but de ma réflexion ici n'est pas de proposer des solutions, mais de montrer ce qu'il est possible de faire, en regardant chez un peuple qui, malgré leurs différences, nous ressemble beaucoup plus que d'autres. En montrant ce que l'un de nos voisins fait, je veux montrer les possibilités et les objectifs que peut se fixer l'école pour être performante. Trop souvent, j'entends des discours radicaux qui me font mal au cœur, que ce soit la bonne baffe de temps en temps pour le chieur, ou le retour à la IIIe République, sorte de paradis perdu de la scolarité (alors que bon, on n'est plus à la même époque et je suis sûr que le modèle serait aujourd'hui obsolète).
Je suis comme toi d'avis que nous devrions connaître la base de la survie, ne serais-ce que savoir faire du feu, savoir se nourrir, etc. comme ce que tu as décrit, mais bon, déjà si l'école pouvait éviter de traumatiser tout le monde dès le départ, et surtout les enfants, je pense que l'on serait bien parti.
J'ai modifié l'intro et la conclusion d'après vos remarques.
Concernant un element cité dans le texte, je trouve personnellement qui faut laisser la voie de formation à suivre à ses enfants. Souvent, des parents (bourgeois) veulent être fier de leurs enfants (pour ne pas dire de l'orgueil), voir le film "Le Cercle des Poètes Disparus" pour un bon exemple.
La voie de l'apprentissage pour exercer un métier manuel (mécanique de précision, horlogerie, menuiserie-ébenisterie, etc...) est pourtant tout aussi édifiante. J'en témoigne pour avoir fait un apprentissage d'horloger, contre l'avis de mes parrents et je ne le regrette pas. J'ai enchaîner après par l'école d'ingénieur avec un peu de difficulté et me retrouve avec un diplôme qui donne de nouvelles aptitude, mais m'as donnée nettement plus de fil à retordrelors de mes recherches d'emploi. (places dignes d'ingénieur plus rares que des postes d'horlogers pour lesquelle je suis surqualifé aux yeux des recruteurs.) Du coup je regrette quelque peu de ne pas retourner à l'établi et je passe mes journée devant un ordi à faire de la construction de mouvement, ce qui me plaît mais me permet pas de toucher avec des vraies pièces d'horlogeries.
Ne peux-tu pas te créer ton atelier chez toi ? Ça demande un outillage trop cher/gros/spécifique ?
Une lecture très intéressante... particulièrement sur le cas finlandais qui si je le savais différent, n'en savais pas en quoi...
J'aimerai vraiment voir arriver ce système éducatif en Belgique parce que bien qu'il y ait pas mal de changements pour le moment, c'est principalement dans le système de notation et pas vraiment dans la façon d'enseigner...
Et je ne sais pas si ça faisait partie de tes sources Dragoris, mais ma référence du moment sur la critique scolaire c'est cette vidé
http://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE
Pourtant ça serais plus facile de faire apprécier l'école si au lieu de propagande parfois très grossière on travaillait le sens critique. Certains profs essaient (malgré toutes les pressions du système).
L'ennui c'est que ce n'est pas facile à évaluer, le sens critique. Or la centralisation de l'éducation implique une nécessité d'évaluation...
Je pense que cette règle n'est pas gravée dans le marbre. Les pays d'Europe qui s'en sortent le mieux au niveau de l'éducation introduisent l'évaluation très tard et pas du tout de la même manière que nous.
Est-ce que ces pays sont comparables en terme d'échelle à la France ? Je pense qu'il y a une épaisseur de bureaucratie (qui existe également aux Etats-Unis) qui doit justifier son bilan par des analyses chiffrées, des résultats mesurés et des tableaux comparatifs, ce qui motiverait la mise en place d'une évaluation serrée qui n'aurait rien à voir avec l'objectif noble de l'éducation.
Ertaï, je pense que c'est davantage la manière de faire (idéologique) qui pose problème plutôt que la cause pratique (nombre d'élèves à gérer). En Finlande, on fait confiance à l'élève. En France, on le surveille.
Je n'ai jamais ressenti cette surveillance, que ce soit en tant qu'élève, ou bien de la bouche d'enseignants. Par contre, la pression bureaucratique est revenue régulièrement dans nos discussions, les évaluations obligatoires et absurdes, le manque de soutien des différentes administrations, proches (direction d'établissement) ou lointaines (inspections) jusqu'au renouvellement ubuesque de programmes qui ne seront de toute façon jamais couverts dans leur intégralité.
Pour moi les évaluations constantes des élèves est une surveillance, de qui est intelligent, qui ne l'est pas assez pour s'adapter.
Mais tu as raison, il n'y a pas que les élèves qui sont surveillés, il y a les profs aussi.
Pour moi ce n'est pas de la surveillance parce que rien de particulier n'est fait si tu échoues aux évaluations, même de façon répétée. Au pire, tu redoubles, mais il n'y a pas de "punition" pour échouer les évaluations autre que les avoir échouées en premier lieu.
Je suis sûr que de nombreux redoublants ne seront pas d'accord avec toi, et pensent que le redoublement constitue une sorte de punition, une sorte de marque signifiant que tu es trop nul par rapport au reste.
Ne mélangeons pas tout. Redoublement et évaluation ne sont pas forcément liés. L'un peut d'ailleurs exister sans l'autre. Dans l'école Freinet ou je travaille il n'y a pas de notes mais il y a bien des redoublements.
Par contre, je ne reste pas d'accord avec Ertaï, l'évaluation n'est pas une fatalité quelque soit la densité de population. De plus, l'évaluation n'a pas besoin de punitions explicite. Pour les élèves qui n'y arrivent pas, elle est déjà une punition en soi. Que va penser un gamin qui s'est acharné au travail sur une copie et qui finalement se voit attribuer une mauvaise note ? Je reste persuadé qu'elle appuie sur les difficultés des gamins et les maintiennent dans un climat d'échec.
Attendez, ôtez-moi d'un doute. Nous parlons bien d'évaluations chiffrées ? Parce que des évaluations d'acquisition des connaissances et des compétences de l'enfant, il y en a dans toutes les écoles.
D'ailleurs en parlant d'évaluation chiffrée, on vient de me faire remplir un bilan annuel au boulot. Au programme, une série de question personnelle à laquelle je dois répondre avec une note de 1 à 5. Première question : Avez-vous lu et compris le projet pédagogique de la structure ? Si je note "2", ça veut dire quoi ? Que je l'ai juste un peu compris ou que je l'ais lu au 2/5e ? (Heureusement, il y a de la place pour donner une réponse écrite.)
Je n'ai pas dit non plus que l'évaluation était une fatalité, juste qu'elle s'est imposée en France comme un modèle permettant de rendre des rapports sur l'éducation, en perdant de vue la notion d'éducation au passage. Et oui, je parlais bien de l'évaluation chiffrée, des notes.
Comme toi, je suis convaincu qu'elle n'est pas dans l'intérêt des élèves, mais bien dans celle de l'Education Nationale.
Je me souviens pourtant très clairement de nombreuses sortes de punitions en cas de mauvaises notes, des lignes à copier en passant par des exos supplémentaires jusqu'à l'heure de colle et j'en passe. A priori c'était au choix du prof, il faut croire que je suis tombé régulièrement sur des profs punitifs (?)
Au sujet de l'évaluation, j'ai regardé il y a quelques temps le cahier de ma nièce qui est au CP : il n'y a pas de notes, mais un tableau long comme le bras de cases de trucs qu'il faut avoir acquis, et le prof met une croix en allant de "pas acquis", "en cours d'acquisition" et "acquis". J'imagine que l'idée c'est d'éviter le recours aux notes, sauf qu'en pratique ça revient quand même en pleine tête du gamin puisqu'évidemment que si son évaluation est remplie de "non acquis", les adultes qui l'entourent ne vont pas l'étouffer de compliments. Les élèves vont bien discuter entre eux aussi pour se faire leur petite compétition. Bref.
Et bien sûr la bureaucratie a fait son oeuvre parce que moi en lisant la liste des trucs qu'il faut acquérir au CP, il y en a un bon tiers dont je ne vois même pas la signification. Et je pense à la pauvre prof qui doit se farcir toute cette paperasse pour tous les élèves, y'a de quoi devenir dingue.