Moderniser le cyberpunk

Le cyberpunk est un genre que j’aime bien et j’aimerais bien m’y essayer mais pas sans le dépoussiérer un peu.


Le cyberpunk est un genre littéraire à l’origine (aujourd’hui, il est multimédia). Il met en scène un futur proche dystopique, pessimiste et violent. Il aborde des thèmes comme les méfaits du libéralisme sauvage et l’invasion de la technologie dans tous les aspects de notre quotidien (notamment la cybernétique et l’informatique).

Étrangement, alors que ces thèmes sont plus que jamais d’actualité, le cyberpunk est aujourd’hui sous-représenté dans la littérature, le jeu vidéo ou la bande-dessinée. Je pense qu’il y a encore beaucoup à dire au travers de fictions cyberpunk. C’est pour ça que j’ai envie de m’y mettre.

Voilà, pourquoi je voulais vous demandez comment vous vous aborderiez les thèmes du cyberpunk à l’aune des évolutions technologiques et sociales du XXIe siècle ?

Personnellement, je vois déjà quelques pistes à explorer.

Les réseaux sociaux

Phénomène relativement récent, les réseaux sociaux n’ont, à ma connaissance, pas été tellement traité par la SF moderne.

L’idée d’imaginer leur place dans un futur proche me semble pourtant intéressante. Dans un univers en plus en plus voyeuriste et laissant de moins en moins de place à l’intimité, on peut imaginer un réseau social indispensable à vie en société. Faisant office de CV, de carte d’identité et de carte de visite, ce réseau social omniscient, plus indiscret que Facebook serait une véritable vitrine sociale pour tous. Chacun aurait sa “page” ouverte dès la naissance avec les informations de base (âge, sexe, lieu de naissance comme une carte d’identité avec pourquoi pas des infos génétiques et médicales devenues publiques). Remplir sa page avec d’autres informations ne serait pas obligatoire en soi mais la pression sociale serait si forte que cela deviendrait nécessaire. Aussi indispensable que le portable aujourd’hui.

La gamification

On pourrait imaginer que ce réseau social, abriterait un outil qui noterait tous les aspects de notre vie en niveau (Père Niveau 3, Cadre niveau 9, Ami niveau 7). Conçu soit-disant pour nous aider à nous améliorer (à être un meilleur Homme) ce serait surtout un outil pour nous faire entrer plus ou moins violemment dans la norme socialement admise.

En effet, ce système fonctionnerait en points d’expérience fictifs à accumuler en énonçant ses réussites réelles. Il inciterait tout le monde à révéler encore plus de sa vie privée.

La “démocratie” participative

Un concept très à la mode dans certains milieux politiques. Le principe très simple est de faire participer plus activement les citoyens à la vie de la cité en leur demandant directement leur avis. L’idée est louable mais avec un brin de technologie et beaucoup de cynisme, il est possible d’en faire quelque chose de totalement infect. Imaginez, vous êtes en train de vérifier votre courrier électronique et d’un coup une page s’ouvre. Un homme risque la peine de mort pour le meurtre de sa femme, vous le saviez vous avez suivi l’affaire par l’intermédiaire de l’émission d’info-divertissement qui a couvert le procès. Maintenant, le jugement va tomber et le jury, c’est vous ! En un clic vous envoyez votre réponse. Si les votes “coupable” atteignent plus de 51% l’homme mourra. Peut-être aurez-vous la chance d’être sélectionné pour décider du mode d’exécution !

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15 Commentaires

  • Hello,

    Très bonne idée ! Mais Je trouve qu'ils sont plutôt gentillets tes exemples a mon gout. J'ai une culture cyberpunk très influencé par la série TV "Au delà du réel" et par d'autres ouvrages du type BD. D'ailleurs il me semble que c'est dans le domaine de la BD que l'on retrouve les meilleures histoires.

    Par exemple avec la série "SOS Bonheur" qui raconte de plusieurs point de vues la dérive d'une société qui a tout misé sur l'informatisation pour diriger la vie des gens. La "CU" (la Carte Universelle) devenant l'unique preuve de l’existence légal et réel d'un individu. Vous avez vu à quoi ressemble les nouvelles cartes d’identités ?

    On peut également aujourd'hui se baser sur un fait réel : la 4eme guerre mondiale, si elle a lieu, commencera par des frappes via des attaques informatiques. La CIA bosse dessus depuis des années sur ce qu'il surnomme le projet Manhattan 2. De quoi mettre la chair de poule, sachant que très récemment les Coréens du Nord ont montrés qu'ils étaient également capable de frapper par ce biais là. Plus besoin de se menacer avec des têtes nucléaires quand on peut paralyser un pays entier en appuyant sur un bouton.

    Ce qui est bien de nos jours avec les histoires cyberpunk, c'est que l'on vit cela en live razz

  • Tes exemples sont effectivement tout à fait pertinents et ce même si tu n'en explicites pas la pleine et entière perniciosité. Je suppose que tu peux développer ces aspects dans tes écrits finaux.

    Pour continuer sur les cyber attaques, cela se combine vachement bien avec chaque élément que que tu as décrit : il serait possible "d'effacer" quelqu'un en piratant ses données de réseau social, ou au contraire de se forger un passé prestigieux avec des niveaux de gamification mal acquis, ou encore influer sur les votes au niveau local, régional ou même national et supra-national en modifiant certains votes à l'insu des votants ou en créant des votes de toute pièces.

    Cela existe déjà, mais tu peux déjà imaginer une branche militaire entièrement dédiée au cyber combat qui surpasserait en hommes les armées de terre/air/mer presque entièrement composées de drones.

  • Comme Human Ktulu, je trouve que tes exemples sont plutôt gentillets, le cyberpunk c'est avant tout un univers très noir quand même, bien plus que ce que tu proposes.

    Ce que tu proposes me fait davantage penser à Black Mirror, je ne sais pas si tu connais, cette série anglaise est fabuleuse, et tu pourrais y piocher des idées. Sans être cyberpunk tout à fait, elle met en place des histoires assez sombres (chaque épisode est un histoire à part des autres) sur les dérives possible d'une société modifiée par la technologie, et ce que la nature humaine peut avoir de plus vil. Je te conseille particulièrement l'épisode 2 de la saison 2 (La chasse).

    Il y a aussi le court-métrage Sight. Même si je ne suis pas fan de la fin, l'ambiance générale reste assez sinistre.

  • Je trouve que les exemples sont trop proches de nous. Je verrais plutôt l'histoire de l'opposition entre ceux qui continuent dans le rêve pan-techno, mais qui seront très peu nombreux, et tous les autres revenus au moyen-âge faute de ressources pour alimenter la boulimie de ce rêve. Dans un des monde on n'existe que via son avatar numérique, dans l'autre tout ce virtuel n'a juste aucun sens.

  • Mais c'était déjà le cas dans le cyberpunk "classique", non ? Ce que tu décris me paraît être une des bases du cyberpunk. L'augmentation des inégalités entre les riches pantechnos et une plèbe atechno qui vit des miettes.

  • Le cyberpunk à la base ça n'est pas l'invasion de l'humain par la technologie ? À commencer par l'invasion du corps (implants technologiques pour une humanité "améliorée") et implants organiques dans les robots.
    À mon avis l'objectification des organes humains c'est plus insoutenable que l'outing des données privées. Du coup je ne vois pas bien quel est l'impact dramatique de ton dépoussiérage.

  • Les exemples de cyberpunk que je connais le mieux c'est ghost in the shell et l'univers de fred duval en BD des séries carmen mccallum et travis. Dans les deux, s'il y a effectivement des pauvres, l'écart entre riche et pauvres ne semble pas plus grand qu'il n'est aujourd'hui, ce qui ne semble pas très réaliste vu qu'il grandit à vitesse géométrique. Le problème de la source de l'énergie qu'ils consomment n'est pas explicité non plus, et c'est pour moi la plus grosse faille de ces univers. Parce que des robots et prothèses articulées on sait en faire depuis longtemps. Mais sans un câble dans le dos, leur autonomie fait pitié.

    Sinon tout comme spiceguid je pense que l'invasion du corps par des corps étrangers et plus préoccupante que le fichage des données. Le fichage moderne utilise des outils certes différents, mais le principe n'est pas récent du tout. Même les réseaux sociaux, ils ne font que remplacer des mécanismes qui ont toujours existé. Avant facebook on mesurait sa popularité au nombre de gens qui te lèchent les bottes, maintenant c'est au nombre de "like", mais pour moi c'est pareil.

  • Je ne vois pas pourquoi le fait de ne pas expliciter deviendrait un problème. Si une histoire se passe dans un univers cyberpunk, et qu'elle est destiné à souligner les dangers de l'invasion de l'électronique et de l'informatique dans nos vies, expliquer comment il est possible d'avoir des batteries plus performantes ou pourquoi l'écart entre riches et pauvres n'est pas plus accentué n'est que secondaire. Tout comme le voyage dans l'hyper-espace n'a pas besoin d'explication précise pour raconter de la SF.

  • Pour améliorer l'autonomie d'un robot il n'y a qu'à lui implanter un cœur et des poumons prélevés sur un humain qui n'a plus les moyens de payer le loyer de sa cryo-prison.
    Parce que pour moi "dépoussiérer" le cyber-punk c'est enlever ce qui lui restait de scrupules et de limites morales. Quitte à faire le mal faisons le bien.

  • @drago
    C'est possible mais il y a quand même quelque chose qui me gène. Peut-être que ça vient du fait que les univers cyberpunk sont beaucoup plus proches de nous. Ou alors ça vient aussi du fait que l'hyperespace c'est un pirouette, mais on te la donne, alors que dans GITS, on ne te donne même pas une pirouette qui expliquerait le miracle des sources d'énergies des cyborgs. Ou alors mon sentiment vient encore d'autre chose, je ne sais pas quoi.

  • Je pense au contraire que la perte de vie privée est beaucoup plus préoccupante que des prothèses artificielles à part le cerveau. Les plus ou moins récentes productions cinématographiques montrent bien que si ça ressent des émotions comme des humains, nous sommes capables d'empathie et d'identification, quelle que soit la forme.

    Au contraire, la publication tous azimuts de nos données privées est une sorte de torture psychologique bien plus insidieuse, une pression sociale qui ne vient plus seulement de nos cercles sociaux proches, mais qui peut venir du monde entier. J'y suis d'autant sensible que j'ai personnellement régulièrement besoin de m'isoler du monde extérieur (qui inclut ma femme et ma fille) pour me ressourcer, et que la perte de ces instants privés rien qu'à moi me transformerait en sorte d'automate atone, remplissant mes devoirs sociaux sans affect, comme mort de l'intérieur.

  • Et pourtant le concept même de "vie privée" est très récent d'un point de vue historique, ce qui tendrait à montrer que ne pas en avoir n'est pas du tout fatal wink
    Ne pas avoir de vie privée, c'est devoir exposer tous ses secrets à nu, or, si on ne veut pas le faire c'est uniquement à cause du regard des autres sur ces "secrets" dont l'intérêt et/ou l'infamie est totalement relative.

    L'isolation que tu recherche, ne peut-elle pas être obtenue en étant seul au milieu d'une scène même s'il y a mille regards sur toi ? ou alors est-ce que ce que tu recherche c'est la sensation qu'il n'y a aucun regard sur toi, auquel cas on peut obtenir ça en plein milieu d'une foule ? (et dans ce cas, tu pourrais te sentir seul même si tu était 100% épié, du moment que c'est à ton insu, non ? ).
    Je ne vois pas ce que la pression sociale a gagné ou perdu avec l'avènement (ou l'absence) du concept de vie privée. perplexe La pression sociale ne me semble pas du tout faible aujourd'hui, alors qu'on est censé être très protégés et très libres.

    Par contre l'altération de ce que nous sommes par le mélange avec des corps étrangers peut avoir toutes sortes de conséquences remarquables, et ça, c'est historiquement nouveau.

    Ceci dit je serais curieux de voir comment vous traiteriez le problème de la publication de données privées, histoire de mieux le comprendre.

  • Le Bashar a écrit :

    alors que dans GITS, on ne te donne même pas une pirouette qui expliquerait le miracle des sources d'énergies des cyborgs.

    Maintenant que tu le dit ... c'est drôle je n'avais jamais fait attention a ce détail !
    Cela dit il y a peut être un indice dans le 1er film (lorsque Motoko se démembre en essayant d'ouvrir le tank), puisque le cyborg semble être conçu comme un organisme vivant, avec des fibres musculaires qui nécessite a priori d'une oxygénation (sinon à quoi leurs serviraient l'attirail d'homme grenouille) et un apport de nutriments (la fameuse "cyber-bouffe", composé à 98% de gluten et d'une goute de micro-machines). Dans un autre épisode de SAC, il est dit également que les cyborgs sont surnommés les "sang-blanc".

  • Le Bashar a écrit :

    Ceci dit je serais curieux de voir comment vous traiteriez le problème de la publication de données privées, histoire de mieux le comprendre.

    Personnellement si j'avais à traiter le sujet je concentrerais mon attention sur les données à interprétation sécuritaire (au sens large). Ce qui intéresse le grand public ça n'est pas qui est Cadre de niveau 9. C'est qui est pédophile/salafiste/... de niveau 1 et plus. Ce qui inquiète nos compagnes c'est quelles sont nos attirances sentimentales et sexuelles. À mon avis s'il y a un avenir dans la publication d'informations privées c'est dans la monétisation de toutes les angoisses infondées et/ou irrationnelles qui cherchent des traces objectives pour s'auto-alimenter.

  • J'ai l'impression que pour ça on n'a pas besoin des données privées, mais seulement d'une croyance du plus grand nombre en la "valeur" de ces informations, à l'exemple de la presse people (ou normale remarque) qui peut bien raconter n'importe quoi du moment que ça fait vendre. Pourquoi serait-ce différent pour des banques de données personnelles ? Les intérêts en jeu seraient bien assez grand pour motiver toutes les falsifications.

    @humanktulu: j'ai toujours pensé que la nourriture cyborg c'était comme la compote de robocop, un substitut pour alimenter le reliquat d'organes biologiques, mais que tout le reste est mu par des batteries qu'il faut recharger. Quand au scaphandre, je crois qu'il précisaient quelque part que c'était parce que les cyborgs ne sont pas tous waterproof.

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