Adeptie

Je suis ce que je suis, mais je ne suis pas ce que je suis car si je suis ce que je suis alors je ne suis pas ce que je suis. Qui suis-je ?

Ces mots virevoltaient dans sa tête. Elle les tournait et les retournaient, sans en comprendre le sens. Elle réfléchissait tellement qu'elle en oubliait le sol glacial et la douleur que lui procurait le sol de pierre. Pourquoi fallait-il toujours que ce genre de choses lui arrive !
Cette devinette n'avait aucun sens. Quelqu'un était lui-même, mais il n'était pas lui même, car si il était lui-même, il ne serais pas lui-même. A moins qu'un des verbes ne soit pas le verbe "être" mais le verbe "suivre".

- " Alors ma pierre, on trouve ?
- Fiche moi la paix, sale nabot. Je te dirais quelque chose quand j'aurais trouvé ! "

Ce qui ferait que la personne est ce qu'elle suit, mais qu'elle ne soit pas ce qu'elle suit parce que si elle était ce qu'elle suit, elle ne serait pas ce qu'elle suit... aucun sens. La personne suit ce qu'elle suit mais elle ne suivait pas ce qu'elle suivait... ridicule. La personne était ce qu'elle était, mais elle n'était pas ce qu'elle suivait car si elle était ce qu'elle suivait, elle ne serait pas ce qu'elle est... potable, même correct. Ça pouvait même être ça... Voyons...
Cette phrase lui tourna dans la tête, elle parcourait ces mots, tel un labyrinthe, puis, par bonheur, une idée passa dans sa tête, la sortie de ce dédale, un très ancien souvenir, celui d'un sage lui posant une devinette... la même question...

" L'image de la Vie avant la Mort ! " Cria-t-elle.

Un silence s'installa, plus rien ne bougeait, pas un son. Elle se leva, comme mue par une soudaine intuition et se dirigea vers l'escalier. Elle avait vu juste, le mur n'était plus là. Une pâle lumière descendait dans les escaliers... l'aube. Elle était restée toute la nuit dans cette fichue cave à réfléchir à la devinette...
Elle retourna dans sa chambre, les membres traînant. Les serviteurs qui s'activaient dans le château croyaient parfois à un fantôme qui se baladait dans les couloirs jusqu'à ce qu'elle leur adresse un "bonjour" à moitié endormi. Quand elle arriva à sa chambre, elle regarda son lit. Tant pis pour le concours de tir à l'arc... quoique... Elle sorti, intercepta un serviteur et lui demanda si il pouvait la réveiller pour le concours. Le serviteur acquiesça avec un "oui madame" puis reparti en courant.

Comme promis, le serviteur la réveilla. Après une pièce d'or remise, il reparti en courant comme la dernière fois dans les grands couloirs parsemés de vitres. Encore endormie, elle se dirigea vers son manteau, sorti un paquet de feuilles et l'ouvrit. Il contenait un bloc d'herbes brunes, dont elle prit un petit bout et l'avala. Après quelques frissons, elle se sentait fraîche et disposée. Elle s'équipa, et partit pour le concours, toujours dans son grand manteau, afin de garder l'anonymat.
Comme la veille, elle remporta le concours, mais après ça, elle regagna son bon lit moelleux et s'affala dessus.

Jade se réveilla, fraîche et disposée, mais la nuit, car la dernière soirée l'avait complètement déréglée Les voix se firent entendre de nouveaux. Ah non, pensa-t-elle, pas encore. Elle ouvrit les yeux pour découvrir le chevalier d'ombre juste au-dessus d'elle, l'épée à la main, prêt à la frapper. Jade eu juste le temps d'esquiver en se roulant hors de son lit, puis se releva vite fait, se préparant au combat, et malheureusement pour elle, ses armes n'étaient pas à portée de main. Le chevalier se déplaçait assez lentement, sûr de lui, il ne faisait aucun geste inutile, aussi silencieux qu'une ombre... logique puisque s'en était une, et d'un coup, il se métamorphosa en la tâche d'ombre. Cette fois, se dit Jade, je le suis... mais pas jusqu'à la cave. Elle le suivit donc dans les grands couloirs de pierre parsemés de grandes fenêtres, courant, s'arrêtant des fois. Jade était sûre que l'ombre se savait suivie, mais elle se cachait quand même. Puis d'autres pas survinrent dans le couloir. Elle se cacha vite fait dans un coin d'ombre, enveloppée dans sa cape. Un groupe des plus bizarres apparut. Un Elfe aux yeux et aux cheveux de jais, apparemment voleur, car habillé exclusivement de vêtements noirs, lui couvrant jusqu'au bas du visage, un Humain aux cheveux bruns, et aux yeux verts, assez musclé, portant deux sabres, une femmes Thrakallar, à la peau bleu claire, cheveux noirs, et yeux verts, perçants. Elle était vêtue à la façon des brigands, ainsi qu'armée d'une arbalète et d'une rapière... classique. La tête de Jade se leva, pour découvrir dans le groupe un Minotaure, aux poils bruns, des yeux rouges, et armement non commun pour ceux de leurs espèces, une masse, une étoile de fer, et une hache à deux mains – cette dernière arme étant la plus commune, puis elle redescendit un peu la tête pour apercevoir un Pikeeran, au plumage noir, comprenant de petits reflets bleutés, et aux yeux rouges.

Les Pikeerans étaient au tout début de simples oiseaux, puis le flux magique les transformèrent. Ils mesuraient aujourd'hui dans les deux mètres dix, étaient capables de se tenir droits comme les Humains, et pouvaient modifier leurs cordes vocales afin de produire différents sons et de parler plusieurs langages. Les Pikeerans étaient aussi aujourd'hui les gardiens de la connaissance. Il s avaient une apparence majestueuse, surtout en vol, et, bien qu'ils vivent dans les arbres, et se nourrissent de se que leur offre la nature, c'était l'espèce la plus intelligente de ce monde. Ils maîtrisaient le plus souvent la magie et d'un art inégalé.

Le groupe suivait lui aussi l'ombre. Tant mieux, songea Jade, ça évitera que je me perde, avec le bruit qu'ils font. Elle les suivit donc dans les corridors immenses du château, et encore une fois, l'ombre descendit dans la cave. Les étrangers, après un petit instant d'hésitation, y pénétrèrent eux-aussi. A son plus grand regret, Jade les suivit, mais cette fois, l'ombre disparu dans le sol. Elle entendait quelque fois, une petite voix émergeant du minotaure, la même que celle de la veille... La petite forme apparut tout près du géant bovin, toujours emmitouflée dans une cape. Jade avait entendu parler des petits diablotins qui accompagnaient les minotaures, quand ils sortaient du Vortex.

" Il est lent et bête le grand... "

Après ces quelques paroles de la part du diablotin, le minotaure tourna la tête dans la direction de Jade, et écarquilla les yeux en la voyant. Il parla d'un voix grave :

" Là-bas ! " Dit-il en désignant Jade

Tout ses compagnons se tournèrent vers elle, prenant leurs armes. Jade se leva tranquillement, essayant de prévoir le moment ou la Thrakallar brigand décocherait son carreau d'arbalète.

- " Qui es-tu ? Demanda l'elfe.
- Et vous ? Que faites-vous ici ? Répliqua Jade.
- Nous sommes à la poursuite de quelqu'un, répondit le Pikeeran.
- Eh bien, il semble que nous soyons à la recherche de la même personne, ou plutôt devrais-je dire, de la même ombre, mots qui détendirent les étrangers. Puis elle ajouta après un silence : je m'appelle Jade. "
L'elfe s'approcha, fit une révérence : " Ujiro Takeshia.
- Vegnaguor, grogna le minotaure.
- Baralay (prononcer Baralaï), maître d'arme, dit l'homme.
- Zirtan Urthana ", renchérit le Pikeeran.

Seule la Thrakallar brigand n'avait rien dit. Elle semblait perdue dans ses pensées, mais un bout d'un petit moment et d'un coup de coude discret de la part de l'elfe, elle leva la tête.

" Paine "

Une fois que les présentations furent faites, la petite voix nasillarde s'exprima encore.

" Cherchez le rouge sur les pierres ! "

L'elfe se retourna vers le groupe.

- " Qui a dit ça ?
- Euh... j'en sais rien ", répondit l'humain.

Ils se tournèrent tous vers Jade, qui ouvrit les mains en signe de négation, puis vers le Pikeeran.

" Pourquoi vous me regardez comme ça ? J'ai rien fait ! S'exclama-t-il.
J'ai vu des points rouges sur les murs ici hier soir ", dit Jade.

Tout le groupe se tourna de nouveau vers Jade.

" Hier soir ? Interrogea Baralay.
J'avais déjà repéré l'ombre, et l'avais suivie ici. Mais c'est sans importance ! Répondit-elle, on grand sourire forcé sur les lèvres.
Montrez-les nous ", dit Ujiro.

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