Adeptie

Jade se réveilla, au beau milieu d'une multitude d'arbres grouillants de vie. Il lui semblait avoir dormi une éternité. Le soleil de l'aube éclairait de toute sa splendeur les feuilles, les fleurs, ainsi que tous les éléments de la nature présents. Elle resta un instant, allongée, devant ce magnifique décors, puis réalisa que Tonnerre n'était plus sur elle, son équipement lui aussi, avait disparu. A ce moment, elle prit peur.
Elle se leva d'un bond, puis poussa un gémissement plaintif, à cause de la douleur émanant de son dos. Puis elle se rappela : Siya, les Nains, les mines, les Erlaux, le combat, l'invocation. Et elle se retrouvait dans cette forêt, perdue au beau milieu de nulle part, sans son fétiche électrique et sans nourriture. Les Adeptes ayant besoins de leurs fétiches pour capter l'énergie magique ambiante et la transformer afin de lancer leurs sorts, elle se retrouvait également sans sorts.

" Remarque, songea-t-elle, avec tous les animaux qui rôdent dans les parages, se nourrir ne doit pas être difficile ici. "

Elle commença à marcher vers ce qu'elle supposait être le Nord, puis entendit un craquement de branche non loin. Elle se tapit dans un buisson, et surveilla. Une forme arrivait, avec un petit relief sur le flanc gauche reflétant dans les moindres détails une arme.
La forme était assez proche, Jade prit alors appui sur ses jambes et se propulsa de toutes ses forces sur sa cible. Elle atterrit juste dessus. Elles heurtèrent le sol avec une extrême violence, glissèrent, et faillirent manquer un arbre. Jade se releva comme un éclair, mit un coup de pied dans la forme au sol, puis prit l'arme de sa cible et la lui mit sous la gorge. Une voix familière retentit derrière elle :

" Non Jade, ne le tue pas ! Il ne te veux aucun mal ! Calme-toi ! "

Jade se retourna et aperçu Siya, debout, vivante. Elle lâcha son couteau, se releva lentement, et s'écarta de la forme. Une fois sa vue moins embrouillée, elle distingua qu'elle venait de sauter sur un elfe. Il se releva doucement, la main sur le ventre.

- " Vous êtes folle ? demanda-t-il avec une lueur de colère.
- Excusez-la, répondit Siya, elle devait être perdue, et elle devait croire que vous lui vouliez du mal.
- J'espère que c'est vrai, car les elfes de Mehvar ne tolèrent pas la violence inutile dans leur forêt.
- Cela ne se reproduira plus.
- Je l'espère..."

L'elfe ramassa son couteau, et partit. Siya s'approcha de Jade, une lueur de réconfort dans les yeux. Jade voulut ouvrir la bouche pour parler mais rien ne sortit, puis l'ex-danseuse l'emmena sur une hauteur, et elles s'assirent.

- " Cela fait deux jours que tu dors...". Puis après l'air interrogé de Jade, Siya ajouta : "Après l'évènement des mines, j'ai supplié les Nains de te transporter au moins jusqu'à la sortie des mines. Mais au fait, pourquoi t'es tu évanouie ? Tu étais à la limite de la mort après que les élémentaires soient arrivés.
- Ils ne sont pas arrivés de leur plein gré. Je les ai créés grâce à mon énergie vitale. C'est comme ça pour les Adeptes. Et combien y en avait -il ?
- Une quinzaine je crois."

Jade écarquilla les yeux. Chez les Adeptes, une invocation de deux élémentaires était déjà fabuleux. Mais elle... une quinzaine...

- " Laisse-moi seule un instant s'il te plait...
- Puisque tu le veux... Je reviendrais à la tombée de la nuit, ou tu n'auras qu'à descendre cette colline.
- D'accord. Merci. "

Jade resta sur la hauteur pendant quelques heures, quand un elfe, assez ressemblant à celui qu'elle avait frappé, grimpa avec un plateau d'argent, contenant des fruits et de la viande. A la vue de cette nourriture, Jade se rappela son ventre, et après avoir remercié grandement l'elfe, se jeta sur le plateau. Mais l'elfe restait. Il était en train de la dévisager, de la tête aux pieds.

" Vous n'avez jamais vu une femme en train de manger ? questionna Jade avec un peu de mépris.
L'elfe parut surpris par la violence du propos, puis parla à son tour :
- " Si.
- Vous devriez savoir que c'est assez impoli.
- Je le sais.
- Alors pourquoi restez-vous ? Vous n'avez jamais vu d'étrangers ?
- Effectivement... vous êtes la première. Je ne vous embêterais pas longtemps, mais... pourriez-vous me dire comment c'est, à l'extérieur ?
- Quel est ton nom, elfe ?
- Klelan.
- Et bien je vais te dire Klelan, ouvre grand tes oreilles : le monde à l'extérieur de cette forêt est mauvais, méchant et triste, alors un conseil, ne quitte jamais cet endroit, ce havre de paix. "

Après cette réplique, l'elfe se releva et descendit tranquillement la colline. Elle resta là, à contempler le ciel, puis le souvenir passa dans sa tête : la Fête de Caleh. Elle se leva et descendit la colline. Elle aperçut Siya, en train de discuter avec un elfe, plutôt beau d'ailleurs. Elle reconnut Klelan.

" On fait la cour maintenant ? "

Klelan et Siya sursautèrent puis se retournèrent.

- " Il me demandait comment était l'"extérieur" répondit Siya.
- La description que vous m'avez faite était, comment dire... imprécise. Mais maintenant je suis informé des beautés du monde extérieur... ainsi que des autres aspects...
- Le seul endroit paisible que j'ai trouvé sur cette terre est cette forêt ou les autres forêts elfiques, mais maintenant excusez-nous, nous devons partir.
- Partir... "

A ce mot, les yeux de l'elfe se mirent à pétiller. Puis il s'enfuit en courant. Quelques heures plus tard, Jade avait retrouvé tout son équipement, ainsi que Tonnerre. Siya, elle, avait en plus des cadeaux elfiques. Jade ne se demanda pas de qui ils pouvaient provenir.
Un murmure passa dans les rangs, quand Klelan apparut, avec sur lui, un arc, un couteau, ainsi qu'une sacoche qui devait sûrement contenir des vêtements. Un autre elfe surgit de la foule, énervé.

- " Klelan, tu n'as pas le droit de partir !
- Pourquoi Père ? Si eux le peuvent, je le peux. "

Le père de Klelan tourna la tête vers les deux étrangères.

- " Tu ne peux nous abandonner, surtout pour aller vagabonder n'importe où, sans aucune connaissance du monde qui nous entoure.
- C'est en pratiquant que l'on apprend, tu te souviens père, c'est même toi qui me l'as dit. Alors laisse-moi partir. Je reviendrais, je te le promet. "

La tête du vieil elfe s'affaissa, puis il parla d'une voix triste.

- " Eh bien dans ce cas, reviens nous vite. Au revoir mon fils. Puis il tourna la tête vers Jade : protégez-le, ne le laissez pas courir à la folie.
- Je vous le promet. "

Le trio partit, dans un couloir d'elfes. Klelan était fier, il allait enfin découvrir les joies perverties de ce monde.

Laissez un commentaire

0 Commentaires

Laissez un commentaire

Vous devez être connecté pour commenter sur le Refuge. Identifiez-vous maintenant ou inscrivez-vous !


Marre des pubs ? Inscrivez-vous !