[CK2] Les Capétiens

Almodis de Bourgogne a donc 23 ans en 893 lorsqu'elle hérite des titres et de la fortune de son père. Elle ne laisse passer que quelques jours de deuil avant de se marier avec Eberhard, un excellent parti car prince de Francie orientale, et descendant de Charlemagne. Le mariage est matrilinéaire, ce qui signifie que les enfants issus de cette union seront de la dynastie de la mère. Donc Capétiens.

Eberhard est, de plus, descendant de Charlemagne, et peut donc légalement prétendre à n'importe quelle couronne issue de son empire, dont celle de Francie occidentale. Ainsi en va-t-il également d'Almodis, car elle est petite fille de Charles le Chauve par sa mère.

Arbre généalogique d'Almodis

Cette ascendance lui profitera car c'est le 6 août 897 commence la fameuse guerre civile de succession. Un tiers des ducs de France déclarent la guerre au Roi Louis le Bègue pour instaurer une monarchie élective en lieu et place du partage salique. On y retrouve, à part le duc de Gascogne encore dans les geôles royales, quasiment tous les anciens ducs du Royaume d'Aquitaine, plus le duc de Champagne, preuve que Louis le Bègue n'a pas su tenir ses vassaux pendant son règne de Roi d'Aquitaine.

Face à cette crise, Almodis décide de passer également à l'action. Au nom de son mari Eberhard, elle revendique le trône afin de le lui confier, en espérant qu'un jour ses fils ou filles puissent détenir à leur tour la couronne.

En se lançant dans cette guerre, elle n'est pas dénuée de soutien. Elle demande au premier duc de France, le duc Hugues d'Anjou, de la rejoindre, ce qu'il acceptera. C'est ainsi que le roi de Francie Louis III dit le Bègue doit faire face à de multiples fronts qu'il ne parviendra pas à maîtriser.

Les ennemis de la couronne. Seuls les ducs de Flandres, de Poitou et d'Aquitaine lui sont encore fidèles.
L'Europe fin 897. La Lotharingie a absorbé le royaume d'Italie, et constitue la deuxième puissance européenne après l'Empire byzantin. Sur l'île d'Albion, les multiples duchés indépendants s'attaquent mutuellement. Le royaume de Skotland, pour l'instant en crise de succession, profitera de cette situation pour bâtir son hégémonie. Au sud, la péninsule ibérique ne connaît que la division. Les Rois catholiques se disputent les territoires libérés entre eux, tandis que le Califat d'Andalousie, porté par les Omeyyades, s'agite en pleine guerre civile. Et pendant ce temps-là, les incursions nordiques et vikings sont nombreuses sur toutes les côtes.

En décembre 897, l'armée d'Almodine, menée par Eberhard et forte de 3500 hommes, rencontre celle de Louis III et ses 3300 hommes à Bourges. C'est une grande victoire qui est remportée pour la duchesse, qui poursuit ses ennemis et les anéantit. Puis avec les 2500 hommes restant, elle fait le siège de la forteresse de Blois et de ses environs pendant près de deux ans. Enfin, le 15 octobre 899 la paix est signée : Eberhard est nouveau roi de France. Almodis est reine, et ses enfants capétiens obtiendront son titre, normalement. La Francie occidentale est de nouveau coupée en deux, car Louis III conserve malgré tout la couronne du royaume d'Aquitaine.

Cette situation permet à Almodis d'avoir davantage d'influence encore sur un territoire qui a été coupé en deux. Néanmoins, ses péripéties guerrières et celles de son mari l'ont éloignée des nécessités de la vie, et à 29 ans, elle n'a toujours pas enfanté. Cette situation risque de l'éloigner du trône, ce qui arrangerait bien son mari qui se déferait ainsi de ce mariage matrilinéaire encombrant. Malgré tout, il faut se défendre contre les ducs de Normandie, d'Auvergne, de Gascogne et de Champagne, encore rebelles et puissants.

Hugues d'Anjou

Il n'y a pas de répit. Aussitôt en place, Eberhard veut modifier les lois de la couronne pour exercer plus d'influence sur ses sujets et leur demander davantage de troupes, ce qui a le don d'irriter tous ses vassaux. Trois semaines à peine après le traité de paix, le 8 novembre 899, le duc Hugues d'Anjou décide alors de créer une faction visant à réinstaurer Louis III à la tête de la Francie occidentale toute entière, qui était beaucoup plus laxiste envers ses sujets. Tout se met en place pour donner à l'an 900 des allures de fin du monde.

L'impression se confirme peu à peu. L'armée du duc d'Aquitaine, rebelle à la couronne, passe par les terres d'Almodis et s'arrête pour faire le siège du Berry avec ses 4 200 hommes. Avec seulement 1 200 soldats, la duchesse de Bourgogne ne peut rien faire seule. Le 8 février 900, le Comte Childebrand de Charolais en profite et réclame le titre de duc de Bourgogne pour lui en destituant Almodis. Enfin, le 16 avril 900, Hugues passe à l'attaque et revendique la couronne pour Louis le Bègue, qui en profite également pour déclarer la guerre et récupérer son trône. Le mari et la femme sont dos à dos, luttant contre le reste de la Francie.

Le Roi de Francie et sa femme, Almodis duchesse de Bourgogne, sont seuls contre tous.

Au milieu du fracas, Almodis tente de conserver ses troupes loin des grosses armées du duc d'Aquitaine. La chance lui sourira : le 25 septembre 900, le comte d'Amiens Nibelung, ami d'enfance d'Almodis, se lance également dans la guerre pour que la couronne revienne à la duchesse de Bourgogne. Almodis décide de le suivre, par calcul. En effet, n'étant plus alliée du Roi de Francie, son mari, car partie en guerre contre lui, les armées du duc d'Aquitaine ne sont plus des ennemis. Seuls demeurent ses adversaires les armées du Roi, qui ont été quasiment anéanties, ainsi que celles de Louis le Bègue, envahisseur du pays.

Par une grande coïncidence, c'est au même moment qu'elle apprendra qu'elle est enceinte.

La guerre civile bat son plein et reste complexe. Pour mettre les chances de son côté, Almodis parvient à conclure une paix blanche avec le comte de Charolais. Elle aurait préféré le jeter en prison, mais il y a urgence. Elle récupère ainsi les deux cents hommes qui lui étaient fidèles.

Le 19 février 901, Louis le Bègue parvient à remporter la victoire contre Eberhard et redevient Roi de Francie. Mais les ducs impétueux ne démordent pas dans leur volonté d'une monarchie élective, et la guerre continue. Comme son prédécesseur, Louis III épuise ses hommes et ses ressources contre ses vassaux. Tout le monde s'entretue.

Almodis donne l'ordre de ne pas bouger. Sa grossesse la handicape fortement pendant ces évènements importants, elle accouche le 3 mai 901 de sa première fille, Hildegard, mais doit attendre plusieurs mois pour récupérer, pendant lesquels elle enrage de ne plus pouvoir bouger.

Elle remonte en selle début septembre, et ordonne à ses troupes de faire le siège de Blois puis d'Orléans. Cependant, le Roi de Francie a fini par mater les armées rebelles et marche en septembre 902 vers Blois pour récupérer les territoires occupés. Avec ses 1100 hommes, Almodis n'a pas de quoi faire face aux 3400 hommes de Louis III.

Elle va alors utiliser la fortune qu'elle possède, plus de mille pièces d'or, pour faire appel aux services de mercenaires. La Compagnie de Saint Georges, forte de 4500 soldats expérimentés à l'art de la guerre, et mené par le Condottiere Giovanni Caetani de Gênes, fut engagée dans les armées d'Almodis. En janvier 903, les mercenaires se joignent aux troupes de Bourgogne amassées à Orléans, et marchent ensemble vers l'armée franque à Blois. La victoire est écrasante le 11 février 903 : la duchesse ne perd que 200 soldats dans la bataille de Beaugency, contre 2600 pour le Roi de Francie. Les portes sont ouvertes pour le siège de Paris. Le 19 novembre 903, Louis le Bègue accepte la défaite pour éviter de voir ses territoires pillés. Il redevient simple roi d'Aquitaine, et Almodis est désormais la Reine de France, en titre et non par mariage.

C'est le début du règne de la dynastie des Capétiens.

Almodis Ier de France

Il ne reste plus qu'à mater les derniers ducs rebelles se battant encore pour une monarchie élective, mais ces derniers sont exsangues et ne peuvent plus suivre face aux 5200 hommes d'Almodis. Les mercenaires génois écrasent les dernières petites armées encore debout et gagnent le siège de nombreuses places fortes toulousaines. Le 6 avril 905, la paix est signée avec les ducs rebelles, qui sont emprisonnés. Dans le même temps, elle accouche de sa deuxième fille, Almodis.

L'Europe en 905. C'est le début du déclin pour la Lotharingie. Elle a laissé échapper le royaume d'Italie, devenu indépendant. L'Empire byzantin, en revanche, s'agrandit vers l'Europe centrale. Le Califat d'Andalousie, quant à lui, ayant réglé ses différents dans la violence, commence sa progression sur les Rois catholiques.

Almodis de Bourgogne, devenue Almodis Ire de France, est désormais la première reine de l'histoire à gouverner depuis de nombreux siècles. À 34 ans, forte de son immense prestige qu'elle a obtenue, elle est désormais surnommée Almodine la Grande. Le territoire historique de la Francie occidentale est encore coupé en deux, mais les frontières ont changé, et elle possède un avantage de puissance indéniable sur le Roi d'Aquitaine par rapport à ses prédécesseurs.

La guerre a tout de même dilapidé la moitié de sa fortune. Elle a fondu de 1000 pièces d'or à 500. Malgré tout, les rançons des ducs et seigneurs qu'elle relâche reconstituent en grande partie son trésor.

Dans la foulée, elle accentue légèrement son emprise sur ses vassaux en instituant des lois légèrement avantageuses pour la couronne : elle commande à tous davantage de troupes et d'impôts. Cela ne plaît pas énormément, mais comme les ducs les plus influents n'ont plus d'armées et ont dû racheter leur liberté, la contestation ne fait pas beaucoup de bruit.

Aussitôt reine, Almodis intrigue pour se venger du Comte Childebrand de Charolais, qui avait tenté de s'emparer du titre de duc de Bourgogne durant la guerre civile. Avec l'aide d'autres personnalités du royaume, elle révoque son deuxième comté, le Vexin, fournissant des papiers attestant qu'il n'est pas légitime. Childebrand refuse et c'est la guerre en août 905.

Le conflit sera évidemment rapide, et Childebrand sera fait rapidement prisonnier. Ainsi, non seulement il perdra le Vexin, mais pour rébellion contre son suzerain, il lui sera également annulé le titre de Comte de Charolais. Ruiné, sans terres, Childebrand se réfugiera en Lotharingie chez son cousin, où il y mourra dans la rancœur.

En avril 908, alors âgée de 36 ans, Almodis donne naissance à sa troisième fille Isabeau.

En décembre 908, son cousin Pépin III d'Italie lui demande de l'aide contre les Byzantins, qui tentent de s'accaparer le Zagreb. Elle envoie rapidement des troupes au sud des Alpes, où les innombrables armées orientales font des ravages et pillent les terres de la péninsule.

Ses succès sont tout relatif. Son armée de 12000 hommes parvient à battre l'une des armées byzantines en septembre 909, à la bataille de Bobbio. L'euphorie sera de courte durée : ses soldats sont pris dans une deuxième bataille immédiate. Exténué, sans moral, l'armée s'enfuit. Il n'en reste plus rien.

L'Italie n'a plus de soutien, mais l'Empereur de Byzance Iakobos Ier doit alors faire face à une terrible guerre civile de succession en avril 910, menée par la duchesse de Sicile Eudoxia. Les armées ravageant l'Italie changent de camp et n'appartiennent plus qu'à des ducs indépendants qui combattent leur empereur. Finalement, les places fortes sont reprises par les Italiens et la guerre se solde par une paix blanche le 17 novembre 911.

Entretemps, en avril 910 naît la quatrième et dernière fille d'Almodis, Denise. La Reine est alors âgée de 38 ans.

À peine la guerre terminée contre Byzance, Almodis se lance dans la réunification de la France. Le 25 décembre 911, elle attaque Louis III dit le Bègue pour des revendications de Jure de plusieurs territoires appartenant légitimement à certains ducs de France, comme le Roussillon. Louis III n'a pas les moyens de résister à la puissance de la Reine, et malgré son appel à l'aide à Ordulf I, roi de Francie orientale, qui en réalité ne bougera pas le petit doigt pour lui, il se fera écraser. Le 19 août 916, après seulement quatre années et demi de combats, Almodis accepte la reddition du Roi d'Aquitaine, qui doit céder de nombreux territoires.

Le Roi d'Aquitaine ne possède plus que les Flandres, le Poitou, l'Aquitaine et le duché de Barcelone. Plus grand chose.

Almodis n'en finit pas d'en vouloir plus. La Bretagne et Rouen, conquis par les Normands pendant les différentes crises de succession, et de religion païenne, subissent ses assauts. Déjà, Rouen appartenait au royaume de Skotland, qui poursuit sa longue ascension par des incursions partout en Europe. Ces territoires seront ainsi rapidement repris en 917.

En octobre de la même année, Almodis marie sa fille aînée, et légitime héritière de la couronne, à l'un des fils de Pépin IV d'Italie, dont le père est mort récemment, sous le régime matrilinéaire évidemment.

En décembre, Almodis finit par se déclarer Reine d'Aquitaine, puisque possédant plus de la moitié des territoires de Jure du royaume. Raoul Ier d'Aquitaine, fils de Louis le Bègue, n'est alors plus que Comte de Barcelone. Sans chef ni bannière, les quatre duchés sont devenus indépendants.

Les ducs de Flandres, de Poitou, d'Aquitaine et de Barcelone indépendants... Pour le moment. Étant vassaux de Jure de la couronne d'Aquitaine, et craignant la puissance de la Reine Almodis, ils lui jureront fidélité les uns après les autres.

Impitoyable, Almodis réclame fidélité à ses ducs de Jure en Aquitaine, et les soudoie pour qu'ils acceptent des lois légèrement plus strictes Le Poitou, la Gascogne et le duché de Barcelone reviennent vers la couronne naturellement. Seul le duc de Flandres refuse la soumission. Pour contrattaquer, elle invite son frère à sa cour, lui donne le titre de comte pour en faire son vassal, et déclare la guerre aux Flandres en son nom. La guerre est prompte et rapide, et l'ancien duc accepte finalement les conditions de paix.

Dépités par ces méthodes, les ducs d'Aquitaine se réunissent et créent une faction plutôt conséquente, puisque réunissant presque la moitié des troupes du royaume. Pour les désorganiser, la Reine aligne quantité d'argent en cadeaux afin de soudoyer davantage et clairsemer les rangs, elle annule les titres de ducs pour ceux qu'elle peut légitimement. Puis, juste avant sa mort, elle marie matrilinéairement sa fille aînée Hildegard avec un cousin du Roi d'Italie, afin de s'assurer son alliance en cas de problème intérieur ou extérieur.

Carte de l'Europe en octobre 926. Toute la France est réunifiée sous la poigne de fer d'Almodis.

Le 14 septembre 927, elle meurt dans son lit à l'âge de 56 ans. Le partage salique, qui régit la couronne de France, sépare à nouveau le territoire entre les deux sœurs ainées : royaume de France au nord, royaume d'Aquitaine au sud.

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