Âgé de seulement sept ans en 944, Robert obtient tous les titres de sa mère, puisqu'il est le seul descendant mâle. Mais il ne peut pas diriger les affaires de la France, et c'est donc le comte Erramun d'Armagnac qui deviendra son régent. Il gèrera les affaires de façon catastrophique : à cause de lui, l'armée de France est anéantie face aux armées d'Aquitaine, malgré la supériorité numérique donc elle jouissait. Erramun fera appel à deux compagnies de mercenaires, ce qui fera fondre les finances de 5000 pièces d'or à seulement 3000, en trois ans ! Seul point positif, il corrompt les ducs, dont le puissant Lutbert de Flandres, afin d'éviter les rébellions qui pourraient s'avérer désastreuses. L'entourage du Roi parvient malgré tout à l'écarter et à le remplacer par un simple courtisan de la Cour.
Le 20 octobre 948, par un gros coup de chance, les mercenaires parviennent à coincer Gaucher d'Aquitaine au cours d'une bataille et à le faire prisonnier. La guerre s'arrête immédiatement : en échange de sa libération, Gaucher accepte de céder son titre à Robert. C'est la date de la réunification définitive de la France.
Jusqu'à la majorité du Roi, son régent se bornera à empêcher les principaux ducs de profiter du jeune âge de Robert pour se rebeller ou obtenir des concessions en leur faveur. Il repère ceux qui se disent ouvertement cathares ou vaudois et annule tous les titres qu'il peut, avant de les octroyer à d'autres personnes moins contestataires de la personne royale. Alan III duc de Bretagne est sans doute le plus connu et le plus emblématique. Il perdit son duché, ainsi qu'un comté et deux baronnies.
Le 25 juillet 953, Robert prend officiellement ses fonctions. Tout de suite, il affiche ses ambitions : il se marie aussitôt avec l'une des filles de Pépin l'Ivrogne, Roi d'Italie, alors qu'elle n'est encore âgée que de 13 ans. Il se marieront en 955. Puis il fait marier sa cousine Agathe et sa sœur aînée Almodis à des membres de la famille d'Italie.
En 954, il fera des tractations pendant six mois avec ses principaux ducs, qui sont acquis à sa cause, afin d'avoir davantage d'emprise sur eux. C'est un moment important car plus tard, c'est ainsi qu'il parviendra à abolir le partage salique et faire accepter la succession par primogéniture.
L'année 955 est secouée par de nouvelles querelles de succession dans la péninsule ibérique, entre musulmans, et entre chrétiens.
Robert profita de l'occasion pour se faire une réputation de conquérant. Il déclara la guerre à l'un des émirs rebelles, Aslam d'Amrusid, et le conquit en une seule année.
Les nouveaux titres acquis furent distribués à de nombreuses personnes de sa dynastie, afin de verrouiller les conquêtes et s'assurer de les garder.
Sa fille Hildegard naquit le 14 février 957, alors que la France était en guerre sur de nombreux fronts. Voulant pousser plus avant ses conquêtes, Robert se lança plus profondément contre les Arabes vers l'intérieur des terres. Skotland en profita pour déclarer la guerre à la France pour revendiquer la province de Gand, au nord, guerre que Robert perdit à cause d'une bataille qui eut lieu en Espagne. Parallèlement, des soulèvements de paysans et des attaques de vikings marquèrent le début de son règne.
En 958, il dut faire face au soulèvement de la moitié de la France, puisque le puissant duc de Toulouse et d'autres vassaux se rebellèrent pour revendiquer la royauté au nom du prince François, cousin de Robert. Le Roi de France dut faire appel à l'Italie et eut recours à de nombreux mercenaires, afin de pouvoir mater la révolte. La guerre se décida au cours de la bataille de Brioude, en Auvergne, où 12 000 Français affrontèrent 12 000 Toulousains, et Robert en fut le vainqueur. La paix fut conclue peu après, en juin 959, et les ducs rebelles furent emprisonnés.
Lorsque naquit sa deuxième fille Clothilde le 14 juillet 957, Robert assura ses vassaux qu'un seul de ses enfants obtiendraient tous ses titres. C'est vers cette époque qu'il instaura en France la primogéniture, et c'est ce qui empêcha le royaume d'être à nouveau divisé en deux, entre la France et l'Aquitaine. C'est également cette année qu'il acquit le surnom de "Béni".
Pendant les longues années qui suivirent, à la tête d'une France réunifiée, il se mit en tête de se lancer dans de nombreuses et coûteuses guerres. Il déclara la guerre de nombreuses fois au Califat divisé des Omeyyades afin de s'étendre chaque fois plus au sud, au détriment des infidèles. Il s'en prit également au royaume de Bourgogne et de Lotharingie, au duché du Dauphiné...
Mais il est vrai aussi que toutes ne furent pas de son fait. Ainsi, c'est Sigtrygg II de Skotland qui l'agressa pour conquérir Bruges en 965.
L'invasion fut une surprise. Skotland envoya une importante force de 30 000 hommes sur les plages de Bruges, dans les Flandres, soit davantage que les 27 000 soldats que Robert parvint à réunir. Il est vrai que le royaume de Skotland fut imposant à ce moment-là de l'histoire, revendiquant la quasi-totalité de l'Angleterre.
Les Écossais parvinrent donc cette fois à poser un pied sur le continent et à y conquérir les places fortes. Mais les troupes souffrirent de faim et de maladie faute d'approvisionnement suffisant. N'y tenant plus, Sigtrygg II mena son armée afin de profiter de ses effectifs le plus rapidement possible. Il demanda à ses troupes de marcher vers l'intérieur des terres, où stationnait Robert et ses troupes selon les espions. Les deux armées se rencontrèrent à Lusignan, le 8 juin 966, et fut une grande victoire pour les Français. 7 500 morts de leur côté, contre 13 500 hommes chez les Écossais, qui fuirent vers le nord. Robert se lança alors à leur poursuite pour les anéantir définitivement.
Or, une deuxième armée de Skotland, forte de 10 500 hommes, débarqua peu de temps après et tenta de protéger la première.
Malgré la supériorité numérique des Écossais, le moral joua contre eux et ils fuirent de plus belle. Les Français y laissèrent encore 6 000 morts sur le champs de bataille, mais l'armée de Skotland chargée d'envahir le nord fut définitivement décimée.
La conquête de Gand fut donc un échec pour les Écossais, qui se rendirent en janvier 969, incapables de maintenir leurs avant-postes sur les côtes de France. Elle marqua probablement le début de la fin pour le royaume de Skotland.
Robert contrattaqua un mois plus tard pour revendiquer Castille et son duché, dans le nord de l'Espagne, espérant que les troupes de Sigtrygg II en soient au même point.
La première phase de cette guerre vit en réalité la défaite de Robert, qui se fracassa contre les boucliers écossais, dans la province de Soria le 28 octobre 970. Son fils Hugues naquit à ce moment-là.
En fuite, l'armée française se regroupa derrière les Pyrénées, où Skotland les poursuivit. Dans la précipitation, Robert dut faire appel à des mercenaires afin de maintenir une armée nombreuse. La deuxième bataille importante, à Saintes au nord de Bordeaux, vit tout compte fait la victoire des Français le 13 septembre 971.
Néanmoins, la guerre ne s'arrêta pas là. Aucun des deux camps n'avait plus vraiment d'armée qui tienne. Et un mois plus tard, le 14 octobre, le Calife Husam le Gros d'Andalousie déclara la guerre sainte contre la France.À bout de souffle, Robert fit appel à ses alliés, à la Lotharingie, l'Italie et la Francie orientale. Seule la première refusa.
À Navarre, une énième armée écossaise de 17 000 hommes débarqua et mit en fuite les 14 000 Français en août 972. Puis 14 000 Italiens durent affronter 22 000 arabes dans la même province, et les Musulmans en sortirent vainqueurs.
Ce fut un coup dur, et tous les territoires au sud des Pyrénées furent perdus, à part la Navarre. Néanmoins, l'invasion écossaise put être contenue, et Robert arracha finalement la victoire à Sigtrygg II. La paix fut conclue le 30 juin 975, et la France récupéra ainsi le duché de Castille.
C'est à la suite de cette guerre victorieuse qu'il acquit le surnom de "Béni". Le duché de Castille permit à la France de mettre un pied sur la péninsule ibérique, et de repousser les musulmans, comme l'Histoire le démontra.
Robert dut néanmoins affronter une deuxième rébellion à la fin de l'année 975, ses ducs étant lassés des guerres. La moitié sud de la France passa du côté des rebelles, en vain. Avec la seule partie nord, Robert avait de quoi suffisamment mater ses vassaux. Cependant, il n'eut pas l'occasion de mettre en prison les traîtres : le prétendant à la couronne mourut de vieillesse, et la rébellion s'acheva là.
La fin de sa vie se poursuivit dans des guerres incessantes afin de revendiquer différents territoires limitrophes, principalement contre la Lotharingie et les vassaux rebelles du Sultan d'Andalousie. C'est ainsi qu'il récupéra le Périgord, le Dauphiné, le duché de Lotharingie, les Pays-Bas, entre autres.
Il maria également ses filles aux héritiers des Asturies et de Germanie, et son fils aîné unique est destiné à la fille du Roi d'Italie.
En 988, sa femme Agathe Karling meurt, à 48 ans. Il se remarie six mois plus tard à la fille unique du Roi de Lotharingie, Béatrix, qui lui donnera une fille. Il n'aura pas le temps de le voir naître, car il meurt à 52 ans de grand stress, fatigué par toutes les guerres qu'il a mené, contre ses ennemis, contre ses vassaux, le 13 août 989.
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