Chapitre 2 bis: parce qu'il y a que les locaux qui en font trois.
Trois jours après son intégration au refuge, Noumè disparut. Une semaine plus tard elle fut oubliée. A part deux posts timides sur le sujet des blagues auxquels personne n'avait fait allusion, elle n'avait rien fait, alors nous n'en parlerons plus.
L'automne finissait en lugubres soirées dont la mort s'étalait en une lente agonie... sauf sur l'iguane loupé à trois pattes et demies où la vie était belle et les flûtes chantaient.
En se rapprochant de cet iguane, on les distinguait de mieux en mieux: certaines avec des becs, d'autres avaient des plumes, et les dernières se demandaient ce qu'elle faisaient ici.
A côté des flûtes, LandRoov, le terrifiant Guadeloupéen dont parlait Csaül. Seul. Endormi. Oublié. Puis...
Puis une lampe s'allume dans le ciel, et tous les alentours s'éclairent. Landroov se lève, réveillé, et se derige alors vers un lieu caché aux yeux de tous.
Une fois revenu des toilettes, il s'en alla vers l'auberge. Une fois qu'on lui ouvrit la porte, il déclara:
- Salle des topics à flood
- Si vous voulez bien me suivre...
Le robot qui guidait Landroov était une petit révolution apparue en même temps que Cathaséris. Le refuge comptait une ribambelle de ces robots-guides, qui facilitaient grandement les déplacements. C'était simple et efficace: même les nouveaux arrivaient à s'en servir, et surtout, ça leur évitait de crever bouffés par les fantômes.
- Nous y voilà. Bonne journée!
Le robot s'éloigna lentement. Pendant ce temps, Landroov le fixait du regard, ce qui empêcha le robot de continuer sa route. Voulant que le robot s'en aille, le Guadeloupéen roula des yeux, ce qui valut à l'automate de se cogner contre un mur. Il le fixa du regard à nouveau, et le robot, une fois réparé, put s'en aller sans encombres supplémentaires.
Face à la porte où de nombreux posters invitaient à rentrer, à grand renforts de points d'exclamation et de démentis douteux, Landroov hésita un instant. Il savait que l'endroit était moins accueillant qu'il n'en n'avait l'air. Il y avait déjà mis les pieds. Connaissant la propreté des lieux, il ne se servit pas du paillasson et entra immédiatement dans la fange des floods périmés.
La salle était grande, et plus qu'elle ne l'était sale. Certains panneaux se perdaient dans le ciel, recouverts de smileys grimaçants et de mots inutiles. La lumière, masquée par la poussière, ne s'aventure pas loin dans cette atmosphère épaisse. A peine distinguait-on quelques lueurs, au loin, comme des yeux épiant les rares honnêtes membres.
Landroov ne se demandait plus comment le refuge pouvait accepter d'héberger une salle pareille: il avait lu les saintes archives et connaissait les évènements de la guerre des mille Dreams. Les freeposteurs ayant gagnés leurs droits dans le refuge, les floodeurs ont commencé à se plaindre, et comme l'état d'Aeries était en pleine reconstruction il ne pouvait pas se permettre une nouvelle guerre civile.
Ayant fait quelques pas entre les rayons de panneaux, Landroov perçut un léger bruit auquel il était habitué. Ce ne pouvait être que Sbirematqui, le savant fou à la tête des flooders; grâce à des techniques immorales, il avait amélioré sa vitesse et sa force. Sa taille ridicule et l'absence de pouvoirs magiques le rendaient facile à maîtriser, mais il fallait bien viser. Et allez toucher un électron en plein vol.
Préparant un filet électrifié à fins calmantes, Landroov continua d'avancer comme si de rien n'était. Le bruit se rapprochait. Ca allait arriver d'une seconde à l'autre: il lui sauterais dessus et...
- BONJOUR! cria un petit être qui n'était pas Sbirematqui. JE M'APPELLE NACHALM ET JE NE SUIS PAS SBIREMATQUI!
Et effectivement, le bonhomme ne lui ressemblait pas, sauf en tous points: petit, rapide, fort. Un électron. Ou un positron, ou que sais-je encore, se dit Landroov.
- Sbirematqui?
- Oui, bon. Mais faut pas le dire. Officiellement, on m'a exilé du refuge.
- Ah? Tiens? dit un Landroov faussement naïf, en crispant les mains sur son filet. Je n'étais pas au courant.
- Pourtant, c'est toi qu'on a chargé de témoigner contre moi.
- Je croyais qu'on t'avais passé à la chaise électrique.
- Elle marche pas sans foudre divine et le souriceau préfère mordre.
A ce moment, une voix vint du plafon
- Courant? Electrique? Chargé? Foudre? Mais! Vous n'avez même pas fait de jeu de mot! C'est scandaleux!
Une fois la voix descendue au fusil et dévorée goulûment, la conversation reprit:
- Alors, Landroov, qu'est-ce que tu viens faire ici? C'est pas un endroit pour les honnêtes membres...
- Je suis venu pour LE voir.
- Qui ça, LE?
- Le Porteur de Néons de Légende!
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