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Les êtres humains ont toujours été fascinés par leur avenir et avides de la possibilité de le prévoir. Et pourtant ils ont toujours été capable de le prévoir : esquisser un geste pour ouvrir une porte c'est prévoir le résultat de ce geste et anticiper l'ouverture. Mais ce n'est pas de ce genre de prédiction à court terme qu'ils sont avides. Ils recherchent la manière de prédire sur le long terme, et de prédire le résultat d'actions multiples et complexes. La question que je vous pose est : que croyez-vous que signifient les expressions « long terme » et « individus » pour moi ? Quel genre d'avenir suis-je capable de prévoir par réflexe aussi facilement que vous, lorsque vous ouvrez une porte ?
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Conversations avec un robot
Marea tranquillitatis, Luna - 9381 GS
L’espace était noir. Le champ énergétique du vaisseau atténuait l’éclat des étoiles et elles étaient rares dans ce secteur de la galaxie. Tout semblait vide mais Kérian savait que ce n’était qu’une apparence trompeuse : partout dans l’univers se jouaient en ce moment même des événements multiples. Ils se trouvaient depuis deux semaines maintenant, Waade et lui, dans leur petit vaisseau. Deux semaines de voyage, à l’ère des sauts spatio-temporel, c’était plutôt inhabituel. Mais c’était un choix délibéré, une lenteur calculée : ils s’étaient isolés pour décompresser des tensions accumulées. Feyd n’était plus.
- Kérian ?
Waade le tira de sa contemplation rêveuse.
- Daryl dit que nous pouvons apercevoir la planète du poste de pilotage maintenant.
- Bien. Je suppose qu’il y aura moins d’agitation que sur Asyl quand nous sommes partis...
- C’était insupportable.
Elle détourna le regard et commença à se diriger vers l’avant de l’appareil. Elle gardait une profonde blessure de la destruction de son monde natal. Il la suivit du regard puis lui emboîta le pas. Elle aurait toujours de la peine à l’évocation de ce souvenir mais il sentait pourtant une nouvelle force en elle. Waade avait accepté sa nouvelle condition. C’était bien le moment de se lancer sur les traces de son père, Salat, et de chercher à comprendre la nature exacte de son plan qui avait obligé sa fille, après plusieurs millénaires de veille en stase cryogénique, à ne se réveiller que pour assister à l’annihilation de sa planète... Il devait forcément y avoir une autre raison, et c’est celle-là qu’ils comptaient bien trouver. Une citation de Salat lui passa à ce moment dans la tête : "Feyd est la clé d’une serrure galactique". Salat avait semble-t-il eu un don tout particulier pour les énigmes.
Ils avaient beaucoup discuté pendant leur voyage de tous les événements qui s’étaient déroulés sur Feyd. Kérian lui avait posé beaucoup de questions sur son père et sur l’époque lointaine où Waade avait vécu sur Feyd. C’était avant... avant que le Consortium Interplanétaire de L’Energie n’existe, avant que les humains se soient répandu dans tout l’univers peut-être, avant que les Cetfans ne fassent leur apparition, avant l’Union, avant la Cosmoguarde avant... Il était difficile d’imaginer quel pouvait être le visage de la galaxie quand Salat était arrivé sur Feyd, plus de 5 700 ans auparavant. Et pourtant le père de Waade avait, d’une manière ou d’une autre, su ce qui allait se passer. Leurs longues discussions sur la Feyd d’antan ne leur avait pas apportés beaucoup de réponses... Petit à petit ils avaient passés moins de temps à s’interroger et plus de temps à s’entraîner physiquement dans le petit gymnase du vaisseau. Il faut dire que l'espace était restreint, et le besoin d'exercice physique se fit rapidement sentir pour les deux jeunes gens habitués au grand air. Le vaisseau comprenait un poste de pilotage, exigu, dans lequel il aurait été difficile de loger plus de quatre personnes en même temps, mais il y avait là la seule vue panoramique vers l'extérieur. Derrière se trouvait le sas d'entrée et un long couloir contenant les combinaisons et une partie des systèmes. On pouvait accéder au reste du vaisseau par un accès menant vers le bas : une grande pièce polyvalente, qu'ils utilisaient comme gymnase, trois chambres avec quatre couchettes chacune, une salle de bain spartiate, un petit réfectoire/cuisine, et deux soutes. L'ensemble était compact, et on en avait vite fait le tour. Aucune zone n'avait de hublot vers l'extérieur à part la baie du poste de pilotage.
Waade la première avait décidé de s'appliquer une dose d'exercice quotidiens. Les premières fois il l'avait seulement regardé s’exercer seule. Il avait été encore une fois fasciné par la vitesse et l’élégance de ses évolutions dans la pièce. Il savait que les mouvements servaient à simuler des situations d'affrontements, car c'était un sport de combat, mais pourtant l'ensemble pouvait aussi ressembler à une danse. Il ne savait si c'était les feydars qui avaient créé cela ou si ça venait de Waade elle-même, mais c'était beau.
Et puis elle l’avait obligé à s’y mettre aussi. Il restait largement incapable de rivaliser avec elle. Malgré son appropriation du Qeidal, il n'arrivait pas vraiment à canaliser son énergie de manière consciente. Il ne réalisait généralement de prouesses physiques que par hasard, lorsqu'il se trouvait acculé. Il lui faudrait encore beaucoup d'entraînement pour arriver comme la jeune femme à « contourner » la réalité.
Daryl lui aussi était fasciné car rien dans toutes ses connaissances scientifiques qu'il possédait ne lui permettait d’expliquer ce que ses senseurs percevaient. Son système principal avait été connecté au vaisseau, transformant l'ensemble en un corps de remplacement. Toutes les sondes, caméra, micros et haut-parleurs devenant à la fois ses moyens de perception, et d'expression.
Kérian ne progressait pas vite, mais il ne trouvait pas cela désagréable, esayer d'imiter les arabesques hors de toute vraisemblance de son amie, même sans succès, était salutaire. L’effort vidait l’esprit de toutes ses interrogations.
Il sortit de ses réminiscences et arriva finalement dans le cockpit et s’approchant de Waade pour regarder la toute petite perle bleutée visible devant eux. La voix artificielle bien connue de Daryl s’éleva dans l’habitacle :
- Voici Notreutair, un des deux mondes centraux de la Fondation Terrienne. Nous avons dépassé un système de balises il y a trois jours, mais je suis sûr que ce n’était pas leur seul système de surveillance. J’ai capté à plusieurs reprises diverses ondes dont l’origine m’est inconnue mais que je suppose être des scanners. Pourtant ils n’ont pas encore répondu à mes demandes universelles de visa. Il n’y a aucun trafic spatial dans notre espace proche d’ailleurs... on dirait qu’ils n’ont pas beaucoup de visites.
Kérian et Waade ne répondirent rien mais une voix inconnue leur parla tranquillement :
- Non, nous n’avons pas beaucoup de visites et c’est très bien comme ça. Vous avez pénétré dans l’espace de la Fondation et vous amenez avec vous des armes : entre les systèmes du vaisseau et toutes les armes personnelles qu'il contient, c'est un vrai arsenal ! Ce n’est pas la meilleure manière vous faire bien accueillir ici.
La voix s’arrêta subitement et Daryl dit d’une voix étonnée :
- C’est incroyable, cette personne a court-circuité mes haut-parleurs sans que je ne m’aperçoive de rien ! Je ne sais même pas d’où elle a fait ça.
Le Terrien reprit toujours aussi tranquillement :
- Comment nous faisons ne vous regarde pas et nous pourrions vous renvoyer d’où vous venez d’un claquement de doigt sans éprouver le moindre besoin de nous justifier. Pourtant votre présence nous intrigue, et bien que nous ne sachions pas pourquoi vous venez chez nous, nous savons qui vous êtes et d’où vous êtes partis. Nous allons vous admettre chez nous sous certaines conditions : votre engin sera amarré en orbite et ses systèmes d’armes mis sous scellés, de même que toutes les armes de points que vous transportez. Il vous sera fourni des vêtements adéquats, vous devrez laisser dans votre appareil tous équipements ou objets que vous possédez. Votre débarquement sera annulé si vous tentez d'emmener des objets personnels avec vous. Vos différents besoins pour votre séjour seront pris en charge en temps voulu. Sachez quand même deux choses que vous devrez bien garder en tête : nous autres Terriens n’utilisons ni armes ni monnaie et parler de ces deux choses chez nous serait très malvenu.
De nouveau leur interlocuteur s’interrompit. Daryl ne rajouta rien, il devait être en train d’essayer de comprendre comment le Terrien procédait. A moins que le terrien ne lui bloque complètement l'accès aux haut-parleurs. Kérian ne sentait pas sa présence et il lui semblait impossible que les Terriens n’émettent pas du tout une quelconque forme de Qeidal. L’autre devait donc se trouver sur le monde visible au loin, connecté à quelque machine très sophistiquée. Waade demanda tout haut :
- Il est parti ? Nous ne savons même pas comment il s’appelle. L’accueil du peuple de mon père sonne curieusement à mes oreilles, pourquoi tant de suspicion ? Les armes que nous transportons n’ont jamais servi qu’à nous maintenir en vie. Si nous voulions agresser et batailler nous serions resté sur Asyl !
Un court moment de silence plus tard la voix du Terrien résonna de nouveau, légèrement moins impérieuse :
- Je m’appelle Alan, et je m’excuse de mes manières un peu brusques mais bien qu’étant ambassadeur je n’ai pas l’habitude d’intervenir directement auprès des “ Extérieurs ”. Ne vous inquiétez pas sur la qualité de notre accueil, vous serez bienvenus chez nous dès que vous serez débarrassés de toutes vos choses des Externes. Ne changez pas votre vitesse et je vous recontacterais dans trois jours pour les manoeuvres d’arrimage.
Cette fois-ci Daryl dit calmement avec une certaine satisfaction électronique dans la voix :
- J’ai réussi à détecter son signal ! Mais sans le comprendre malheureusement. En tout cas je suis sûr qu’il l’a coupé désormais. C’est incroyable, il passait par tous mes circuits d’une manière tellement discrète. Ça me rappelle de très vieux souvenirs, quand je venais d’être conçu. Je suis impatient de pouvoir en apprendre plus sur les terriens.
Kérian se laissa tomber sur le fauteuil de pilotage et déclara avec une légère moue :
- Daryl, comment fais-tu pour être toujours aussi enthousiaste ?
Puis il eut une curieuse impression, comme un léger vertige ou une impression fugitive de déjà-vu. Quelque chose avait changé dans leur environnement proche, et daryl le confirma bientôt :
- Un colis vient de se matérialiser dans la cale. Décidément ces terriens sont incroyables ! Je n’ai trouvé aucune référence même dans les bases de données de l’Union sur un tel mode de transport. Ce doit être une sorte de téléportation ?
Waade se dirigea vers la cale pour récupérer le colis et Kérian formula sa pensée à voix haute :
- Si ces gens maîtrisent la téléportation ça expliquerai le manque d’activité spatiale...
Il se leva à son tour pour se diriger vers la cale avec une certaine curiosité : que leur avaient donc envoyé ces mystérieux Terriens ? Il arriva bientôt dans la petite soute, Waade venait d’ouvrir un petit conteneur métallique. A l’intérieur se trouvaient deux paquets avec sur chacun d’entre eux un symbole universellement connu : masculin et féminin. Avant qu’ils n’aient pu en faire davantage, une petite boule de poils arriva en trombe par le sas resté ouvert et s’appliqua à déchirer les emballages avec une grande conscience professionnelle et un profond sens du désordre. Waade regardait le togre avec une expression mi-amusée mi-dépitée : le jeune animal qu’ils avaient emmenés avec eux de Feyd avait bien grandi, il ressemblait maintenant en taille à un chat normal mais avec un comportement de tout jeune chaton, excité et maladroit... Les paquets cédaient facilement, Kérian prit celui qui lui était destiné et enleva ce qui restait pour le céder au togre. L’emballage était une nouvelle source de surprise puisqu’il semblait être en simple papier. A l’intérieur se trouvaient des vêtements soigneusement pliés. Il redressa la tête pour regarder Waade qui lui disait :
- Ils connaissent notre taille ?
Elle tenait étendu par dessus ses habits les vêtements Terriens qui semblaient ajustés à ses mensurations. Il lui répondit en étant qu’à moitié à ce qu’il lui disait :
- On dirait qu’ils en savent beaucoup plus long sur nous que nous n’en savons sur eux...
Puis il leva les yeux au plafond en rajoutant comme pour lui-même :
- Remarque c'est pas bien difficile : nous ne connaissons rien sur eux.
Il regarda ensuite ses affaires plus en détail : il y avait des sous-vêtements et une tenue complète de couleur sombre faite dans un tissu souple et léger. La coupe de vêtements était large et détendue. Il tomba ensuite sur une sorte de grand poncho tout blanc avec une grande pièce d’étoffe rouge vif sur toute l’épaule gauche qui allait jusqu’au cou et à la taille. Ce manteau comportait aussi un col montant amovible et semblait à première vue imperméable. Aucun de ces habits n’avait de poche ou d’espace pour transporter des petits objets. Une exclamation de Waade le tira de son examen :
- Ooh, mais c’est qu’ils ont bon goût, tu ne trouves pas ?
Il posa le poncho sur le conteneur d’eau de secours et la regarda. Son tas en vrac contenait un poncho semblable au sien mais elle avait laissé ses affaires et montrait sur elle des pièces de lingerie très joliment travaillées.
- Mmm, oui c’est... c’est très joli.
La jeune femme reposa les affaires et continua l’inspection du paquet. Kérian restait songeur, cela faisait deux semaines qu’ils se partageaient tout deux l’espace réduit à bord du navire. Leur rapports étaient sans inhibition, et sans arrières pensées. Ils étaient comme un frère et une sœur... ou comme des amis de longue date. Ils n’étaient pourtant ni l’un ni l’autre, et même sans être frustré de la situation, Kérian sentait bien que tôt ou tard ce qui maintenait leurs rapports se dissoudrait et que cet état curieusement anormal lui aussi prendrait fin.
Kérian fut réveillé en sursaut par quelque chose de mou et humide qui se baladait sur son visage. Il se redressa la tête encore à moitié dans le royaume des songes, en marmonant vaguement quelque chose tout en poussant le jeune togre. Il se releva ensuite complètement puis se passa une main sur le visage avec une grimace de contrariété :
- Mais pourquoi font-il ça ?
Le togre semblait très content de lui et essayait joyeusement de lui grimper sur les épaules. Kérian sortait de son sommeil et remarqua qu’il était seul dans la cabine qu'ils avaient choisi de partager avec Waade. Cela faisait maintenant trois jours que le Terrien les avait contactés, peut-être étaient-ils en train d’arriver ? Il se leva et s’habilla rapidement, le togre toujours très attentif à l’entraver dans ses mouvements. Il eu soudain une drôle d’impression, comme quand on s’aperçoit d’un coup qu’on est entouré de gens alors qu’on croyait être seul. Mais la cabine était vide. Il n’avait pas réagi tout de suite mais comprenait maintenant : il sentait le Qeidal de toute une communauté d’êtres vivants, très proches. C’était une sensation un peu étrange après leur long isolement et le grand silence spatial. Cela lui laissa entrevoir qu'il n'était pas si inexpérimenté qu'il voulait bien le croire. Le Qeidal faisait bel et bien partie de lui désormais. Il était peut-être plus destiné à approfondir les autres usages que le seul Qeidal primitif pour accroître les performances physiques. Daryl interrompit finalement ses pensées :
- Kérian, nous arrivons à la station orbitale de Notreutair, tu devrais venir voir, la vue vaut le détour. Enfin, il me semble.
Il était étonnant de voir comment Daryl s’humanisait dans sa façon de parler depuis qu’ils l’avaient rencontré sur Feyd. Il était alors si... Formel. Il n’aurait pas pu donner le change à qui que ce soit, alors que maintenant... Kérian guettait le jour où il se mettrait à faire de l’humour.
Tout en pensant il s’était dirigé vers l’avant de l’appareil où il sentait la présence de son amie. Il arriva devant la porte qui s’ouvrit aussitôt. Waade était plongée dans la contemplation du spectacle visible par le hublot : une vaste station remplissait les trois quart de leur champ de vision, le reste était happé par la planète toute proche désormais. Tout était baigné d’une douce lumière bleuté, et plongeait subitement dans le noir dès que les surfaces se trouvaient dans l’ombre du soleil. Kérian se rapprocha en continuant sa contemplation. Décidément ces Terriens étaient un peuple bien surprenant, et ils avaient un sens certain de l’esthétique, il était bien obligé de le reconnaître. Kérian n’avait jamais vu de station aussi travaillée, elle paraissait avoir été dessinée comme une œuvre d’art. C’était totalement différent de tous les complexes metallo-industrieux qu’il avait vu partout jusque-là. Sa sensibilité Qeidal lui révélait une outre une douce aura, sereine et paisible... Il n’aurait pu dire s’il était plus impressionné par elle ou par le fascinant spectacle. Les haut-parleurs de l’habitacle retransmirent bientôt la voix de leur hôte Terrien :
- Je vous souhaite la bienvenue sur la station Leopold, vous serez arrimés au quai 24, juste sous le quartier de vie. Je vous attendrais derrière le sas, j’ai déjà transmis les directives d’appontage à votre cervo. Pensez bien à vous vêtir des habits que nous vous avons fournis et à laisser dans votre vaisseau tous vos objets personnels. Sinon le sas ne s’ouvrira pas. Comme j’imagine que Daryl serait lui aussi intéressé par la visite de Notreutair, nous lui fourniront un droïd humanoïde qu’il pourra diriger à distance comme un corps artificiel. A bientôt.
La voix avait été cette fois-ci presque amicale, Kérian se demandait de quelles discussions ils avaient pu être le sujet durant ces trois jours ? Ou peut-être les Terriens avaient-ils disserté sur leur venue depuis beaucoup plus longtemps que cela. Ils savaient que leur vaisseau était piloté par Daryl, mais ils n'avaient fait aucune allusion : étaient-ils conscience que ce Daryl était un antique système conçu probablement par leurs ancêtres ?
La vue qu’ils avaient du cockpit ne leur montra bientôt plus qu’une vaste ouverture sombre, béante sur la noirceur de l’espace. Et comme une bouche gigantesque, elle happa le petit vaisseau. Il traversèrent à vitesse réduite un hangar jusqu’à un ponton en saillie au bout duquel leur navire s’immobilisa. Daryl leur annonça en modifiant curieusement son ton habituel, comme pour imiter quelque chose que Kérian ne reconnu pas :
- Station Leopold ! Terminus pour Notreutair, tous les voyageurs descendent du véhicule.
Waade vérifiait sur le tableau de bord que le hangar était bien pressurisé, Kérian avait instinctivement vérifié avec ses sens Qeidal. Leurs regards se croisèrent et ils sourirent tous les deux en remarquant la réaction de l’autre. Waade lui dit doucement :
- Tu utilises le Qeidal très facilement maintenant.
Il baissa les yeux sur elle et lui rétorqua :
- Et toi tu ne perds pas tes habitudes, ils ne te laisseront jamais passer avec ça, dit-il en montrant la poignée du Qeidyn qui dépassait de son dos.
Elle eu une réaction de réelle surprise :
- Oh ! J’étais pourtant sûre d’y avoir pensé...
Elle détacha sa ceinture et posa le tout près de la porte du vaisseau.
- C’est bizarre, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose quand je le ne porte pas.
- Nous sommes ici chez les Terriens et s’ils ont aboli l’usage des armes, c’est qu’ils en n’ont pas besoin. Ne sens-tu pas le calme qui émane de ce lieu ?
Elle le regarda dans les yeux :
- Je le sens à travers toi, mais nous sommes encore dans l’espace... Je n’ai pas ta sensibilité.
Elle actionna l’ouverture de la porte et ils partirent sur le ponton en direction du sas de la station. Il s’ouvrit sans encombre à leur approche et ils purent voir de l’autre côté trois silhouettes qui les attendaient. La deuxième porte s’ouvrit, il avait un homme et une femme ainsi qu’un humanoïde résolument mécanique de belle facture. Les deux humains étaient légèrement métisses, un peu comme Waade, et d’apparence banale. L’homme s’approcha d’eux et dit :
- Je suis Alan, ambassadeur de la Fondation, et voici Sylia qui sera votre guide pour quelques jours. Ce robot est laissé en libre service pour Daryl. Je dois maintenant vous laisser mais si vous avez besoin de quoi que ce soit vous pourrez me joindre via le droïd.
Il fit demi tour avec une brève hésitation puis parti d’un pas décidé vers une porte où il disparu. La jeune femme qui l’accompagnait prit la parole :
- Je serais votre guide pendant mes trois jours de travail, j’essaierais de faire de mon mieux pour répondre aux nombreuses questions que je lis dans vos yeux... Mais ne m'en voulez pas si je ne suis pas très au point : c'est la première fois qu'on me demande d'accompagner des visiteurs Externes. Si vous le voulez bien, nous allons maintenant quitter cette station pour rejoindre la surface. Votre venue a suscité une certaine agitation en bas, et les membres actuels du conseil de Notreutair voudront vous rencontrer.
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