Feydahd (Tome2) - Cendres de pierres

...
_ Quelle la fonction d'une fondation ?
_ Elle porte le poids de la construction.
_ En êtes-vous certain ?
_ ... Oui.
_ Alors vous êtes dans l'erreur. Le poids de la construction n'existe pas. Il n'y a qu'une masse, et une attraction gravitationnelle. La fondation ne sert pas à porter la masse de la construction : si on retire le sol sous la fondation, l'ensemble tombe jusqu'à un nouveau sol. En revanche si on retire la gravité, l'ensemble tient même sans fondation. Je vous repose maintenant la question : quelle est la fonction d'une fondation ?
_ ... Elle sert à transmettre le poids de la construction au sol qui la porte.
...

Construire
Notreutair - 3848 calendrier terrien

La descente vers Notreutair se faisait par un système très proche des ascenseurs spatiaux. Mais ce modèle possédait des hublots qui permettaient de voir le spectacle de la lente traversée de l’atmosphère. C'était époustouflant, et tous étaient absorbés par la contemplation, même Sylia leur guide Terrienne. Petit à petit le ciel devint plus clair, plus coloré, et les étoiles disparurent définitivement dans l’éclat du jour. Et puis la masse de couleur du continent se para de petits détails. Des touches de couleur d’un tableau. La nacelle se rapprochait toujours, la terre emplissait tout l’espace visible désormais, et leur destination s’imposait dans sa grandeur. La courbure de l’ascenseur rendait encore visible l’édifice avant qu’ils ne se trouvent à sa verticale. C’était une tour immense, fine et aérienne. Un doigt pointé vers le ciel qui semblait dire : voyez, c’est là que nous allons. La vitesse paraissait plus grande maintenant que le sol se rapprochait, ils passèrent bientôt droit au-dessus du bâtiment et rentrèrent dans la flèche du sommet. Leur guide intervint :
- Nous voici dans le centre administratif, je vais tout de suite vous emmener voir les logements qui vous sont confiés, mais vous pourrez le visiter ensuite si vous voulez. C’est le plus grand bâtiment de Notreutair, on dit même que la planète aurait aidé nos ancêtres à le bâtir.
Waade était songeuse :
- Mon père a peut-être marché en ce lieu... Quand il était jeune.
Sylia ne releva pas la remarque et les entraîna en dehors de la zone d’appontage qui n’était pas très animée. Ils montèrent dans une cabine qui les conduisit au rez-de-chaussée. Ils débouchèrent sur un grand hall, avec une somptueuse armature de bois. Il y avait des plantes partout, et la limite entre l’extérieur et l’intérieur était rendue floue par la verdure et la forme des verrières. Ce lieu était conçu pour flatter les sens, il irradiait une incroyable sensation d’accueil que devaient percevoir même les gens qui ne connaissaient pas le Qeidal. Alors qu’il se dirigeaient vers une des sorties, Kérian demanda :
- Sylia, c’est réellement là l’entrée de votre centre administratif ? Et il avait en mémoire les énormes blocs des mondes indépendants, sombre et grisâtres, cloisonnés à outrance comme autant de cellules de prison. Immenses. Impersonnels. En un mot comme en cent : horribles.
La Terrienne lui répondit avec un léger sourire :
- J’ai étudié un peu les “ Extérieurs ”, c’est pour ça que c’est moi qui suit chargée de votre accueil, je ne sais pas si d’autres sont venus ici avant vous mais je crois qu’ils auraient eu la même réaction... Vous savez, tout est construit comme ça chez nous. Bien sûr la plupart des bâtiments ne sont pas aussi grand, mais je crois que vous les trouverez très agréables quand même. Suivez-moi par ici, nous allons prendre le tube jusqu’à Oregion, une ville proche.
Le “ tube ” était caché dans un dôme opaque où ne se trouvait qu’un sas. Et toujours une végétation omniprésente, Kérian ne savait s’ils étaient vraiment à l’extérieur. Mais si c’était bien le cas, c’était la troisième fois seulement de sa vie qu’il voyait une atmosphère extérieure pure, avec celles d’Asyl et de Feyd avant cela...
Il rentrèrent dans le sas et Sylia les prévint calmement :
- Il n’y a pas d’air dans le tube, dès qu’une voiture passe, nous monterons dedans, je crois que la sensation d’accélération est un peu bizarre au début mais vous venez de l’espace, alors... C’est certainement très proche.
Waade rétorqua :
- Comment ça “ certainement très proche ”, vous n’avez jamais été dans l’espace ?
- Heu... Dans un vrai vaisseau, non. J'ai état sur la station Leopold, mais c'est tout. Les Terriens n’ont pas vraiment besoin de traverser l’espace. C’est beaucoup de tracas pour peu de choses. Vous savez, Notreutair contient tout ce dont nous avons besoin.
Sa voix comportait une note subtile de fierté dans cette dernière remarque, mais sans orgueil, une sorte de satisfaction un peu naïve.
Le sas s’ouvrit, ils montèrent dans un petit compartiment d’une dizaine de place dont certaines étaient occupées. Le sas se referma et ils sentirent la puissante accélération qui les déplaçait dans le tunnel sous vide sans presque les remuer. Les conversations s’étaient tues à leur montée, certaines personnes les regardaient et leur adressaient un bref salut de la tête s’ils croisaient leur regard. Ils y répondirent en imitant leur guide puis s’assirent à côté d’elle. Elle regarda le panneau indicateur et leur indiqua :
- Nous n’en avons que pour dix minutes.
Les conversations avaient reprit. Il était évident que tous les terriens avaient remarqué leur poncho blanc et rouge : personne d’autre n’était vêtu ainsi. Pourtant aucun d’entre eux ne leur manifestait une curiosité démesurée.
Comme il n’y avait pas de hublot pour contempler le paysage, Waade prolongea la discussion avec leur guide :
- Vous appelez tous les étrangers des “ Extérieurs ” ?
- Oui... Je ne sais pas d’où ça vient mais je crois que cette appellation est très ancienne.
- Les Extérieurs viennent -ils souvent ici ?
Sylia parut très surprise de la question :
- Oh non, d’ailleurs c’est la première fois que je sers de guide. Je ne crois pas que les Extérieurs essayent souvent de venir mais je suis certaine que la plupart du temps la visite leur est refusée !
C’est Waade qui était maintenant étonnée par la réponse, et par son ton. Elle demanda après un petit temps de silence :
- Pourquoi les refuser ?
- Mais... Vous venez de là-bas, non ? Ces planètes saccagées, polluée, à l’air vicié, sans végétation, les conflits, les vols, la violence et puis les...
Elle semblait avoir une difficulté particulière à continuer :
- Les... les Guerres !
Elle avait presque crié ce mot, avec un accent très étrange, et une convulsion de dégoût. Les autres voyageurs s’étaient tournés vers eux, attentifs. Leur guide se recomposa et poursuit plus calmement :
- Vous n’aimeriez quand même pas que les Extérieurs viennent ici, souiller Notreutair avec tous leurs vices... Pardonnez-moi mais une telle idée me choque profondément.
- Excusez-moi je ne voulais pas vous ennuyer.
Le véhicule décélérera presque insensiblement avant de s’arrêter et quelques voyageurs descendirent. Les autres retournèrent à leurs occupations. L’engin reparti et Waade se risqua à une nouvelle remarque :
- Pourtant nous sommes là. Deux Extérieurs.
La guide la regarda de biais, la jaugeant du regard, puis répondit :
- Pour vous c’est différent. Vous... n’êtes que deux et le conseil a accepté votre venue.
Sylia restait malgré ses paroles assez mal à l’aise, et Waade savait qu'elle ne disait pas tout. Kérian regarda les deux femmes et su, lui aussi, que leur guide leur cachait quelque chose. Mais il lui semblait qu'il aurait été malpoli de tenter de fouiller lui-même. Leurs hôtes semblait se donner du mal pour leur faire bonne accueil malgré leur manque d'habitude. Ils méritaient bien qu'on leur laisse leurs petits secrets. Pour le moment en tout cas.
Waade allait parler de Feyd mais Kérian l’interrompit en lui touchant le bras dès qu'il comprit ce qu'elle voulait dire. Il n’était sûr de rien mais l’évocation de ces événements et d’autant de haine et de sauvagerie ici, sur cette planète et avec ses habitants si étrangement paisibles lui semblait complètement déplacée. Un sacrilège. Waade le comprit quand leur regard se croisèrent. Elle inspira profondément en s’imprégnant de l’atmosphère du lieu, se détendit et posa sa tête sur l’épaule de son ami.
Kérian senti immédiatement le changement d’attitude de leur guide. Elle était rassurée, retrouvant son calme, elle reprit l’air affable qu’elle affichait auparavant. Il ne s’écoula que peu de temps avant que l’engin ne ralentisse de nouveau et Sylia se leva en leur disant :
- C’est ici que nous descendons.
Ils sortirent tous les trois, en suivant d’autres personnes. Un court passage les mena à l’extérieur. C’était lumineux, vert et subtilement parfumé.
- Voici Oregion, c’est ici que vous logerez. On vous a affecté une petite maison individuelle.
Kérian promena son regard autour de lui : ils étaient dans une ville ? curieuse ville où l’on ne voit ni route ni immeuble, ou l’on entend nul bruit de circulation, où l’air n’est pas suffocant et où la couleur dominante n’est pas le gris. En observant attentivement il commença à apercevoir les bâtiments, tout autour, les chemins, et les passants... Toute l’animation d’une “ ville ” terrienne. Leur guide avait pris un peu d’avance et se retourna en voyant qu’ils ne suivaient pas. Waade était émerveillée :
- C’est une ville ? Quel calme...
Sylia les laissa savourer l’instant puis les invita à la suivre :
- Je vous avais dit que tout est construit comme ça ici. Il doit y avoir environ cinq mille habitant dans Oregion, c’est une ville assez grande. D’habitude les gens vivent dans des maisons qui abritent plusieurs familles mais celle que l’on vous a réservé est plus petite. Nous avons pensé que vous préféreriez garder votre intimité.
Ting ! L'accent du mensonge tinta aussitôt dans leurs têtes. Kérian supposa qu'ils avaient surtout voulu éviter de trop mêler deux étrangers potentiellement bizarre aux autres gens. Mais encore une fois, il ne releva pas.
Ils marchaient sur un chemin revêtu de quelque matière végétale, écorce ou copeaux, Kérian n’aurait su le dire. C’était souple sous le pas. Ils passèrent devant plusieurs bâtiments : de face, ils étaient mieux visibles. Les devantures s’ouvraient sur de petits magasins, et une large terrasse ou discutaient de nombreux passants. Toutes les constructions étaient orientées dans le même sens : ouvertes vers le soleil, et s’enterrant de l’autre côté. Waade montra à Kérian :
- Regarde, c’est pour ça qu’on ne voyait rien à la sortie du tube. C’est joli, ça me rappelle un peu Horak Tunefel. Nous aurions pu la construire comme ça s'il n'y avait pas eu de tempêtes.
Plus ils s’avançaient et plus la ville se dévoilait devant eux. Elle était accolée à une colline et les étages et terrasses ressemblaient en effet aux bas étages de la cité feydare détruite. En fait, cette ville semblait une sœur des cités que bâtissaient les feydars mais... sans les remparts, sans la promiscuité. Sans le besoin omniprésent de se protéger. Sylia continuait à parler et désignait les différentes boutiques :
- Ici vous trouverez des fruits et des légumes à cuisiner. Hum... Mais peut-être que vous ne saurez pas les préparer, alors vous pouvez aussi aller manger là-bas, c’est un restaurant. Tenez, vous voyez la façade brillante là-haut ? C’est votre maison.
Elle montrait un reflet de lumière sur les hauteurs, là où les constructions se faisaient plus rares. Kérian lui demanda :
- Tout le monde voyage à pied ici ?
Elle se retourna :
- Oui... Dans la ville, oui. Pour aller aux alentours vous pouvez prendre des voitures, il y a un garage de l’autre côté du tube. Vous pouvez prendre n’importe quel véhicule. Demandez quand même avant si vous ne savez pas le conduire. Je ne pense pas que quelqu'un pourra vous servir de chauffeur, mais au minimum, vous trouverez quelqu'un pour vous apprendre à conduire. Sinon beaucoup de personnes se déplacent en chevauchant des animaux, vous savez monter à cheval ?
Waade lui répondit :
- Je ne sais pas ce qu’est un cheval mais je sais monter un togre, tiens, à propos, où est le nôtre ?
Kérian se rendit compte qu’il avait lui aussi complètement oublié leur petit togre mais Sylia déclara tranquillement :
- Togre ? Le chat qui était avec vous a du être conduit dans votre maison après qu’on ai vérifié qu’il ne présentait pas de risque pour la biosphère. Mais on ne peut pas chevaucher un chat, c’est trop petit.
Kérian focalisa sa perception vers la maison et senti effectivement la présence du togre, et avec elle celle du droïd de Daryl.
- Ne vous inquiétez pas, nous lui avons fait la vaccination universelle. Et ce n’est pas un chat, les togres sont vraiment plus grand : celui-là est très jeune, il n’a que deux semaines. Quand ils sont adultes on peut monter sur leur dos et ils sont très forts.
Un éclair d’appréhension traversa les yeux de leur guide :
- Mais, ils ne sont pas dangereux ?...
- Les togres sauvages sont très féroces. Mais le nôtre est apprivoisé, ces animaux ont une grande empathie, ils ne répondent par la violence que si on les agresse.
Sylia n’était pas vraiment rassurée :
- Oui, hum... bon et sinon pour les plus longues distances vous pouvez prendre le tube, bien sûr ou un volant mais demandez à quelqu’un de le piloter car c’est assez compliqué. Voilà, vous suivez ce chemin pour aller chez vous, je vais vous laisser maintenant mais nous nous retrouverons demain dans la matinée je viendrais vous chercher, ne vous éloignez pas trop de la ville. Si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas à demander autour de vous. Les gens vous répondrons, et... prenez votre temps, ici personne n’est pressé.
Encore une fois le mot fut prononcé avec un accent particulier comme si elle n’était pas sûr de sa prononciation... ou qu’elle l’utilisait pour la première fois. Sur un dernier signe de tête elle les laissa et retourna en sens inverse, en direction du tube. Le couple resta là au milieu du chemin quelques instants, tout à l’écoute du charme du lieu. Un passant venant de derrière les dépassa en leur lançant un mot de salut, mais celui-ci leur fut incompréhensible. Waade était surprise :
- Tu as entendu ? ça ressemblait à du feydar !
- Ah oui, maintenant que tu le dis, mais c’est curieux, notre guide parlais en galach standard pourtant. Si nous n’avons plus d’interprète ça risque d’être un peu plus difficile... Nous n'avons pas d'échotraduct. Et le Qeidal est très différent ici, je ne me risquerais pas comme sur Feyd à l’utiliser pour communiquer avant d'avoir pu m'imprégner du lieu.
- Si ils parlent un dérivé du feydar je devrais m’en tirer. J’ai soif, pas toi ? Allons voir ce restaurant. Nous serons vite fixés.
Ils partirent tranquillement vers l’avenante terrasse ensoleillée. En arrivant au bar Kérian laissa la jeune femme entamer la discussion pendant qu’il observait l’intérieur de l’édifice. La superstructure semblait être en bois naturel, les murs étaient enduits simplement et la décoration très sobre. Le tout dégageait une atmosphère très... naturelle. C’était très surprenant, ils se trouvaient sur un monde de la FCTE, La Fondation Terrienne, si souvent citée pour sa technologie et pourtant tout ici semblait très simple. Et pourtant très confortable.
- Kérian ? Ils parlent quelque chose qui ressemble au feydar mais c’est quand même assez différent. Et tu vois ça ?
Elle lui montrait une décoration dans la partie rouge de son poncho et appuya dessus.
- Echotraduct activé.
Une faible voix artificielle venait de s’élever autour de lui.
- Ah d’accord. Ils ont logé un échotraduct entier là-dedans ? Peut-être que leur réputation n’est pas volée finalement.
Un barman jovial s’approchait d’eux :
- Bienvenu dans mon établissement ! C’est la première fois que des Extérieurs viennent ici. Nous n’avons pas beaucoup de visiteurs. Enfin à part ceux du sud, bien sûr.
- Ceux du sud ?
- Oui, ceux qui habitent dans l’hémisphère sud. Ils sont un peu bizarre, lui dit-il en aparté, mais on les aime bien quand même !
Il émanait de cet homme un optimisme satisfait incroyable. Il devait être du genre à s’amuser de tout.
- Alors qu’est-ce que je vous sers ? Ah suis-je bête ! Vous ne devez pas connaître la moitié de mes boissons ! Je vais vous faire goûter un petit cidre dont vous me donnerez des nouvelles...
Et il partit sans attendre de réponse par une petite porte voûtée qui délimitait l’arrière de la boutique. Kérian le suivit du regard et s’interrogea à voix haute :
- Et il va le chercher lui-même...
Waade comprit le sens de sa remarque et se remémora :
- Sur Asyl les boissons sortaient directement de la table dans leur emballage.
Le jeune homme qui se trouvait à côté d’eux au comptoir se tourna vers elle et lui dit :
- Mais pourquoi ferions-nous faire par un robot ce que nous pouvons faire nous-mêmes ?
Sans lui laisser le temps de répondre, il continua en se tournant vers eux :
- Je m’appelle Vinzen, je suis très honoré de pouvoir vous parler.
Il prit la main de Waade et s’inclina vers elle puis lui baisa la main. La jeune femme était assez surprise :
- ...? Moi c’est Waade et voici Kérian. C’est toujours ainsi qu’on salue les dames ?
Vinzen afficha un large sourire :
- Non, mais j’avais envie. Sans vouloir vous offenser, dit-il en se tournant vers Kérian.
Celui-ci le jaugea du regard avant de lui répondre :
- Aucun risque. Et si ça ne la gène pas elle, ça ne me dérange pas non plus. D’ailleurs après tout ce qu'on a vécu, je vois pas comment on pourrais s'offenser pour si peu...
L’autre haussa les sourcils :
- Et vous êtes venus ici pour vous reposer. Vous avez bien fait, Notreutair regorge de tranquillité. Vous pouvez en prendre autant que vous voulez !
Le barman émergea de la porte voûtée avec une authentique bouteille de verre à la main. Il vint vers eux et les invita à le suivre :
- Venez, venez ! Prenez cette table et goûtez-moi ça. Mais vous avez fait la connaissance de Vinzen-le-flottant, ne croyez pas tous ses récits, madame, il en invente la moitié.
Il déboucha la bouteille qui confirma son authenticité par une note sonore inimitable, puis la reposa aussitôt et reparti joyeusement vers une nouvelle arrivante.
Kérian entreprit de servir les trois verres. Le bouchon était fait dans un curieuse matière alvéolée. En tout cas ça n’était pas du plastique. Waade demandait :
- Vinzen-le-flottant ?
- Oui c’est comme ça qu’on m’appelle par ici. C’est parce que je suis marin, dit-il en pointant son pouce sur son torse.
- Marin ?
Il regarda Waade comme pour vérifier que son ignorance était sérieuse avant de répondre :
- Je navigue sur l’océan, je pêche des poissons, je ramasse du corail, je surveille les mers et les volcans sous-marins... Dans cette ville il n’y a pas beaucoup de gens de la mer, c’est pour ça qu’il me surnomment “ le flottant ”.
Devant l’attention non-feinte de la jeune femme il fut encouragé à continuer :
- Tu ne connais pas l’océan ?
- Non. Sur Feyd il n’y en avait pas je crois, et sur Asyl... Je ne sais pas trop. Je n’ai pas fait vraiment attention.
- Incroyable, alors il faut absolument que je t’emm... heu.. que je vous emmène voir la mer rose. C’est là qu’est amarré mon bateau, en plus c’est la bonne saison pour voir les dolfites... Ce sont eux qui donnent sa couleur à l’eau.
Kérian jeta un coup d’œil à la jeune femme puis demanda au matelot :
- A quoi ressemble ton bateau ? Waade ne sait pas nager.
- Elle ne risque rien sur mon bateau... et puis si vous avez le temps, on peut lui apprendre, non ? Pour voir les dolfites de toute façon il faut aller sous l’eau.
Waade goûta sa boisson puis lui répondit :
- On a tout notre temps et ça me plairai beaucoup mais tu as certainement d’autres obligations ?
- Des obligations ? Mais... c’est mon travail !
Kérian se resservit et regarda Vinzen et disant :
- C’est dingue. Et cette planète fonctionne comme ça, chacun fait un truc qui lui plaît et tout le monde est content... ?
Vinzen posa un coude sur la table et l’observa en relevant un sourcil :
- Non y’en a toujours qui cherchent un peu avant de trouver leur voie. Et toi tu travailles dans quel secteur ?
Kérian sirota son verre pensivement sans répondre. Comme le silence s’installait Waade répondit finalement :
- Je crois que nos talents sont inutiles ici. Votre ambassadeur nous a fait savoir qu’en parler serait inconvenant.
Vinzen releva la tête :
- Ha, je vois... Enfin non, je ne vois pas mais c’est pas grave. Je suis sûr que vous allez adorer la voile, tous ceux que j’ai emmené on adoré !
Le barman passait juste à côté au moment où il lâchait ces derniers mots, du coup il lança en passant :
- Hohoho ! Vinzen, voyons.
Waade tourna la tête mais il était déjà parti.

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