Feydahd (Tome2) - Cendres de pierres

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Un secret ne reste tel que s'il n'est révélé à personne et que vous le conservez caché en vous-même à jamais. Aussi pesant soit-il, aussi brûlante devienne sa présence, rien ne doit faire fléchir votre emprise sur lui. Son poids s'alourdit en même temps qu'il vous renforce. Révélez-le, ne serais-ce qu'une seule fois, et il cesse d'être secret. Partagez-le pour alléger son fardeau et vous ne perdez que la force qu'il vous conférait sans soulager le fardeau.
Le secret ne garde son existence que tant qu'on ne peut l'observer. Le révéler le détruit. Mais comment le secret peut-il prétendre exister sans pouvoir être connu par autrui ?
Pourtant un effet réel est provoqué sur vous par le secret tant qu'il ne peut être prouvé alors que la preuve de son existence fait cesser son effet.
C'est ainsi que le secret existe dans la non-existence.
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Le Feydar et l'Etoile
Le Feydar et l'Etoile - 9381 GS

En ouvrant les yeux Waade ne vit d’abord qu’une tâche blanche aveuglante mais celle-ci s’assombrit peu à peu et des formes mouvantes firent leur apparition. Elle se sentait faible, si faible... Chacun des battements de son cœur lui était dangereusement perceptible. Il lui semblait demander un effort considérable et durer toute une éternité de lutte pour arriver à se contracter de nouveau pour faire un battement de plus. Pourtant elle sentait aussi une grande force bienveillante qui la soutenait... Mais la certitude cruelle que seule cette force l’empêchait de s’évanouir dans le néant prit toute la place de ses pensées.
Un battement.
Et puis un autre.
Pourquoi était-ce si difficile ? Sa vision refusait de lui donner plus qu’un vague tableau grisâtre flou et changeant. Elle ne souffrait pas. Mais elle ne ressentait de son corps que l’impression d’avoir l’esprit greffé sur un mannequin en plomb, désespérément lourd et immobile. Complètement figé. Ses pensées auraient facilement pu retomber dans un néant total, mais la présence chaleureuse était toujours là. Inébranlable. C’était la seule sensation qui semblait être moins vaporeuse que le reste et petit à petit elle s’y accrocha plus fermement. Elle senti que ses battements de cœur lui semblaient moins difficiles, qu’ils étaient moins épuisants. Mais ses yeux ne percevait toujours qu’un éclat douloureux et elle n’eût même pas conscience que ses paupières se refermèrent doucement.
Au fur et à mesure que la sensation de pesanteur disparaissait, une image plus nette se forma dans son esprit. Il y avait une forme pure, terriblement belle, qui irradiait une impression de plénitude et de grâce absolue. Puis elle s’aperçut qu’il y avait d’autres présences, différentes. Les autres se ressemblaient toutes entre elles, et elles étaient encore plus gracieuses que la première si cela était concevable mais elles semblaient moins nettes, un peu comme si elle se trouvaient derrière un mur d’eau. Quelque chose mi subitement fin au spectacle, qu’était-ce ? l’esprit de Waade lui sembla mettre de longues minutes pour interpréter ce nouveau signal, mais il se répéta et cette fois la réaction fut plus rapide : elle entendait des sons. Des vrais sons, des sons tangibles et vivants du monde réel. Quelqu’un l’appelait par son nom. Elle rouvrit doucement les yeux et la forme sublime de lumière s’effaçât doucement pour prendre les traits d’un visage qu’elle connaissait bien. Elle ne put qu’esquisser un faible sourire et articuler à la limite de l’inaudible :
- Ké-rian...
Mais cet effort dérisoire lui consuma le peu d’énergie qu’elle avait récupérée et la replongea dans un spirale sans fond, noire et vacillante. Avec une petite différence pourtant, celle d’un appel à la vie, d’un point d’ancrage définitif avec la surface, et d’une main chaleureuse prise dans la sienne.

Le personnel de l’Hôpital de Baie Silvide sur Notreutair qui était présent ce jour-là fut interrogé pour essayer de faire la lumière sur des événements curieux mais aucun témoignage ne put éclairer les enquêteurs sur ce qui s’était réellement produit. On était uniquement sûr de ce qui s’était passé en fin de matinée : deux personnes avaient été admises en urgence après avoir été infectées par le venin mortel d’une variété de coquillage assez commune dans la mer rose. L’homme avait été identifié comme étant Vinzen, un marin, et était le plus gravement touché. La doctoresse en poste du service ce jour-là était pessimiste sur ses chances de survie, quant à la jeune femme qui l’accompagnait, qui n’était pas terrienne, elle était déjà dans le coma lorsqu’elle était arrivée mais son état était stationnaire. Elle était sûre que les soins l’empêcheraient de mourir, mais rien ne permettait de savoir si elle sortirait un jour du coma. Voilà pour les certitudes.
Le reste était beaucoup plus confus... certains visiteurs et une partie du personnel présent dans les coursives ont parlé de courants d’air, de problème de ventilation ou de coup de vent d’orage alors que la météo était au beau fixe et que l’inspection du bâtiment n’a pu mettre en lumière aucun dysfonctionnement. Toujours est-il qu’un autre individu non terrien, un homme, se retrouva dans le bloc de soin intensif sans que personne ne l’ai vu franchir les portes qui ont pourtant un système de sécurité puisqu’elle obturent des lieux sensibles. Avant que quiconque ai eu le temps de se poser des questions, le marin mourant se trouva hors de danger, soigné et endormi paisiblement à se demander s’il avait jamais été malade, et la jeune femme se réveilla. Tout le monde était tellement surpris et désorienté que personne ne s’aperçut que les deux étrangers partirent et quand on s’en préoccupa, il n’y avait plus personne dans la chambre qu’avait occupée la jeune femme.
En fait il y avait bien une personne qui assista à la scène mais cette assistante infirmière n’en a jamais rien dit à personne et il n’était pas possible de traduire en mot les pensées qu’elle eu à ce sujet.
Elle abandonna par la suite ses études médicale et se tourna vers le domaine artistique dans lequel elle fit naître au bout de quelques années un nouveau courant dans la sculpture de lumière. Toute son œuvre tourna autour d’une recherche d’harmonie nouvelle mais nul ne sut jamais de sa bouche d’où lui était venue cette inspiration.

Waade eu soudain la sensation de sortir d’un long sommeil sans rêve. Elle ouvrit les yeux et s’aperçut avec plaisir que cela ne lui faisait plus mal et qu’aussitôt ses paupières ouvertes, des images nettes et précises parvenaient à son cerveau. Elle était allongée dans un lit, et en tournant la tête elle s’aperçut qu’elle se trouvait dans la chambre de la petite maison que les terriens leur avaient prêté, dans la ville d’Oregion. Il n’y avait personne d’autre dans la pièce et Waade s’aperçut alors qu’elle ne ressentait pas la présence de Kérian, ni aucune autre présence d’ailleurs. Elle eut la désagréable sensation d’être sourde, non qu’elle ne puisse plus rien entendre, mais plutôt qu’elle ne perçoive plus quelque chose avec lequel elle avait toujours vécu. Mais avant qu’elle puisse poursuivre ses pensées, la porte s’ouvrit et kérian entra :
- Ne t’inquiète pas, ta « surdité » au Qeidal n'est pas définitive. Et le Qeidal n’as pas disparu non plus. Il faut juste que tu reprennes confiance en toi. Ton organisme a beaucoup souffert, tu sais tu... tu a failli mourir.
Alors qu’il s’asseyait près d’elle sur le lit une partie de la tragédie lui revint en mémoire :
- Oui... je me souviens nous étions en plongée et... ! Et Vinzen ?!
- Il est hors de danger. Ne t’inquiète pas.
Mais alors même que Kérian prononçait ces paroles rassurantes elle perçu quelque chose d’autre, aussitôt réprimé, comme un bref accès de colère.
- C’est... c’est toi qui nous a sorti de là ?
- Le togre m’a réveillé alors que les secours vous avaient déjà conduit à leur hôpital. Mais je crois qu’ils ne pouvaient pas faire grand chose pour vous. Je pense que Vinzen serait mort et toi... tu ne te serais peut-être jamais réveillée. J’ai eu peur tu sais. J’ai cru que je te perdrais comme Farad.
Le silence dura quelques instants alors qu’il la regardait dans les yeux. Puis elle lui demanda doucement :
- Mais nous étions empoisonnés, non ? Qu’est-ce que tu as fait ?
Kérian soupira et se leva en se tournant vers la baie vitré :
- Je ne veux plus de ce fardeau.
Il laissa un long moment de silence avant de continuer :
- Pendant que nous étions là-bas dans la crique pendant quelques jours j’ai cru que ça pourrait durer toujours. J’ai cru que nous pourrions abandonner tous les soucis, et vivre ici, comme les terriens. Mais le jour où vous vous êtes blessés tout est revenu comme un coup de matraque. Il y a des choses sauvages dans le Qeidal, même ici, sur cette planète que les terriens appellent Notreutair, l’ensemble des êtres vivants ne forme pas un tout complet et stable. Les terriens ne sont pas inclus dans la dynamique du vivant, même s’ils en sont bien proches. Je ressens cette... « dissonance ». Je ressens cette sauvagerie latente. Il y a une énergie confiné, comprimée. Je l’ai utilisé pour détruire le poison.
De nouveau, la jeune femme eu l’impression de ressentir comme un bref accès de colère chez son ami. Toujours face à la vitre, Kérian reprit :
- Je ne pourrais plus m’en débarrasser maintenant. Cette chose au fond de moi a agit plus vite que moi, elle m’a mené je ne sais comment jusqu'à l’hôpital, et elle a détruit le poison. Je ne l’ai même pas fait exprès ! Je n’ai pu qu’analyser ce qui s’était passé après. Je me souviens exactement de tout ce qui s’est passé, mais je me souviens aussi très clairement que ce n’était pas moi qui contrôlait. Ça fait partie de moi. J’ai l’impression que je peux encore le sentir, là, maintenant, tapi quelque part au fond de moi et près à bondir.
Waade se leva du lit, elle fut assez satisfaite de constater qu’elle n’était pas aussi faible qu’elle le croyait, et posa sa main sur l’épaule de Kérian :
- Mais tu as sauvé Vinzen aussi. Cette chose ne peut pas être si mauvaise que ça.
Il tourna la tête pour la regarder :
- Mais je sais qu’elle n’est pas mauvaise. Elle est seulement sauvage.
Un instant elle cru voir les traits d’un autre visage au travers de celui de Kérian, mais l’impression se dissipa aussitôt et elle se demanda si elle ce n’était pas une illusion due à quelque vertige. Elle continua de le regarder et il lui sembla qu’elle le voyait pour la première fois. Même quand il était apparu dans la Tour de Salat, cela lui semblait si longtemps auparavant, il y avait toujours eu une sorte d’interférence entre elle et lui. Peut-être était-ce dû à une sensation quelconque induite par le Qeidal, ou peut-être n’était-ce que le résultat de ses propres fantasmes au sujet de ce homme si particulier pour lequel on lui avait demandé de donner plus que sa vie. Toujours est-il qu’en le regardant à ce moment, il semblait bien plus humain, bien plus homme. Elle pouvait voir sur son visage une nouvelle ride de tracas au milieu du front qu’il n’avait pas encore sur Feyd. Elle tendit sa main et toucha son bras, mais, même à ce contact elle ne senti rien d’autre que sa peau, et la chaleur qui parcourait ses veines. A cet instant elle frémit car elle su qu’elle aimait cet homme, non pas à cause de leur relation Qeidal privilégiée, non pas à cause de l’irréversible liaison de leurs destins, non pas même parce qu’il venait de la sauver de la mort. Elle sut qu’elle l’aimait parce que c’est ainsi, et qu’il n’y a parfois pas de raison particulière à trouver parce qu’il n’y en a pas. Elle tressailli de nouveau à cette idée et l’afflux soudain d’émotion lui fit prendre conscience qu’elle était toujours bien plus faible qu’elle ne l’aurait cru. Elle eu l’impression d’avoir un ballot de coton en extension rapide à l’intérieur de sa tête et un vertige l’aurait fait tomber si Kérian ne l’avait soutenue et délicatement recouchée. La jeune femme se rendormit aussitôt mais sa tension se dissipa rapidement en cédant la place à une telle expression de volupté que n’importe quel homme présent dans le pièce aurait dû lutter contre l'envie irrépressible de la caresser ou de l'embrasser. Il se retint après avoir esquissé un pas mais lui aussi, il sut, car il n’était pas privé de sa sensibilité Qeidal, et il n’y en avait de toute façon nul besoin pour sentir l’intense rayonnement de bien-être et de désir qui émanait de la jeune femme endormie. Il se prit à penser à ce qui pourrait se passer quand elle se réveillerait et cela acheva de balayer toutes ses craintes et tous ses doutes, il sembla même que sa ride de tracas s’estompa en partie.

Waade se réveilla mais elle resta un moment allongée sans ouvrir les yeux car elle savourait les sensations qui lui revenaient petit à petit. Elle pouvait de nouveau sentir la vie qui pulsait tout autour d’elle. Il y avait même quelque chose de différent de ce qu’elle connaissait, comme si tout était plus contrasté, plus chaleureux. Elle pouvait sentir la présence de Kérian qui était assit en tailleur sur la petite terrasse qui donnait sur la chambre non loin d’elle. Il était immobile et on aurait pu le croire assoupi, pourtant elle sentait l’intense tourbillonnement de vie en lui. Un instant elle s’abandonna à cette contemplation, subjuguée et fascinée comme devant le spectacle éternellement renouvelé des flammes d’un feu de bois. Elle eu l’impression que comme elle se concentrait sur lui, le bouillonnement devenait plus fort... et l’attirait à lui. Elle ouvrit enfin les yeux et se redressa sur le lit. Elle ne passa sur elle qu’une grande chemise de Kérian qui se trouvait à portée de sa main et s’avança vers la terrasse où se trouvait le jeune homme. De dos, il avait l’air paisible mais il semblait réagir à chacun des petits bruits de pas que ses pieds nus faisait sur le sol. Elle s’aperçut seulement à ce moment que le ciel était déjà noir et que la nuit devait être bien entamée. Puis elle arriva à la terrasse et se tint debout juste derrière son dos, en posant délicatement les mains sur sa nuque. Mais d’un mouvement il les lui prit et l’amena en amazone sur la chaise longue devant lui. Elle vit alors dans ses yeux un éclat d’une intensité peu commune et par ses mains qu’il tenait toujours elle senti monter une profonde empathie sensuelle... Et elle détourna son regard comme son visage s’empourprait. Mais il porta la main à sa joue et d’une caresse ramena ses yeux à croiser les siens. Elle entendit sa propre voix tremblante et mal assurée en lui demandant :
- Pourquoi ne m’as tu jamais regardée comme ça ?
Kérian sourit et répondit en écartant avec une grande tendresse une mèche de cheveux de la jeune femme qui tombait en travers de son visage :
- Je ne pouvais pas. Il fallait que tu sois prête à accepter ce regard. Serais-tu resté si je m’étais comporté tel quel sur Feyd ? Que pouvais-je demander à une femme qui avait déjà accepté de donner sa vie pour m’attendre sans même me connaître ?
Comme Waade ne répondait rien, il détourna la tête et laissa vaguer son regard vers la nuit alentour :
- Ce n’est pas très original, mais jusqu'à ce que je te rencontre la première fois dans la Tour de Salat, j’ai toujours eu l’impression d’un vide, d’un manque. Quand tu t’es trouvée devant moi ce jour-là j’ai su que ce manque était comblé.
Mais pendant qu’il prononçait ces mots elle senti que l’aura chaleureuse du jeune homme passait du feu tranquille à un vortex froid qui irradiait une impression de perte insoutenable, elle prit alors son visage dans ses mains et le ramena vers elle, mais le regard de Kérian reflétait l’impression qu’elle venait d’avoir et il continua :
- J’aurais préféré que nous restions éternellement bons amis plutôt que tu me fuies à cause de ça... J’étais désemparé, sur Feyd je... je ne savais plus trop où j’en étais. C'était tellement bizarre : je ne suis jamais pris au dépourvu d'habitude, j'ai toujours réussi à rester calme et réfléchi. Mais là, c'était vraiment trop en même temps. Et puis les événements se sont précipités, tu sais, je ne savais pas quoi faire... Je ne savais vraiment plus quoi faire.
Elle sentit alors qu’il se confiait entièrement à elle, et elle put voir toute l’incertitude qui se trouvait derrière la façade d’assurance tranquille. Elle put voir la peur panique de la perdre derrière le calme apparent, et tout au fond elle trouva un puissant brasier d’amour et de désir. Mais ce n’était pas une passion éphémère, violente et débordante comme un torrent. Ce désir était bien plus profondément enraciné, et croissait doucement, comme un arbre lentement lance sa cime vers le ciel, nullement pressé mais patient, infiniment durable et solide, serein, assuré de la certitude tranquille que le temps ne peut que le faire grandir. Waade ne pu se contenir plus longtemps :
- Mais... mais alors tu m’aimais déjà quand nous sommes arrivés ici et quand...
Son expression changea et elle sourit soudain d’un air mutin :
- Tu ne disais rien quand Vinzen me... Oh c’est trop mignon ! Kérian, serais-tu jaloux ?
Elle partit d’un petit rire cristallin, mais Kérian la prit par la taille et la rapprocha de lui. Ce contact et leur proximité les électrisa tout les deux et il ne put résister à l’appel de ses lèvres sensuelles, qu’il embrassa passionnément. Elle trouva cela très satisfaisant et enroula ses bras autour de son cou. Leurs lèvres s’unirent à nouveau mais bien plus longuement. Kérian se leva alors et l’emmena dans la même position vers la chambre. Il repoussa à l’aveuglette la porte vitré du bout du pied et elle se referma doucement derrière eux. Bientôt les dernières bribes de paroles murmurées s’arrêtèrent pour céder la place à une autre activité.

- Kérian ? Waade ? Excusez-moi que vous réveiller mais il y a quelqu’un à la porte qui voudrait vous parler.
Kérian fut tiré du sommeil par ces paroles prononcées par le droïd de Daryl. Il fut un instant déconcerté par la sensation d’un bras en travers de son torse et des draps en pagaille et puis se redressa finalement encore loin d’être complètement réveillé :
- ... Quelqu’un ? Qui, que veut-il ?
Le droïd entra dans la chambre pendant que Kérian était poussé hors du lit par sa compagne peu pressé d’en sortir elle-même :
- Mmm... Vas-y toi, je me prépare et je vous rejoindrais après...
Le jeune homme lança quelques paroles de faibles protestations et feint l’indignation mais il se leva quand même une fois qu’elle l’eut embrassé d’un air entendu. Il passa rapidement un vêtement et suivit Daryl vers le salon. Le visiteur se leva à leur arrivée, c’était un homme qui ne paraissait pas si âgé mais Kérian eu l’impression en le voyant que son physique ne reflétait pas son âge réel. Le visiteur regarda sa tenue et commença par s’excuser :
- Je crois que je vous tire du lit... Pardonnez-moi, comme la matinée est presque terminée je pensais que vous étiez déjà levé.
Kérian ne pu retenir un énorme bâillement qui du paraître assez révélateur à l’autre en répondant :
- C’est parce que nous nous sommes endormis assez tard, mais peu importe, asseyez-vous, et dites-moi qu’est-ce qui vous amène, lui dit-il en essayant de prendre un air sincèrement intéressé convaincant.
- Vous n’avez certainement encore jamais entendu parler de moi. Je m’appelle Saloman, et on peut dire que je suis le plus direct descendant de quelqu’un que vous devez connaître sous le nom de “ Salat ”.
Kérian fut soudain vraiment sûr d'être éveillé et ne put dissimuler sa stupéfaction. Le droïd de Daryl resta silencieux et statique lui aussi. Saloman reprit :
- Enfin le plus direct c’est une façon de parler puisque je sais que sa propre fille est ici... Oh, ne soyez par surpris, nous autres terriens avons pour habitude de garder la mémoire du passé pendant très très longtemps. Et pour être précis je ne serais certainement pas venu vous voir s’il ne s’était produit à l’hôpital de Baie Silvide quelques événements plutôt curieux.
Kérian était sûr que le vieil homme lui cachait quelque chose, ou plutôt qu’il en savait bien plus long qu’il ne le révélait mais le regard de l’autre le dissuada d’essayer d’en savoir plus en utilisant ses talents. Il eu l’impression fugitive que cela aussi n’était pas inconnu à son visiteur. Finalement Kérian relança la conversation :
- Bon, et pourquoi êtes-vous venus alors ?
Saloman esquissa un sourire tranquille :
- Tout d’abord je tiens à vous rassurer sur un point : malgré ce qui s’est passé à l’hôpital, les terriens ne se poseront pas plus de questions à votre sujet qu’ils ne s’en posaient avant. Et pour la plupart des gens vous ne présentez pas plus d’intérêt que n’importe quoi d’autre.
- Je suis bien content de le savoir...
Mais Saloman décela le ton ironique de Kérian :
- Ne prenez pas cela à la légère. Je sais ce que vous êtes venus chercher, et si les terriens en général le savaient aussi, je pense que vous auriez quelques difficultés supplémentaires à résoudre.
Kérian ne savait trop comment prendre cette remarque quand Waade, habillée délicieusement à son goût, arriva dans la pièce. Elle salua Saloman et comme elle avait du entendre sa dernière remarque elle le questionna directement :
- Et que sommes-nous donc venus chercher ?
Saloman semblait bien plus affecté par la présence de la jeune femme et son regard brillait tandis qu’il la regardait. Mais il répondit tout de même avec assurance :
- Vous êtes venus chercher ce que Salat avait dans la tête, pour comprendre dans quelle entreprise il vous a embarqué tous les deux. Mais je suis désolé pour vous, vous ne trouverez aucune réponse ici. Vous savez certainement que Salat a quitté la Fondation Terrienne d’une manière précipitée... Et il n’a rien laissé d’important ici.
Mais alors même qu’il prononçait ces paroles, Kérian senti qu’il mentait par omission, et un regard vers Waade lui apprit qu’elle avait eu exactement la même impression. Ce fut pourtant Daryl qui parla le premier :
- Et pourquoi donc dans ce cas êtes-vous venus ici, pourquoi savez-vous ce que nous cherchons, et comment pouvez-vous savoir que Waade est sa fille alors que Salat lui-même n’a jamais pu reprendre contact avec la Fondation Terrienne à partir de Feyd ? Et d’ailleurs comment Salat est-il arrivé sur Feyd ?
Kérian l’aurait certainement exprimé différemment mais on pouvait faire confiance à Daryl pour toujours mettre l’accent sur toutes les failles logiques qu’il pouvait trouver. Pourtant Saloman ne sembla pas du tout désorienté, il semblait même au contraire légèrement amusé :
- Hé bien puisque cela vous intéresse, je vais vous raconter ce que je sais sur mon illustre ancêtre Salat. Tout d’abord je ne suis issu que de la descendance de son frère puisqu’il a quitté Notreutair avant d’avoir des enfants lui-même. Salat était un génie scientifique ici et il était déjà très connu en son temps, malgré sa jeunesse, parce que, et ça personne en dehors de la Fondation Terrienne ne le sait, il a participé à la construction des premiers moteurs hyperspatiaux à sufrile lorsque que nous, les terriens, l’avons découverte. Ces expériences n’avaient pour nous qu’un intérêt purement scientifique, car nous n’avions pas besoin de nous déplacer de cette manière, et nous n’avons toujours pas ce besoin, d’ailleurs. Salat s’intéressait avant tout aux possibilités théoriques offerte par l’utilisation de la sufrile, son équipe de recherche a finalement réussi ses premières expériences de déplacements instantanés, et c’est ensuite seulement que les choses ont pris un autre tournant. La théorie permettant le déplacement instantané quelque soit la distance parcourue ne s’opposait pas, selon Salat et quelques uns de ses confrères, à un déplacement positif : c’est à dire à un déplacement dans le futur, et non plus strictement instantané. Des expériences ont été faites dans ce sens et elles ont parfaitement fonctionné. Des Terriens se sont donc “ projetés ” dans le futur, à une minute d’abord, puis un quart d’heure etc. Ce n’étaient que des expériences, car un tel déplacement n’a aucun intérêt. Et puis ensuite Salat et ses acolytes ont décidé que rien ne s’opposait non plus, théoriquement, à un déplacement négatif... Une telle possibilité a soulevé un tollé général parmi les terriens, je ne vous expliquerais pas pourquoi, et nombreux sont ceux qui ont interrompus leurs recherches sur ce sujet. En fait, de tous les théoriciens purs qui avaient participé à la construction du premier moteur à sufrile, seul restait Salat, les autres estimant que le jeu avait assez duré. Mais Salat a continué de penser qu’il serait possible de se déplacer vers le passé. Pendant longtemps nous avons ignoré si cette expérience avait fonctionné, car le vaisseau laboratoire de Salat a disparu un jour et nous ne sommes pas près de l’oublier car des perturbations de diverses natures se sont produites à ce moment-là... Nous avons donc conclu qu’un déplacement négatif n’était pas possible et nous nous sommes bien gardés d’en parler à quiconque. Par la suite, et malgré nos avertissements sur la consommation d’un combustible fossile, d’autres humains nous ont acheté la technologie des moteurs hyperspatiaux à sufrile. Et vous savez certainement que cette technologie s’est ensuite diffusée partout et est toujours omniprésente à l’heure actuelle.
Kérian l’interrompit à ce moment :
- Attendez un instant... Vous êtes en train de me dire que les moteurs à sufrile existent depuis plus de 5 000 ans ? Et que Salat est parti dans le passé ? C’est du délire ! Et sachez, Salamon, que je suis capable et Waade aussi d’ailleurs, de savoir si vous êtes sincère ou pas dans ce que vous racontez. Nous savons donc tous les trois que vous ne dites pas tout.
Le Terrien le regarda et lui répondit très sérieusement :
- Nous avons tous nos secrets. Je ne vous cache pas que je ne vous dit pas tout ce que je sais, mais tout ce que je veux bien vous dire est vrai.
Il les scruta tous les deux pour vérifier qu’il étaient d’accord, et continua comme si il n’avait jamais été interrompu :
- En fait Salat n’a pas disparu, mais nous ne l’avons su que bien plus tard. Il a été téléporté, je dirais, “ ailleurs ”, mais dans la même époque, toutefois cela vous le savez mieux que moi. Personnellement je ne connais rien à la physique qui était en jeu, et je ne peux pas vous dire ce qui n’a pas fonctionné. Toujours est-il que le prototype de moteur à sufrile avait disparu dans des circonstances mystérieuses sinon dramatiques, et que comme nous n’avions aucun besoin réel de cette technologie, nous l’avons archivée. Pour répondre à l’une de vos questions donc, les moteurs à sufrile ne sont pas répandu depuis la date où Salat a conçu le premier. Ce n’est que bien plus tard que nous avons fourni cette technologie à d’autres humains non-terriens. Je ne sais pas personnellement ni à quelle date, ni dans quelles circonstances, et à vrai dire je m'en moque. Je suis parfaitement au courant que mes révélations provoqueraient l’émoi dans la communauté scientifique des mondes indépendants et je vous dirais que très franchement, ça m’indiffère. Et tous les terriens sont de mon avis sur ce point. En dehors de la Fondation, les gens sont vraiment incapables de garder une trace sérieuse de leur propre passé...
Salamon fit une pause et changea de position sur son siège, puis il jeta un coup d’œil au droïd de Daryl et reprit la parole :
- Vous me disiez tout à l’heure que Salat n’avait jamais pu reprendre contact avec la Fondation Terrienne. En fait j’ai tout lieu de croire qu’il en avait la possibilité, mais qu’il a fait le choix de rester sur Feyd. Voyez-vous, comment aurait-il pu fabriquer à partir de rien un système capable de maintenir sa fille en état de stase pendant plusieurs milliers d’années sans avoir la possibilité de fabriquer une simple radio hyperspatiale ? Vous ne trouvez pas cela curieux ?
Il se tut pour leur laisser le temps d’assimiler sa question, et ce fut Waade qui lui demanda :
- Et quelle est donc votre théorie ?
- Je pense que le vaisseau laboratoire Salat n’a pas été ni détruit ni endommagé dans son expérience. Je pense qu’il l’a utilisé pour vous faire traverser le temps, vous, sa fille, en utilisant la possibilité de “ sauter ” dans le futur de son moteur. Je crois que si votre système de survie a fonctionné aussi longtemps c’est justement parce que pour lui, le temps ne s’est pas écoulé et qu’il n’a fait que des sauts vers le futur. Je pense que Salat avait tout à fait la possibilité à la fois de nous contacter, et à la fois de revenir ici, mais qu’il ne l’a pas fait. Par contre j’ignore ce qui l’a poussé à agir comme il l’a fait, c’est pour cela que je vous disais tout à l’heure que ce n’est pas ici que vous trouverez vos réponses. Il me semble très clair qu’il s’est produit quelque chose pendant son expérience qui lui a fait faire ces choix, mais nous ignorons complètement ce qui a bien pu se passer, et aucun terrien n’a jamais retenté l’expérience, ni tant que nous ignorions ce qu’était devenu Salat, ni depuis que nous le savons.
Daryl l’interrompit et demanda :
- Donc vous ne savez pas si il est possible de remonter le temps.
- Non, et je suis persuadé que personne ne devrait essayer à nouveau.
- Par contre il est possible de se déplacer vers le futur, pourquoi personne n’a-t-il essayé de se projeter loin dans le futur ?
Salamon regarda le droïd comme s’il s’agissait d’une personne et puis déclara :
- Mais une personne l’a fait, d’ailleurs elle est présente dans cette pièce.
Et il tourna la tête vers Waade en terminant :
- Vous pouvez lui demander vous-même si cela a un quelconque intérêt de se retrouver au loin dans le futur, privé de toute référence connue, et sans avoir la possibilité de repartir en arrière. A quoi peut-il bien servir de connaître le futur si l’on ne peut pas revenir au présent pour utiliser cette connaissance ?
Kérian exprima sa pensée à voix haute :
- Mmh, présenté comme ça, ça ne semble pas servir à grand chose. Raison de plus pour se demander pourquoi Salat a tenté l’expérience avec sa fille. Ainsi vous pensez que la Tour de Salat n’était qu’un décor pour cacher le vaisseau laboratoire terrien ?
Mais Salamon haussa les épaules :
- Je ne sais pas ce qu’est la “ Tour de Salat ”, mais si c’est l’endroit où Waade se trouvait pour traverser le temps, c’est effectivement une possibilité crédible.
Mais Waade dit d’une voix glacée :
- De toute façon nous ne le saurons plus jamais... De la Tour et tout ce qu’elle contenait il ne doit plus rester qu’un nuage de particules éparses autour de ce qui était Feyd.
Ces paroles jetèrent un froid et Salamon sembla être le plus mal à l’aise de tous. Mais la jeune femme continua d’une voix assez agressive :
- Alors qu’est-ce que vous nous conseillez ? De modifier notre moteur et de tenter nous aussi le voyage vers le passé ?... Vous autres terriens vous connaissiez parfaitement l’existence des feydars, et vous savez forcément que nous sommes cousins, depuis des temps encore plus lointains que ceux de mon père, et pourtant vous n’avez rien fait pour empêcher que Feyd ne soit détruite, ni même pour sauver ses habitants !
Kérian était surpris de tant de véhémence et se rapprocha d’elle mais il ne put la calmer. Le Terrien assis devant eux ne disait plus rien, il était livide. Waade le fixait toujours de son regard le plus pénétrant, puis elle se détendit légèrement et dit à voix haute comme pour elle même :
- Vous êtes terrifiés par Feyd... Tous les terriens ont peur de ce qui s’est passé là-bas.
Elle continuait à parler en le regardant comme si elle lisait à voix haute les pages d’un livre ouvert :
- Mais pas par ce qui s’est passé dernièrement, non... Pas même à cause de Salat... Non. Vous avez peur de quelque chose de tellement plus ancien que vous-même n’arrivez plus à le nommer...
Mais le livre était terminé, et Salamon baissa la tête puis sembla se refaire une prestance. Quand il releva les yeux son visage était toujours pâle mais il ne semblait plus aussi mal en point que l’instant d’avant. Waade aussi était bien plus détendue et se laissait aller mollement dans les bras de Kérian. Finalement, Salamon se leva et leur déclara :
- Ne nous jugez pas trop durement, “ cousine ”, nous autres terriens n’aurions eu ni la place ni les moyens d’accueillir tous les feydars.
Il s’humecta les lèvres comme si ce qu’il voulait dire était particulièrement pénible :
- Feyd... Feyd a fait ses propres choix, et elle a produit des gens comme vous. Nous ne pouvons pas vous aider à retrouver ce qui a été perdu sur Feyd, et nous déplorons au moins autant que vous qu’une planète aie été détruite. Mais j’ai quand même une dernière chose à vous dire : Salat est arrivé sur Feyd, par hasard ou pas, et vous Kérian, vous êtes arrivés sur Feyd aussi. Cette planète recèle bien des secrets plus anciens que ceux de Salat et le nombre d’événements étranges qui se sont produits sur cette planète tout au long de l’Histoire défie toutes les probabilités statistiques. Mais les Terriens ne pourront pas vous aider à comprendre pourquoi parce que nous ne le savons pas.
Sur ce il tourna les talons et sorti, mais Kérian avait senti la tension de sa compagne en même temps qu’il avait réalisé que la dernière phrase de Salamon était un pur mensonge, d’autant plus flagrant que c’était le seul de toute la discussion. Pourtant quelque chose d’autre le frappa, comme réveillé par le mensonge du terrien, Kérian senti au fond de lui une augmentation rapide de ses perceptions sensorielles, et, alors que tous ses sens se fondaient dans une vision unique, il put voir trois entités distinctes qui accompagnaient la silhouette du terrien. Les trois entités étaient complètement différentes du terrien, comme composées uniquement de lumière, mouvantes et évanescentes. Alors qu’il s’interrogeait sur ce qu’elles pouvaient être, étant parfaitement conscient que seules ses perceptions supranormale lui permettaient de les “ voir ”, les trois entités s’arrêtèrent en laissant le terrien continuer seul son chemin et se retournèrent. Toutes les trois étaient statiques, semblant regarder Kérian en s’interrogeant de la même manière que lui. Et puis elles semblèrent prendre leur décision, et après s’être jetés quelques “ regards ”, ou avoir fait l’équivalent pour des créatures de leur nature, elle se dissipèrent comme un volute de fumée. Cependant Kérian savait qu’elles étaient toujours là, et il put suivre leur trace qui parti avec une vitesse stupéfiante vers le cosmos où il les perdit dans le vide spatial. Sa conscience revint vers son corps juste à temps pour s’apercevoir que, malgré la rapidité de sa vision, son attitude commençait à inquiéter sa compagne qu’il tenait toujours dans ses bras et que ce contact tactile informait intimement. Aussi soudainement que ses perceptions s’étaient distendues, il senti la bulle s’effacer, et ses sens reprendre leur fonctionnement normal. Il sut que le songe n’avait duré qu’un instant car Waade esquissait seulement le mouvement de tête pour le regarder, mais quand ses yeux croisèrent les siens elle fut incapable d’y lire une explication de ce qui venait de se passer et cela ne la rassura pas. Elle fit son regard plus interrogateur et plus pressant si bien qu’il fut d’obligé d’y répondre :
- Je viens d’en voir d’autres... Des créatures bizarres. Éthérées. Je suis presque sûr que c’était une créature comme ça qui était sur Feyd, la nuit où je t'ai retrouvée sur le donjon. Je t’ai dit que sur Feyd j’avais senti une présence bizarre, une créature presque invisible, même à tous mes sens Qeidal... et en tout cas invisible pour tous les autres. Je viens d’en voir trois identiques et je suis quasiment sûr qu’elles étaient là pendant toute notre conversation avec Salamon.
- Que sont-elles ?
- Je n’en ai pas la moindre idée. Elles n’avaient pas l’air hostiles, mais plutôt... aussi surprise que moi que je puisse les voir. Et puis elles sont parties vers l’espace et s’y sont dissipées. Je pense que ce sont des créatures intelligentes, mais je ne sais pas du tout qui elles peuvent être, ni d’où elles viennent. Et pourtant j’ai l’impression que... qu’elle font partie du problème. De toute façon, elle étaient là, je ne crois pas que ce soit un hasard. Elles se sont enfuies vers l'espace à une vitesse incroyable, et là je les ai perdues. Je n'arrive pas à comprendre ce que ça signifie : est-ce que ce sont des sortes de projection d'énergie issues de je ne sais où, ou est-ce que cette chose que j'ai vu est leur vrai corps ? Quel genre de créature peut quitter une planète par ses propres moyens et exister dans le vide spatial ?
Mais c’est tout ce qu’il put en dire, et comme la matinée était maintenant complètement terminée et qu’ils n’avaient pas déjeuné en se levant, ils eurent bientôt tous deux des problèmes bien plus terre à terre à résoudre et partirent vers leur restaurant habituel.
Le repas fut l’occasion d’une intense discussion sur la suite à donner aux événements. Il semblait clair pour les deux jeunes gens ainsi que pour Daryl qu’ils n’avaient plus rien à faire ici. Et prolonger les vacances sur Notreutair pourrait renforcer les questions qu’on pourrait se poser sur eux malgré ce qu’en avait dit Salamon. D’un autre côté où pourraient-il bien trouver des informations sur un passé aussi lointain que l’époque de Salat ou même sur les temps encore plus anciens qui semblaient terrifier Salamon ? Comment trouver des informations sur ces sujets en dehors de la Fondation Terrienne alors qu’elle semblait le seul endroit de la galaxie à avoir conservé une connaissance précise du passé ? Et retourner sur Feyd ne servirait à rien... Finalement ce fut Daryl qui, comme d’habitude, fit une suggestion qui les sorti de l’impasse : puisque le mystère des origines semblait insolubles et les terriens disposés à tout faire pour les cacher, pourquoi ne pas essayer de se pencher sur le mystère des trois entités évanescentes ? Kérian n’avait d’abord pas été très emballé et puis comme il ne semblait pas y avoir de meilleure chose à faire que de pister les trois étranges visiteurs, ils se décidèrent à partir dès le lendemain matin.
Ils s’en allèrent donc dans la matinée, après avoir rendus visite à leur ami Vinzen qui, très fortuitement, ne gardait aucun souvenir de ses aventures hospitalières inhabituelles et leur assura qu’ils seraient toujours bienvenus sur son navire. Il ne les aurait d’ailleurs pas laissés repartir sans qu’ils lui aient promis de revenir.

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14 Commentaires

  • Mon petit commentaire sur l'en-tête de chapitre en attendant une véritable lecture.

    Il n'y a qu'un seul monde physique (expérimentable par l'homme).

    Par contre il y a une multiplicité de logique (logique classique, logique intuitionniste/constructiviste, logique ludique,...).

    De nos jours on crée des nouvelles logiques presque aussi facilement que des nouveaux langages de programmation (on voit même des chercheurs se moquer de la logique utilisée par leurs confrères).

    Par exemple en logique ludique celui qui détient la vérité c'est celui qui a le dernier mot ou celui qui gagne la partie (dans le monde vécu ça correspondant à la logique de la compétition où le vainqueur a toujours raison).

    En logique classique on admet certains axiomes qu'on admet pas en logique intuitionniste.

    Il n'y a aucune contradiction inhérente au secret, tu obtiens aisément un non-sens en mélangant deux logiques différentes dans le même raisonnement.

    La notion de secret utilise un opérateur de logique modale (l'opérateur "connu par l'agent i" dans la catégorie des opérateurs épistémiques). Dans une autre logique (sans opérateurs épistémiques) une information cachée n'est pas une information et ne peut pas se manifester. Ta conclusion n'a aucun sens puisqu'elle n'appartient à aucune logique. Un raisonnement et une conclusion qui ont du sens doivent respecter le même cadre logique (ça pourrait être la morale de l'en-tête des chapitres 2 et 8). C'est le lambda-calcul (qui est la base de la programmation fonctionnelle) qui fourni le constructeur pour la notion de cadre/contexte (ce constructeur est tout simplement la flèche → telle qu'enseigné en classe de 4-ième, l'expression f(x) = y signifie qu'on ne peut évaluer y que dans le cadre d'une certaine valeur de x).

    La morale de l'histoire, à savoir qu'aucune logique n'est à même de rendre compte du monde dans toute son unité et toute sa diversité, est à mon avis la bonne interprétation. Après, bien sûr, le monde du physicien n'est fait que de particules, le monde du biologiste n'est fait que de cellules et le monde du professeur de mathématiques n'est fait que logique classique. Il ne faut pas y voir du lavage de cerveau, il est sain et naturel que chacun prêche pour sa paroisse tant que chacun reste libre.

  • Bien alors tentons de résumer (en supposant que l'entête doit avoir du sens, ce qui n'est peut-être pas vrai)

    nous avons deux agents A et B
    A connait le contenu du secret i
    B ingore le contenu secret i mais aussi l'existence même d'un secret i

    tant que A est seul dépositaire du secret i, le secret i n' pas d'exitence en dehors de A.
    si A révèle le secret, le contenu du secret i acquiert une existence, mais le terme "secret" n'est plus valable et c'est l'existence même de i qui disparaît.

    si I = f(A), A subi l'effet de I par le fait qu'il le contient. Mais I n'ayant pas d'existence en dehors de A, pour les autres individus, l'effet mesuré sur A n'est pas le résultat de I, mais inhérent à A lui-même. Si A veut prouver que l'effet mesuré est le résultat de I, il doit révéler I, ce qui fait cesser l'effet en détruisant I.

    le sujet de cette intro n'est pas le principe d'incertitude lui-même qui serait dans ce cas : le secret est dans un double état existant/non-existant tant qu'il n'est pas révélé mais plutôt le fait qu'en plus de ça, le secret a un effet mesurable sur le sujet qui le contient, qu'il est impossible d'isoler du sujet lui-même sans résoudre le problème d'incertitude en même temps.

    Si j'essaie d'appliquer ça à une variante du chat de schrodinger ça donnerait par ex : on a une boîte avec un chat et un dispositif qui détruit la boîte et ce qu'elle contient si on l'ouvre et qui a une chance sur 1 de tuer le chat même si on l'ouvre pas au bout d'un temps t.
    on peut en revanche mesurer la chaleur émise par la boîte sans l'ouvrir, dans ce cas :
    - on peut accepter que la chaleur soit issue du chat, et sans ouvrir cette boîte décider que si la chaleur cesse, c'est que le chat est mort.
    - on peut aussi décider que cette histoire de chat est bidon et que la chaleur est celle de la boîte elle-même.
    dans tous les cas, le seul moyen d'être sûr de l'origine de la chaleur est détruire la boîte et donc de perdre la chaleur produite, sans pour autant répondre à l'incertitude.

    est-ce que le défaut de mon entête est bien un problème de logique ou seulement un problème de formulation ?

  • J'ai parlé pour ne rien dire, c'est une fiction, il n'y a rien à corriger, tu écris ce qu'il te plaît ça ne me pose aucun problème.

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