Feydahd (Tome1) - L'étincelle

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Sufrile :
Il n’y a pas d’explication scientifique de ce qu’est la sufrile. La thèse majoritaire actuellement en vigueur admet la possibilité que la sufrile soit de l’antimatière stabilisée dans notre continuum. Une thèse récente soutenue par les milieux progressistes remet en cause cette vision des choses en démontrant l’impossibilité théorique de synthétiser une telle matière. En tout état de cause, la sufrile se trouve sur Sufri, une ultragéante gazeuse dont la non-formation en étoile est elle aussi sujette à plusieurs hypothèses quant à la nature exacte de sa structure interne. La sufrile possède un “ seuil de réaction ” au-delà duquel la substance se désintègre en libérant une énergie importante. Ce n’est pas l’énergie qui est utilisée pour le saut hyperspatial mais la déformation de l’espace-temps qui résulte de l’émission d’énergie. Pour plus d’information à ce sujet voir à la rubrique “ théorie du voyage spatio-temporel ”. La concession de l’exploitation et de la distribution de la sufrile appartient au Consortium Interplanétaire de l’Energie, le C.I.E., ce qui en fait l’unique bénéficiaire du monopole. Pour protéger la manne financière que Sufri représente, le C.I.E. a créé une puissante flotte militaire qui est devenue par la suite la Cosmoguarde. Pour des informations complète sur la Cosmoguardes, traiter les requêtes en RegStar OS.
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Requête RegStar,
Base de registre de l'Union - 9381 GS

Nao Zatombe, Commandor Suprême des forces armées de l’Union, réfléchissait dans la demi-clarté projetée par l’holocom. Il était assis à sa place autour de la table ronde du conseil de l’Union. Son regard se promena autour de la salle, oui, elle était le symbole d’une renaissance. Enchâssée dans des piliers et des murs à l’épreuve des explosifs les plus puissants, une grande verrière de platzverre dispensait une lumière diffuse, presque cristalline. Elle était actuellement voilée pour ne pas perturber l’holocom géant au milieu de la table. La pénombre faisait ressortir les cliquetis lumineux des systèmes de télécommunication répartis tout autour de la table. Zatombe revint à la scène projetée par l’holocom : une planète verte et bleue parcourue de nuages, avec des milliers de petites particules en orbite. Les plus grosses d’entre elles étaient clairement identifiables, des astronefs, des milliers d’engins de toute taille, militaires et civils. Toute la Flotte de l’Union au grand complet ! Réunie pour la première fois depuis sa création officielle, quelques mois auparavant. Rassemblée autour de Tyrr la Magnifique, planète-capitale de la Fédération Indépendante. Mais Zatombe savait que tout cela n’était plus que le passé, un passé glorieux anéanti en quelques heures. Il serra les mâchoires en repensant à tous les efforts brisés, tous les espoirs déçus. La Cosmoguarde avait été invitée bien sûr, comment faire autrement ? C’était toujours la force militaire la plus puissante de la galaxie, et même à ce moment, le rapport avec l’Union était de dix contre un. Dix contre un ! Et la Cosmoguarde était venue, fière et brutale comme toujours, personne n’avait réellement compris la signification de “ suprématie militaire ” avant ça. Les radars étaient tellement surchargés qu’ils ne distinguaient plus le soleil des engins spatiaux. La Cosmoguarde n’avait pas fait de sommation, rien, juste avait-elle pointé la gueule béante de ses bouches à feu. La bataille avait été brève, quelques heures tout au plus et l’Union ne s’était même pas bien défendue. Un massacre. C’était il y a trois mois. Dans l’intervalle, deux systèmes sont tombés aux mains des Cetfans, et la Cosmoguarde ne tente rien pour les arrêter. Ou si elle a fait quelque chose, les résultats sont si mauvais qu’ils sont restés secrets.
Zatombe soupira, Tyrr était restée sous blocus depuis la défaite. Il appuya sur une touche de son clavier, l’image holographique de Tyrr céda la place à une autre planète, toute bleue et nuageuse. Asyl. Au prix de mille efforts et d’infinies précautions, l’Union avait pu se rassembler ici. La planète était habitable mais recouverte à quatre-vingt-dix-neuf virgule neuf pour cent d’eau, les frais de terraformation étaient trop élevés, alors personne ne l’avait colonisé. Environ un mois après le désastre, Zatombe l’avait suggéré comme base de repli. Les restes épars de l’Union répondirent à son appel. Les soldats trouvèrent une base de contrebandiers en arrivant au sol. Zatombe avait insisté pour que l’affrontement soit évité et il avait bien fait. L’Union avait rénové, agrandi et renforcé les installations existantes. Elle avait pansé ses blessures et réorganisé son état-major. Les contrebandiers, eux, faisaient des bénéfices incroyables en lui fournissant discrètement tout ce dont elle avait besoin. En deux mois, l’Union était redevenue opérationnelle, elle n’avait certes plus les mêmes prétentions, à peine plus importante qu’une force planétaire… Mais le Commandor pensait qu’un bien d’une inestimable valeur avait été gagné, et il comptait bien s'en servir : la furtivité.
Un avertisseur lumineux clignota au-dessus de la porte d’entrée blindée. Zatombe éteignit l’holocom et rétablit la lumière normale. Fed Aykin, Général des ZVEA, les Forces Spéciales, entra dans la pièce, salua le Commandor et s’assit à sa place. Il consultait son datalink quand la porte s’ouvrit de nouveau cette fois sur Fana Mikosin de la Coordination accompagnée de Raid Lide de la Chasse. Ils furent suivis peu après par Stiphen Catar de l’Armée de Terre, Jorg Leg Amiral de la Flotte, Malenie Grif du département de la Recherche et la Reine Sayodan de Tyrr, Milinne Sifal, en exil sur Asyl depuis le début du blocus.
Quand chacun fut à sa place, le Commandor Nao Zatombe prit la parole :
_ Je commencerai cette réunion par les comptes-rendus habituels. En premier, la Cosmoguarde. Elle est toujours convaincue que nous ne nous sommes pas réorganisé, leur état-major pense que nous avons disséminé des petites bases un peu partout comme de simples contrebandiers. Ils ne les cherchent même pas. En deuxième, l’Union. Nos troupes sont totalement opérationnelles, ainsi que notre flotte soit deux croiseurs, sept frégates et une vingtaine d’engins de type aviso. Au total cent vingt mille soldats, une broutille par rapport une seule Cosmoforce. Mais je voudrais malgré tout mettre l’accent sur quelque chose : la Cosmoguarde est à l’image de ses cuirassés, immense, puissante et lente. Son état-major est une bureaucratie fastidieuse et ses technologies rustiques. Nous pouvons contrer en misant sur la mobilité et l’efficacité. Si nous n'avons qu'un seul navire à opposer à cent des leurs, alors il nous faudra apprendre à être cent fois plus efficace qu'eux. En troisième et pour finir, les Cetfans…
La simple évocation du mot semblait alourdir l’atmosphère, Zatombe reprit :
_ Deux systèmes sont tombés en trois mois. Je tiens à rappeler que nous ne savons toujours rien d’eux. Nous ne connaissons ni leur apparence, ni leur langage et encore moins leurs sciences. Aucun contact n’a jamais été établi avec eux, et les dernières sondes que nous avons envoyées n’ont pas donné plus de résultats que les autres. Elle n’ont pas été simplement détruites, elles auraient sinon émis des signaux que nous aurions récupérés... Mais elles n’ont pas non plus enregistré quoi que ce soit avant que nous perdions leur trace. Tout se passe comme si à l’instant T où elles entrent en contact avec les Cetfans elle disparaissent « ailleurs ». Nul ne sait ce qu’il advient des populations qui peuplaient les mondes envahis, peut-être sont-elles esclaves, complètement annihilées ou, pourquoi pas, matières premières consommables.
Il prononça ces derniers mots avec un dégoût évident. La Reine Sayodan de Tyrr en frémit. Zatombe releva la tête et continua :
_ Un de ces systèmes avait participé au financement de l’Union. Nous ne devons pas perdre de vue que ce sont là nos véritables ennemis. Si la Cosmoguarde est traître, les Cetfans sont, jusqu'à preuve du contraire, humanicides.
Il marqua une pause avant de reprendre sur un ton adouci :
_ Nous sommes ici aujourd’hui pour vérifier les derniers détails de l’opération Phœnix, qui ne doit plus avoir de secret pour vous. Jorg, je te laisse la parole.
L’amiral Leg brancha l’holocom central, une carte d’état-major représentant une planète et une imposante station spatiale prit forme dans l’espace au-dessus de la table. La projection holographique était animée et l’ensemble tournait lentement sur lui-même. Leg prit la parole :
_ Le chantier spatial de la Cosmoguarde à Yavino, nos opérations dans le système voisin ont créé un état d’alerte, et comme nous l'espérions, la flotte de défense de Yavino a été réduite hier soir à une force quasiment symbolique.
Tout en parlant, il avait manipulé les commandes et une flotte spatiale avait pris place sur la projection puis s’était réduite peu après. Il ne restait plus que trois destroyers et six avisos.
_ Actuellement, continua-t-il, deux croiseurs sont en construction à Yavino, les deux vaisseaux apparurent de part et d’autre de la station, et l’avancement des travaux leur permet désormais de voyager dans l’hyperespace mais les systèmes d’armes ne sont pas installés.
Il s’arrêta un instant pour colorer en rouge sur la projection, la flotte, la station, le starport au sol et les deux croiseurs.
_ Voici les objectifs de l’opération Phœnix, reprit-il. En premier, nous détruirons cette flotte. En second, nos commandos s’empareront des deux croiseurs et de tout autre navire se trouvant sur place. En dernier, nous détruirons la station, immobilisant ainsi les chantiers spatiaux pendant un certain temps, et forçant la cosmoguarde à immobiliser de nombreuses cosmoforces pour protéger ses installations. Et comme vous le savez, si notre adversaire est immobilisé, nous avons fait la moitié du chemin pour le battre.
Il se tut et le Général Catar intervint :
_ Comme nous l’avait justement fait remarquer pendant la dernière réunion notre chère Reine Sayodan, un chantier spatial est composé d’une station en orbite et d’un starport au sol. Nos services de renseignements ont étudié les défenses de l’installation. Nous avons été en mesure de produire un plan d'attaque concerté avec les opération orbitales pour sabotager les principales installation au sol également.
La Directrice de la Coordination fit un signe de tête d’acquiescement.
_ Le starport de Yavino sera la quatrième cible de notre raid, acheva Catar. Et cette opération plantera un dard acéré dans l'épine dorsale du Consortium. Nous n'occasionnerons que des dommages symboliques, bien sûr, mais le symbole peut être une arme puissante s'il est bien manié. Que nos ennemis s'imaginent donc que nous pourrons les frapper de nouveau, n'importe quand et n'importe où au coeur de leurs domaines.
Zatombe restitua les conditions normales d’éclairage et précisa :
_ L’attaque durera sept heures au maximum, passé ce délai les renforts de l’ennemi arriveront sur place et interviendront. Que l’opération Phœnix soit notre première victoire sur la Cosmoguarde.

À la fin de la journée le Commandor Zatombe était de nouveau réuni avec son Conseil dépossédé de ses chefs militaires, dans la grande salle en forme d’amphithéâtre d’où partaient toutes les directives de l’état-major de l’Union. Il donna l’ordre d’appareiller à l’Amiral Leg qui se trouvait sur la passerelle de son croiseur le Victorieux, l’un des deux derniers que possédaient encore l’Union, battant pavillon de navire-amiral. Dans un ensemble presque parfait, les deux croiseurs interstellaires s’éloignèrent de l’orbite d’Asyl, escortés par six frégates et quelques autres bâtiments de moindre importance. A l’intérieur des engins, c’était l’effervescence, la première bataille qu’allait livrer l’Union relevée de ses cendres serait décisive, tant au plan matériel qu’au plan psychologique et elle déciderait de l’orientation que prendrait le moral de ses troupes. De la cabine du Victorieux, l’Amiral Leg abaissa le bras vers l’avant, et la flotte partit dans les limbes de l’hyperespace, suivie peu après par les cargos de transport des troupes du Général Catar.

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